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Jacques-Paul Migne/Livre d’Esdras IV

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Livre d’Esdras IV
Traduction par J. P. Migne.
(1p. 285-324).

PRÉFACE DE VENCE SUR LE IVe LIVRE D’ESDRAS.



Ce livre a été originairement écrit en hébreu, et traduit ensuite en grec ; mais, de ces deux textes, il ne nous reste aujourd’hui qu’une version latine remplie de fautes par la négligence des copistes. L’auteur est un Juif, qui, sous le nom d’Esdras, a tâché de consoler ses frères dans l’extrême désolation où ils furent réduits par les Romains, dans les dernières guerres qu’ils eurent sous le règne de Tite et de Vespasien. On ne peut pas douter que cet ouvrage ne soit en effet d’un Juif hébreu : 1o par les fréquents hébraïsmes qui ne conviennent qu’à la langue hébraïque ; 2o parce que l’auteur copie très-souvent les paroles et l’idiome des prophètes ; que les comparaisons et les similitudes dont il se sert sont entièrement conformes au style et au génie des Hébreux ; 3o que les fictions dont cet auteur orne ses discours approchent fort de celles des talmudistes et des rabbins modernes. Telles sont les apparitions fréquentes des anges Uriel et Jérémiel ; tel est le passage miraculeux de l’Euphrate ; telle est la supposition d’une création d’hommes faite tout à la fois ; que les eaux n’occupent que la septième partie de la terre, et ce qu’il dit de Behemoth et de Leviathan ; des trente années que les Juifs furent sans sacrifices : avant que Salomon eût bâti le temple ; du partage des années du monde en douze âges différents, dont les dix premiers âges et demi s’étaient déjà écoulés de son temps ; enfin, de la restitution miraculeuse des livres de l’Écriture, après leur prétendue perte entière.

On ne peut pas non plus douter que cet auteur n’ait été chrétien, puisque, dans cet ouvrage, il parle clairement et nommément de Jésus-Christ ; qu’il le reconnaît pour le Fils de Dieu ; qu’il annonce sa venue et sa mort, la conversion des gentils, la prédication des douze apôtres et l’établissement de l’Église ; qu’il reconnaît que le péché d’Adam a corrompu toute sa postérité ; qu’il établit la nécessité des secours de Dieu, le petit nombre des élus et le grand nombre des réprouvés, la résurrection des morts et le jugement dernier ; qu’enfin, il emprunte les propres termes des évangélistes, de l’apôtre saint Paul, et surtout de saint Jean dans son Apocalypse ; d’où l’on doit conclure que l’auteur de ce livre, a vécu vers la fin du ier ou du moins au commencement du iie siècle de l’Église. On croit même qu’il vivait encore, sous l’empereur Domitien, du règne duquel, aussi bien que de ceux de ses prédécesseurs, quelques interprètes prétendent qu’il a parlé clairement aux chap. xi, 14 et suivants. En effet, Il paraît, dès le temps même de saint Irénée, de Clément d’Alexandrie et de Tertullien, que le livre de cet auteur avait déjà reçu quelque autorité, puisque c’est sans doute sur la foi de cet auteur que les premiers Pères de l’Église ont cru que le véritable Esdras avait recouvré les saintes Écritures qu’ils prétendaient avoir été brûlées et entièrement perdues dans l’embrasement de Jérusalem, sous le règne de Nabuchodonosor.

Quoique l’auteur de ce livre ne soit pas le véritable Esdras, comme Il paraît évidemment par tout ce que l’on vient de dire, et qu’il soit vrai qu’il a affecté d’emprunter ce nom qui ne lui appartient pas, qu’il ait, à ce dessein, daté son livre de la trentième année de la captivité de Babylone, et qu’il ait même emprunté le nom de ce prophète, on ne doit pas absolument le regarder comme un faussaire ; car, si l’on considère le génie et le caractère de la nation juive, surtout dans les derniers temps, où étant accoutumée, depuis longtemps, au style prophétique, appliquée à suppléer à la cessation des prophéties, et dans l’usage d’instruire le peuple sous l’autorité des révélations, on ne sera plus surpris que cet auteur ait suivi cet exemple, en voulant s’insinuer plus aisément dans l’esprit de ses frères, dont il désirait la conversion, et qu’il se soit conformé à leur goût, dans le dessein qu’il avait de rendre ces instructions plus efficaces et plus utiles, et de les porter plus aisément à embrasser la religion de Jésus-Christ, et les disposer, par leurs bonnes œuvres et par la patience dans leurs maux, à profiter des nouvelles lumières qu’il leur offrait, afin d’éviter la colère de Dieu au dernier jour de ses vengeances. C’est, en effet, tout le dessein de cet ouvrage qui est rempli de force, d’énergie et de belles instructions. C’est ce qui a déterminé les fidèles à ne le pas rejeter absolument comme un écrit entièrement faux et fabuleux, mais à le séparer du canon de la Bible, et à l’imprimer souvent en caractères différents, afin d’avertir les fidèles de la distinction qu’ils doivent mettre entre les Écritures divinement inspirées et les écrits des simples particuliers qui n’ont pas reçu la même autorité.


REMARQUES DE DOM CALMET SUR LE IVe LIVRE D’ESDRAS


I. Témoignages en faveur du quatrième livre d’Esdras. — II. Motifs qui portent à rejeter comme apocryphe le quatrième livre d’Esdras. Premier motif : Ce livre n’a jamais été unanimement reçu comme canonique, ni chez les Grecs, ni chez les Latins. — III. Second Motif : Ce livre est rempli d’erreurs. — IV. Traits qui caractérisent l’auteur de ce livre, et qui donnent lieu de croire que c’était un chrétien qui vivait dans le second siècle de l’Église.

I. Les sentiments ont été assez divers sur le IVe livre d’Esdras. Quelques textes de ce livre ont été employés, et se trouvent encore dans l’office même de l’Église. Cette antienne de l’office des martyrs au temps pascal dans l’usage romain : fLux perpetua lucebit sanctis tuis, Domine, et æternitas temporum, paraît être prise de ce texte du iv livre d’Esdras : Parati estote ad præmia regni, quia lux perpetua lucebit vobis per æternitatem temporis[1]. On doit dire la même chose de l’introït du mardi de la semaine de la Pentecôte : Accipite jucunditatem gloriæ vestræ, gratias agentes Deo qui vos ad cœlestia regna vocavit. Ces expressions se trouvent dans ce texte du IVe livre d’Esdras : Accipite jucunditatem gloriæ vestræ…… commendatum donum accipite, et jucundamini gratias agentes ti qui vos ad cœlestia regna vocavit[2]. Et de même dans l’office des apôtres, à la fin d’un répons, on a mis ces paroles : Modo coronantur, et accipiunt palmam. Cela est pris du IVe livre d’Esdras, où on lit : Hi sunt qui mortalem tunicam deposuerunt, et immortalem sumpserunt, et confessi sunt nomen Dei : modo coronantur, et accipiunt palmas[3]. Enfin, dans l’office des morts, ce verset si souvent répété : Requiem æternam dona eis, Domine, et lux perpetua luceat eis, est imité du IVe livre d’Esdras, où on lit : Requiem æternitatis dabit vobis…… lux perpetua lucebit vobis[4].

Saint Barnabé, dans son épître[5], cite ces paroles du IVe livre d’Esdras, comme d’un livre inspiré : Et quand ces choses seront-elles accomplies ? Lorsque le bois sera abattu et relevé, et lorsque le sang coulera du bois. Saint Jean même, dans l’Apocalypse[6], semble y faire allusion en disant : J’ai vu sous l’autel les âmes de ceux qui avaient été mis à mort… qui criaient à haute voix, en disant : Jusqu’à quand, Seigneur, ne nous jugerez-vous point, et ne vengerez-vous point notre sang ? L’auteur du IVe livre d’Esdras dit : Les âmes des justes qui demeurent dans le lieu où elles sont en réserve ne demandent-elles pas la fin de ces choses, en disant : Jusqu’à quand espérerai-je ainsi, et quand viendra le fruit de ma récompense ? Mais il y a plus d’apparence que c’est l’auteur du IVe livre d’Esdras qui fait allusion à l’Apocalypse, dont l’antiquité et l’authenticité sont reconnues.

Les anciens Pères grecs et les latins ont cité ce IV livre avec éloge, et quelques-uns ont marqué expressément que l’auteur avait parlé par l’inspiration de l’Esprit divin. Saint Ambroise est celui qui en à eu des sentiments plus avantageux, et qui en a parlé plus souvent. Dans son livre du Bien de la mort[7], non-seulement il allègue cet ouvrage, mais il dit qu’il rapporte des témoignages des écrits d’Esdras, pour montrer aux païens que ce qu’ils ont de bon, ils l’ont tiré de nos livres. Et plus bas il dit[8] que saint Paul a suivi les sentiments d’Esdras, et non pas ceux de Platon ; qu’Esdras a parlé par l’inspiration du Saint-Esprit, et que c’est ce qui le relève au-dessus des philosophes. Il s’exprime avec la même force dans le second livre du Saint-Esprit[9], dans le discours sur la mort de son frère Satyre[10], et enfin dans l’épître à Orontien[11]. Dans ce dernier ouvrage, il conseille la lecture d’Esdras, pour prouver que les âmes sont d’une substance plus relevée que le corps. Partout Il parle de l’auteur du IVe livre d’Esdras comme d’un homme inspiré.

Tertullien a cité le même auteur, mais sans le nommer et sans lui donner aucun éloge particulier. Seulement il cite le livre de cet auteur comme Écriture sainte[12]. Saint Clément d’Alexandrie allègue aussi Esdras dans l’explication de la prophétie de Daniel[13]; mais je ne trouve pas son passage dans Esdras. Voici ce qu’il en dit : Il est écrit dans Esdras : Et de même que le Christ, roi et chef des Juifs, a été à Jérusalem, après que les sept semaines ont été accomplies, et que toute la Judée a été en repos et sans guerre dans les soixante-deux semaines, de même le Christ notre Seigneur, Saint des saints, étant venu, et ayant accompli les visions et les prophéties, a reçu l’onction par l’Esprit de son Père. Il le cite encore dans un autre endroit[14], après Jérémie, comme étant de la même autorité. L’auteur de la Synopse attribuée à saint Athanase[15] ne reconnaît point ce IV livre. Il dit seulement, après avoir parlé des deux autres, que l’on assure qu’Esdras conserva et mit en lumière les livres de l’Écriture ; mais il ne dit cela que comme un sentiment vague, fondé sur un ouï-dire, et non comme l’ayant lu dans un livre authentique. L’auteur de l’ouvrage imparfait sur saint Matthieu[16] cite le prophète Esdras : Dicit enim propheta Esdras omnium sanctorum numerum esse quasi coronam.

Enfin saint Cyprien[17] et les autres anciens qui ont cru la fin du monde fort proche, semblent n’avoir puisé ce sentiment que dans le IV livre d’Esdras, qu’ils recevaient par conséquent comme un livre divin. J’en dis autant de tous ceux qui ont cru qu’Esdras avait composé de nouveau et renouvelé les saintes Écritures. Ces sentiments ne se trouvent en aucun endroit des livres sacrés, sinon dans ce IV livre d’Esdras. Génébrard, qui s’est déclaré en faveur de cet ouvrage, nous apprend que Pic de la Mirande l’avait en hébreu écrit à la main, parmi les soixante-douze qu’Esdras dit avoir dictés touchant la science occulte[18]. Saint Jérôme, tout contraire qu’il est aux III et IV livres d’Esdras, semble pourtant reconnaître ce IV livre, puisqu’il ne nie pas qu’Esdras ne soit le restaurateur des livres sacrés : Sive Mosen volueris auctorem Pentateuchi, sive Esdram ejusdem instauratorem, non recuso[19]. Voilà les principales raisons dont on peut appuyer l’autorité du IV livre d’Esdras.

II. À toutes ces raisons il n’y en a qu’une à opposer, mais qui est péremptoire : c’est que ni les Grecs ni les Latins ne l’ont jamais reconnu pour canonique d’un consentement unanime. Saint Athanase[20] ne le

reconnaît pas. Les Pères et les conciles, qui nous ont donné des catalogues des livres canoniques, ne reçoivent que deux livres d’Esdras. Enfin saint Jérôme se déclare nettement contre les deux derniers livres d’Esdras, dans sa préface sur les livres canoniques du même auteur[21]; et dans son ouvrage contre Vigilance, il rejette expressément le IVe livre avec beaucoup de force. Cet hérétique avait rapporté quelques passages du faux Esdras[22] pour prouver que la prière pour les morts était inutile. Saint Jérôme réfute ses preuves et lui dit : Tu vigilans dormis, et dormiens scribis, et proponis mihi librum apocryphum, qui sub nomine Esdræ a te et a tui similibus legitur. Je n’ai jamais lu ce livre, ajoute saint Jérôme ; car à quoi bon lire ce que l’Église rejette ?

Enfin, le profond oubli où ce IVe livre est tombé parmi les Grecs, où on ne le trouve plus, depuis longtemps, en leur langue, quoiqu’il ait été cité par les anciens Pères de cette nation, et l’indifférence qu’on a eue pour lui parmi les Latins, où il est très-rare dans les anciens exemplaires manuscrits et dans les anciennes éditions[23], tout cela montre l’idée qu’on en a eue depuis longtemps, et que si quelques anciens ont été surpris par le nom d’Esdras, l’erreur et la surprise n’ont pas été de longue durée.

Génébrard se trompe en plus d’une manière en parlant de ce livre : premièrement, en ce qu’il avance que le prince de la Mirande avait le IVe livre d’Esdras en hébreu. Pic[24] cite simplement le IVe livre d’Esdras, et dit qu’il avait en hébreu les soixante-dix livres de la science occulte, qu’Esdras se vantait d’avoir composés. La seconde erreur de Génébrard est qu’il met soixante-douze livres, pour les ajuster au nombre des soixante-douze membres prétendus de la grande synagogue, dont il dit qu’Esdras recueillit les sentiments de ces soixante-douze livres. Il suppose que le IVe livre d’Esdras était du nombre de ces livres ; mais Pic de la Mirande n’en dit rien ; il insinue même le contraire, lorsqu’il cite cet ouvrage, comme pour donner de l’autorité à ces livres de la science occulte des Hébreux. Et quand le IVe livre d’Esdras aurait été de ce nombre, en serait-il plus canonique et plus sacré ? Ne sait-on pas ce que c’est que la cabale et la science occulte des Hébreux ?

III. Un autre motif qui doit obliger tous ceux qui aiment la vérité à rejeter ce livre, c’est qu’il est rempli d’erreurs. Par exemple, il dit[25] que les âmes des saints sont détenues dans l’enfer, jusqu’à ce que le nombre des élus soit rempli, et que le jour du jugement soit arrivé, et qu’alors toutes les âmes en seront délivrées. Il compare[26] le jour du jugement à une couronne ou à un anneau où il n’y a ni premier ni dernier. Ainsi les âmes recevront toutes ensemble la béatitude ; les premières ne préviendront pas les dernières, et celles-ci ne seront point après les premières. Il nous conte une fable ridicule au chapitre vi, lorsqu’il dit que Dieu, au commencement du monde, créa deux animaux d’une grandeur monstrueuse, l’un nommé Hénoch et l’autre Léviathan. Comme ils ne pouvaient contenir ensemble dans la septième partie de la terre, Dieu les sépara et mit Hénoch dans un quartier de la terre où il y a mille montagnes, et il plaça Léviathan dans la mer, où il le garde pour en faire quelque jour un festin à ses élus. Erreur puisée dans la tradition des rabbins. Nous avons parlé ailleurs de son opinion sur la proximité du jour du jugement, et de ce qu’il dit du passage des dix tribus dans le pays d’Arseret[27], et enfin des saintes Écritures rétablies par Esdras.

On peut ajouter à ces sentiments erronés la généalogie qu’il donne d’Esdras au commencement de cet ouvrage, et qui ne convient ni avec le IIIe livre[28], ni avec le Ier[29], qui portent le nom du même auteur. Cette diversité a donné lieu à quelques anciens de reconnaître que cet Esdras, auteur du IVe livre, était différent du vrai Esdras dont on a le premier livre reçu dans l’Église. L’ancien manuscrit de l’abbaye de Saint-Germain l’appelle Salathiel, au commencement du IVe livre, qui est le chapitre des imprimés : Anno tricesimo ruine civitatis, eram in Babylone, ego Salathiel, qui et Esdras, etc.[30]. Mais, pour l’écrivain de ce livre, il est certain qu’il s’est donné pour le vrai Esdras à la tête du premier chapitre, où il étale sa généalogie par Eléazar, fils d’Aaron.

IL commet une faute grossière lorsqu’il dit que Dieu dissipa les peuples des deux provinces de Tyr et de Sidon en faveur de son peuple sorti d’Égypte[31]. Et un peu après : Lorsque vous étiez dans le désert sur le fleuve de l’Amorrhéen, affligés de la soif, et blasphémant mon nom, je ne vous ai point envoyé du feu pour vous punir ; mais j’ai adouci l’eau du fleuve en y jetant du bois[32]. Il nous parle en cet endroit d’un miracle dont Moïse ne dit pas un mot, où il confond deux choses fort différentes : l’adoucissement des eaux arrivé à Mara[33] peu après la sortie d’Égypte, et ce qui arriva sur le torrent d’Arnon, frontière du pays occupé par les Amorrhéens[34]. Ailleurs[35], il parle des douze petits prophètes, quoique les prophètes Aggée, Zacharie et Malachie, n’aient point prophétisé avant la fin de la captivité, ni par conséquent au temps auquel il veut que nous rapportions sa prophétie[36]. De plus, il range ses douze prophètes suivant l’ordre qu’ils tiennent dans les bibles grecques, lequel est, comme l’on sait, assez différent de celui des Hébreux.

Il raconte un prétendu voyage qu’il fit au mont Horeb[37], sans raison, sans suite, sans autre fondement que sa pure imagination. En vingt endroits il menace du jugement dernier, comme très-prochain. Il dit, par exemple[38], que des douze parties dans lesquelles la durée des siècles est partagée, il y en avait déjà de son temps, et avant la fin de la captivité, dix parties et demie de passées. Ainsi, de quelque manière qu’on suppute les années depuis le commencement des temps, la fin du monde devrait être venue il y a plusieurs siècles[39]. S’il s’avise de faire quelques prédictions, il les fait de choses déjà arrivées ou prédites par d’autres prophètes. Par exemple, il rapporte la prophétie de Daniel[40] en d’autres termes, et sous la figure d’un aigle qui s’élève de la mer ; et il conclut sa vision par ces paroles, qu’il a l’impudence d’attribuer à Dieu : Cet aigle qui s’est élevé de la mer est le royaume qui a été montré en vision à votre frère Daniel[41]. Il était sans doute fort aisé de prophétiser ainsi après coup, et de donner pour prophéties des événements passés depuis longtemps. Il avance une autre fausseté lorsqu’il dit que l’arche de l’alliance fut prise par les Chaldéens[42]. Nous savons par le IIe livre des Machabées[43] qu’elle fut sauvée par le prophète Jérémie et cachée dans une caverne.

IV. Ce qu’il y a d’assez particulier, c’est que l’auteur de cet ouvrage découvre son erreur et sa fausseté également, soit qu’il dise des vérités ou des mensonges. Il parle clairement de Jésus-Christ, de sa venue, de sa mort, de sa résurrection ; et il rapporte un si grand nombre de sentences pareilles à celles de l’Évangile, qu’il faut reconnaître l’une ou l’autre de ces deux choses : ou que Jésus-Christ et les évangélistes l’ont copié, ou qu’il a copié l’Évangile. Il dit, par exemple : Mon fils Jésus sera révélé avec ceux qui sont avec lui, et ceux qui sont restés se réjouiront dans quatre cents ans, et après ce temps le Christ mon fils mourra. Et tous les hommes qui vivent, et le monde rentreront dans l’ancien silence pendant sept jours ; et après sept jours, le siècle qui n’est point encore, s’éveillera, et le siècle corrompu mourra. Et la terre rendra ceux qui dorment dans son sein, et la poussière ceux qui demeurent dans le silence de la mort. Et les réservoirs rendront les âmes qui y sont détenues. Et le Très-Haut sera découvert dans le siège de son jugement. Les misères passeront, et la patience sera recueillie ; le jugement demeurera, la vérité subsistera, et la foi s’affermira… Car le jour du jugement sera la fin de ce temps, et le commencement de l’éternité[44]. Il dit ailleurs : Attendez votre Pasteur, il vous donnera le repos de l’éternité ; il est proche ce Pasteur qui doit venir à la fin des siècles[45]. Et en parlant des martyrs : Je demandai à l’ange : Qui est ce jeune homme qui leur donne des couronnes ? Il me répondit : C’est le Fils de Dieu, qu’ils ont confessé dans le siècle.[46]. Il parle en plusieurs endroits de la vocation des Gentils[47], d’une manière qui ne sent ni la prophétie, ni l’obscurité dont cette vérité était enveloppée dans l’Ancien Testament. Il s’exprime avec la même netteté sur la résurrection des morts[48], sur le péché originel[49] : Ô Adam ! qu’avez-vous fait ? Votre chute n’est pas pour vous seul ; mais elle est devenue aussi notre chute, à nous qui sommes sortis de vous. En plusieurs endroits, il fait visiblement allusion aux paroles de l’Évangile. Par exemple : Je vous donnerai la première séance dans ma résurrection[50]. Et un peu plus bas : Aucun des serviteurs que je vous ai donnés ne périra[51]. Et en parlant des avant-coureurs du jour de la vengeance : Les amis se combattront l’un l’autre[52]. Et au chapitre suivant : Les amis combattront leurs amis, comme leurs plus grands ennemis[53]. Il reconnaît deux voies, l’une large et l’autre étroite[54]. Il parle de douze arbres chargés de fruits, et d’autant de fontaines d’où coulent le lait et le miel[55]. Il veut apparemment désigner les douze apôtres.

L’auteur de cet écrit était donc chrétien, et apparemment un Juif converti au christianisme, qui, dans la pensée de convertir les Israélites qui rejetaient Jésus-Christ, composa cet ouvrage sous le nom d’un écrivain pour qui ils avaient une très-haute estime. Ce qui nous persuade qu’il était Juif, c’est qu’il rapporte dans son livre plusieurs traditions rabbiniques. Par exemple : Que le paradis terrestre fut produit avant la création du monde[56]; que Malachias est un ange de Dieu[57]; que le Seigneur créa Léviathan au commencement du monde[58], et quelques autres de cette nature. Mais on prétend que ces fables thalmudiques ne sont pas dans la version arabe de ce livre, dont parle Jean Grégoire dans la préface de ses Observations sacrées, et au chap. xvi de ce même ouvrage.

Quoi qu’il en soit, l’auteur de ce IVe livre se montre partout sous le caractère d’un chrétien zélé pour la conversion des Juifs[59]; mais on ne comprend guère qu’un bon chrétien ait pu, sans blesser la sincérité et la droiture évangélique, employer une fraude pareille pour rappeler les Juifs de leur égarement. Qu’on fasse parler le Saint-Esprit, lorsqu’il ne parle point, et qu’on débite ses propres visions sous son nom et son autorité, c’est ce qui n’a jamais été dans les règles du christianisme.

Il y a beaucoup d’apparence que l’auteur vivait au milieu des premières persécutions contre les chrétiens. Il parle des martyrs[60], et des oppositions que souffrit la foi en Jésus-Christ. Il raconte[61] qu’il vit un homme qui s’élevait de la mer, qui jetait le trouble dans tout le monde, et contre qui on s’élevait des quatre vents du ciel. Il se tailla une montagne inaccessible, sur laquelle il s’envola. On ne peut découvrir d’où cette montagne est taillée. Il renverse tous ses ennemis par le souffle de sa bouche. Il appelle à lui une autre multitude de gens pacifiques… C’est lui que le Très-Haut conserve, et qui par lui-même délivrera sa créature… Les jours approchent auxquels le Seigneur commencera de délivrer ceux qui sont sur la terre. On verra les hommes s’armer les uns contre les autres, ville contre ville, nation contre nation, royaume contre royaume. Alors le Fils de Dieu sera révélé, et il reprendra ce que les nations ont fait de mal. Il parle aussi d’une guerre et d’une désolation qui réduira la Judée en un état pire que celui auquel elle avait été réduite par les Chaldéens[62]. À cette occasion il dit : Que le sang coulera du bois, que la pierre parlera, que les peuples seront troublés, celui qu’on n’espérait pas qu’il dût régner, régnera. Il ne faut point de glose pour entendre ce sang qui coule du bois, et cette pierre qui parle. L’auteur ayant été connu et cité par saint Irénée, par Tertullien, par Clément d’Alexandrie et par saint Cyprien, qui vivaient au IIIe siècle, n’a pu écrire au plus tard qu’à la fin du siècle ; et comme dans un endroit il semblait faire allusion aux paroles de l’Apocalypse, qui fut écrite à la fin du IIe siècle, il en résulte que cet auteur n’a pu écrire plus tôt que vers le commencement du siècle. Ainsi, il y a lieu de croire que cet auteur écrivit entre le commencement et la fin du IIe siècle.



