Introduction à la vie dévote (Boulenger)/Première partie/19

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Texte établi par Fernand Boulenger,  (p. 48-49).


CHAPITRE XIX

COMME IL FAUT FAIRE LA CONFESSION GÉNÉRALE


Voilà donc, ma chère Philothée, les méditations requises à notre intention. Quand vous les aurez faites, allez courageusement en esprit d’humilité faire votre confession générale ; mais, je vous prie, ne vous laissez point troubler par aucune sorte d’appréhension. Le scorpion qui nous a piqués est vénéneux en nous piquant, mais étant réduit en huile c’est un grand médicament contre sa propre piqûre : le péché n’est honteux que quand nous le faisons, mais étant converti en confession et pénitence, il est honorable et salutaire. La contrition et confession sont si belles et de si bonne odeur, qu’elles effacent la laideur et dissipent la puanteur du péché. Simon le lépreux disait que Madeleine était pécheresse ; mais Notre Seigneur dit que non, et ne parle plus sinon des parfums qu’elle répandit et de la grandeur de sa charité. Si nous sommes bien humbles, Philothée, notre péché nous déplaira infiniment parce que Dieu en est offensé, mais l’accusation de notre péché nous sera douce et agréable, parce que Dieu en est honoré : ce nous est une sorte d’allégement de bien dire au médecin ce qui nous tourmente. Quand vous serez arrivée devant votre père spirituel, imaginez-vous d’être en la montagne de Calvaire sous les pieds de Jésus-Christ crucifié, duquel le sang précieux distille de toutes parts pour vous laver de vos iniquités ; car, bien que ce ne soit pas le propre sang du Sauveur, c’est néanmoins le mérite de son sang répandu qui arrose abondamment les pénitents autour des confessionnaux. Ouvrez donc bien votre cœur pour en faire sortir les péchés par la confession ; car à mesure qu’ils en sortiront, le précieux mérite de la passion divine y entrera pour le remplir de bénédiction.

Mais dites bien tout, simplement et naïvement ; contentez bien votre conscience en cela pour une bonne fois. Et cela fait, écoutez l’avertissement et les ordonnances du serviteur de Dieu, et dites en votre cœur : « Parlez, Seigneur, car votre servante vous écoute ». Oui, c’est Dieu, Philothée, que vous écoutez, puisqu’il a dit à ses vicaires : « Qui vous écoute, m’écoute ». Prenez, par après, en main la protestation suivante, laquelle sert de conclusion à toute votre contrition, et que vous devez avoir premièrement méditée et considérée ; lisez-la attentivement et avec le plus de ressentiment qu’il vous sera possible.