Le docteur Laurence a publié à Oxfort, en 1823, le texte éthiopien d’une traduction du IVe livre d’Esdras, en y joignant les variantes que présente la traduction arabe, une version anglaise et une dissertation également en anglais, sur le livre en question, sa traduction, l’époque où il a été composé, la religion de l’auteur et les observations diverses qu’il suggère. Ce travail, traduit en latin, a été placé à la suite du texte latin de ce IV livre, dans le volume édité par M. Gfroerer, en 1840, et que nous avons déjà cité : Prophetæ veteres pseudepigraphi., p. 66-168. Nous remarquons que la traduction éthiopienne présente des différences parfois assez sensibles avec le texte latin de la Vulgate, et qu’elle ne renferme pas les deux premiers chapitres de celle-ci. G. B.

ESDRAS — LIVRE IV.

CHAPITRE PREMIER.

Esdras vient trouver les Juifs de la part du Seigneur, et après leur avoir remis ses bienfaits devant les yeux, il leur reproche leur ingratitude.

1. Le[63] second livre du prophète Esdras, fils de Sarei[64], fils d’Azareus[65], fils d’Helcias, fils de Sadanias[66], fils de Sadoch, fils d’Achitob.

2. Fils d’Achias, fils de Phinées, fils d’Heli[67], fils d’Amerias, fils d’Asiel[68], fils de Marimoth[69], fils d’Arna[70], fils d’Ozias [71], fils de Borith[72], fils d’Abiseus[73], fils de Phinées, fils d’Eléazar,

3. Fils d’Araon, de la tribu de Levi ; d’Esdras, dis-je, qui fut captif dans le pays des Mèdes, sous le règne d’Artaxerxès, roi des Perses.

4. Le Seigneur m’adressa sa parole, et me dit :

5. Va faire connaître à mon peuple quels sont ses péchés ; et à ses enfants, les iniquités qu’ils ont commises contre moi, afin que les races futures apprennent

6. Qu’ils ont été plus méchants que leurs pères ; car ils m’ont abandonné pour sacrifier à des dieux étrangers.

7. N’est-ce pas moi qui les ai tirés de l’Égypte et de la maison de servitude ? Cependant ils m’ont irrité et ils n’ont point gardé mes ordonnances.

8. Arrache les cheveux de ta tête[74] et répands-les de toutes parts, comme le présage de tous les maux qui vont tomber sur eux ; parce qu’ils ont rejeté ma loi, et que c’est un peuple rebelle et sans joug.

9. Jusqu’à quand les supporterai-je, eux que j’ai comblés de tant de bienfaits ?

10. J’ai renversé plusieurs rois en leur faveur. J’ai frappé Pharaon avec ses serviteurs et toute son armée[75].

11. J’ai fait fuir devant eux toutes les nations[76]. J’ai dissipé en Orient[77] les peuples de Tyr et de Sidon, et le fer a moissonné tous leurs ennemis.

12. C’est pourquoi, va les trouver et dis-leur de ma part : Voici ce que dit le Seigneur :

13. C’est moi qui vous ai ouvert un passage au milieu des eaux, et qui vous ai livré des villes fortes et bâties dès les premiers temps. Je vous ai donné Moïse pour conducteur, et Aaron pour pontife.

14. J’ai envoyé la colonne de feu pour vous éclairer pendant la nuit, et j’ai fait à vos yeux des prodiges sans nombre[78]; cependant vous m’avez oublié, dit le Seigneur.

15. Voici ce que dit le Seigneur Tout-Puissant : J’ai fait pleuvoir des cailles au milieu de vous en signe de ma protection[79]. Je vous ai marqué des camps pour vous retrancher, et vous les avez remplis de vos murmures.

16. En vain vous m’avez invoqué contre vos ennemis : Ils vous ont vaincus[80], et cependant vous n’avez point cessé de murmurer jusqu’à ce jour.

17. Où est le souvenir de mes bienfaits[81]? Ne criâtes-vous pas vers moi lorsque vous étiez dans le désert et que la faim vous pressait ?

18. Pourquoi dites-vous alors[82]: Nous avez-vous amenés dans ce désert pour nous y faire mourir ? Il valait mieux que nous fussions les esclaves des Égyptiens que de venir périr ici.

19. Je fus touché de vos gémissements. Je vous donnai la manne pour nourriture[83], et vous mangeâtes le pain des anges[84].

20. Quand vous fûtes pressés de la soif, n’est-ce pas moi qui ouvris le rocher et qui en fis sortir l’eau en abondance[85]? Je vous fis trouver sous l’ombre des arbres un asile contre les trop grandes ardeurs du soleil[86].

21. Je vous mis en possession d’une terre fertile, et je fis fuir devant vous les Chananéens, les Phéréséens et les Philistins[87]. Que puis-je donc faire encore pour vous, dit le Seigneur[88]?

22. Voici ce que dit le Seigneur Tout-Puissant : Lorsque vous étiez près du fleuve des Amorrhéens, et que dans les ardeurs de votre soif vous blasphémiez mon nom,

23. Je ne vengeai point ces blasphèmes par le feu ; mais je vous adoucis l’amertume des eaux en y faisant jeter du bois[89].

24. Comment donc[90] te traiterai-je, o Jacob, et toi Juda ? Tu n’as point voulu obéir. J’irai trouver d’autres peuples. Je leur donnerai mon nom, et ils garderont mes ordonnances :

25. Puisque vous m’avez abandonné, je vous abandonnerai à mon tour. Vous demanderez miséricorde, et je n’aurai point pitié de vous.

26. Vous m’invoquerez, et je ne vous exaucerai point[91]; parce que vous avez trempé vos mains dans le sang, et que vos pieds sont légers pour commettre des meurtres[92].

27. Et ce n’est point moi que vous avez abandonné ; mais vous-mêmes, dit le Seigneur.

28. Voici ce que dit le Seigneur Tout-Puissant : N’ai-je pas eu soin de vous comme un père a soin de son fils, une mère de sa fille, et une nourrice de l’enfant qu’elle allaite,

29. Afin que vous fussiez mon peuple et mes enfants, et que je fusse votre père et votre Dieu ?

30. Je vous ai rassemblés comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes[93]. Que vous ferai-je donc à présent ? Je vais vous rejeter de devant ma face.

31. Quand vous m’offrirez des sacrifices, je détournerai mes yeux de dessus vous. J’ai en horreur vos fêtes, vos néoménies et vos circoncisions[94].

32. Je[95] vous ai envoyé mes serviteurs les prophètes, et après mille outrages cruels vous les avez mis à mort ; mais je vais vous redemander leur sang, dit le Seigneur.

33. Voici ce que dit le Seigneur Tout-Puissant La terre que vous habitez va être déserte. Je vous dissiperai comme le vent dissipe la paille.

34. Vos enfants ne laisseront point de postérité, parce qu’ils ont méprisé mes commandements et qu’ils ont fait le mal en ma présence.

35. Et je donnerai vos maisons à un peuple étranger qui croira en moi sans avoir entendu ma voix. Il n’a point été témoin de mes prodiges, et il accomplira mes ordonnances.

36. Il n’a point été instruit par les prophètes, et il détestera ses iniquités.

37. Je promets de faire grâce à ce peuple nouveau dont les enfants seront transportés de joie ; et qui ne m’ayant point vu des yeux du corps, ajouteront foi néanmoins à mes paroles.

38. Et maintenant, mon frère, vois ce peuple qui vient de l’Orient[96], et considère qu’elle est la gloire dont il est revêtu.

39. Je lui donnerai pour chefs Abraham, Isaac, Jacob, Osée, Amos, Michée, Joel, Abdias, Jonas,

40. Nahum, Habacuc, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie[97] où l’ange du Seigneur.

CHAPITRE II.

Exhortation à la Synagogue représentée sous la figure d’une mère.

1. Voici ce que dit le Seigneur : J’ai tiré ce peuple de servitude, et lui ai donné ma loi par le ministère de mes prophètes ; mais il n’a point voulu les écouter, et il a rendu inutiles tous les desseins que j’avais sur lui.

2. Celle qui les a engendrés leur a dit : Retirez-vous de moi, mes enfants, parce que je suis veuve et sans secours[98].

3. Je vous avais élevés avec joie, et votre perte sera pour moi une source de tristesse et de pleurs car vous avez péché devant le Seigneur votre Dieu, et vous avez fait le mal à ses yeux.

4. De quel secours vous pourrais-je être à présent que je suis veuve et abandonnée : Retirez-vous donc, mes enfants, et allez fléchir la miséricorde du Seigneur.

5. Et vous, Dieu, qui en êtes le Père, je vous prends à témoin contre ces enfants rebelles qui n’ont point voulu garder mon alliance[99],

6. Afin que vous leur en fassiez porter toute la confusion, que leur mère soit abandonnée au pillage, et qu’il ne reste rien de leur race.

7. Qu’ils soient épars et dispersés parmi les nations ! Que leurs noms soient bannis de dessus la terre, puisqu’ils ont méprisé mon alliance.

8. Malheur à toi, Assur, qui sers de retraite aux impies ! Nation perverse ! souviens-toi de quelle manière j’ai traité Sodome et Gomorrhe,

9. Ces villes[100] que l’on cherche encore sous les monceaux de cendre et de soufre qui les couvrent. C’est ainsi que je traiterai ceux qui ne m’ont point écouté, dit le Seigneur Tout-Puissant.

10. Voici ce que le Seigneur dit à Esdras : Va dire à mon peuple que je lui donnerai le royaume de Jérusalem que j’avais promis à Israël.

11. Je les couvrirai d’une gloire éclatante[101], et ils habiteront[102] dans ces demeures éternelles qui avaient été préparées pour les autres[103].

12. L’arbre de vie [104] répandra autour d’eux une odeur agréable, et ils n’éprouveront plus ni le travail, ni la peine.

13. Attendez avec patience, et vous entrerez enfin en possession de ce bonheur[105]. Priez que le cours des temps soit abrégé, le royaume vous est déjà préparé ; veillez donc.

14. Prenez le ciel et la terre à témoin ; car j’ai détruit le mal, et j’ai créé le bien[106], et je suis celui qui vit[107], dit le Seigneur.

15. Et vous, mère[108], chérissez vos enfants, élevez-les avec joie, affermissez leurs pieds comme celui d’une colonne[109]; car je vous ai choisie, dit le Seigneur.

16. Je ressusciterai les morts, je les ferai sortir du tombeau[110], et mon nom sera connu dans Israël[111].

17. Ne craignez point, vous, mère de ces enfants ; parce que je vous ai choisie, dit le Seigneur[112].

18. J’enverrai à votre secours mes serviteurs Isaïe et Jérémie[113]. C’est par leur conseil que j’ai sanctifié et préparé pour vous douze arbres[114] chargés de toutes sortes de fruits ;

19. Autant de fontaines d’où coulent le lait et le miel, avec sept montagnes très-élevées, et couvertes de roses et de lis[115]; c’est là que je comblerai de délices vos enfants.

20. Rendez justice à la veuve et au pupille, soulagez l’indigent, défendez l’orphelin, revêtez ceux qui sont nus[116].

21. Ayez soin de celui qui est languissant et sans force, n’insultez point le boîteux, soyez le soutien de l’estropié et l’œil de l’aveugle.

22. Que le vieillard et l’enfant soient en sûreté dans vos murs[117].

23. Lorsque vous trouverez des morts, mettez-les dans les sépulcres, et scellez-en l’entrée[118], et je vous donnerai la première place au jour de la résurrection[119].

24. Mon peuple, attends, et sois tranquille ; car le temps de ton repos viendra.

25. Et toi, comme une mère pleine de tendresse, nourris tes enfants, et affermis leurs pieds[120].

26. Aucun des serviteurs que je t’ai donnés ne périra[121]; car j’en rechercherai le nombre[122].

27. Ne te laisse point abattre[123], parce qu’au jour de la colère et des tribulations tu seras dans la joie et dans l’abondance, pendant que les autres n’auront pour partage que la tristesse et les larmes.

28. Les nations seront jalouses de ton bonheur ; mais elles ne pourront rien contre toi, dit le Seigneur.

29. Je te couvrirai de mes mains, et j’empêcherai que tes enfants ne soient précipités[124] dans l’abîme.

30. Réjouis-toi donc, mère, avec tes enfants ; parce que je vous délivrerai tous, dit le Seigneur.

31. Souviens-toi de ceux de tes enfants qui sont sous l’empire de la mort[125]. Je les ferai sortir des entrailles de la terre, et j’aurai pitié d’eux ; parce que je suis plein de miséricorde, dit le Seigneur Tout-Puissant.

32. Tiens tes enfants entre tes bras jusqu’à ce que je vienne, et que je leur fasse éprouver ma miséricorde : car elle est semblable à ces eaux qui regorgent, et la source ne s’en épuisera jamais.

33. Le Seigneur m’a parlé[126] sur la montagne d’Oreb, à moi Esdras. Il m’a ordonné de venir trouver les enfants d’Israël ; mais m’étant présenté devant eux, ils m’ont rejeté, et ils ont méprisé l’ordre du Seigneur.

34. C’est pourquoi[127] je vous le dis, ô nations qui m’entendez et m’écoutez : Vivez dans l’attente de votre Pasteur, il vous établira dans un repos éternel, et celui qui doit venir à la fin des siècles est proche.

35. Préparez-vous à recevoir dans son règne les récompenses qu’il vous a destinées ; car une lumière inaltérable luira sur vous[128] dans le cours de l’éternité.

36. Fuyez ce siècle ténébreux[129]. Hâtez-vous d’entrer en possession de ce bonheur qui vous comblera de joie[130]; j’en atteste mon Sauveur.

37. Recevez ce don précieux ; et dans les transports de votre joie, rendez grâces à celui qui vous a appelés à l’héritage céleste.

38. Levez-vous, avancez-vous, et considérez le nombre de ceux qui sont invités[131] au festin[132] du Seigneur.

39. Ils se sont dégagés des ombres du siècle, et ils ont reçu du Seigneur des robes éclatantes[133].

40. Sion, rassemble tous tes enfants, mets à part ceux qui sont revêtus de blanc, et qui ont accompli la loi du Seigneur.

41. Le nombre en est rempli selon tes désirs. Prie le Dieu tout-puissant, de sanctifier ton peuple qu’il a choisi dès le commencement.

42. Moi, Esdras, je vis sur la montagne de Sion une grande multitude que je ne pus compter, et ils chantaient tous des cantiques à la louange du Seigneur[134].

43. Il y avait au milieu d’eux un jeune homme[135] d’une haute stature, et plus élevé que les autres, et il leur mettait à tous des couronnes sur la tête[136]. Je fus étonné de ce prodige.

44. Alors j’interrogeai l’ange[137]. et lui dis Seigneur, quels sont ceux-ci[138]?

45. Et il me dit : Ce sont ceux qui se sont dépouillés de ce corps mortel pour être revêtus d’immortalité. Ils ont confessé le nom de Dieu, et à présent ils sont couronnés, et tiennent des palmes dans leurs mains.

46. Et je dis à l’ange : Quel est ce jeune homme qui leur a mis des couronnes sur la tête, et des palmes entre les mains ?

47. Et il me répondit : C’est le Fils de Dieu[139] qu’ils ont confessé dans le siècle ; c’est pourquoi je vais combler de gloire ceux qui ont généreusement combattu pour son nom.

48. Alors l’ange me dit : Va annoncer à mon peuple les grandes choses que le Seigneur t’a fait voir.

CHAPITRE III.

L’iniquité abondante dans les enfants d’Adam ; mais surtout parmi les nations infidèles.

1. La trentième année de la destruction de Jérusalem[140], j’étais à Babylone[141], et m’étant assis sur mon lit, je me sentis troublé et accablé de différentes pensées,

2. lorsque je considérais la désolation de Sion[142], et le grand nombre de ses enfants qui étaient retenus captifs dans une terre étrangère[143].

3. Et dans l’agitation cruelle où j’étais alors, je m’adressai au Seigneur avec des paroles pleines de crainte et de respect,

4. et je lui dis : Seigneur, dominateur souverain ; vous avez fait entendre votre voix dès le commencement des temps. Lorsque vous posâtes[144] la terre sur ses fondements, vous fîtes connaître vos volontés à ceux qui l’habitaient.

5. Vous donnâtes à Adam un corps mortel, et il fut l’ouvrage de vos mains : Vous lui inspirâtes un souffle de vie[145], et il fut animé en votre présence.

6. Vous le mites dans le jardin de délices[146] que vous aviez planté de vos mains avant que la terre eût encore rien produit[147].

7. Vous lui ordonnâtes de marcher dans vos voies[148]; mais il les méprisa[149], et aussitôt vous le condamnâtes à la mort avec fous ses descendants[150]. De ce premier homme sortirent les tribus, les nations, les peuples, et des hommes sans nombre[151].

8. Ils marchèrent tous selon les désirs de leurs cœurs[152]. Ils firent le mal à vos yeux, et ils méprisèrent vos commandements.

9. Alors vous inondâtes la terre par un déluge[153], vous les ensevelîtes eux-mêmes sous les eaux,

10. Et ils trouvèrent la mort dans ce déluge, comme Adam l’avait trouvée dans sa prévarication.

11. Cependant vous sauvâtes Noé avec sa famille[154], et de lui sortit la race des justes[155].

12. Les hommes s’étant insensiblement multipliés[156], ils se répandirent sur la terre pour y former les peuples et les nations ; mais ils portèrent l’iniquité plus loin que ces premiers hommes qui périrent par le déluge.

13. Et comme ils étaient tous criminels à vos yeux, vous fîtes choix de l’un d’entre eux, qui s’appelait Abraham[157].

14. Vous l’aimâtes, et il fut le seul dépositaire de vos volontés.

15. Vous fîtes avec lui une alliance éternelle ; et après lui avoir promis de ne jamais abandonner sa race, vous le rendîtes père d’Isaac, et de ce fils sortirent ensuite Esaü et Jacob.

16. Vous choisîtes Jacob, et vous rejetâtes Esau[158] ; et de Jacob naquit un grand, peuple.

17. Lorsque vous fîtes sortir sa postérité de l’Égypte[159], vous la conduisîtes sur le mont Sinaï[160].

18. Vous abaissâtes les cieux, vous affaissâtes la terre, vous ébranlâtes les fondements du monde, les abîmes tremblèrent, et toute la nature fut troublée[161].

19. Ce fut alors que, pour donner votre loi à Jacob, et votre alliance à Israël, vous fites éclater votre gloire au milieu du feu, des tremblements, du vent et de la grêle[162].

20. Mais vous n’ôtâtes point la malignité de leurs cœurs, afin que votre loi portât son fruit en eux[163].

21. Car, le premier Adam[164] l’a transgressée dans la malignité de son cœur[165], et il a entraîné dans sa chute tous ceux qui sont sortis de lui[166].

22. La plaie n’a point été refermée[167] ; et, depuis ce temps, l’homme a toujours porté dans son cœur et la loi et son penchant à la violer[168] : car après avoir perdu ce qu’il avait de bon, il ne lui est resté en partage que la méchanceté.

23. Enfin, après plusieurs siècles, vous suscitâtes votre serviteur David.

24. Vous lui ordonnâtes de bâtir une ville [169] où votre nom fût invoqué, et dans laquelle on vous offrit de l’encens et des victimes.

25. Ce qui fut observé pendant plusieurs années ; mais les peuples de cette ville choisie ont enfin commis l’iniquité.

26. Ils ont imité en tout la conduite d’Adam et de ceux qui l’ont suivi[170] : car ils avaient comme eux la malignité dans le cœur.

27. Et vous avez livré la ville sainte[171] entre les mains de vos ennemis.

28. Les peuples de Babylone sont-ils donc moins criminels que nous ? Et qu’ont-ils fait pour mériter d’être les vainqueurs de Sion ?

29. Étant venu à Babylone[172], et ayant vu en la trentième année de la captivité[173], les impiétés et les crimes sans nombre qui s’y commettaient[174], mon cœur fut extrêmement troublé.

30. Lorsque je considérais que vous épargnez les pécheurs et les impies, que les ennemis de votre nom triomphent, et qu’au contraire vous détruisez votre peuple sans que vous m’ayez donné aucune connaissance[175] de ces malheurs.

31. Était-ce donc là ce que vous nous réserviez[176] ? et Babylone a-t-elle commis moins de crimes que Sion ?

32. Quel autre peuple qu’Israël vous a connu, et quelle autre nation que celle de Jacob a fait alliance avec vous ?

33. Sion cependant n’a encore reçu aucune récompense[177] jusqu’ici. Son travail a été sans fruit[178]. Cependant j’ai parcouru toutes les nations ; et quoiqu’elles vivent dans l’oubli de votre nom, elles jouissent néanmoins d’une éclatante prospérité[179].

34. Maintenant donc, pesez dans une même balance nos iniquités, et celles des habitants du siècle, et vous reconnaîtrez qu’Israël seul a glorifié votre nom.

35. Car quel intervalle ont-ils mis à leurs crimes, et quelle nation a gardé comme nous vos commandements ?

36. Aucun n’y a été fidèle ; et parmi nous, vous en trouverez plusieurs qui les ont observés[180].

CHAPITRE IV.

L’ange emploie différentes comparaisons, pour réprimer la curiosité de ceux qui veulent tout approfondir.

1. Alors l’ange qui avait été envoyé vers moi[181] et qui s’appelait Uriel[182], me répondit,

2. et il me dit : Ton cœur a formé de vains projets dans ce monde, en prétendant comprendre les voies du Très-Haut.

3. Je lui dis Ce que vous dites est vrai, mon seigneur. Il me répondit : Je suis envoyé pour te montrer trois choses et te proposer trois comparaisons.

4. Si tu peux me rendre raison de l’une des trois, je te découvrirai la voie que tu cherches et la source de la malignité du

5. Je lui dis : Parlez, mon seigneur. Et il me dit : Va, pèse le feu, mesure le vent, et rappelle le jour qui est passé.

6. Je lui répondis : Quel est l‘homme qui pourrait faire ce que vous exigez de moi ?

7. Alors il me dit : Si je t’avais demandé combien il y a de cavernes dans la mer, de sources dans l’abîme et au-dessus du firmament, et quelles sont les issues du paradis ;

8. Tu m’aurais peut-être répondu : Je ne suis encore descendu ni dans l’abîme, ni dans les profondeurs de la terre, et je ne suis jamais monté au ciel.

9. Mais je ne t’ai interrogé que sur le vent et le feu, dont tu es toujours environné, et sur le jour par lequel tu as passé ; et tu ne peux me rendre raison de ces choses.

10. Et il ajouta : Si tu ne peux même connaître les choses qui naissent avec toi,

11. Comment pourrais-tu comprendre les voies du Très-Haut, aussi bien que la corruption extérieure du siècle, et telle qu’elle paraît à mes yeux.

12. Je lui dis alors : Il nous eût été plus avantageux de ne jamais être[183] que de vivre ainsi dans l’impiété, et d’être malheureux sans savoir la cause des maux qui nous accablent.

13. L’ange me répondit : J’ai été dans la campagne, je me suis approché de la forêt, et les arbres ont tenu conseil entre eux[184].

14. Ils ont dit : Venez, allons faire la guerre à la mer, afin qu’elle se retire de devant nous, et que nous puissions nous étendre.

15. Le flots de la mer se sont aussi assemblés, ils ont tenu conseil, et ont dit : Venez, allons inonder les arbres des forêts, et ajoutons-les à notre empire.

16. Mais la forêt avait vu avorter ses desseins ; car le feu s’en est approché, et elle a été consumée.

17. Il en fut de même des desseins des flots de la mer. Car le sable leur résista et les contint.

18. Si donc l’on t’établissait le juge de ces combats, qui entreprendrais-tu de condamner ou de justifier ?

19. Je lui dis : Ils ont certes formé de vains projets. Les forêts naissent des entrailles de la terre, et la mer a son lit où elle peut rouler ses flots.

20. Et il me répondit : Tu as bien jugé, pourquoi n’as-tu pas raisonné de même à ton égard ?

21. De même que la terre est le lieu des forêts, et la mer celui des flots ; aussi ceux qui sont sur la terre ne peuvent comprendre que les choses de la terre ; ainsi ceux qui habitent au-dessus des cieux comprennent seuls les choses qui s’y passent.

22. Alors je lui dis : Je vous prie, Seigneur, de me donner l’intelligence de ces mystères[185].

23. Car je n’ai point prétendu sonder les choses qui sont au-dessus de nous ; mais celles seulement dont nous sommes tous les jours les tristes témoins. Pourquoi Israël est-il devenu l’opprobre de toute la terre, et le peuple chéri a-t-il été livré aux nations infidèles ? Pourquoi la loi de nos pères est-elle abolie, et pourquoi les livres saints ne se trouvent-ils plus[186]?

24. Semblables à de faibles sauterelles[187], nous passons nos jours dans la frayeur et dans la crainte, et nous ne sommes pas dignes d’obtenir miséricorde.

25. Mais Dieu oubliera-t-il son nom qu’il a établi au milieu de nous[188]? C’est sur quoi je vous ai interrogé.

26. Et il me répondit : Plus tu sonderas ces mystères, et plus ils exciteront ton admiration ; car le siècle se hâte d’arriver à sa fin, avec une rapidité incroyable[189].

27. Et il ne peut comprendre les choses qui sont réservées aux justes dans les temps à venir, parce qu’il est plein d’injustice et de misère.

28. À l’égard des choses sur lesquelles tu m’interroges : Je te dirai que le mal a été répandu sur toute la terre comme une semence ; mais le temps de sa destruction n’est pas encore venu.

29. Si donc la semence[190] n’est auparavant dissipée, et que le lieu où le mal a été semé ne soit détruit, le bien n’y portera aucun fruit[191].

30. Car Adam[192] porte dès le commencement[193] dans son cœur un germe malheureux[194]. Combien n’a-t-il point produit de crimes, et combien n’en produirat-il point jusqu’au temps de la moisson ?

31. Examine toi-même quel fruit d’impiété n’est point sorti de cette semence funeste.

32. Et quand on viendra à couper ces épis sans nombre, quelle sera l’abondance de cette moisson ?

33. Je lui dis : Comment ces choses se feront-elles ? quand arriveront-elles ? pourquoi nos jours sont-ils courts et sujets à tant de maux ?

34. Et il me répondit : Ne prétends point sonder les secrets du Très-Haut ; car quelque grands que fussent tes efforts, ils seraient inutiles.

35. Les âmes des justes[195] n’ont-elles pas voulu apprendre ces choses des lieux-mêmes où elles sont retenues [196], lorsqu’elles ont dit : Jusqu’à quand espérerons-nous, et quand viendra le fruit et le temps de la moisson ?

36. Et l’archange Jérémiel[197] leur répondit en ces termes : Cela arrivera quand le nombre des semences[198] qui doivent être jetées en vous sera rempli ; car le Seigneur a pesé le siècle dans la balance.

37. Il a mesuré les temps, il les a comptés ; et l’ordre n’en sera point troublé, que la mesure qui a été prédite ne soit remplie.

38. Et je dis : Seigneur dominateur[199], et nous aussi nous avons commis l’iniquité.

39. Peut-être le nombre des justes ne sera-t-il point rempli à cause des péchés de ceux qui sont sur la terre.

40. Et il me répondit : Va demander à la femme qui est enceinte, si après neuf mois de grossesse, elle peut retenir dans ses flancs le fruit qu’elle y porte :

41. Je lui répondis : Seigneur, cela ne se peut. Et il me dit : Les lieux souterrains[200] qui servent de retraites aux âmes [201], sont semblables aux flancs de la femme.

42. Et de même que celle qui enfante se hâte de se délivrer des douleurs de l’enfantement, ainsi l’enfer se hâte de rendre les âmes qui lui ont été confiées.

43. Je te découvrirai dès le commencement les choses que tu veux savoir.

44. Et je lui dis : Si j’ai trouvé grâce à vos yeux, si cela est possible, et que vous m’en jugiez digne,

45. Dites-moi si le temps qui doit suivre sera plus long que celui qui a précédé, ou s’il s’en est déjà plus écoulé qu’il n’y en doit avoir dans la suite.

46. Je sais ce qui est arrivé ; mais j’ignore les choses qui sont à venir.

47. Et il me dit : Mets-toi à ma droite, et je te ferai voir, sous des similitudes, ce que tu me demandes.

48. Et m’étant levé[202] j’étais attentif à ce qui devait arriver aussitôt une fournaise ardente passa devant moi ; et quand la flamme fut dissipée, je regardai et je vis la fumée qui s’élevait.

49. Après cela je vis un nuage plein d’eau ;

50. Et il me dit : Considère et raisonne ; de même que la pluie est plus abondante que les gouttes d’eau, et le feu que la fumée, ainsi il s’est déjà écoulé plus de temps qu’il n’y en aura dans la suite : car les gouttes d’eau et la fumée n’ont paru qu’après la pluie et le feu[203]

51. Je le priai de me dire, si je vivrais jusqu’à ces temps-là, et ce qui arriverait alors.

52. Et il me répondit : Quant aux choses que tu désires de savoir, je puis t’en découvrir une partie ; mais pour ce qui est de la durée de ta vie, je ne suis point envoyé pour t’en instruire, et je l’ignore[204].

CHAPITRE V

L’ange pour consoler les captifs, et fortifier leurs espérances, fuit voir à Esdras plusieurs signes des choses qui doivent arriver à la fin des temps.

1. A l’égard des signes[205] qui précéderont les derniers jours, il viendra un temps où les habitants de la terre périront en grand nombre. La vérité ne s’y montrera plus, et la foi en sera bannie.

2. L’injustice y sera plus grande que tu ne la vois à présent, et telle qu’elle n’a jamais été.

3. La terre[206] qui avait l’empire sur les autres sera détruite[207], et foulée aux pieds.

4. Si le Seigneur prolonge tes jours jusqu’à ce temps, tu entendras le son de la troisième trompette[208], et tout d’un coup tu verras le soleil répandre sa lumière[209] au milieu de la nuit ; la lune paraîtra trois fois dans un même jour[210];

5. Le sang dégouttera du bois[211], la pierre fera entendre sa voix, et les peuples seront émus.

6. Alors paraîtra dans son règne[212] celui en qui les nations [213] n’avaient point mis leur espérance. Les oiseaux quitteront un pays pour passer dans un autre ;

7. [214] La mer de Sodome rejettera de son sein des poissons[215], elle fera entendre au milieu de la nuit un cri nouveau, et toutes les oreilles en seront frappées.

8. La terre s’ouvrira en plusieurs endroits[216], et il en sortira de fréquents tourbillons de feu ; les bêtes sauvages iront chercher de nouvelles retraites, et les femmes enceintes[217] enfanteront des monstres,

9. Les eaux douces deviendront salées ; ceux qui étaient unis par les liens de l’amitié, s’élèveront les uns contre les autres[218]; la raison ne se montrera plus, et l’intelligence se renfermera en elle-même[219];

10. Plusieurs la chercheront et ne la trouveront pas ; l’injustice et l’incontinence se multiplieront sur la terre.

11. Une région en interrogera une autre, elle lui dira : La justice qui justifie[220] a-t-elle passé au milieu de vous ? Et elle répondra qu’elle ne l’a point vue.

12. En ce temps-là les hommes seront remplis d’espérance et ils n’obtiendront rien ; ils travailleront, et leurs voies ne prospéreront point.

13. Voilà les signes qu’il m’était permis de te découvrir ; mais si tu pries de nouveau, si tu gémis encore et que tu jeûnes pendant sept jours, tu apprendras des choses beaucoup plus merveilleuses que celles que tu viens d’entendre.

14. Alors m’étant éveillé, je fus troublé dans toutes les parties de mon corps, et non âme fut abattue jusqu’à tomber en défaillance ;

15. Mais l’ange qui me parlait[221] me soutint, il me fortifia et m’affermit sur mes pieds.

16. Or la seconde nuit, Salathiel, le conducteur du peuple[222], vint me trouver et me dit : D’où venez-vous ? et quel peut être le sujet de la tristesse qui paraît sur votre visage ?

17. Avez-vous oublié qu’Israël a été commis à vos soins dans le lieu de sa captivité ?

18. Levez-vous donc, prenez quelque nourriture, et ne nous abandonnez point, comme un pasteur négligent, à la cruauté des loups[223].

19. Alors je lui dis Retirez-vous de moi, et ne m’approchez point ; puis ayant entendu ce que je lui disais, il me quitta.

20. Je jeûnai donc sept jours dans les cris et dans les pleurs, ainsi que l’ange Uriel me l’avait ordonné.

21. Quand ce temps fut passé[224], j’éprouvai[225] les mêmes agitations qu’auparavant.

22. Et ressentant toujours en moi-même d’aussi vives ardeurs pour pénétrer ces mystères[226], je m’adressai de nouveau au Très-Haut,

23. Et je lui dis : Seigneur, dominateur souverain, entre toutes les forêts et entre tous les arbres, vous avez choisi une vigne unique[227];

24. Dans toute l’étendue de la terre une seule fosse[228], et parmi toutes les fleurs le seul lis ;

25. De tous les abîmes de la mer vous n’avez rempli qu’un seul ruisseau ; de toutes les villes vous n’avez fait alliance qu’avec celle de Sion ;

26. De tous les animaux vous ne vous êtes réservé que la colombe ; et dans tous les troupeaux la seule brebis vous a plu[229];

27. De tous les peuples qui sont répandus sur la terre, vous n’en avez acquis qu’un seul, vous l’avez aimé et vous lui avez donné une loi digne des éloges de tous les hommes.

28. Et maintenant, Seigneur, pourquoi avez-vous livré ce peuple unique à tant de nations ? pourquoi sur une seule tige en avez-vous élevé plusieurs autres ? pourquoi enfin avez-vous divisé cet unique héritage ?

29. Il a été foulé aux pieds de ceux qui ont nié la vérité de vos promesses, et ont rejeté votre alliance[230].

30. Si ce peuple est devenu l’objet de toute votre haine[231], c’est à vous à le punir de vos propres mains.

31. Quand j’eus cessé de parler, le même ange qui m’avait apparu la nuit précédente[232], me fut envoyé une seconde fois[233],

32. Et il me dit : Écoute-moi, je t’instruirai, et sois attentif aux nouvelles choses que je vas te découvrir.

33. Je lui répondis : Parlez, mon Seigneur. Et il me dit : Tu t’es extrêmement inquiété pour Israel, crois-tu donc qu’il te soit plus cher qu’à celui même qui l’a fait ?

34. Et je lui dis : Non, Seigneur ; c’est la douleur qui m’a fait parler ainsi, et je suis sans cesse agité dans le désir que j’ai de découvrir les sentiers du Très-Haut, et de connaître une partie des desseins[234] qu’il a sur son peuple.

35. Il me dit : Tu ne le peux. Et je lui dis : Pourquoi, Seigneur ? plat à Dieu que je n’eusse jamais vu le jour, et que le sein de ma mère m’eût servi de tombeau[235], afin que je ne fusse point témoin des malheurs de Jacob et de la désolation d’Israël !

36. Et il me dit : Annonce-moi les choses qui ne sont point encore arrivées, rassemble les gouttes qui sont éparses, ranime les fleurs desséchées ;

37. Ouvre ces cavernes souterraines, faisen sortir les vents qui y sont renfermés ; peins-moi l’image de la voix, et je te découvrirai les choses que tu cherches avec tant d’ardeur et d’inquiétude.

38. Et je lui répondis : Seigneur, dominateur souverain, qui est-ce qui peut faire toutes ces choses, sinon celui qui n’a point de commerce avec les hommes ?

39. Pour moi, faible créature, qui ai l’ignorance en partage, comment pourrais-je vous satisfaire sur ce que vous me demandez ?

40. Et il me dit : Puisque tu ne peux faire aucune des choses que je t’ai proposées, n’espère pas qu’il te soit plus aisé de savoir et le jour de mon jugement, et la grâce que j’ai résolu de faire à mon peuple à la fin des temps.

41. Je lui dis Mais Seigneur, tous les temps sont dévoilés à vos yeux ; qu’arrivera-t-il donc à ceux qui ont été avant nous ? que nous arrivera-t-il à nous-mêmes, et à ceux qui viendront après nous ?

42. Et il me dit : Mon jugement sera semblable à un cercle, dont toutes les parties sont à une égale distance à l’égard du centre, et se remuent avec une égale vitesse ; ainsi l’on ne remarquera aucun intervalle dans le jugement que j’exercerai sur tous les hommes[236].

43. Je lui dis : Ne pouviez-vous pas faire naître en même temps ceux qui ont été, ceux qui sont et ceux qui seront dans la suite, afin de les juger plus promptement ?

44. Et il me dit : La créature ne peut prévenir le Créateur dans ses opérations, et la terre n’aurait pu contenir en même temps tons les hommes qui doivent l’habiter tour à tour.

45. Je lui dis : Comme vous avez appris à votre serviteur qu’après avoir produit vos créatures toutes ensemble, vous les aviez animées[237], et que la terre en avait soutenu le poids[238], ne pourrait-elle pas encore le soutenir de même ?

46. Et il me dit : Interroge la femme enceinte, demande-lui pourquoi elle n’enfante que successivement ; dis-lui qu’elle ait dix enfants à la fois.

47. Et je dis Elle ne le pourra faire qu’après plusieurs intervalles de temps.

48. Alors il me répondit : C’est ainsi qu’ayant jeté diverses semences dans le sein de la terre, je sais les en faire sortir selon les temps que j’ai marqués.

49. Et de même que les enfants ne pensent point[239] comme les vieillards, c’est ainsi que je gouverne le monde que j’ai créé.

50. Mais je l’interrogeai et je lui dis : Puisque vous me l’avez permis, je continuerai de vous parler car notre mère, que vous m’avez réprésentée comme jeune, approche cependant de la vieillesse.

51. Et il me dit : Interroge celle qui enfante, et elle te répondra ;

52. Dis-lui : Pourquoi les enfants que vous venez de mettre au monde ne sont-ils pas semblables à ceux qui sont nés avant nous ? et pourquoi les vôtres sont-ils plus petits ?

53. Et elle te répondra elle-même, qu’il y bien de la différence entre ceux qui sont le fruit d’une jeunesse forte et vigoureuse et ceux qui sont nés dans la vieillesse affaiblie de leur mère.

54. Considère donc que vous tous qui vivez à présent, vous êtes beaucoup plus petits que ceux qui vous ont précédés

55. Et ceux qui viendront après vous seront encore plus petits, parce que les créatures sont parvenues à leur vieillesse, et qu’elles n’ont plus en elles les forces et la vigueur du premier âge.

56. Et je dis : Mon Seigneur, si j’ai trouvé grâce devant vous, faites connaître, je vous prie, à votre serviteur, celui dont vous vous servirez pour exercer votre jugement sur les créatures.

CHAPITRE VI.

Dieu connaît toutes choses avant même qu’elles arrivent ; il a tout créé pour l’homme, et il sait qu’elle en doit être la fin.

1. L’ange me dit : Au commencement du globe terrestre, avant que le Créateur eût donné des bornes au monde, et que les vents eussent répandu dans l’air leur souffle impétueux ;

2. Avant que la voix du tonnerre eût ébranlé la terre, que de brillants éclairs en eussent annoncé l’approche et que le paradis eût été posé sur ses fondements ;

3. Avant que la terre eût été parée de fleurs que les vertus ébranlées eussent été affermies et que ces armées innombrables d’esprits célestes[240] eussent été rassemblées ;

4. Avant que ces vastes espaces de l’air eussent été étendus au-dessus de la terre, que le firmament eut reçu toutes ses dimensions, que les murs de Sion eussent été élevés[241];

5. Avant que les jours présents eussent été exposés[242] à l’investigation du jugement, que les pécheurs eussent été rejetés dans leur iniquité[243], et qu’on eût marqué d’un sceau ceux qui, par l’ardeur de leur foi, se sont fait un trésor de bonnes œuvres[244]:

6. Déjà je m’occupais de ces choses[245]. Elles ont été faites par moi seul, et elles ne seront détruites que par ma seule puissance.

7. Je lui dis : Quelle sera la division des temps, et quand arrivera la fin du premier, et le commencement du second ?

8. Et il me répondit : Quand après Abraham, d’Isaac naquirent Jacob et Esaü, Jacob tenait de sa main le talon d’Esaü[246].

9. Esau est comme le terme de ce premier temps ; et Jacob, le commencement du second [247].

10. La main de l’homme est placée entre le talon et la main[248]; et toi, Esdras, ne m’interroge pas davantage.

11. Et je dis Seigneur, dominateur souverain, si j’ai trouvé grâce devant vous,

12. Achevez de faire connaître à votre serviteur les signes dont vous me découvrîtes une partie la nuit précédente[249].

13. Et il me dit : Lève-toi, et sois attentif à une voix très-forte.

14. Il va s’exciter une espèce de tremblement de toute la terre, et cependant l’endroit où tu te tiendras ne sera point ébranlé.

15. Quand la voix se fera entendre, ne crains point ; car elle parlera de la fin des temps, et elle expliquera quels sont les fondements de la terre.

16. Elle sera émue et troublée au récit de ces choses ; car elle sait qu’à la fin des temps elle doit être changée.

17. Quand il eut cessé de parler, je me levai, et tout à coup j’entendis une voix dont le bruit était semblable à celui que forme la chute de plusieurs eaux.

18. Et elle disait : Voici les temps où j’entrerai en jugement avec les habitants de la terre,

19. Où je viendrai redemander compte à ceux qui, par leurs injustices, ont tourmenté le reste des hommes ; quand Sion aura rempli la mesure des maux qu’elle devait souffrir,

20. Et que la fin de toutes choses sera arrivée, alors je donnerai ces signes[250]. Les livres s’ouvriront au milieu du ciel, et tous les hommes pourront les lire en même temps.

21. Les enfants d’un an formeront des paroles, les femmes enceintes enfanteront après trois ou quatre mois de grossesse, et ces fruits prématurés ressusciteront pleins de vie[251].

22. Les campagnes qui avaient été ensemencées, seront tout d’un coup ravagées, et les greniers qui étaient remplis se trouveront vides.

23. La trompette rendra un sun éclatant[252], et les hommes en l’entendant seront saisis d’une frayeur soudaine.


24. En ce temps-là les amis oubliant les droits de l’amitié, s’élèveront contre leurs amis [253]. La terre sera effrayée de toutes ces choses. Les sources des fontaines s’arrêteront, et elles cesseront de couler l’espace de trois heures.

25. Quiconque échappera aux maux que je viens de t’annoncer, sera sauvé : il verra de ses yeux l’auteur de son salut [254], et la fin du siècle présent.

26. Ceux qui ont été mis en réserve [255], et qui depuis leur naissance n’ont point été sous l’empire de la mort, en seront aussi témoins. Le cœur de ceux qui habitent sur la terre sera changé, et leurs sentiments ne seront plus les mêmes.

27. Car le mal sera détruit, la fraude ne régnera plus.

28. La foi fleurira, la corruption sera vaincue, et la vérité qui avait été si longtemps stérile et sans fruit, deviendra féconde [256].

29. Pendant que la voix parlait ainsi, j’élevais peu à peu mes regards sur celui devant qui je me tenais debout.

30. Et il me dit : Je suis venu pour le découvrir quand arrivera le temps de cette désolation [257].

31. Si donc tu pries de nouveau et que tu jeûnes sept autres jours [258], je te dirai encore des choses plus admirables que celles que tu viens d’entendre[259] ;

32. Car ta prière a été écoutée du Très-Haut, le Tout-Puissant a vu la droiture de ton cœur et il a connu la pureté que tu as conservée dès ta première enfance.

33. C’est pourquoi il m’a envoyé pour te découvrir toutes ces choses et te les expliquer. Sois donc plein de confiance et ne crains point.

34. Ne te livre point à la vanité de tes pensées, et crains que, t’arrêtant avec trop de curiosité aux temps précédents, tu ne restes dans l’ignorance à l’égard des temps à venir [260].

35. Quand il eut achevé de parler, je me livrai de nouveau aux pleurs et je jeûnai pendant sept jours, pour remplir le nomore de trois semaines qui m’avaient été marquées [261].

36. Et la nuit du huitième jour, me voyant encore dans le trouble et dans l’agitation, je m’adressai au Seigneur ;

37. Car j’étais comme dévoré par un feu secret, et mon accablement ne se pouvait exprimer.

38. Alors je dis : Seigneur, vous fites entendre votre voix au commencement des temps, et dès le premier jour vous dites[262] : Que le ciel et la terre [263] sortent du néant ; et aussitôt votre parole fut accomplie.

39. Le vent soufflait alors[264]; les ténèbres enveloppaient cette masse informe, un horrible silence régnait ; vous n’aviez pas fait encore la voix de l’homme.

40. Alors vous tirâtes de vos trésors une éclatante lumière pour répandre la clarté sur votre ouvrage[265].

41. Le second jour[266], vous créâtes le firmament et vous lui ordonnâtes de diviser les eaux d’avec les eaux ; en sorte qu’il s’ea élevât une partie au-dessus du firmament, et que l’autre partie se plaçât au-dessous

42. Le troisième jour[267], vous com mandâtes aux eaux de se rassembler dans la septième partie de la terre[268]; vous mîtes à sec les six autres parties, et vous en destinâtes quelques-unes d’entre elles à être cultivées de vos propres mains[269].

43. Car votre parole se faisait entendre, et l’effet suivait aussitôt[270].

44. La terre ouvrant tout d’un coup son sein, en fit sortir une infinité de fruits agréables et d’un goût différent, des fleurs qui ne devaient point se flétrir, et dont s’exhalaient des odeurs exquises : ce fut l’ouvrage du troisième jour.

45. Le quatrième jour[271], vous ordonnâtes au soleil et à la lune de répandre leur lumière, et aux étoiles de s’arranger dans le ciel,

46. et de servir à l’utilité de l’homme qui allait sortir de vos mains.

47. Le cinquième jour[272], vous dites à la septième partie dans laquelle les eaux s’étaient rassemblées, de produire des animaux terrestres, des poissons et des oiseaux, et cela fut fait ainsi.

48. Et l’eau, qui était muette[273] et inanimée [274], produisit des animaux tels que vous l’aviez ordonné[275], afin que les nations de la terre eussent en cela un sujet continuel de publier vos merveilles.

49. Vous créâtes ensuite deux animaux ; vous donnâtes à l’un le nom de Behémot[276] et à l’autre celui de Léviathan[277].

50. Et vous les plaçâtes chacun dans un lieu différent : car la septième partie où les eaux s’étaient rassemblées, ne les pouvait contenir tous deux ensemble.

51. Vous mites Behémot [278] dans l’une des parties qui avaient été desséchées le troisième jour, afin qu’il y restât au milieu des mille montagnes qui y sont [279].

52. Mais vous mîtes Leviathan dans la septième partie où les eaux s’étaient rassemblées, et vous le destinâtes à engloutir dans les temps marqués ceux que vous aviez résolu de perdre.

53. Le sixième jour [280], vous commandâtes à la terre de produire des animaux, des bêtes et des reptiles.

54. Ensuite vous formâtes Adam [281] et vous lui donnâtes l’empire sur tout ce que vous veniez de créer ; et c’est de lui que nous, qui sommes le peuple choisi, avons tiré notre origine.

55. Seigneur, j’ai tenu ce discours en votre présence ; parce que c’est pour nous que vous avez formé le monde [282].

56. Pour ce qui est des autres nations, qui, comme nous, sont sorties d’Adam, vous avez dit qu’elles étaient devant vous comme le néant, et que toute leur gloire [283] était semblable à la salive, ou à l’eau qui s’écoule d’un vaisseau [284].

57. Et cependant, Seigneur, ces nations si viles à vos yeux commencent, à dominer sur nous, et sont près de nous dévorer.

58. Et nous, qui sommes ce peuple que vous appeliez votre premier-né [285], votre fils unique le plus cher objet de vos tendresses, nous sommes livrés entre leurs mains.

59. S’il est vrai, cependant, que ce monde [286] ait été créé pour nous, pourquoi n’y possédons-nous point la part de notre héritage et jusques à quand ces choses dureront-elles ?

CHAPITRE VII.

L’on ne parvient que par les tribulations à la vie immortelle. Les prières des justes sont utiles pendant le temps de la vie ; mais après le jugement dernier, les choses ne changeront plus. Les hommes livrés à toutes sortes de vices, le Seigneur est plein de miséricorde.

1. Quand j’eus cessé de parler, l’ange qui m’avait été envoyé la nuit précédente [287], me fut encore envoyé.

2. Et il me dit : Esdras, lève-toi et sois attentif à ce que je te vais dire.

3. Je lui dis : Parlez mon Seigneur. Il me répondit : La mer a été renfermée dans de vastes espaces, afin que son immensité égalât sa profondeur.

4. Or, suppose à présent que l’embouchure en soit étroite, et qu’elle n’ait pas plus de largeur que le lit ordinaire d’un fleuve ;

5. Quel est celui qui, poussé du désir [288] de parcourir la mer et de la mettre sous sa puissance, pourrait arriver au milieu de ce vaste empire, si auparavant il n’y était entré par ce passage étroit ?

6. Suppose encore qu’il y ait une ville bâtie et située dans un lieu champêtre, qu’elle soit remplie de toutes sortes de biens ;

7. Que l’entrée en soit étroite et glissante, qu’à droite il y ait du feu, à gauche une eau très-profonde ;

8. Et qu’enfin ces deux gouffres ne soient séparés que par un petit sentier où à peine un homme puisse marcher ;

9. Celui qui doit avoir cette ville pour héritage, s’en mettra-t-il en possession qu’il n’ait auparavant franchi ces obstacles terribles ?

10. Je dis Seigneur, cela est ainsi que vous le dites. Il ajouta : Tel est le sort d’Israël.

11. Car c’est pour ce peuple que j’ai créé le monde[289], et aussitôt qu’Adam eût violé mes préceptes, le jugement fut porté contre le monde[290].

12. Les entrées en devinrent étroites, pénibles, fâcheuses, en petit nombre, mauvaises, pleines de danger et d’afflictions. 13. Mais quand aux entrées du siècle futur[291], elles sont spacieuses, tranquilles et parées de fruits immortels.

14. Ainsi ceux qui vivent dans le siècle ne pourront obtenir ces biens réservés à leurs efforts, s’ils ne passent auparavant par ces sentiers étroits et malheureux[292].

15. Maintenant donc Pourquoi te troubler, puisque tu es sujet à la corruption ? Pourquoi t’inquiéter, puisque tu es mortel[293]?

16. Et pourquoi enfin, n’aspires-tu pas à connaître les choses futures[294] plutôt que les choses présentes[295].

17. Alors je répondis : Seigneur dominateur, vous avez promis dans votre loi que les justes auraient ces biens pour héritage ; mais que les impies périraient.

18. Que les justes passeraient par les tribulations avant que d’entrer dans ces vastes demeures[296]; mais que les impies, quoique éprouvés par mille peines, en seraient exclus.

19. Et il me dit : Il n’y a point de juge plus juste que Dieu, et nul ne pénètre les cœurs comme le Très-Haut.

20. Plusieurs ne périssent en cette vie, que parce qu’ils ont inéprisé la loi qu’il leur avait prescrite[297].

21. Car Dieu en les mettant sur la terre leur a expressément marqué ce qu’ils devaient observer pour vivre, et ce qu’ils devaient éviter pour n’être point punis.

22. Mais ils n’ont point écouté ces avis salutaires ; ils les ont contredits, et ils ont suivi la vanité de leurs pensées.

23. Et après s’être livrés à des actions honteuses et criminelles, ils ont poussé leur orgueil jusqu’à nier qu’il y eût ùn Dieu, ils ont refusé de marcher dans ses voies.

24. Ils ont méprisé sa loi, ils ont renoncé à ses promesses, ils n’ont point été fidèles à garder ses ordonnances, et n’ont point accompli ses œuvres.

25. C’est pourquoi, Esdras, la vanité sera le partage de ceux qui l’ont suivie[298], et la vérité remplira le cœur de ceux qui l’ost recherchée[299].

26. Voici les temps où l’on verra les signes que je t’ai prédits[300]. L’épouse paraîtra, et celle qui est maintenant cachée dans le sein de terre, en sortira avec éclat[301]:

27. Et celui qui aura été délivré de tous les maux que je t’ai prédits, sera témoin des prodiges que je ferai alors.

28. Car mon Fils Jésus[302] paraîtra dans sa gloire avec ceux qui sont à lui, et les hommes qui se trouveront alors sur la terre, y vivront comblés de joie l’espace de quatre cents ans[303].

29. Au bout de ce temps, le Christ mon Fils mourra, et tous ceux qui seront alors sur la terre mourront aussi[304].

30. Le monde retombera dans son premier chaos[305]; il restera en cet état pendant sept jours[306], jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’hommes sur la terre.

31. Et quand ce temps sera passé, le siècle[307] se réveillera de son assoupissement ; et ce qui est corrompu, mourra :

32. Les tombeaux s’ouvriront, les morts quitteront la poussière, et la terre[308] rendra tous ceux[309] qu’elle retenait dans son sein.

33. Alors le Très-Haut paraîtra sur son Tribunal pour entrer en jugement ; les maux cesseront, et la patience ne sera plus mise à aucune épreuve[310].

34. La justice et la vérité régneront seules, la foi s’affermira de plus en plus.

35. On en verra les œuvres, et la récompense les suivra de près : la justice dominera partout, et l’injustice sera bannie.

36. Alors je lui dis : Abraham pria[311] autrefois[312] pour les habitants de Sodome. Moise pria pour nos pères après qu’ils eurent péché dans le désert [313].

37. Et ceux qui vinrent après lui, prièrent pour Israël dans les temps d’Achaz[314] et de Samuel[315].

38. David pria pour obtenir la victoire sur ses ennemis [316], et Salomon pria pour ceux qui assistèrent à la dédicace de son temple [317].

39. Elie pría pour faire tomber la pluie sur la terre [318] et pour tirer un mort du tombeau [319].

40. Ezechias pria pour garantir le peuple de la fureur de Sennacherib [320]; plusieurs enfin ont prié pour leurs frères [321].

41. Si donc, à présent que la corruption s’est accrue, et que l’injustice s’est multipliée, les justes prient pour les impies, pourquoi ne seraient-ils pas écoutés ?

42. Et il me répondit : Le siècle present n’est point le terme de la durée des temps ; il y a toujours sur la terre un grand nombre de justes dont la vertu éclate aux yeux de Dieu, et ce sont ceux-là, qui prient pour les faibles.

43. Mais le jour du jugement en sera la fin et le commencement d’une vie immortelle ; alors il n’y aura plus de corruption.

44. L’intempérance et l’incrédulité seront bannies ; la justice et la vérité régneront seules.

45. Et personne alors ne pourra, ni délivrer celui qui est tombé dans la perdition, ni renverser celui qui sera resté victorieux. Et je répondis :

46. Je l’ai dit et je ne cesserai point de le dire Qu’il eût été plus avantageux pour nous qu’Adam n’eût point été créé sur la terre [322]; ou que l’y l’ayant placé, il fallait l’empêcher de tomber dans la prévarication.

47. Car quel avantage est-ce pour l’homme de passer ses jours dans la tristesse et dans la misère, et de n’attendre après sa mort que des supplices et des tourments ?

48. Et toi, Adam, vois quelle a été l’énormité de ton crime ! Car en péchant tu t’es perdu toi-même, et tu as entraîné dans ta chute tous les hommes dont tu étais le père [323].

49. Et que nous sert que l’immortalité nous soit promise, si nous avons fait des œuvres dignes de la mort :

50. Que nous vivions dans l’attente de l’éternité, si nous sommes livrés à la corruption et à la vanité :

51. Que nous aspirions au repos et à la paix, si nous avons mené une vie criminelle :

52. Que la gloire du Très-Haut soit un jour l’ornement de ceux qui auront vécu dans la patience, si nous avons suivi les voies de l’impiété :

53. Que le paradis soit ouvert, et que ce soit un lieu de délices dont les fruits sont incorruptibles, le séjour de la santé et du repos,

54. Si après avoir passé nos jours sur une terre malheureuse, nous en sommes encore exclus.

55. Et que nous sert enfin que ceux qui ont été tempérants soient un jour plus brillants que les étoiles, si nous devenons plus noirs que les ténèbres mêmes ?

56. Car pendant notre vie nous ne songions point qu’en commettant l’iniquité nous en serions punis après la mort.

57. Et il me dit : Voilà une juste idée du combat auquel l’homme est exposé dès qu’il commence à voir le jour.

58. En sorte que, s’il y est vaincu, il souffrira ce que tu dis ; et si au contraire, il en sort victorieux, il recevra la récompense dont je t’ai parlé :

59. Car c’est de cette vie immortelle que Moïse parlait autrefois au peuple, lorsqu’il lui disait [324]: Choisissez la vie afin que Vous viviez.

60. Mais ils ne crurent ni Moïse, ni les prophètes qui vinrent après lui. Et ils ne m’ont point cru moi-même quand je leur ai assuré,

61. Que l’état funeste où ils étaient réduits se terminerait moins à la perte qu’au bonheur de ceux qui auraient vécu dans l’espérance du salut.

62. Et je dis : Seigneur, je sais que le Très-Haut est véritablement un Dieu de bonté, en ce qu’il l’a fait éclater sur ceux qui ne sont point encore arrivés à ces derniers temps ;

63. Et qu’il a pitié de ceux qui se convertissent à lui [325].

64. Je sais qu’il est un Dieu patient, puisqu’il attend avec patience ceux qui dans toutes leurs actions [326] ont commis l’impiété ;

65. Qu’il est magnifique et généreux, puis qu’il prodigue ses dons selon les divers besoins de ses créatures ;

66. Et que sa miséricorde est infinie, puisqu’il la répand si abondamment sur les hommes qui sont, qui ont été, et qui seront dans la suite des temps.

67. Car s’il ne multipliait sa miséricorde, ceux de ce siècle ne pourraient subsister, ni ceux qui doivent l’habiter, recevoir la vie.

68. Si par sa bonté il ne remettait les iniquités commises contre lui, de dix mille hommes il n’y en aurait pas un seul de sauvé.

69. Et si celui même qui doit les juger ne leur pardonnait après les avoir purifiés par sa parole et qu’il n’oubliât le nombre de leurs crimes, de cette multitude innombrable d’hommes, à peine y en aurait-il quelques-uns de sauvés [327].

CHAPITRE VIII.

Dieu plein de miséricorde pour les pécheurs pendant cette vie ; il y en aura cependant plusieurs de damnés. Récompense réservés aux justes.

1. Alors l’ange me répondit et me dit : Le Très-Haut a créé le siècle présent pour être le séjour d’une infinité de créatures, mais le siècle futur ne sera que pour un très-petit nombre d’entre elles [328].

2. Esdras, je vais te faire comprendre ces choses par une comparaison. Si tu interroges la terre, elle te répondra qu’elle peut fournir beaucoup de matière propre à faire des vases de terre ; mais très-peu de celle dont se forme l’or [329].

3. Tel est l’état du siècle présent, plusieurs y ont reçu l’Être, mais il y en aura très-peu de sauvés

4. Et m’adressant à mon esprit, je lui dis : Médite ces paroles, et découvres-en les sens cachés ;

5. Car tu n’es venu ici que pour t’instruire avec docilité, et tu prétends prophétiser comme si tes connaissances s’étendaient au delà des choses terrestres [330].

6. Je dis alors : Seigneur, si vous ne permettez à votre serviteur de vous présenter ses prières, si vous ne jetez dans nos cœurs cette semence divine, afin qu’elle y fructifie, et que vous n’éclairiez vous-même nos intelligences, comment l’homme corrompu pourra-t-il subsister devant vous, et qui pourra lui servir d’appui ?

7. Car vous avez seul la puissance sur toutes choses[331], et l’homme est l’ouvrage de vos mains, comme vous l’avez dit vous-même :

8. À présent le corps est créé dans le sein de la femme, vous en avez formé tous les membres, et il s’y conserve par le mélange de l’eau et du feu, et la femme porte pendant neuf mois le fruit dont vous l’avez rendue féconde.

9. Vous conservez l’une et l’autre, et quand le temps est venu la mère laisse sortir de son sein l’enfant qu’elle y portait.

10. Vous avez encore voulu qu’elle portât dans ses mamelles le lait dont elle a besoin pour le nourrir[332].

11. Afin qu’ayant reçu pendant quelque temps cette première nourriture, il devint ensuite l’objet de vos miséricordes.

12. Vous le justifiez à vos yeux[333], vous l’instruisez de votre loi, et votre sagesse règle et conduit toutes ses démarches :

13. Vous le livrez enfin à la mort comme l’une de vos créatures, et vous lui rendrez la vie comme étant votre ouvrage.

14. Si donc vous perdez celui que vous n’avez formé qu’avec tant de soin et d’attention, ne vous était-il pas facile, après l’avoir créé, d’empêcher qu’il ne se perdit [334].

15. Et maintenant, Seigneur, je ne vous prierai point pour tous les hommes en général, vous savez ce que vous avez résolu d’en faire ; mais je vous parlerai en faveur de votre peuple, pour lequel je suis dans l’affliction :

16. De votre héritage, qui est le sujet continuel de mes larmes d’Israël et de Jacob, pour qui je ressens la douleur la plus vive et la tristesse la plus affreuse.

17. C’est pourquoi je commencerai à vous offrir mes prières, et pour eux et pour moi, en considérant les crimes que nous commettons tous les jours sur la terre ;

18. Afin de prévenir le jour imprévu auquel celui qui nous jugera doit venir nous surprendre.

19. Ainsi, Seigneur, daignez écouter mes prières, et rendez-vous attentif aux gémissements que je vais répandre en votre présence.

20. Le commencement des paroles qu’Esdras prononça avant qu’il eût été enlevé [335] de dessus la terre, je dis alors : Seigneur, vous qui gouvernez l’univers, et qui découvrez ce qu’il y a de plus élevé dans les cieux [336] :

21. Vous dont le trône est inestimable et la gloire incompréhensible, devant qui cette troupe innombrable [337] d’anges est toujours dans la crainte et dans un profond abaissement :

22. Cette troupe d’esprits qui habitent au milieu des vents et du feu, et qui en sont souvent revêtus [338]. Vous dont la parole est véritable, les promesses certaines,

23. Les volontés efficaces et les effets terribles. Vous dont les regards dessèchent les abîmes, et dont la colère déracine les montagnes, comme il est arrivé plusieurs fois,

24. Écoutez la prière de votre serviteur, et laissez-vous fléchir aux gémissements de votre créature.

25. Car, tant que je respirerai, je ferai entendre ma voix, et tant que je conserverai l’intelligence je vous répondrai :

26. N’ayez point égard à ceux d’entre nous qui vous ont offensé ; mais à ceux qui sont fidèles à pratiquer votre loi [339].

27. Ne considérez point ceux qui ont imité les désordres des nations ; mais ceux que les contradictions n’ont pu détourner de la voie de vos commandements.

28. Ne vous ressouvenez point de ceux qui ont fait le mal à vos yeux ; mais de ceux qui, pénétrés de votre crainte, ont respecté vos ordonnances.

29. Ne nous punissez point a cause de ceux qui se sont rendus semblables aux bêtes ; mais pardonnez-nous en faveur de ceux qui, sans craindre les hommes, les ont instruits généreusement de votre loi.

30. Que votre indignation ne s’allume point à cause de ceux qui sont mis au-dessous des brutes mêmes ; mais sauvez-nous en faveur de ceux qui se sont appuyés sur la justice et la vérité de vos promesses [340].

31. Car, semblables à nos pères, nous languissons dans toutes ces infirmités, et vous ferez éclater votre miséricorde, en la répandant sur nous qui sommes des pécheurs.

32. Si donc vous daignez avoir pitié de nous, vous serez véritablement le Dieu de miséricorde, puisque nous n’avons fait aucune œuvre de justice [341] ;

33. Mais pour les justes qui se sont fait un trésor de bonnes œuvres, ils en recevront la récompense.

34. Qu’est-ce donc que l’homme, pour qu’il puisse exciter votre indignation ? et quelle est cette race corrompue, pour que Vous armiez contre elle toute votre fureur ?

35. Certainement, tous les hommes ont commis l’impiété, et, parmi votre peuple même [342], il n’y en a aucun qui ne vous ait offensé ;

36. Mais, Seigneur, c’est en cela même qu’éclateront votre justice et votre bonté, lorsque vous ferez miséricorde à ceux qui n’ont rien fait pour la mériter [343].

37. Et il me dit : Quelques-unes de tes paroles ont été conformes à la vérité, et les choses arriveront comme tu l’as dit.

38. Je n’examinerai point les actions des pécheurs avant la mort, le jugement et le jour de la perdition.

39. Toute ma joie sera de considérer les œuvres des justes, et je n’oublierai ni leur exil, ni leurs bonnes œuvres, ni la récompense qui est due à leurs travaux.

40. Tout ce que je t’ai dit est selon la vérité.

41. Comme les semences que le laboureur confie à la terre ne remplissent pas toute son attente au temps de la moisson, et que les plantes qu’il cultive ne prennent pas toutes également racine, ainsi de cette multitude d’hommes qui ont été créés sur la terre tous ne seront pas sauvés

42. Et je lui dis : Si j’ai trouvé grâce à vos yeux, souffrez que je parle.

43. De même que la semence du laboureur est perdue si elle ne sort de la terre, et qu’elle ne reçoive les pluies[344] selon les saisons, et qu’elle se pourrit si l’eau tombe avec trop d’abondance :

44. Ainsi périt l’homme que vous avez formé de vos mains, dont vous êtes le modèle et le type[345], et pour lequel vous avez créé toutes choses, et cependant vous le traitez comme la semence du laboureur[346].

45. Ne vous mettez point en colère contre nous ; mais pardonnez à votre peuple, ayez pitié de votre unique héritage[347], et que votre créature trouve miséricorde auprès de vous.

46. Et il me répondit : Les choses présentes regardent ceux qui sont présents sur la terre ; mais les choses futures seront pour ceux qui vivront à la fin des temps :

47. Car il s’en faut bien que tu aimes ma créature d’un amour pareil à celui que je ressens pour elle ; je me suis souvent communiqué à elle et à toi, et jamais aux impies.

48. Et tu n’es grand aux yeux du Très-Haut

49. Que parce que tu t’es abaissé en sa présence comme tu le devais, et que tu ne t’es pas jugé digne d’être mis au rang des justes.

50. Mais quant à ceux qui vivront à la fin des temps, ils éprouveront toutes sortes de misères et de calamités, parce qu’ils marcheront[348] avec un grand orgueil.

51. Médite donc en toi-même tous ces mystères, et comprends quelle sera la gloire de ceux qui sont les imitateurs de ta justice.

52. Car c’est pour vous que le paradis est ouvert, que l’arbre de vie est planté, que le siècle futur doit subsister, que l’abondance coulera, que la cité sainte est bâtie, et que le repos, la bonté, la sagesse y régneront dans un état parfait.

53. Vous ne porterez plus en vous la racine du mal ; la maladie et l’infirmité[349] ne vous feront plus la guerre, et la corruption se retirera dans l’enfer pour y être à jamais oubliée[350].

54. Les jours de douleurs sont passés, et déjà commence à paraître le trésor de l’immortalité[351].

55. Ne t’inquiète donc plus sur le grand nombre de ceux qui doivent périr.

56. Car se trouvant parfaitement libres, ils ont rejeté le Très-Haut, ils ont méprisé sa loi sainte et se sont écartés de ses voies.

57. Ils ont foulé aux pieds les enfants du Très-Haut ;

58. Et ils ont dit dans leur cœur qu’il n’y avait point de Dieu, quoiqu’ils sussent qu’ils étaient mortels.

59. Et pendant que vous jouirez tous du bonheur que je vous annonce ; pour eux, ils auront pour partage la soif et les tourments qui leur sont préparés. Dieu cependant n’a point souhaité la perte de l’homme.

60. Mais des hommes formés de ses mains ont souillé la sainteté de son nom, et n’ont que de l’ingratitude pour l’auteur de leur être.

61. C’est pourquoi je me prépare à entrer en jugement avec eux.

62. Je n’ai découvert ces mystères qu’à toi et à un petit nombre de justes qui te ressemblent. Alors je dis :

63. Il est vrai, Seigneur, que vous m’avez fait connaître le grand nombre de prodiges que vous devez opérer à la fin des siècles : mais vous m’avez caché le temps auquel ils arriveront.

CHAPITRE IX.

Les jugements de Dieu aussi bien que ses autres œuvres éclatantes seront précédées de quelques autres signes.

1. Le Seigneur me répondit et me dit : Mesure exactement[352] le temps, parcours-en les espaces, et quand tu auras vu l’accomplissement d’une partie des signes que je t’ai prédits,

2. Comprends alors que le Très-Haut est près d’entrer en jugement avec le siècle qu’il a créé.

3. Quand la terre tremblera en divers lieux, et que les peuples se soulèveront les uns contre les autres[353],

4. Alors tu reconnaîtras que le Très-Haut avait prédit ces choses dès le commencement, avant même que tu fusses né.

5. Car de même que toutes les choses qui ont été créées sur la terre ont eu un commencement, et qu’il n’est pas moins certain qu’elles doivent un jour cesser d’être ;

6. Il en est ainsi des temps du Très-Haut, ils ont eu des commencements signalés par des prodiges, et leur fin sera précédée de signes éclatants.

7. Alors tous ceux qui sont du nombre des élus[354], et qui pourront échapper à la faveur de leurs œuvres et d’une foi semblable à celle des justes[355],

8. Ceux-là, dis-je, sortiront victorieux des périls et des obstacles que je t’ai prédits, et ils jouiront[356] sous mon règne et dans mon empire du salut[357] que je leur avais préparé, car je les avais choisis[358] dès le commencement.

9. Mais pour ceux qui ont corrompu mes voies, ils seront accablés de misères[359], et ceux qui les ont rejetées avec mépris n’auront pour partage que des tourments sans fin.

10. Car je les avais comblés de bienfaits pendant leur vie et ils ne m’ont point connu.

11. Ils n’avaient que du dégoût pour ma loi, lorsqu’ils étaient encore en pleine liberté de la suivre[360].

12. Et ayant encore le temps de faire pénitence, ils n’en ont point profité et se sont fermé les yeux ; il est donc juste que, livrés enfin à la mort, ils soient instruits par les tourments et les supplices[361].

13. Ne cherche donc plus à connaître de quelle manière les impies seront tourmentés ; efforce-toi donc plutôt de découvrir quel sera le bonheur des justes, qui sont ceux qui composeront le siècle futur, et quand il commencera à paraître[362].

14. Alors je répondis et je dis :

15. Je l’ai dit autrefois[363], je le dis encore, et je ne cesserai de le dire ; ceux qui tombent dans la perdition sont en plus grand nombre que ceux qui seront sauvés,

16. Comme le flot de la mer est plus grand qu’une des gouttes dont il est formé, et il me dit :

17. Tel est le champ, telles sont les semences ; telles sont les fleurs, telles sont les couleurs ; tel est l’ouvrier, tel est son ouvrage ; tel est le laboureur, tel est son travail : car tel était l’ordre qui régnait dans l’univers[364].

18. Lorsque je préparais le monde qui devait être la demeure des hommes qui l’habitent à présent, personne alors ne s’opposait à mes volontés,

19. Et[365] chacun obéissait ; mais depuis qu’il subsiste, la corruption des mœurs s’est multipliée par une fécondité malheureuse et par une loi secrète.

20. J’ai donc considéré ce siècle, et j’ai vu les malheurs qu’allaient attirer sur lui ses désirs criminels.

21. Je l’ai néanmoins épargné, et je me suis réservé un grain de la grappe et une plante d’une race nombreuse.

22. Périsse donc à jamais cette multitude ingrate et stérile[366], et qu’il n’en reste que ce[367] grain et cette plante que j’ai cultivée avec tant de soins[368].

23. Pour toi, Esdras, laisse encore passer sept jours, pendant lesquels tu ne jeûneras point.

24. Mais tu iras dans un champ rempli de fleurs et dans lequel il n’y a aucune maison ; tu ne te nourriras que des fleurs qui y croissent, tu ne mangeras pas de viande et tu ne boiras point de vin.

25. Offres-y sans cesse tes prières, j’y viendrai et je m’entretiendrai avec toi.

26. J’allai donc, comme le Seigneur me l’avait dit, dans un champ qui s’appelait Ardath[369]; je m’y assis au milieu des fleurs, et je mangeai des herbes qui y croissent, jusqu’à en être rassasié.

27. Au bout des sept jours, lorsque j’étais encore couché sur l’herbe de ce champ, je sentis mon cœur agité comme auparavant.

28. Et alors, ouvrant ma bouche, je commençai à parler au Très-Haut, et je lui dis :

29. Seigneur, avant de vous montrer à nous, vous vous êtes fait voir à nos pères dans le désert, ce lieu stérile et inhabité, et lorsqu’ils sortirent de l’Égypte, vous leur dites :

30. Israël, écoute-moi ; et toi, maison de Jacob, sois attentive à mes paroles.

31. Car je vais mettre ma loi dans vos cœurs comme une semence ; elle y portera du fruit et elle vous rendra à jamais glorieux sur la terre.

32. Mais vos pères, après avoir reçu ma loi, ne l’ont point gardée ; ils ont violé mon alliance, la loi n’a porté aucun fruit en eux, et elle ne le pouvait ; car c’était de vous qu’il devait sortir[370].

33. Et ainsi ceux à qui elle avait été donnée ont été rejetés[371], parce qu’ils n’ont conservé la semence qui avait été dans Peurs cœurs.

34. Il arrive ordinairement que quand la terre a reçu la semence, qu’un vaisseau a été mis en mer, qu’on a rempli un vase de quelque nourriture, ces choses dans lesquelles tout cela a été mis venant à être détruites,

35. Ce qu’on y a semé ou inséré, ou ce qui y a été reçu, est détruit en même temps et ne subsiste plus alors parmi nous ; mais il n’en est pas de même à notre égard.

36. Car nous avons été rejetés après avoir violé la loi que nous avions reçue, et notre cœur, où elle avait été jetée comme une semence, a eu le même sort.

37. Mais la loi n’a point été anéantie, et elle a conservé toute sa force.

38. Comme je disais ces choses en moi-même, et que j’étais attentif, je vis à ma droite une femme qui pleurait et qui jetait de grands cris ; elle paraissait très abattue de douleur ; ses vêtements étaient déchirés et elle se couvrait la tête de poussière[372].

39. Alors, interrompant toutes mes réflexions, je me tournai vers elle, et je lui dis :

40. Pourquoi pleurez-vous, et que est le sujet de votre douleur ? Elle me répondit :

41. Mon Seigneur, souffrez, souffrez que je pleure et que je me livre de plus en plus à ma douleur, car je suis dans une grande amertume de cœur, et rien n’est égal à mon affliction.

42. L’ayant ensuite pressée instamment de me dire ce qui lui était arrivé, elle me répondit :

43. Votre servante avait vécu dans une honteuse stérilité, et je n’avais point enfanté, quoique j’eusse été avec mon mari l’espace de trente ans ;

44. Et pendant tout ce temps je n’ai cessé, ni le jour, ni la nuit, d’offrir mes prières au Très-Haut.

45. Enfin, au bout de trente ans, le Seigneur exauça votre servante, il vit mon affliction, il fut touché de mes peines, et me donna un fils qui fut toute ma joie[373], celle de mon mari et l’espérance de toute la ville, et nous en témoignâmes notre reconnaissance au Dieu tout-puissant.

46. Je l’élevai avec beaucoup de peine.

47. Et lorsqu’il fut grand et en âge de se marier, je célébrai le jour de ses noces[374].

CHAPITRE X.

Jérusalem représentée sous la figure d’une femme affligée et ensuite revêtue d’éclat,

1. Mon fils étant entré dans sa chambre à coucher, il tomba et mourut[375].

2. Nous éteignîmes aussitôt toutes les lumières ; tous mes concitoyens accoururent en foule pour me consoler, et je restai avec eux jusqu’à la nuit du jour suivant.

3. Mais lorsqu’ils se furent tous retirés, afin de me laisser en repos, je me levai au milieu de la nuit, et prenant la fuite, je vins dans les champs où vous me voyez encore.

4. Et maintenant, mon dessein est de ne pas entrer dans la ville, mais de rester ici sans prendre aucune nourriture, de pleurer sans cesse et de jeûner jusqu’à ce que je meure.

5. Alors, changeant de langage, je lui répondis avec colère et lui dis

6. O la plus insensée de toutes les femmes ! ignorez-vous donc quelle est notre affliction et quels sont les maux qui nous accablent ?

7. Sion, notre mère, est dans une affreuse tristesse, son humiliation est extrême et ses pleurs ne tarissent point.

8. Quoi ! pendant que nous sommes tous dans le deuil et dans l’affliction, à cause des maux que nous[376] souffrons, faut-il que la mort d’un enfant vous arrache tant de pleurs et de regrets ?

9. Interrogez la terre, et elle vous dira que c’est à elle qu’il appartient de pleurer la perte de tant de choses[377] qui sortent de son sein.

10. Car tous ceux qui sont nés ou qui naîtront dans la suite viennent de la terre ; cependant ils courent presque tous à leur perte, et le plus grand nombre d’entre eux est destiné à périr[378].

11. Celle donc qui perd un si grand nombre d’enfants, n’est-elle pas plus en droit de se livrer à la douleur, que vous, qui n’en avez perdu qu’un seul ? Mais, me direz-vous :

12. Le sujet qui m’afflige est bien différent ; car j'ai perdu le fruit de mes entrailles, ce fruit que j’ai porté dans la peine, que j’ai enfanté dans la douleur.

13. Mais pour la terre, la multitude qu'elle contient à présent, rentrera un jour dans son sein de la même manière quelle en a été tirée[379]. Voici ce que je vais vous répondre[380] ;

14. De même que vous avez enfanté dans la douleur, ainsi la terre, dès le commencement, donne son fruit à l’homme qui la cultive[381].

15. Maintenant donc, réprimez l’excès de votre douleur, et supportez avec courage les malheurs qui vous accablent.

16. Car si vous reconnaissez combien Dieu est juste dans tout ce qu’il fait[382], vous vous soumettrez aux desseins qu’il a résolu d’exécuter dans les temps marqués, et cette soumission fera votre véritable gloire.

17. Rentrez donc dans la ville, et retournez vers votre mari ; alors elle me dit :

18. Je ne le ferai point et je mourrai ici.

19. Je lui parlai encore, et je lui dis :

20. N’agissez point ainsi, mais déférez à mes conseils ; considérez dans quels malheurs Sion est tombée, et apprenez par les maux que souffre Jérusalem, à supporter les vôtres.

21. Car, comme vous le voyez, notre sanctuaire est abandonné, notre autel est renversé, et notre temple est détruit[383].

22. Nos instruments de musique[384] sont sans voix, on n’entend plus nos saints cantiques, les jours de fêtes et de réjouissances nous sont interdits, la lumière de notre chandelier est éteinte, l’arche de notre alliance a été pillée[385]. Les choses les plus saintes ont été souillées, le nom de notre Dieu a été sur le point d’être profané, nos enfants sont tombés dans l’opprobre, nos prêtres ont été brûlés, nos lévites ont été menés en captivité, nos vierges ont été déshonorées, nos femmes violées, les gens de bien ont été ravis, nos enfants ne sont plus, nos jeunes hommes sont captifs, les braves d’Israël ont perdu leur force.

23. Et ce qui met le comble à nos maux, Sion, la fameuse Sion, a vu toute sa gloire anéantie, et elle a été elle-même livrée à ses ennemis.

24. Sortez donc de la profonde tristesse où vous êtes, et modérez l’excès de votre douleur, afin que le Très-Haut vous rende ses miséricordes, et qu’après avoir mis fin à vos maux, il vous rétablisse dans un repos parfait.

25. Pendant que je lui parlais, son visage devint tout à coup éclatant, ses yeux brillaient comme le feu ; j’en fus saisi de frayeur, et comme je pensais à ce que ce pouvait être,

26. Elle fit entendre une voix terrible, et toute la terre en fut émue ; je regardai au même instant,

27. Et je ne vis plus cette femme ; mais du lieu où je l’avais vue, s’élevait une ville[386]

dont l’enceinte paraissait fort spacieuse je fus saisi de crainte, et élevant la voix, je dis :

28. Où est l’ange Uriel[387], qui m’a été envoyé au commencement de cette vision ? car c’est lui qui a fait naître dans mes pensées le trouble et l’agitation où je me trouve, mes espérances ont été vaines, et ma prière retournera à ma honte.

29. Comme je parlais ainsi, il vint à moi et me regarda.

30. Je portais sur mon visage l’image de la mort, et je n’avais plus de connaissance ; alors il me prit par la main droite et me remplit de force, et m’ayant relevé sur mes pieds, il me dit :

31. Que t’est-il arrivé, et pourquoi ton esprit et ton cœur sont-ils ainsi dans le. trouble et dans l’agitation ? Et je lui répondis :

32. Parce que vous m’avez abandonné ; cependant je suis venu dans ce champ,. comme vous me l’aviez ordonné : j’y ai vu et j’y vois encore des choses que je ne puis raconter, et il me dit :

33. Reprends tes forces, et je te dirai ce que tu dois faire. Je lui répondis :

34. Parlez, mon Seigneur, et ne m’abandonnez point, de peur que je ne meure sans secours[388].

35. Car j’ai vu des choses toutes nouvelles, et j’en entends dont je n’ai jamais ouï parler.

36. Mes sens sont-ils abusés, ou est-ce l’effet de quelque songe ?

37. Et maintenant je vous conjure d’expliquer ces prodiges à votre serviteur. Alors il me dit :

38. Écoute-moi, je t’instruirai et je te parlerai des choses qui t’ont jeté dans la frayeur ; car le Très-Haut t’a déjà découvert plusieurs mystères.

39. Il a vu la droiture de ton cœur. Il sait que tu n’as cessé de t’affliger pour ton peuple, et que tes pleurs n’ont point été interrompues à cause de Sion.

40. Voici donc le sens de la vision que tu viens d’avoir :

41. Tu as vu d’abord une femme éplorée, et tu t’es approché d’elle pour la consoler.

42. Tout d’un coup, tu as cessé de la voir, et en sa place a paru une ville que l’on bâtissait.

43. Elle t’a ensuite entretenu de la mort de son fils : Voici le sens de cette vision.

44. Cette femme est la figure de Sion que tu vois à présent comme une ville bâtie.

45. Quant à ce qu’elle t’a dit qu’elle avait été stérile l’espace de trente ans, c’est qu’il s’était écoulé un pareil nombre d’années sans qu’on eût encore fait aucune oblation dans cette ville[389].

46. Mais au bout de trente ans[390], Salomon, ayant achevé de la bâtir, y offrit des sacrifices, et ce fut alors que celle qui était stérile enfanta un fils.

47. Ce que cette femme t’a dit des peines qu’elle avait prises pour élever son fils marque ce que Jérusalem a coûté de soins et de travaux à bâtir.

48. Et enfin, la mort funeste de son fils, signifie quelle a été la ruine de cette ville.

49. Tu l’as vue elle-même sous la figure de cette femme ; et comme elle pleurait la mort de son fils, tu avais commencé à la consoler. Voilà ce que tu devais savoir de tout ce qui s’est passé à tes yeux.

50. Et maintenant le Très-Haut, ayant vu la profonde tristesse et la douleur sincère où t’ont jeté les malheurs de Sion, t’a montré l’éclat et la gloire dont elle doit être un jour revêtue.

51. C’est pour cela que je t’ai ordonné d’aller dans un champ où il n’y eût aucune mai

son.

52. Car je savais que le Très-Haut allait t’y découvrir ces prodiges.

53. Je t’ai donc dit d’aller dans un champ où l’on n’eût jamais jeté les fondements d’aucune maison.

54. Car un lieu où devait paraître la ville du Très-Haut n’aurait pu soutenir aucun édifice bâti de la main des hommes[391].

55. Rassure-toi donc et ne crains point ; mais entre dans cette ville, et autant que ta faible vue pourra le soutenir, contemple la splendeur et la magnificence de ses édifices.

56. Et ensuite tu prêteras l’oreille à ce qui se dira, autant que tu en seras capable.

57. Car tu es plus heureux qu’une infinité d’autres, et le Très-Haut t’a admis dans le petit nombre de ses élus.

58. Passe encore ici la nuit suivante.

59. Et il te fera voir ce qui arrivera dans

les derniers temps aux hommes qui seront alors sur la terre.

60. Je m’endormis donc cette nuit et la nuit suivante, comme l’ange me l’avait ordonné.

CHAPITRE XI.

Vision d’Esdras dans laquelle il voît un aigle qui usurpe l’empire sur toute la terre.

1. Pendant que je dormais, j’eus une vision dans laquelle je vis un aigle[392] qui s’élevait du sein de la mer, et il avait douze ailes[393] et trois têtes[394].

2. Et comme je le regardais, il étendait ses ailes sur toute la terre, et les vents unis ensemble armaient contre lui toute leur fureur.

3. De ses plumes, j’en vis naître d’autres toutes contraires aux premières, et elles ne formaient que de petites ailes.

4. Ses têtes étaient endormies, mais celle du milieu était plus grande que les deux autres, et elle dormait aussi.

5. Et tout d’un coup l’aigle s’éleva dans les airs, et il régna sur la terre et sur ceux qui l’habitent.

6. Tout ce qui est sous le ciel lui fut soumis, et aucune des créatures qui sont sur la terre n’osa se soustraire à son empire.

7. Et s’étant dressé sur ses ongles, il fit entendre sa voix à ses ailes et leur dit :

8. Ne veillez pas toutes en même temps, mais dormez et veillez les unes après les autres.

9. Et pour les têtes, qu’elles soient livrées au sommeil jusqu’à la fin des temps.

10. Je regardai et je m’aperçus que la voix ne venait point des têtes de l’aigle, mais qu’elle sortait du milieu de son corps[395].

11. Je comptai ses ailes opposées les unes aux autres[396], et elles étaient au nombre de huit.

12. Une d’entre elles s’étant levée à la partie droite, elle régna sur toute la terre.

13. Et pendant qu’elle régnait, elle disparut tout à coup sans qu’on pût même reconnaître le lieu où elle était auparavant ; alors la plus proche se levant, prit sa place et elle régna longtemps.

14. Mais la fin s’approcha, et elle disparut comme la première.

15. Car une voix se fit entendre, et lui dit :

16. Écoute, toi qui as tenu si longtemps l’empire de la terre ; voici ce que je t’annonce avant que tu sois détruite.

17. Aucune des ailes ne régnera après toi autant de temps qu’a duré ton empire, ni même la moitié de ce temps.

18. La troisième s’étant levée, elle régna comme les premières, et disparut aussi comme elles.

19. Toutes les autres exercèrent tour à tour la domination, et elles disparurent aussi.

20. J’étais attentif à ce qui se passait, et je voyais les autres plumes qui s’élevaient de temps en temps vers la droite pour avoir la domination ; et quelques-unes d’entre elles l’ayant obtenue, elles disparurent au même instant.

21. Car elles se levaient, mais elles ne régnèrent point.

22. Après cela, l’on ne vit plus ni les douze grandes ailes, ni les deux petites.

23. Et il ne parut plus de tout le corps de l’aigle, que deux êtes endormies et six ailes.

24. Je la considérais attentivement, tout à coup deux de ces ailes se séparèrent des autres et restèrent attachées à la tête qui était au côté droit, et les quatre autres se tinrent à leur place.

23. Ensuite les petites ailes songèrent à s’élever à l’empire[397].

26. L’une d’entre elles se leva, mais elle disparut à l’instant.

27. Et toutes enfin disparurent avec plus de vitesse que les premières.

28. J’étais attentif à ce qui se passait, et tout d’un coup, les deux autres qui restaient, songèrent en elles-mêmes à usurper la domination.

29. Mais au moment qu’elles s’occupaient de cette pensée, la tête du milieu[398] s’éveilla elle était la plus grande des trois.

30. Et elles se tenaient toutes ensemble.

31. Et cette tête s’étant retournée avec les autres, elle dévora les deux petites ailes de dessous, qui songeaient à régner.

32. Elle répandit la consternation sur toute la terre, exerçant un empire cruel sur ceux qui l’habitent, et son règne fut plus long que n’avait été celui des ailes.

33. Je considérais attentivement, et tout d’un coup, la tête du milieu ayant disparu comme les ailes,

34. Il ne resta plus que les deux autres qui régnèrent sur la terre et sur ceux qui l’habitent[399],


35. Ensuite la tête qui était à la droite dévora celle qui était à là gauche.

36. Et j’entendis une voix qui me dit : Regarde devant toi, et considère ce qui s’offre à tes yeux.

37. Et comme j’étais attentif, je vis sortir d’une forêt un lion furieux et rugissant[400]: sa voix était semblable à celle d’un homme, et il dit[401] à l’aigle :

38. Écoute, je te parlerai Voici ce que dit le Très-Haut :

39. N’es-tu pas restée seule des quatre bêtes que j’ai fait régner sur la terre ? Car j’ai permis qu’elles se détruisissent tour à tour.

40. T’élevant ensuite, tu as surmonté les trois autres, et elles ont cessé d’être[402]. Tu as exercé[403] sur la terre un empire cruel et tyrannique, et pendant tout le temps qu’il a duré, la fraude n’en a point été bannie.

41. Tu n’as point fait régner la vérité dans tes jugements.

42. Tu as tourmenté les gens de bien, tu as outragé ceux qui aimaient la paix ; les menteurs ont eu part à ton amitié. Tu as ravagé les demeures de ceux qui prospéraient dans leurs voies, et ceux qui ne t’avaient point offensé n’ont point été exempts de tes violences au milieu même de leurs murs.

43. Ces excès sont montés au trône du Très-Haut, et ton orgueil a été connu de celui qui est tout-puissant.

44. Il a considéré ces règnes orgueilleux, il en a arrêté le cours, et la mesure de tes crimes est enfin remplie.

45. C’est pourquoi disparais, et qu’on ne voie plus jamais tes ailes horribles, tes plumes funestes, tes têtes pleines de malignité, tes ongles cruels, ni tout ce que tu renfermes en toi de vanité et de mensonge,

46. Afin que toute la terre puisse respirer, et qu’affranchis de ta cruelle puissance, elle espère de l’auteur de son être la justice et la miséricorde.

CHAPITRE XII.

Esdras se met en prières, et il obtient l’explication de cette vision.

1. Pendant que le lion disait ces choses à l’aigle[404], j’étais attentif.

2. Et tout d’un coup, cette dernière tête passées de son côté et qui avaient aspiré à disparut avec les quatre ailes qui étaient l’empire, et leur règne fut court et plein de troubles.

3. Toutes ces choses étant évanouies, le corps de l’aigle parut tout en feu, et toute la terre en fut épouvantée, et après que je fus sorti de cet état de crainte et d’agitation où j’étais tombé, je m’adressai à mon esprit[405], et je lui dis :

signifier qu’il parla d’une voix forte.

4. C’est toi[406] qui m’a jeté dans toutes ces peines, en voulant sonder les voies du Très-Haut.

5. Mon cœur et mon esprit sont également abattus, et les frayeurs dont j’ai été frappé cette nuit n’ont pas laissé en moi la moindre force.

6. Maintenant je prierai le Seigneur qu’il e soutienne jusqu’à la fin.

7. Et je lui dis Seigneur, dominateur souverain, si j’ai trouvé grâce en votre présence, si je suis plus juste à vos yeux que plusieurs autres, et que ma prière soit digne de s’élever jusqu’à vous,

8. Soutenez ma faiblesse, et faites-moi connaître clairement le sens de cette vision terrible, afin que mon âme en reçoive une parfaite consolation.

9. Car vous m’avez jugé digne de savoir ce qui doit arriver à la fin des temps, et il me dit :

10. Voici le sens de cette vision.

11. L’aigle que tu as vu sortir du milieu de la mer est l’empire qui fut montré à ton frère Daniel dans une vision[407].

12. Mais il n’en reçut point l’intelligence, c’est pourquoi je vais te l’interpréter.

13. Voici les temps qui s’approchent, et il s’élèvera sur la terre un empire plus terrible que tous ceux qui l’ont précédé[408].

14. Douze rois le gouverneront l’un après l’autre[409].

15. Mais le second[410], après y être parvenu, l’occupera plus longtemps qu’aucun des autres.

16. C’est ce que signifient les douze ailes que tu as vues.

17. A l’égard de la voix que tu as entendue, et qui sortait non de la tête de l’aigle, mais de son corps,

18. En voici l’explication : Quand la fin de ce royaume sera venue, il s’y élèvera des troubles épouvantables, il se verra lui-même sur le penchant de sa ruine, et cependant, ce ne sera point encore le temps de sa destruction, mais il se relèvera tel qu’il était dans sa naissance.

19. Quant aux huit petites ailes de dessous que tu as vues s’unir aux grandes ailes,

20. En voici l’explication. Huit rois s’élèveront dans ce royaume ; le temps de ce règne sera court, leurs années s’écouleront avec vitesse, et deux de ces rois périront.

21. Et quand la moitié du temps que doit durer cet empire sera écoulée, quatre de ces rois régneront le temps qui leur sera marqué, et les deux autres seront réservés pour la fiu.

22. Quant aux trois têtes qui étaient endormies,

23. Voici ce qu’elles signifient. Le Très-Haut suscitera trois empires après celui-ci, il en relèvera plusieurs autres qui leur seront réunis, et ils domineront sur la terre,

24. Et sur ceux qui l’habitent ; ils les traiteront avec plus de rigueur et de cruauté que tous les autres empires qui les ont précédés, et c’est pour cela qu’ils sont marqués par les têtes de l’aigle.

25. Car ce sont eux qui rechercheront le nombre de ses impiétés[411], et qui le détruiront lui-même.

26. A l’égard de la plus grande tête qui a disparu, cela signifie que l’un de ces rois périra d’une mort violente, quoique dans son lit.

27. Les deux autres qui régneront après lui périront par l’épée.

28. Car l’un d’eux tuera l’autre de son épée, et périra enfin lui-même par le fer.

29. Quant aux deux petites ailes qui ont été se joindre à la tête droite de l’aigle,

30. En voici l’explication. Ce sont ceux que le Très-Haut a réservés pour le dernier jour, et qui doivent former ce royaume faible et plein de trouble.

31. Quant au lion que tu as vu s’élancer en rugissant du fond de la forêt et qui a parlé à l’aigle pour lui reprocher ses injustices,

32. C’est la tempête que le Très-Haut doit armer contre eux et contre leurs impiétés à la fin des temps ; car alors, il les accablera de reproches, il exposera à leurs yeux toutes les violences qu’ils ont exercées[412].

33. Il les fera paraître pleins de vie à son jugement, et après les avoir convaincus, il les livrera aux tourments.

34. Il délivrera de l’affliction le reste de mon peuple ;

35. ceux qui se sont sauvés dans mon empire seront comblés de joie jusqu’à la fin des temps, au jour du jugement dont j’ai déjà parlé[413].

36. Tu as seul été jugé digne de connaître ces mystères du Très-Haut.

37. Écris donc un livre de toutes les choses que tu as vues, et mets-le ensuite dans un endroit caché.

38. Découvre-les à ceux de ton peuple qui sont sages, et que tu connais capables de les entendre et de les garder dans le secret de leur cœur.

39. Pour toi, reste encore ici durant sept jours, et tu verras tout ce qu’il plaira au Très-Haut de te découvrir.

40. Alors l’ange me quitta, et le peuple voyant que les sept jours étaient déjà passés sans que je fusse de retour à la ville, ils s’assemblèrent tous depuis le plus petit jusqu’au plus grand, et m’étant venu trouver, ils ne dirent[414]:

41. Quelle injure avez-vous reçue de nous, et qu’avons-nous fait qui pût vous obliger de nous abandonner et de vous tenir ici loin de nous ?

42. Car de tout le peuple, vous êtes le seul qui nous avez été laissé pour être à notre égard comme la grappe dans une vigne comme la lumière dans un lieu obscur, comme un port favorable et comme un vaisseau échappé du naufrage.

43. N’était-ce pas assez des maux que nous souffrons ?

44. Et puisque vous nous abandonnez ainsi, ne nous eût-il pas été plus avantageux de périr avec Sion dans les flammes qui l’ont consumée.

45. Car nous ne sommes pas plus innocents que ceux qui périrent avec cette ville sainte, et ils pleurèrent avec de grands cris, et je leur dis :

46. Israël, sois plein de confiance, et toi, maison de Jacob, ne te laisse point abattre par la tristesse.

47. Car le Très-Haut se souviendra de vous, et le Tout-Puissant ne vous a point oublié dans les maux que vous souffrez.

48. Pour moi, je ne vous ai point abandonnés, et je ne me suis point retiré de vous pour toujours, mais je suis venu en ce lieu pour y prier le Seigneur qu’il arrêtât le cours de vos malheurs ; et qu’il relevât la splendeur et la majesté de son sanctuaire.

49. Et maintenant que chacun se retire dans sa maison, car dans quelques jours je retournerai vers vous.

50. Alors le peuple revint à la ville comme je lui avais dit.

51. Et je restai encore sept jours dans les champs, ainsi que l’ange me l’avait ordonné, et pendant tout ce temps je ne me nourris que des fleurs et des herbes qui croissaient dans ce lieu.

CHAPITRE XIII.

Autre vision d’Esdras et l’interprétation qu’il en reçoit.

1. Après que les sept jours furent expirés, j’eus une vision pendant la nuit.

2. Tout d’un coup il s’éleva de la mer un vent qui soulevait les flots.

3. Et comme j’étais attentif à considérer ce qui se passait, j’en vis sortir un homme[415] qui était suivi d’un nombre infini[416] d’esprits célestes, et partout où il jetait ses regards, il y répandait la crainte et la frayeur.

4. La voix qui sortait de sa bouche, semblable à un feu qui ravage les campagnes[417], brûlait tous ceux qui l’entendaient[418].

5. Je vis ensuite une multitude innombrables d’hommes qui s’assemblaient des quatre coins du ciel pour combattre celui qui était sorti de la mer.

6. Mais il s’était taillé de ses mains une montagne très-haute, et il s’y était envolé[419].

7. Et je cherchais l’endroit d’où cette montagne avait été tirée, et je ne le pus découvrir.

8. Alors tous ceux qui s’étaient assemblés pour combattre cet homme[420] me parurent saisis d’une grande crainte, et cependant ils osèrent s’exposer au combat.

9. Mais quand cet homme vit toute cette multitude qui venait fondre sur lui, il ne leva point sa main et ne l’arma ni de son épée, ni d’aucun autre instrument de guerre[421].

10. Il ne fit que laisser aller de sa bouche un souffle de feu[422] et de ses lèvres un vent brûlant, de sa langue[423] il excitait tous ces traits, des étincelles et des tempêtes, et réunissant

11. Il les lança avec fureur sur cette multitude préparée au combat, et les consuma tous ; en sorte qu’il n’en resta que les cendres d’où sortait une odeur de fumée, et à la vue de ces prodiges, je fus saisi de crainte.

12. Cet homme étant ensuite descendu de la montagne, appelait à soi une autre multitude d’hommes paisibles et tranquilles[424].

13. Et de tous ceux qui s’avançaient vers lui, les uns paraissaient joyeux, les autres tristes ; quelques-uns étaient liés, et d’autres enfin étaient chargés de choses qu’on a coutume d’offrir au Seigneur[425]. Et dans l’excès de ma frayeur, je me trouvai mal, je m’éveillai et je dis :

14. Seigneur, vous m’avez découvert ces prodiges dès le commencement, et ma prière vous a paru digne d’être écoutée.

15. Maintenant donc, Seigneur, accordez-moi l’explication de cette nouvelle vision.

16. Car, autant que je puis prévoir, malheur à ceux qui seront sur la terre[426] en ces jours-là, et plus malheureux encore ceux que la mort aura déjà ravis[427].

17. Et ceux qui n’étaient plus au rang des vivants[428], paraissaient fort tristes.

18. Je vois donc présentement les choses qui arriveront à la fin des temps, et les maux qui doivent tomber sur ceux qui ont disparu de dessus la terre, et sur ceux qui y seront alors.

19. C’est pourquoi ils se sont trouvés dans de grandes calamités et dans des périls extrêmes, comme ces songes le marquaient.

20. Cependant, il leur serait plus facile d’échapper à tous ces dangers presque insurmontables, qu’à nous, de nous élever de ce siècle, comme un nuage[429], et de découvrir ce qui doit arriver à la fin des temps, et il me répondit :

21. Je vais t’expliquer la vision et te découvrir les choses dont tu as parlé.

22. À l’égard de ceux qui se trouveront alors sur la terre, voici ce qui leur arrivera.

23. Celui qui en ce temps-là aura pu se garantir de ces périls, se verra en sûreté ; mais pour les autres qui y tomberont, ce sont ceux qui ont la foi et qui font la volonté du Tout-Puissant[430].

24. Comprends donc que les hommes qui vivront alors sur la terre[431] seront beaucoup plus heureux que ceux qui en auront été enlevés[432].

25. Quant à l’homme[433] que tu as vu sortir du sein de la mer, voici ce qu’il signifie :

26. C’est celui que le Très-Haut réserve pour la fin des temps[434]; il délivrera par lui-même[435] toutes ses créatures, et il prendra soin de ceux qui seront alors sur la terre.

27. Et comme il sortait de sa bouche une espèce de souffle mêlé de feu et de tempête,

28. Et qu’il n’avait ni épée, ni aucune autre arme de guerre ; ainsi c’est par sa propre force qu’il a renversé cette multitude qui s’avançait pour le combattre ; voici l’explication de toutes ces choses.

29. Les jours s’approchent, et le Très-Haut viendra délivrer ceux qui sont sur la terre.

30. Et quand II Paraîtra, la frayeur s’emparera de leurs esprits.

31. Ils seront occupés à se faire la guerre les uns aux autres ; on verra se soulever ville contre ville, pays contre pays, nation contre nation, royaume contre royaume[436].

32. Et quand le temps sera venu[437], et que les signes que je t’ai montrés d’abord commenceront à paraître, alors se fera[438] la révélation[439] de mon fils que tu as vu sous la figure de cet homme[440] qui sortait[441] de la mer.

33. À peine aura-t-il fait entendre sa voix à toutes les nations de la terre, qu’elles cesseront de se faire la guerre.

34. Et cette multitude innombrable se réunira comme si elle était dans le dessein de le combattre.

35. Mais pour lui, il se tiendra sur le haut de la montagne de Sion[442].

36. Le ville de Sion paraîtra tout d’un coup dans sa gloire, et tous la verront bâtie et parée, semblable à la montagne que tu as vue se former sans qu’on y eut touché.

37. Alors, mon fils[443] jugera les crimes et les impiétés des nations, qui dans l’égarement de leurs pensées se sont jetées elles-mêmes dans la tempête et dans les supplices dont elles commenceront alors à être tourmentées.

38. Les flammes[444] serviront sa colère, et il se vengera par une loi[445] qui, comme un feu[446] dévorant, les consumera sans peine.

39. Quant à cette autre multitude d’hommes paisibles qu’il a rassemblés autour de lui,

40. Ce sont les dix tribus que Salmanasar, roi d’Assyrie, réduisit en captivité sous le règne d’Osée[447], et qu’il transporta au delà du fleuve, dans une terre étrangère.

41. Mais pour eux[448], ils prirent tous la résolution d’abandonner la multitude des nations[449], et de s’avancer plus avant dans le pays, en une contrée que les hommes n’avaient jamais habitée avant eux[450].

42. Et d’y observer les saintes lois qu’ils avaient violées dans leur propre pays.

43. Ils y pénétrèrent enfin par les sentiers étroits de l’Euphrate.

44. Le Seigneur fit alors des prodiges en leur faveur, et il arrêta le cours du fleuve jusqu’à ce qu’ils fussent passés[451].

45. Car il fallait marcher pendant un an et demi pour arriver dans cette contrée, et elle s’appelait Arsareth[452].

46. Ils l’habiteront jusqu’à la fin des temps, et quand ils se disposeront à revenir,

47. Le Très-Haut arrêtera de nouveau les courants du fleuve, afin qu’ils puissent avoir un chemin libre[453], et c’est pour cela que tu as vu cette multitude dans une profonde paix[454].

48. C’est dans ce lieu qu’il règne sur ceux de ton peuple qui s’y sont retirés[455].

49. Et quand il s’armera pour détruire cette assemblée innombrable de toutes les nations, alors il épargnera ce peuple qui a été mis en réserve[456].

50. Et il fera plusieurs prodiges en sa faveur.

51. Et je lui dis : Seigneur, souverain dominateur, découvrez-moi ce que signifie cet homme que j’ai vu sortir du milieu de la mer, et il me répondit :

52. De même que tu ne peux sonder ni connaître les choses qui sont dans ce vaste et profond abîme[457], de même aucun homme vivant ne pourra voir mon fils, ni ceux qui sont avec lui, que la fin des temps ne soit arrivée.

53. Voilà ce que signifie la vision que tu as eue, et tu es le seul qui en ait reçu l’intelligence.

54. Car tu as abandonné ta loi pour t’attacher à la mienne, et la méditer sans cesse.

55. Tu as marché dans les voies de la sagesse, et tu as aimé l’intelligence comme ta propre mère.

56. C’est pourquoi je t’ai fait voir les récompenses que le Très-Haut te réservait ; et quand il se sera passé encore trois jours, je te découvrirai de nouveaux mystères, et je t’apprendrai des choses importantes et merveilleuses.

57. Alors je me mis en chemin, et je m’avançai dans la campagne, glorifiant et louant le Très-Haut des merveilles qu’il me faisait voir de temps en temps,

58. Parce que c’est lui qui gouverne le temps, et toutes les choses qui sont entraînées dans son cours : et m’étant arrêté dans un endroit, j’y restai assis durant trois jours.

CHAPITRE XIV.

Le Seigneur se fait voir à Esdras dans un buisson et lui révèle quelques-unes des choses qui doivent arriver à la fin des temps.

1. Le troisième jour, m’étant assis sous un chêne,

2. J’entendis tout d’un coup une voix qui sortait d’un buisson, et elle me dit : Esdras, Esdras ; je me levai aussitôt, et je répondis : Seigneur, me voilà ; alors la voix me dit :

3. Je me suis fait connaître[458] à Moïse dans le buisson, et je lui ai parlé pendant que mon peuple servait en Égypte.

4. Je l’envoyai, et il tira mon peuple de cette terre étrangère. Je le fis monter ensuite sur la montagne de Sinaï, et je l’y retins plusieurs jours auprès de moi.

5. Je l’entretins des grandes choses que je devais faire. Je lui découvris les secrets et la fin des temps, et je lui donnai cet ordre :

6. Tu diras ces choses au peuple, et tu lui cacheras celles-ci.

7. Et maintenant, Esdras, écoute ce que je te vais dire.

8. Conserve dans le secret de ton cœur les signes que je t’ai montrés, les visions que tu as vues, et les interprétations que tu en as reçues.

9. Car tu disparaîtras de dessus la terre, et tu reviendras à la fin des temps pour servir à mes desseins avec ceux qui te ressemblent.

10. Le siècle a perdu sa force et sa jeunesse, et les temps touchent à leur dernier âge[459].

11. Car il a été divisé en douze parties, il s en est déjà écoulé dix, et la moitié de la onzième[460].

12. Et il n’y aura plus de temps que ce qui en reste jusqu’à la fin de la douzième partie.

13. Maintenant donc, mets ordre aux affaires de ta maison, corrige les dérèglements de ton peuple, console ceux qui sont dans l’affliction, et cesse enfin de marcher dans des sentiers corrompus.

14. Bannis toutes les pensées basses et mortelles, décharge-toi de ces soins accablants, dépouille-toi d’une nature pleine d’infirmités. Et renonçant à des pensées tristes et fâcheuses, hâte-toi de sortir de ce siècle.

15. Car les maux dont tu l’as vu frappé ne sont rien en comparaison de ceux qui arriveront dans la suite.

16. Plus le siècle s’affaiblira en approchant de sa fin, plus les maux se multiplieront sur ceux qui l’habitent.

17. Car la vérité se retirera de jour en jour pour faire place au mensonge, et la vision que tu as eue[461] ne tardera point à s’accomplir.

18. Et je vous dis alors : O Seigneur,

19. Je m’en vais trouver le peuple comme vous me l’ordonnez, et je le reprendrai, mais qui instruira ceux qui viendront après nous ?

20. Car le siècle est plongé dans d’affreuses ténèbres, et la lumière n’éclaire point les pas de ceux qui l’habitent

21. Le livre de votre loi a été consumé par le feu[462]. C’est pourquoi il ne se trouve plus personne qui soit instruit des grandes choses que vous avez faites, et de celles que vous devez faire dans la suite des temps.

22. Si donc j’ai trouvé grâce devant vous, remplissez-moi de votre Esprit-Saint, et j’écrirai tout ce que vous avez opéré dans le monde dès le commencement, et tel qu’il était écrit dans le livre de la loi[463], afin que les hommes puissent marcher dans vos voies et vivre jusqu’à la fin des siècles, s’ils le veulent.

23. Et le Seigneur me répondit : Va, assemble ce peuple et dis-lui qu’il ne te cherche point pendant quarante jours[464].

24. Prépare plusieurs tablettes de buis, et prends avec toi Sarias, Dabrias, Sélémias, Echanus et Aziel, qui tous écrivent avec beaucoup de vitesse et de légèreté.

25. Reviens ensuite ici, et je ferai luire dans ton cœur la lumière d’intelligence, et elle ne s’éteindra point que tu n’aies achevé d’écrire toutes les choses que je te dirai.

26. Tu en découvriras quelques-unes aux parfaits et tu en diras d’autres en secret aux sages ; demain, à cette même heure, tu commenceras à les écrire.

27. Je m’en allai comme il me l’avait ordonné, et ayant assemblé le peuple, je lui parlai en ces termes :

28. Israël, écoute ce que je te vais dire !

29. Nos pères furent autrefois étrangers en Égypte, et ils en sortirent enfin.

30. Ils reçurent une loi de vie, mais ils ne la gardèrent pas, et vous l’avez violée vous-mêmes après eux.

31. Vous partageâtes au sort la terre de Sion, mais vous et vos pères, vous avez commis l’iniquité, et vous n’avez point marché dans les voies que le Très-Haut vous avait marquées.

32. Mais comme il est un juge équitable, il vous a ôté pour un temps ce qu’il vous avait donné[465].

33. Maintenant vous voilà tous assemblés ici, et il n’y manque aucun du peuple.

34. Si donc vous vous élevez au-dessus de vos pensées terrestres et charnelles, et que vous remplissiez votre esprit d’intelligence, vous vivrez, et après votre mort, vous Obtiendrez miséricorde.

35. Car nous serons tous jugés après la mort, lorsque nous revivrons[466] de nouveau ; alors, les noms des justes seront manifestés et on exposera au grand jour les œuvres des impies.

36. Qu’aucun de vous ne s’approche de moi et ne me cherche pendant quarante jours.

37. Je pris ensuite cinq personnes[467] avec moi, selon l’ordre que j’en avais reçu, et étant tous arrivés au lieu d’où j’étais venu trouver le peuple, nous nous y arrêtâmes.

38. Le lendemain, la voix m’appela et me dit : Esdras, ouvre la bouche, et bois ce que je te présente.

39. J’ouvris donc la bouche, et l’on me présenta un vase rempli d’une liqueur ; elle était semblable à celle de l’eau et elle avait l’éclat du feu.

40. Je pris la coupe, et aussitôt que je l’eus bue, je sentis naître dans mon esprit une foule de pensées, la sagesse croissait en moi, et ma mémoire me retraçait diverses choses.

41. Ma bouche fut ouverte et elle ne se ferma plus.

42. Le Très-Haut remplit aussi d’intelligence les cinq hommes que j’avais choisis ; et ils écrivaient les merveilles qui leur étaient dictées dans le silence de la nuit ; mais ils ne les comprenaient pas.

43. Ils prenaient quelque nourriture pendant la nuit, et pour moi, je parlais le jour, et je parlais la nuit.

44. Et dans l’espace de ces quarante jours, ils remplirent deux cent quatre volumes[468].

45. Et quand ce temps fut expiré, le Très-Haut fit entendre sa voix et me dit : Publie ceux de ces livres qui ont été écrits les premiers, afin qu’ils soient lus de ceux qui en sont dignes et de ceux qui ne le sont pas.

46. Mais tu réserveras les soixante-dix derniers pour les donner aux sages de ton peuple.

47. Car, en eux se trouve une source d’intelligence, une fontaine de sagesse, et un fleuve de science ; et je fis ce que la voix m’avait ordonné.

CHAPITRE XV.

Prédiction des calamités qui doivent se répandre un jour sur la terre.

1. Va annoncer à mon peuple les prédications que je te mettrai à la bouche, dit le Seigneur.

2. Aie soin de les écrire dans un livre, parce qu’elles sont certaines et véritables.

3. Ne crains point les desseins qu’ils peuvent former contre toi, et ne te trouble point des contradictions que leur incrédulité opposera à tes paroles.

4. Car tout incrédule mourra dans son incrédulité.

5. Les maux vont se répandre sur la terre, dit le Seigneur ; l’épée, la faim, la mort et la perdition seront les ministres de ma vengeance.

6. Car toute la terre est souillée de crimes, et ceux qui l’habitent ont mis le comble à leur malice.

7. C’est pourquoi, dit le Seigneur,

8. Je me vengerai des impiétés qu’ils commettent contre moi avec tant d’irréligion, et je ne souffrirai pas davantage leurs injustices ; le sang innocent crie vers moi, et les âmes des justes ne cessent de me demander vengeance.

9. Je vais me venger d’une manière terrible[469], dit le Seigneur, et je demanderai compte à ces impies du sang innocent qu’ils ont versé.

10. Mon peuple est conduit à la mort comme un faible troupeau. Je ne souffrirai pas qu’il demeure davantage dans l’Égypte.

11. Mais je l’en retirerai avec une main forte et un bras étendu. Je frapperai cette terre de nouvelles plaies, et je la ravagerai dans toute son étendue.

12. Elle sera dans l’affliction à la vue des maux dont le Seigneur la frappera, jusque dans ses fondements.

13. Les laboureurs pleureront, parce que la nielle, la grêle, et de malignes influences ravageront leurs semences.

14. Malheur au siècle et à ceux qui l’habitent !

15. L’épée est levée sur leur tête, et bientôt ils en seront frappés. Les peuples se feront la guerre les uns aux autres, et le fer brille dé à dans leurs mains.

16. Il s’excitera partout des séditions au milieu de ces troubles ; ils ne reconnaîtront plus leurs rois légitimes, et les princes feront de leur puissance la seule règle de leurs actions

17. Celui qui voudra entrer dans la ville ne le pourra

18. Les vi les seront dans la confusion à cause de l’orguei. de ceux qui les habitent ; les maisons disparaîtront sous leurs ruines, et les hommes seront saisis de frayeur.

19. Ils n’auront nulle compassion les uns des autres, et dans l’excès de leurs maux et de leur faim, ils iront le fer à la main piller les maisons et les héritages.

20. Voici le temps, dit le Seigneur, que je rassemblerai tous les rois de l’Orient, du Midi, du Nord, et du Liban, pour les frapper de terreur et leur rendre tous les maux qu’ils ont fait souffrir à Israël.

21. Car je les traiter si comme ils ont traité mes élus jusqu’à ce jour : Voici ce que dit le Seigneur,

22. Mon bras s’appesantira sur les pécheurs, et mon épée n’épargnera point ceux qui ont souillé la terre du sang de l’innocent.

23. Sa colère s’est répandue comme un feu, elle a consumé la terre jusque dans ses fondements, et les pécheurs sont devenus semblables à de la paille brûlée.

24. Malheur à ceux qui pèchent et qui n’observent point mes commandements, dit le Seigneur !

25. Je ne leur pardonnerai point ; et vous qui êtes mes enfants, séparez-vous des impies et ne profanez point comme eux la sainteté de mon nom.

26. Car le Seigneur connaît ceux qui l’offensent, et il les livrera à la mort et au carnage.

27. Les maux se sont déjà répandus sur la terre, vous les éprouverez tous, et le Seigneur ne vous en garantira point, parce que vous l’avez offense.

28. En ce temps-là, l’on verra des choses. épouvantables, et elles commenceront à paraître du côté de l’Orient[470].

29. Il viendra de l’Arabie des troupes de dragons portés sur plusieurs chariots, ils se répandront sur la terre avec autant de vitesse que le vent ; et au bruit de leur arrivée, la crainte et la frayeur s’empareront de tous les esprits.

30. Les peuples de Carmos[471] s’excitant à la colère, s’avanceront contre eux avec impétuosité, tels que les sangliers[472] qui s’élancent de la forêt ; ils se présenteront pour les combattre, et ravageront une partie de l’Assyrie.

31. Mais les dragons rappelant enfin la grandeur de leur origine, reprendront le dessus et réuniront toutes leurs forces pour les poursuivre.

32. Alors ces peuples[473] seront troublés ; et n’osant se présenter devant une telle puissance, ils chercheront le salut dans la fuite.

33. Un guerrier les attaquera dans l’Assyrie, et la défaite d’un des leurs répandra la terreur dans leur armée, et mettra la division parmi les chefs.

34. Il se formera des nuages [474] depuis l’orient et le septentrion jusqu’au midi ; ils seront épouvantables, et porteront partout l’horreur de la tempête.

35. En se heurtant les uns contre les autres, ils feront tomber un grand nombre d’étoiles[475] et ils y entraîneront aussi l’astre fatal qu’ils portaient dans leur sein[476]. Dans le carnage général qui se fera, alors les hommes seront dans le sang jusqu’à la ceinture.

36. Et la pourriture qui sortira de leurs corps s’élèvera jusqu’aux sangles des chameaux ; toute la terre sera dans une grande consternation.

37. Ceux qui verront ce jour de colère seront saisis d’horreur, et la crainte s’emparera de leurs esprits.

38. Ensuite, il viendra plusieurs nuages du midi et du septentrion, et il en paraîtra d’autres de l’occident.

39. Mais des vents excités du côté de l’orient dissiperont ces derniers aussi bien que le nuage qui portait la tempête, et l’astre qui devait mettre en fuite [477] les vents d’Orient et d’Occident, sera obscurci.

40. Alors ces grands nuages suivis de l’astre [478], s’élèveront avec force et avec fureur ; ils jetteront la terreur sur toute la terre et sur ceux qui l’habitent, et répandront sur tous les lieux élevés cette étoile funeste.

41. Et de son sein sortiront le feu, la grêle, des épées volantes, des torrents qui grossissant les rivières iront inonder [479] toutes les campagnes.

42. Ils renverseront les villes avec leurs murailles, ils entraîneront dans leurs cours les montagnes, les collines, les forêts et tous les fruits de la terre.

43. Ils iront sans obstacle porter la terreur jusqu’à Babylone[480].

44. Et s’approchant de ses murs ils l’environneront, et répandront sur cette ville l’étoile et tout ce qu’elle renfermait de fureur et de malignité aussitôt le ciel deviendra obscur par la poussière et la fumée qui s’élèveront de ses ruines ; les peuples voisins pleureront sa perte.

45. Et ceux qui seront restés dans son enceinte passeront sous la domination des vainqueurs.

46. Et toi, malheureuse Asie, qui fondais sur Babylone toutes tes espérances, et qui l’avais rendue la gloire et la première ville de ton empire,

47. Malheur à toi, parce que tu l’as imitée, et que tu as fourni à tes filles des attraits pour le crime, afin qu’elles pussent plaire à ceux qui les aimaient, et se glorifier de leur

nombre, parmi ceux qui n’ont point cessé de brûler pour toi d’un amour criminel !

48. Tu as imité cette ville abominable dans toutes ses œuvres, dans tous ses dérèglements ; c’est pourquoi, dit le Seigneur,

49. Je vais envoyer tous les maux contre toi ; la viduité, la misère, la faim, l’épée et la peste, pour désoler tes maisons par le déshonneur, par la mort et par l’abaissement de votre puissance.

50. Ta gloire se flétrira comme une fleur, quand l’ardeur qui doit te consumer, paraîtra.

51. Ces grands de la terre qui t’avaient aimée avec tant de passion ne voudront plus avoir de commerce avec toi lorsqu’ils te verront semblable à l’une de ces femmes que la misère expose au mépris et à l’insulte.

52. T’aurais-je ainsi traitée dans l’étendue de ma fureur[481],

53. Si tu n’avais pas cruellement immole mes élus dans tous les temps, et qu’après t’être enivrée de leur sang tu n’eusses point encore insulté ces victimes innocentes ?

54. Rassemble donc sur ta personne tout ce que tu peux avoir d’attraits,

55. Car tu es près de recevoir la récompense de tes dérèglements honteux.

56. Comme tu as traité mes élus, ainsi je te traiterai, dit le Seigneur, et je t’accablerai de maux.

57. Tes enfants périront par la faim et toi par l’épée, tes villes seront détruites.

58. Ceux des tiens qui se trouveront dans la campagne tomberont sous le fer, et ceux qui fuiront dans les montagnes, mourront de faim, et dans la nécessité où les réduira la faim et la soif, ils mangeront leur propre chair et il boiront leur sang.

59. Dans cette affreuse situation, tu chercheras un asile au delà des mers ; mais ce ne sera que pour être livrée à de nouveaux malheurs.

60. Tes ennemis se jetteront sur toi, ils te briseront de nouveau, ils ravageront ton empire, ils feront disparaître une partie de ta gloire, et retourneront à Babylone.

61. Et quand tu seras démolie, tu leur serviras à allumer leur feu.

62. Ils te dévoreront, toi, tes villes, tes provinces, tes montagnes, et ils mettront le feu à tes forêts et à tous tes arbres fruitiers.

63. Ils mèneront tes enfants en captivité, ils pilleront tes richesses et ils effaceront l’éclat de ta beauté.

CHAPITRE XVI.

Horrible désolation où sera toute la terre à la fin des temps.

1. Malheur à vous, Babylone et Asie, malheur à vous Égypte et Syrie !

2. Revêtez-vous de sacs et de cilices, livrez-vous à la douleur, et pleurez la perte de vos enfants, car vous allez être détruites.

3. L’épée a été envoyée contre vous, qui pourra lui échapper ?

4. Le feu s’est allumé contre vous, qui pourra l’éteindre ?

5. Tous les maux enfin vont tomber sur vous ; qui pourra s’en garantir ?

6. Qui pourrait se défendre dans la forêt contre un lion pressé par la faim [482], et qui pourrait éteindre le feu qui commence à prendre à la paille ?

7. Qui pourrait enfin repousser une flèche lancée par un bras fort et puissant ?

8. C’est le Seigneur tout-puissant qui enverra ces maux, qui pourra les éviter ?

9. Le feu s’allumera dans sa colère, qui pourra l’éteindre ?

10. Les éclairs sillonnent l’air, qui ne tremblera point ? Il fera entendre la voix de son tonnerre ; qui n’en sera point effrayé ?

11. Il menacera, qui ne sera point brisé dans sa fureur ?

12. La terre a tremblé jusque dans ses fondements, la mer s’est troublée, et du profond des abîmes, les flots se sont soulevés, les poissons qu’elle renferment n’ont pu soutenir le regard du Seigneur, ni sa puissance redoutable.

13. Car la droite de celui qui a tendu son arc est forte ; les flèches qu’if lance sont aiguës, et elles ne s’affaibliront point quand il aura commencé à les répandre sur la terre.

14. Les maux vont l’inonder, et ils ne cesseront point de l’affliger.

15. Le feu s’est allumé et il ne s’éteindra point qu’il ne l’ait consumée jusque dans ses fondements.

16. Et les maux qui la désoleront seront semblables à une flèche envoyée avec force et qui ne revient plus vers celui qui l’a lancée.

17. Malheur à moi, malheur à moi, qui sera mon appui dans ces jours de calamité.

18. Ce sera le commencement des douleurs [483], et des gémissements les plus affreux, de la famine et d’une mort générale. Les guerres commenceront, et les puissances en seront troublées ; les calamités marcheront à leur suite, et la frayeur sera universelle.

19. Que deviendrai-je alors au milieu de tous ces maux ?

20. La faim, le carnage, les oppressions, les calamités étaient autant de fléaux destinés à ramener les hommes à leur devoir.

21. Mais tous ces coups frapperont en vain, et rien ne sera capable de les arracher à l’iniquité.

22. En ce temps-là, tout se donnera à un si bas prix, qu’ils s’imagineront être dans une paix profonde ; mais ce sera alors que l’épée, la faim, le désordre, et tous les autres maux s’élèveront contre eux.

23. La terre verra périr un grand nombre de ses habitants par la faim, et ceux qui échapperont à ce genre de mort tomberont sous le tranchant de l’épée.

24. On jettera les corps morts comme on jette le fumier, et personne ne leur rendra les derniers devoirs, la terre sera déserte, les villes seront ensevelies sous leurs ruines.

25. Et il ne restera aucun homme pour cultiver la terre, et y jeter des semences

26. Les arbres porteront leurs fruits, et on ne les cueillera point.

27. Le raisin arrivera à sa maturité, et on ne le foulera pas dans la cuve, parce qu’il y aura peu de monde sur la terre.

28. Un homme souhaitera d’en voir un autre ou d’entendre sa voix.

29. Il ne restera que dix hommes dans une ville, et que deux dans un champ; encore née sera-ce qu’après s’être cachés dans d’épaisses forêts et dans le creux des rochers.

30. Et de même qu’il ne reste que trois ou quatre olives sur un olivier[484],

31. Et qu’à peine trouve-t-on quelques grappes dans une vigne après une exacte vendange,

32. Ainsi, dans ces jours malheureux, à peine échappera-t-il trois ou quatre hommes à la fureur de ceux qui viendront, les armes à la main, piller les maisons.

33. La terre se changera en solitude, ses campagnes deviendront stériles, tous ses sentiers et tous ses chemins seront couverts d’épines et de ronces, parce qu’il n’y passera plus personne.

34. Les vierges pleureront parce qu’elles n’auront point d’époux[485] ; les femmes pleureront parce qu’elles n’auront point de maris, et les jeunes filles se livreront aux gémissements, parce qu’elles resteront sans appui.

35. Car leurs époux périront dans la guerre, et la faim consumera leurs maris.

36. Vous qui êtes les serviteurs du Seigneur, écoutez ces choses et instruisez-vous-en.

37. Voici ce que dit le Seigneur, écoutez-le et n’ajoutez point foi à ces dieux dont il vous a dit :

38. Voici les maux qui s’approchent, et ils ne tarderont point.

39. Car de même qu’une femme, au neuvième mois de sa grossesse et deux ou trois heures avant que d’enfanter, commence à ressentir les approches de ses travaux, et qu’au moment de l’enfantement elle est tout d’un coup livrée aux plus vives douleurs,

40. Ainsi les maux se hâteront de se répandre sur la terre, le siècle sera dans les gémissements, et les maux l’accableront de foutes parts.

41. Vous qui êtes mon peuple, écoutez mes paroles, préparez-vous au combat et conduisez-vous au milieu de ces calamités comme un homme qui se trouve dans une terre étrangère [486].

42. Que celui qui vend, le fasse comme devant bientôt disparaître[487] ; celui qui achète comme devant perdre [488].

43. Celui qui trafique, comme ne devant retirer aucun profit ; celui qui bâtit une maison, comme ne devant point l’habiter.

44. Celui qui sème, comme ne devant point recueillir ; celui qui façonne sa vigne, comme ne devant point la vendanger.

45. Celui qui se marie, comme ne devant point avoir d’enfants, et celui qui reste dans le célibat, comme étant devenu veuf.

46. Car ceux qui travaillent verront alors la vanité de leurs travaux.

47. Des étrangers moissonneront les grains qu’ils ont semés, ils emporteront tout ce qu’ils possèdent, et après avoir renversé leurs maisons, ils emmèneront leurs enfants en captivité ; parce que ces pères malheureux ne les ont mis au monde que dans le temps qu’ils devaient les voir périr par la faim ou par la captivité.

48. Pour ceux qui s’enrichissent de rapines, plus ils travaillent à l’embellissement de leurs villes, de leurs maisons, de leurs terres et de leurs personnes,

49. Et plus j’exciterai ma colère pour me venger de leurs crimes, dit le Seigneur.

50. De même qu’une courtisane brûle de jalousie contre une femme chaste et légitime [489],

51. ainsi la justice s’élèvera contre l’injustice qui se pare d’un faux éclat, et elle lui reprochera en face ses désordres, lorsque celui qui doit détruire l’auteur de tout péché sur la terre sera venu.

52. C’est pourquoi ne vous rendez point semblables à lui, et n’imitez point ses œuvres.

53. Car il se passera encore un peu de temps, et ensuite l'iniquité sera bannie de la terre, et la justice régnera sur vous.

54. Que le pécheur ne dise pas qu’il n’a point péché ; car il s’allumera des charbons de feu sur la tête de celui qui dira : Je n’ai point péché contre le Seigneur ni contre la sainteté de son nom.

55. Le Seigneur connaît toutes les actions des hommes, leurs désirs, leurs pensées et les replis les plus profonds de leur cœur.

56. Car c’est lui qui dit : Que la terre soit faite, et elle a été faite ; que le ciel soit fait, et il a été fait.

57. Les étoiles ont été créées par sa parole, et il sait quel en est le nombre.

58. Il sonde les abîmes jusque dans les endroits les plus cachés ; il à mesuré la mer, et tout ce qu’elle renferme d’espace.

59. Il a placé la mer au milieu des eaux, et par sa parole il a environné la terre de cet élément.

60. Il a étendu le ciel comme une voûte, il l’a élevé au-dessus des eaux.

61. Il a fait couler des fontaines dans le désert, il a formé des réservoirs sur le sommet des montagnes, afin que les fleuves tombassent des plus hauts rochers pour abreuver la terre de leurs eaux.

62. Il a fait l’homme, il lui a mis le cœur au milieu du corps, il lui a donné le mouvement, la vie, l’intelligence et le souffle du Dieu tout-puissant.

63. Il a créé toutes choses, et il découvre ce qu’il y a de plus caché dans les antres de la terre.

64. Il connaît les mouvements et les pensées de vos cœurs, dans le temps même que vous croyez vous dérober à ses yeux pour commettre l’iniquité.

65. Le Seigneur a fait une exacte recherche de toutes vos œuvres ; il en découvrira toute l’énormité,

66. Et vous serez couverts de confusion au dernier jour, lorsque vos crimes seront dévoilés à la face de toute la terre, et que vos péchés s’élèveront contre vous et deviendront vos accusateurs.

67. Que ferez-vous alors, et comment les déroberez-vous aux yeux de Dieu et de ses anges ?

68. C’est Dieu même qui vous jugera : soyez saisi de crainte ; cessez de l’offenser, et renoncez enfin à la corruption de vos voies ; alors Dieu sera votre refuge, et il vous délivrera de toutes ces tribulations.

69. Une grande multitude se jettera sur vous avec fureur ; ils en prendront quelques-uns d’entre vous, et après les avoir égorgés, ils en présenteront la chair à leurs idoles[490].

70. Ils insulteront ceux qui se conformeront à leurs désirs, et après les avoir rendus l’objet de leurs risées, ils s’élèveront contre ceux qui craignent le Seigneur.

71. Car dans tous les lieux et dans toutes les villes ils s’élèveront contre ceux qui craignent le Seigneur.

72. Et dans l’excès de leur fureur, ils n’en épargneront aucun, mais se jetant sur eux pour les piller et pour les outrager,

73. Ils s’empareront de toutes les richesses qu’ils trouveront dans leurs maisons, et en chasseront les maîtres.

74. Alors mes élus seront éprouvés comme l’or l’est par le feu.

75. Vous qui êtes mes bien-aimés, écoutez-moi, dit le Seigneur : Ces jours de tribulations sont proches, mais je vous en délivrerai.

76. Ne vous livrez ni à la crainte ni à l’incertitude de ce qui vous arrivera, parce que Dieu se mettra à votre tête.

77. Et il protégera ceux qui gardent ses commandements. Ne vous laissez point accabler du poids de vos péchés, de peur qu’il ne vous écrase.

78. Malheur à ceux qui sont liés avec les chaînes de leurs crimes, et qui sont revêtus de leurs iniquités ; car, semblables à un champ couvert d’une épaisse forêt, et à un sentier rempli d’épines, et par lequel il ne passe plus personne, ils seront arrachés et jetés au feu[491].

  1. IV Esdr. ii, 35.
  2. Ibid., vers. 36, 37.
  3. IV Esdr ii, 45.
  4. Ibid., vers. 34, 35.
  5. Barnab. Ep. , c. xii : Όμσιοσ πἀλιν περἰ τοῦ σταυροῦ ὁρίζει ἐν ἄλλῳ προφήτῃ λέγοντι · Καὶ πότε ταῦτα συντελεσθήσεται ; Καὶ λέγει Κύριος· "Οταν ξύλον κλιθῇ, καὶ ἀναστῇ, καὶ ὅταν ἐκ ξύλου αἷμα σκἀξη. Quod legitur in IV Esdr., v, 5. Item citatus ab auctore comment. in Marc. inter Opera S. Hieronym. et in tract. cui titulus est, Testimonia de adventu Domini in carne, inter Opera Greg. Nysseni.
  6. Apoc. vi, 9 : Vidi subius altare animas interfectorum propter verbum Dei… Et clamabant voce magna dicentes : Usquequo, Domine, sanctus et verus, non judicas, et non vindicas sanguinem nostrum ? Confer. IV Esdr. iv, 35. Nonne de his interrrogaverunt animæ justorum in promptuariis suis, dicentes : Usquequo spero sic ? et quando veniet fructus areœ mercedis nostræ ?
  7. Ambros., De bonu mortis, c. 10, n. 45.
  8. Ambros., De bono mortis, c. ii, n. 51.
  9. Ambros., De Spiritu sancto, l. ii, n.49.
  10. Orat. in obits atris Satyr., l. 1, n. 66-69.
  11. Ep. 38 ad Horontian.
  12. Tertul., De præscriptione, initio, hæc citat : Oraculi Domini alti ; ex IV Esdr. viii, 20. Et contra Marcion, 1. iv, illud : Loquere in aures audientium ; ex IV Esdr. xv, 1. Là Vulgate est un peu différente, mais c’est le même sens.
  13. Clem. Alex., l. i Stromat., p. 330.
  14. Clem., l. iv Strom., p. 468. Ex IV Esdr. v, 35.
  15. Synops. inter Opera Athan. de Libris Esdræ.
  16. Auctor operis imperfecti in Matth., hom. 34, ut videtur, ex Esdr. v, 42, vel forte legendum, propheta Esaias, ex Isa. LXII, 3.
  17. Cyprian. ad Demetrian. circa initium. Vide si placet IV Esdr. v.
  18. Vide Geneb. in Chronico, l. 1, ad ann. 3750, et IV Esdr., c. xiv, 21 et seq.
  19. Hieronym., advers. Helvid.
  20. Athan., in Synopsi.
  21. Hieron. ep. ad Domnion. et Rogal.
  22. Ex IV Esdr., vii, 36... 44.
  23. Ils sont très-rares dans les anciens manuscrits ; et je ne les voit pas dans nos éditions avant celle de Nuremberg de 1521.
  24. Picus Mirand, Apolog., p.117, 118.
  25. III Esdr. vi, 1, 2.
  26. Ibid., c. v, 42.
  27. Voy. notre dissertation sur le pays où les dix tribus se sont retirées.
  28. III Esdr. vi, 1, 2.
  29. I Esdr. vii, 1, 2.
  30. IV Esdr. i, 1.
  31. IV Esdr. vi, 11 : In oriente provinciarum duarum populos Tyri et Sidonis dissipavi.
  32. Ibid., vers. 22, 25.
  33. Exod. xv, 24, 25.
  34. Num. xxi, 16
  35. IV Esdr. i, 39, 40
  36. IV Esdr. iii, 1.
  37. IV Esdr. ii, 33.
  38. IV Esdr. xiv, 11, 12.
  39. Il paraît que cet auteur croyait, avec quelques anciens, que le monde ne durerait que six mille ans ; que ces six mille ans devaient être considérés comme divisés en douze parties, relativement aux douze heures qui partagent le jour ; que la naissance de Jésus Christ était l’époque de la douzième partie ou de la dernière heure, selon le calcul des Septante, lequel donne environ cinq mille cinq cents ans depuis la création jusqu’à la naissance de Jésus-Christ, et qu’ainsi, Esdras, qui vivait environ cinq cents ans avant Jésus-Christ, se trouvait dans la onzième heure ou dans la onzième partie de la durée des siècles. Mais nous avons déjà fait remarquer que le calcul qui est aujourd’hui le plus suivi, est celui qui ne compte que quatre mille ans depuis la création jusqu’à Jésus-Christ, et celui qui nous paraît être le plus vrai, en compte quatre mille cent cinquante-six. — [L’Art de vérifier les dates compte 4963 ans.]
  40. IV Esdr. xi et xii.
  41. IV Esdr. xi, 10 et 11.
  42. IV Esdr. x, 22 : Arca testamenti nostri direpla est.
  43. II Machab. ii, 4.
  44. IV Esdr. vii, 28 et seq. Vide etiam si lubet, cap. vi, 18, 20, 61 ; ix,2,3 ; xii, 26 ; xiv, 10, 11.
  45. IV Esdr. ii, 34.
  46. Ibid., 47.
  47. IV Esdr. i, 35, et ii, 10, 11.
  48. IV Esdr. ii, 31.
  49. IV Esdr. vii, 48.
  50. IV Esdr. ii, 23.
  51. IV Esdr. ii, 26.
  52. IV Esdr. v, 9.
  53. IV Esdr. vi, 24.
  54. IV Esdr. vii, 18.
  55. IV Esdr. ii, 18, 19.
  56. I Esdr. iii, 6.
  57. IV Esdr. i, 40.
  58. IV Esdr. vi, 49, 50.
  59. Voy. particulièrement chap. viii, 15 et suiv.
  60. IV Esdr. ii, 34 et seqq., et vi, 25 et alibi.
  61. IV Esdr. ix, 1 et seqq.
  62. IV Esdr. v, 5 et 6.
  63. Ceci est copié sur ce qui est rapporté liv. I Esdr. vi, 1, 2.
  64. Autr. : Saraias.
  65. Autr. : Azarias.
  66. Autr. : Fils de Sellum.
  67. Ces trois prétendus aïeuls d’Esdras sont ici ajoutés et ne se trouvent point insérés dans sa généalogie (ibid., versets 2 et 3) qui ne compte que quinze générations depuis Aaron.
  68. Autr. : Azarias. Voy. ibid., vers. 3.
  69. Autr. : Marajoth,
  70. Autr. : Zarahias. Voy. ibid., vers. 4.
  71. Autr. : Ozi.
  72. Autr. : Bocci.
  73. Autr. : Abisué. Voy. ibid., vers. 5.
  74. C’était l’usage chez les Juifs pour marquer leur vive douleur. Voyez I Esdr. ix, 3 ; et III Esdr. VIII, 72.
  75. Exod. xiv, 17-31.
  76. Exod. xvii, 8-13 ; Num. xxi, 3 ; xxxi, 7 et suiv. ; Deut. i, 6 et suiv.
  77. Ceci n’a pu être dit que par un homme qui écrivait en Occident ; puisque ces deux villes étaient sur les confins de la terre promise vers le septentrion, sur le bord de la mer, que les Juifs appelaient occidentale. Voy. le verset 38 ci-après.
  78. Exod. xiv, 19, 20, xv, 19 et suiv.
  79. Exod. xvi, 13.
  80. C’est une espèce d’ironie, comme s’il disait : M’avez-vous invoqué en vain, et vos ennemis vous ont-ils vaincus ? et c’est dans le même sens que l’on doit interpréter le verset suivant.
  81. Litt. : Où sont les bienfaits que vous avez reçus de moi ? c’est-à-dire : Que de bienfaits n’avez-vous pas reçus de moi ?
  82. Exod. xvi, 3 et suiv.
  83. Ibid.,15 et 14.
  84. Cette expression est prise du Psaume lxxvii, 25, et de la Sagesse, xvii, 20.
  85. Exod. xvii, 5, 6 ; Num. xx, 8-11 ; Psal. lxxvii, 15 ; Sap. xi, 4 ; I Cor. x, 4.
  86. Ce fait n’est rapporté en aucun endroit de l’Écriture peut-être fait-il allusion à ce qui est dit Levitic. xxi, 43, au sujet de la fête des Tabernacles, qui avait été établie afin de faire ressouvenir les Hébreux qu’ils avaient longtemps demeuré sous des tentes de feuilles et de feuillages.
  87. Quoique ces peuples n’aient pas été absolument chassés, cependant leur pays fut partagé aux Israélites comme ceux des autres. Voy. Josué, xiii, 2. C’est ce qui avait été prédit par Moise dans son Cantique (Exod. xv, 14). S’ils ne s’en rendirent pas les maîtres, c’est qu’ils n’eurent pas assez de courage et qu’ils ne demeurèrent pas fidèles à Dieu.
  88. Isai. v, 4.
  89. Exod. xv, 25.
  90. Ce qui est dit ici et aux versets suivants est extrait et emprunté des prophètes Isaïe, Jérémie et autres.
  91. Isa. 1, 15.
  92. Psal. xi, 3.
  93. Ceci paraît avoir été copié sur saint Matthieu, xxiii, 37 ; et c’est ce qui fait croire que ce livre est l’ouvrage de quelque Juif converti.
  94. Ceci est emprunté d’Isaïe i, 11 et suiv. ; mais Isaïe ne parle point de circoncision.
  95. Ce verset et les suivants sont empruntés de saint Matthieu xxiii, 37 et suiv., et de saint Luc xiii, 34 et 35.
  96. Ce sont les gentils convertis à la foi de Jésus-Christ. L’auteur fait allusion à ce que dit Jésus-Christ, Matthieu, viii, 11.
  97. On ne sait point la raison de l’affectation de citer ici les douze petits prophètes, ni pourquoi il leur donne ce rang. Peut être l’auteur a-t-il affecté de marquer Malachie le dernier de tous, afin d’insinuer qu’il a vécu jusqu’à ce dernier des prophètes, et que par conséquent il était le véritable Esdras.
  98. C’est la Synagogue abandonnée de la protection de Dieu, qui lui tenait lieu d’époux et de tout. Voy. le verset 5 ci-après.
  99. Ma loi, mes commandements qui étaient les conditions de l’alliance que Dieu avait faite avec eux.
  100. Gen. xix, 24 et suiv.
  101. Litt. : Je prendrai sur moi leur gloire, c’est-à-dire j’aurai soin de leur gloire.
  102. Litt. : Et je leur donnerai les tabernacles éternels que j’avais préparés.
  103. Litt. Pour eux, c’est-à-dire pour Israël. 960, L’auteur fait allusion à l’arbre de vie qui était dans le paradis terrestre, et semble avoir emprunté cette expression de l’Apocalypse 11, 7,
  104. 960
  105. Litt. Allez et vous recevrez. Ceci semble avoir été emprunté de saint Matthieu, v, et de saint Jean, xvi, 24.
  106. Autr. ; Si je ne détruis pas le mal, c’est-à-dire si je ne le punis pas, et si je ne suis pas l’auteur de tout le bien.
  107. Autr. : Et si je ne suis pas le seul qui vis et subsiste par moi-même, le seul Être suprême et Souverain.
  108. Il paraît que ceci s’adresse ou à l’Église chrétienne à laquelle les gentils ont été appelés, ou à la Synagogue, pour l’inviter à profiter des avertissements qui lui sont donnés.
  109. Litt. : D’une colombe. On a suivi dans la version quelques autres exemplaires, qui portent : Comme celui d’une colonne.
  110. Ceux qui étaient morts par le péché et par la désobéissance à la loi, il promet de les ressusciter à la vie de la grâce.
  111. Litt.: Car j’ai reconnu mon nom dans Israël, c’est-à-dire j’ai résolu d’y faire connaître ma puissance dans la protection que je leur donnerai.
  112. Dieu veut que l’Église s’assure de la protection qu’il lui promet sur le choix qu’il a fait d’elle.
  113. Sous les noms de ces deux prophètes qui étaient morts alors, l’auteur de ce livre figure les prédicateurs de la loi de Dieu et de son Évangile.
  114. Sous ce sens allégorique, l’auteur entend les douze apôtres de Jésus-Christ.
  115. Par ces sept montagnes, l’auteur a sans doute voulu désigner les sept sacrements.
  116. Ceci s’adresse aux enfants de cette mère, dont l’auteur vient de parler ; c’est-à-dire aux Israélites ses frères, qu’il invite à la pénitence, pour les préparer à jouir des biens qu’il leur promet.
  117. Dans votre ville.
  118. C’était l’usage des Juifs de sceller et de murer les cavernes où ils enterraient les morts. L’auteur veut seulement marquer par cette expression que les morts ne doivent pas être abandonnés aux passants, ni exposés à leur profanation.
  119. Litt. De ma résurrection. Il appelle ainsi le second avènement de Jésus-Christ, où II Paraîtra à la tête des ressuscités, et comme le premier d’entre eux.
  120. Voyez le verset 15, ci-dessus.
  121. Ces paroles semblent être empruntées de saint Jean, xvii, 12.
  122. Litt. : Du nombre des vôtres, c’est-à-dire au milieu de vous.
  123. Litt. Ne te fatigue point, c’est-à-dire ne t’impatiente point d’attendre.
  124. Litt. Ne voient l’abîme. Selon le style de la langue hébraïque, voir signifie assez. ordinairement jouir ou posséder.
  125. Litt. De ceux qui dorment, c’est-à-dire du sommeil de la mort de l’âme, causée par le péché ; ce qui est déterminé par les deux versets suivants, qui les supposent vivants et entre les bras de leur mère
  126. Litt. Moi Esdras, j’ai reçu les préceptes du Seigneur sur la montagne d’Oreb ; c’est-à-dire en la personne de Moïse, à qui le Seigneur donna ses commandements sur cette montagne, et c’est en la personne de Moïse et d’Esdras, qui étaient chargés de les leur faire connaître, que l’auteur se plaint de ce que les Israélites les ont méprisés.
  127. Ce verset et les suivants font connaître que l’auteur avait embrassé la foi de Jésus-Christ ; car il emprunte ici les expressions de l’Évangile, et ce qu’il dit ne peut convenir qu’à Jésus-Christ au règne duquel il appelait les Juifs, ses frères.
  128. Ces paroles sont empruntées de saint Matthieu, iv, 16.
  129. Ces paroles sont prises aussi de saint Matthieu, iv, 16.
  130. L’introit de la messe du mardi de la Pentecôte est composé de ces paroles et de la fin du verset suivant.
  131. Litt. Marquez. Cette expression paraît avoir été empruntée de l’Apocalypse, vii, 4 et suiv.
  132. Ce mot est copié sur l’usage où Jésus-Christ est, dans l’Évangile, de comparer la béatitude et son règne à un festin et à des noces.
  133. Cette expression est prise encore de l’Apocalypse, vii, 9 ; car c’est ce que saint Jean a voulu dire par les robes blanches. Voy. ci-après le verset suiv. Cette robe marque l’innocence et la fidélité
  134. Ceci est emprunté de l’Apocalypse , vii, 9-11.
  135. Celui qui est dit ici un jeune homme, est appelé le Fils de Dieu an verset 47, ci-après.
  136. Ceci a bien du rapport avec ce qui est dit Apocal. iv, 4, et vii, 13. Voy. les versets 45 et 46, ci-après, ils leur donnent des palmes dans leurs mains .
  137. Il le nomme Uriel, ci-après iv, 1.
  138. Ce qui est dit ici et au verset suivant est emprunté de l’Apocalypse, vii , 9 , 13, 14 .
  139. Ceci prouve évidemment que c’est un Juif converti qui est auteur de ce livre, et qu’il a copié une partie de ce qui est dit dans l’Apocalypse, vil, 14.
  140. L’auteur tombe ici dans un anachronisme évident car il est bien certain que le véritable Esdras n’était pas encore né la trentième année de la ruine de Jérusalem, puisque cette ville fut détruite l’an du monde 3405 et que le véritable Esdras vivait encore l’an du monde 5550.
  141. Au nombre des captifs.
  142. Litt. Combien Sion était déserte et abandonnée .
  143. Litt. : A Babylone.
  144. Litt. : Vous seul.
  145. Par ce souffle de vie il ne faut pas entendre simplement la vie animale, sensible et raisonnable ; mais la rectitude, la justice et la sagesse qui est la vie de l’âme. L’auteur de ce livre rappelle dans ce verset l’endroit de la Genèse (11, 7) où il est dit que Dieu forma le corps de l’homme du limon ou de la poussière de la terre. Dans un autre endroit (1, 27), qui précède celui-là, l’historien de la création dit que Dieu créa l’homme à son image, c’est-à-dire intelligent. Voyez Gen. v, 1 ;. Ix, 6 ; Sup. 11, 23 ; Eccli. xv11, 1, 2. 5-8 ; Col. 11, 10. Et ci-après, ch. xvi, 62..
  146. Gen. 11, 15.
  147. Litt.: Avant que la terre eût été tirée du néant, c’est-à-dire avant que la terre fût habitée.
  148. Gen. 11, 16, 17.
  149. Gen. III, 6.
  150. Gen. 11, 17 ; 1, 16-19.
  151. Gen. iv et suiv.
  152. Gen. vi, 1 et suiv.
  153. Gen. vi , 10 et suiv.
  154. Gen. VI, 8 et suiv. ; vII, 1 et suiv.
  155. Litt. : Tous les justes. Les Juifs se regardant tous comme le peuple élu et choisi, s’appelaient eux-mêmes, par rapport aux gentils, la race des justes et le peuple saint.
  156. Gen. x.
  157. Gen. x et suiv.
  158. Ceci a bien du rapport à ce que dit saint Paul, Rom. ix, 13 et suiv.
  159. Exod . x et suiv.
  160. Exod . XIX et suiv,
  161. L’auteur a emprunté ces paroles des psaumes xvi , 10 et Lix, 4.
  162. Litt. Vous files sortir comme de quatre portes le feu, les tremblements de terre, le vent et la gelée ; c’est-à-dire, des quatre parties du monde. Quelques-uns prétendent que cette expression sent beaucoup les talmudistes et les rabbins.
  163. (Afin que s’effectuassent les menaces prononcées contre les transgresseurs de votre loi.] Voy. les versets suivants.
  164. Ce mot Adam en hébreu signifie l’homme, et l’on aurait pu traduire le premier homme, mais il semble que l’auteur fasse allusion aux paroles de saint Paul, 1 Cor. xv, 47. — [Le mot Adam ne désigne pas ici le premier homme : mais il signifie l’être humain, l’humanité.]
  165. Litt.: Car le premier Adam portant un mauvais cœur, a transgressé votre commandement, et a été vaincu. L’auteur n’attribue pas ce mauvais cœur à sa création ; mais à la disposition volontaire, dans laquelle il se trouva lorsqu’il transgressa ce commandement. Voy. la note sur le verset 5, ci-dessus.
  166. Voy. ci-dessus, verset 7 ; et ci-après chap. vi, 11, 48.]
  167. Litt. L’infirmité s’est confirmée.
  168. Litt. : La lettre de la loi jointe à l’indisposition du cœur et à la malignité de sa racine, a banni ce qui restait de bien, et ainsi tout le mauvais est demeuré ; c’est-à-dire, que la loi irritant la concupiscence, a fait croître le péché par la désobéissance au commandement ; ce que l’auteur semble avoir emprunté de l’Épître aux Romains, vii, 7 et suiv.
  169. L’auteur attribue à David ce qui n’a été exécuté que par Salomon son fils ; et sous ces mots, bâtir une ville, etc., il entend le temple et les embellissements que Salomon fit dans Jérusalem, en y bâtissant le temple et son palais : car la ville était bâtie lorsque David s’en rendit le maître. Voy. II Reg. v, 7 et suiv., et vii, 12 et 13.
  170. Litt. : Et de sa postérité.
  171. Litt. : Votre ville, celle que vous vous étiez choisie pour y faire éclater la gloire de votre hom et de votre puissance.
  172. En la personne de ses pères.
  173. Voy. ci-dessus, verset 1, note 996.
  174. Par les gentils et les habitants naturels de cette ville.
  175. Des raisons que vous avez d’agir ainsi, et des desseins de votre providence sur nous et sur ees ennemis de votre nom.
  176. Autr. : Car je ne sais pas comment expliquer quelle est votre conduite sur nous.
  177. Autr. : Jusqu’ici Jacob a-t-il reçu des récompenses pareilles à ces peuples ?
  178. Autr. Et son travail n’a-t-il pas été toujours sans fruit ?
  179. Cet auteur fait ces plaintes à Dieu dans le même sens que le faisait David, Psal. LXXI 2 et suiv. pour exciter sa miséricorde à se souvenir de son peuple et de son héritage ; cependant il en est blâmé, ch. IV, comme voulant pénétrer trop avant dans les secrets de Dieu.
  180. Litt. Vous trouverez que ces derniers ont tous nommément gardé vos commandements, et que les gentils n’ont pas fait de même.
  181. Voy. ci-dessus, ch. ii, 44.
  182. C’est- à-dire feu ou lumière de Dieu.
  183. [Voy. chap. vi, 46.]
  184. On voit des exemples de ces paraboles ou fables II Paral. xxv, 18.
  185. Litt. Le sens d’entendre, c’est-à-dire le don de l’intelligence et de comprendre le juste sens des choses.
  186. Non pas que ces livres fussent absolument perdus, ni que la loi fût entièrement abolie ; mais parce que, durant une si longue captivité, le culte de Dieu, l’observance de la loi et la lecture publique de l’Écriture, paraissaient comme abolies et anéanties.
  187. Litt.: Pourquoi ne faisons-nous que passer dans le siècle ? Pourquoi sommes-nous errants et vagabonds sans demeure fixe, et dispersés de côté et d’autre, comme les sauterelles le sont par le vent.
  188. Ou dont nous sommes appelés. Dans le nom d’Israël, que Dieu donna à Jacob, se trouve et qui signifie Dieu.
  189. C’est-à-dire que les hommes se hâtent de pénétrer dans les mystères des siècles à venir par une curiosité très-imprudente. Voy. le verset suivant.
  190. Du mal. Voy. le vers. précédent.
  191. Voy. ci-dessus le vers. 55, note 1052.
  192. [Le genre humain.]
  193. [Depuis que, par orgueil, le premier homme commit volontairement le péché à l’instigation du démon.]
  194. [Le démon introduisit l’orgueil dans le cœur de l’homme, et c’est l’orgueil qui est ce germe malheureux, que la concupiscence échauffe et développe.]
  195. Qui sont morts, c’est ce qui faisait le sujet de l’attente des justes morts avant Jésus-Christ : ils attendaient avec impatience leur délivrance par son avènement et sa mort. Abraham et les autres patriarches avaient désiré ardemment de voir ses jours, et, dans l’assurance de les voir, ils s’en étaient réjouis par avance.
  196. Litt. : Des lieux de réserve. Il s’agit des limbes qui, selon les premiers Pères de l’Église, étaient un lieu de paix et de repos ; c’est ce qu’ils appellent, par opposition au lieu où sont les réprouvés, un meilleur lieu ; le sein d’Abraham, des patriarches et des prophètes, le lieu des saints. Voy. S. Justin, Dialog. cum Tryph.; les Const. apostol., liv. vi, ch. 17 ; S. Irénée, liv. 1, ch. 65 ; Clément d’Alex., Strom., liv. Iv et vi ; Tertul, contr. Marc., liv. v ; Origène, Periarchon., liv. iv. Voy. ci-après, vii, 32, où ces lieux sont pris pour des tombeaux.
  197. Ce nom est hébreu et signifie miséricorde de Dieu ou amour de Dieu. L’entretien de ces justes et la réponse de cet archange est une fiction de l’auteur de ce livre, qui n’a jamais passé pour être inspiré.
  198. Autr. De vos enfants, c’est-à-dire de la postérité des justes.
  199. C’est à Dieu directement que ces paroles s’adressent, parce que l’archange le représente et parle de sa part.
  200. Litt. L’enfer. ce mot est pris plus ordinairement par l’Écriture, pour marquer ce qu’il y a de plus profond dans la terre ; il est pris aussi dans ce sens très-souvent pour le tombeau, quelquefois aussi pour le lieu où sont les démons et les réprouvés.
  201. 1057
  202. Tout ceci se passe en songe ; ainsi il ne se leva pas effectivement. Voy. les versets 14 et 15 du chapitre suivant.
  203. C’était une tradition presque généralement répandue dans les premiers siècles de l’Église, que le jugement universel et général était proche.
  204. Il semble que l’auteur fasse allusion à ce que Jésus-Christ a dit lui- même (Marc. xIII, 52) par rapport au dernier jugement.
  205. [Voy. chap. vi, 20.]
  206. Litt. : Que tu vois régner et dominer sur les autres.
  207. Litt. : Déserte et inhabitée.
  208. Ceci parait être emprunté de l’Apocalypse, VII, 10.
  209. Ceci paraît être copié de saint Matthieu, XXIV, 29 et suiv.
  210. Tout ce qui est dit ici paraît outré et impossible ; mais ce sont des expressions qui signi lient d’autres choses. On peut dire que le soleil luirait la nuit, s’il luisait vingt-quatre heures durant sur un pays où il ne luit ordinairement que douze heures.
  211. Ceci a bien du rapport à Jésus-Christ, qui a versé son sang sur la croix. Voy. le vers. suiv.
  212. [Voy. ch vi, 25, et viii, 28.]
  213. 1069
  214. Sous ces sens figurés, l’auteur veut représenter le bouleversement universel qui se fera dans la nature à l’avènement du Fils de l’homme. Voy., les versets suivants.
  215. Il nomme surtout ce lac appelé mer Morte par les Hébreux, parce qu’il n’y a jamais eu aucun poisson qui ait pu y demeurer quelque temps sans y mourir, et que ses eaux n’en produisent aucun.
  216. Litt.: Il se fera des chaos, c’est-à-dire des bouleversements, des abîmes.
  217. Litt. : Qui ont leurs mois. Tout ce discours prouve que tout sera bouleversé, et agira contre l’ordre et l’usage ordinaire de la nature.
  218. Ceci semble avoir rapport à ce qu’a prédit Jésus-Christ, Matth. xxiv, 7. [Voy. ci-après, vi, 24.]
  219. Autr. : Se dérobera aux yeux des hommes.
  220. Qui rend l’homme juste et saint aux yeux de Dieu.
  221. Le même ange qu’il avait vu en songe el qu’il a appelé l’archange Uriel, ci-dessus, iv, 1.
  222. C’est ici le seul endroit où Salathiel est appelé le conducteur du peuple ; cette qualité est donnée par l’Écriture (Aggée, i, 1) à Zorobabel, son fils.
  223. En supposant que l’auteur de ce livre est le véritable Esdras, ce qu’il n’est pas facile de faire, il ne paraîtrait pas extraordinaire que Salathiel, regardant Esdras comme étant le grand prêtre, lui eût tenu ce discours.
  224. Litt. : Et après que ces sept jours furent passés.
  225. Litt. : Dans mon cœur.
  226. Litt. Mon âme ayant repris ses esprits, et étant disposée à entendre.
  227. L’Écriture a souvent comparé le peuple juif à la vigne. Jerem. 11, 21.
  228. Autr. : Un trou ; c’est Jérusalem en comparaison de tout l’univers. Voy. le verset suivant.
  229. Le seul peuple juif d’entre tous les habitants de la terre. Voy. le verset suivant. Voy. aussi chap. vi, 56 et suivants.
  230. Litt. Qui n’ont point cru à votre alliance.
  231. Litt. : Si en haïssant vous avez hai. C’est un hébraïsme.
  232. Il est difficile d’accorder le jeûne de sept jours, dont il est parlé au verset 20, avec cette apparition de l’ange que l’auteur dit avoir eue la nuit précédente, et celle-ci qu’il dit être la seconde. Voy. les versets 15 et 16.
  233. Le mênie qui est appelé l’archange Uriel.
  234. Autr. : Une partie des jugements qu’il doit un jour exercer sur son peuple.
  235. Ces paroles semblent avoir été copiées sur Job, x, 18 et suivants.
  236. Litt. Je compare mon jugement à un cercle ou à une roue dont une des parties ne roule ni plus vite ni plus lentement que l’autre. On s’est beaucoup plus étendu dans la version pour donner plus de jour au sens de l’auteur. [Autrement : Je ferai mon jugement semblable à une couronne, où le dernier n’arrive pas trop tard, ni le premier trop tôt. Allusion, peut-être, aux courses des athlètes.]
  237. Litt.: En les vivifiant vous les avez vivifiées. Hébraïsme pour marquer l’efficacité de la puissance de Dieu dans cette création.
  238. Ce verset est obscur et semble supposer que Dieu avait créé tous les hommes à la fois, et qu’ils avaient tous habité la terre dans un même instant au moins l’auteur de ce livre insinue-t-il que l’ange le lui avait fait entendre. Quelques anciens l’ont dit de leurs âmes ; mais nul ne l’a dit de leurs corps. Cependant, l’auteur de ce livre reconnait ailleurs qu’Adam a été le premier homme, et que tout le genre humain est sa postérité ; il suppose même, au verset 43, ci-dessus, que Dieu n’a pas en effet créé tous les hommes en même temps, puisqu’il lui demande d’où vient qu’il ne l’a pas Tait. Il faut donc nécessairement que cet auteur n’ait voulu dire ici autre chose, sinon que, comme Dieu avait créé en même temps toutes les créatures insensibles et matérielles qui devaient orner le monde, il pouvait aussi créer en même temps tous les hommes pour l’habiter.
  239. Litt. Ne font point ce que font les vieillards.
  240. Litt. : D’Anges.
  241. Litt. Et qu’on eût échauffé les cheminées dans Sion ; c’est-à dire qu’elle eût été habitée.
  242. Litt. Fussent découverts ; c’est-à-dire avant que l’on fût parvenu à ce nombre d’années qui se sont écoulées jusques à nous.
  243. Litt. : Avant que la malice et les mauvais desseins des pécheurs se fussent répandus et communiqués à tous les hommes.
  244. Autr. : Que ceux qui ont fait de la foi leur trésor s’y fussent confirmés.
  245. Le projet et l’exécution de toutes choses étaient déterminés dans ma pensée.
  246. Gen., xxv, 25.
  247. L’auteur, par cette comparaison, veut faire comprendre que, par rapport à Dieu et à l’éternité, la durée de ce monde et le grand nombre d’années qui composent le temps qui est entre la création et la consommation des siècles, n’est qu’un point qui n’a pas plus d’intervalle qu’il y en eut entre la naissance d’Esau et celle de Jacob.
  248. Toute la force et toute la vie de l’homme est contenue entre le talon d’Esaŭ et la main de Jacob ; c’est à-dire qu’il n’y a pas plus d’intervalle entre le commencement du monde et sa fin, qu’il y en a entre la main de Jacob et le talon d’Esau.
  249. Voy. chap. v, 1 et suiv.
  250. Voy. chap. v, 1, 13.
  251. Litt. Vivront et ressusciteront ; c’est-à-dire seront pleins de vie.
  252. Voy. I Cor., xv, 52.
  253. [Voy. ci-dessus, chap. v, 9.]
  254. [Voy. chap. v, 6, et vii, 28.]
  255. Autr. : Ceux qui ont été reçus en ce monde ; c’est-à-dire ceux qui sont nés en ce monde. Ce verset s’explique par le verset précédent , et n’est qu’une répétition de la même pensée en d’autres Lermes.
  256. [Voy. chap. v, 1. Changement d’état, et non pas contradiction.]
  257. Litt. De la nuit future.
  258. Voy. chap. v, 13, 20.
  259. Litt. : Que ce que j’ai appris pendant le jour. Autr. Que j’apprendrai, c’est- à-dire que le Seigneur me révélera au premier jour un temps passé pour un futur. Voy. le verset suivant.
  260. Litt. Des derniers temps.
  261. L’auteur suppose que l’ange lui avait imposé trois semaines de jeûnes et de prières ; cependant il n’en a marqué que deux, celle-ci et celle dont il est parlé au chap. v, 13, 20 .
  262. Gen. 1, 1.
  263. [C’est-à -dire la matière dont ils devaient être formes.]
  264. [Gen., 1, 2, qui dit dans la Vulgate : Spiritus Dei ferebatur… ; ce qui, parmi les chrétiens, s’entend généralement de l’Esprit-Saint. L’hébreu porte à la lettre : L’Esprit de Dieu, ou mieux l’Esprit-Dieu ; l’Esprit divin planait…, et MM. Glaire et Franck, dont la traduction parut en 1855, le rendent par : Un vent violent (divin) aqitait…1
  265. Gen. 1, 3 5
  266. Gen. 1, 6-3.
  267. Gen. 1, 9-13.
  268. On ne sait sur quels principes l’auteur de ce livre n’assigne aux eaux que la septième partie de la terre, à moins qu’il n’y eût chez les Juifs quelque tradition qui lui eût appris que cela avait été ainsi avant le déluge universel.
  269. Ceci peut avoir relation au Paradis terrestre, car il est dit (Gen. 11, 8) que le Seigneur avait planté au commencement un jurdin ; mais il est dit ensuite (vers. 15) qu’il fut donné à l’homme pour qu’il le cultivat et qu’il le gardat.
  270. Judith xvi, 17 ; Psal. xxii, 9.
  271. Gen. 1, 14–19.
  272. Gen. 1, 20-23.
  273. Sans mouvement.
  274. Ne renfermant aucun être vivant.
  275. Litt. : Que Dieu l’avait ordonné.
  276. Vous vous conservâtes deux âmes, el vous appelâtes l’une Hénoc ; c’est visiblement une faute de copiste car quelques autres exemplaires portent Behemoth, comme on l’a mis ici dans la version. Ce mot signifie en lébreu un grand nombre d’ani maux terrestres. Il est pris (Job XL, 10 ; pour un éléphant ; et l’auteur, par ce prodigieux animal, désigne en un seul mot tous les animaux terrestres. Voy. le vers. 53 ci-après ; ils ne furent créés qu’au sixième jour.
  277. Ce mot est hébreu, et est pris par l’auteur du livre de Job XL, 20, pour une baleine ou un monstre marin, et ici pour signifier par un seul mot tous les poissons de la mer ; il est dit Gen. 1, 21, que Dieu ne les créa que le cinquième jour, et II Parait que l’auteur confond ensemble la création de ces deux espèces d’animaux. Voy.le verset suivant ; mais cela n’est pas surprenant , lorsque l’on ne fait qu’abréger un récit.
  278. Il est dit, Gen. ch. 1, 24, que ce fut au sixième jour que Dieu créa les animaux. Voy. le verset 53, ci-après.
  279. C’est un nombre certain pour un nombre indéfini.
  280. Gen.1, 24-31.
  281. Gen. 1, 26-31 ; 11, 7. Voy. ch. 1, 5 et note.
  282. Litt. Ce siècle.
  283. Litt. Leur multitude.
  284. Que vous n’en faisiez pas plus de cas que de la salive et que de l’eau superflue qui se repand d’un vase qui en est plein.
  285. [Exod. iv, 22. Voy. ci-dessus, ch. v, 25-30]
  286. Litt. Ce siècle.
  287. Litt. Les nuits précédentes.
  288. Litt. : Qui voulant vouḍrait. Hébraïsme pour marquer un désir ardent.
  289. Litt.: Le siècle. Voy. ch. vi, 50-59.
  290. Litt.: Contre ce qui avait été fail, c’est-àdire que toute sa postérité fut corrompue, et que toutes les autres créatures ne lui furent plus soumises. Genes. 11, 17 et suiv. — [Voyez encore cidessus, chap. i, 7, 21.]
  291. Lill. Du grand siècle, du monde futur ; c’est-à-dire de la béatitude et du royaume de Dieu. -[Voy. Matth., chap. vii, 13, 14.]
  292. Litt. : Vains, c’est-à-dire de ce monde terrestre, visible et charnel, où tout n’est que néant et passager.
  293. Et qu’ainsi les maux de cette vie ne dureront pas toujours, et qu’ils te serviront à te conduire à la jouissance du monde futur, el te mettront en possession des fruits immortels. Voy. le verset 13, ci-dessus.
  294. Autr. : Et pourquoi ne jouis-tu pas en toimême, dès à présent, de l’espérance de ces biens futurs ?
  295. Plutôt que de l’attrister des maux du siècle présent.
  296. Que les justes souffriront ces peines et ces travaux, mais en se consolant par l’espérance de jouir de ces grands biens. — Autr. et litt.: Ils souffriront volontiers de passer par les sentiers étroits pour jouir ensuite de ces lieux larges et spacieux.
  297. Cette loi c’est celle de souffrir patiemment les taux de cette vie dans l’espérance de jouir de ceux de la vie future. Voy. le verset 17, ci-dessus. Autr. La loi de Dieu, soit la loi naturelle, soit la loi écrite. Voy. le verset suivant. [Voy. aussi saint Jean, chap. v, 14, et ses parallèles.]
  298. Litt. : Les choses vides seront la récompense des vides ; c’est-à-dire que ceux qui ne seront occupés que des choses vaines, ne recevront pour récompense que des choses vaines, c’est-à-dire des biens passagers et périssables, tels que ceux qu’ils ont désiré.
  299. Litt. : Les choses pleines seront pour ceux qui se trouveront pleins, c’est-à-dire ceux qui auront recherché les biens solides en seront combles.
  300. Voy. ci-dessus, chap. v, 1.
  301. C’est-à-dire l’Église, qui est comparée à une épouse. Voy. Matth., chap. xxv, 1.
  302. Selon les Hébreux, ce nom est synonyme de celui de Josué ; il semble que l’auteur de ce livre veut désigner nommément le Fils de Dieu. Mas comme en ce même verset et au suivant, il distingue ce Jésus du Christ par l’intervalle de quatre cents années de paix, de joie et de tranquillité, après lesquelles il dit que le Christ sera mis à mort, il est difficile de concilier ces contrariétés. Voyez la note suivante. — Voy. aussi les chap. v, 6, et vi, 25.]
  303. On ne sait point ce que veut dire cet auteur par ce règne de Jésus, qui devait durer l’espace de quatre cents ans à la vérité Daniel a dit, chap. ix, 26, qu’après soixante-neuf semaines, c’est-à-dire quatre cent quatre-vingt-trois ans, le Christ serait mis à mort, et qu’avant sa mort Jérusalem serait rebâtie et que le peuple jouirait de la paix : ainsi l’auteur a peut-être réduit sous un nombre rond ces quatre cent quatre-vingt-trois ans de Daniel. Mais il reste toujours une supposition impossible, qui est que le même Jésus, Fils de Dieu, jouisse et ses disciples de ce nombre d’années de paix, et qu’ensuite il soit mort ; il faut nécessairement qu’il se soit ici glissé quelque faute de copiste, ou que, sous cet intervalle de paix, l’auteur ait entendu autre chose. Voy. le verset suivant.
  304. On ne sait point non plus ce que l’auteur veut dire par cette mort universelle, qui doit suivre celle du Christ, à moins qu’on ne l’explique de la mort au péché, ce qui parait d’autant plus vraisemblable, qu’après avoir dit ici que tous ceux qui seront alors sur la terre mourront, il ajoute au verset suivant que le monde retombera dans son premier chaos, etc., jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’hommes sur la terre.
  305. Litt. : Dans son ancien silence. Voyez ci-après le verset 32. — [Et ci-dessus, ch. vi, 39.]
  306. Litt. : Comme il est arrivé dans les précédents jugements. Ceci peut avoir rapport à ce que l’auteur a dit au chap. 1, ci-dessus, où, selon d’autres, il compare ce silence à celui qui précéda la création du monde, et à celui qui se fit au temps de Noé. Les sept jours paraissent être mis ici pour les sept semaines dont parle Daniel, ch. ix, 25, après lesquelles le Christ devait paraître ; mais l’auteur de ce livre applique au second avènement de Jésus-Christ ce que le prophète entend du premier.
  307. Litt.: Qui est encore endormi.
  308. Autr. : Les lieux de réserve. Voy. ch. iv, 35, note 1157.
  309. Lill.: Les âmes des défunts retenues dans ces lieux de réserve. Autr. : Les corps de ceux qui étaient morts, car l’âme est souvent prise par les Hébreux pour la vie du corps, et pour le corps même. — [Il semble, pourtant, qu’il s’agit ici de la résurrection des corps. Les Hébreux croyaient aussi à ce dogme.]
  310. Litt. : La longue patience se resserrera. On a suivi dans la version d’autres exemplaires qui portent : Et la patience finira.
  311. Gen. xviii, 23.
  312. Litt. : Le premier
  313. Exod. xxxii, 11.
  314. Autr. Achan, c’est une méprise du copiste qui s’est trompé sur la ressemblance des deux lettres hébraïques et 7. Voyez Josué, ch. vii, 1, 18, etc.
  315. Josue, vi, 7, I Reg. xii, 8, 9 ; xii, 18, 19,
  316. En plusieurs endroits des livres des Rois et des Psaumes.
  317. III Reg. viii, 30 et suiv.
  318. III Reg. xvi , 42 et suiv.
  319. III Reg. xvii, 20 et suiv.
  320. IV Reg. xix , 15 et suiv.
  321. Il y aurait ici plusieurs passages à indiquer.
  322. [Voy. ch. IV, 12.]
  323. Voy. ci dessus, verset 11 et ch . iii, 7, 21.]
  324. Deut. xxx, 19.
  325. Litt. : À sa loi.
  326. Autr. : Qui étant l’ouvrage de ses mains.
  327. Il n’y en aurait que très-peu de sauvés.
  328. Ceci a bien du rapport à ce que Jésus-Christ a dit, Matth. xxii, 14.
  329. Il semble que cet auteur emprunte cette comparaison de l’apôtre saint Paul. Rom. ix, 24.
  330. Litt. : Comme s’il l’eût été donné autre chose que de vivre.
  331. Lit. : Car vous êtes seul, c’est-à-dire, le seul Être souverain, l’Être par essence.
  332. Pour nourrir son fruit.
  333. Litt. : Vous le nourrissez de votre justice.
  334. Litt. : De le conserver. Voy. versets 59, 60.
  335. De ce monde.
  336. Litt. : Et dans l’air.
  337. Litt. : Armée.
  338. L’auteur semble faire allusion à ce que saint Paul dit, Hebr. 1, 7.
  339. [Domine Jesu Christe,... ne respicias peccata mea, sed fidem Ecclesiæ tuæ.] (Prières de la sainte messe, après l’Agnus.)
  340. Litt. : Sur votre justice et votre gloire, qui ont espéré d’être faits participants de votre gloire, ou qui ont espéré en la gloire que vous leur avez promise.
  341. Litt. : Puisque nous avons été des pécheurs. Autr. : Puisque nous n’avons fait autre chose que de vous offenser.
  342. Litt. : Et de ceux mêmes qui ont loué et confessé votre nom.
  343. Litt. : Qui n’ont pas la substance des bonnes œuvres, c’est à-dire une vie toute remplie de bonnes œuvres.
  344. Litt. : Tes pluies.
  345. [Litt. : L’image ; mais il faut le type, évidemment.]
  346. [Voy. chap. i, 7, 20, 21, etc.]
  347. [Voy. chap. vi, 58.]
  348. Litt. : Ils ont marché. Un passé pour un futur.
  349. Litt. : Le ver, c’est-à-dire le ver de la conscience.
  350. Sans secours et sans remède.
  351. Litt. En la fin. Celle qui en sera le
  352. Litt. : mesure, en mesurant ; hébraïsme, pour dire avec soin et exactitude.
  353. Ceci paraît avoir été copié sur le verset 7 du chapitre XXIV de St. Matthieu.
  354. Litt. : qui seront sauvés.
  355. Litt.: A celle en laquelle vous avez cru.
  356. Litt. : Il verra ; voir pour jouir. Expression hébraïque.
  357. Litt.: Mon salutaire dans ma terre et dans mes frontières, c’est-à-dire, le Sauveur que j’ai envoyé mon peuple et aux nations qui les environnent.
  358. Je me les suis sanctifiés. Ce mot, selon les Hébreux, peut signifier aussi, je les ai séparés el mis à part pour moi.
  359. Litt. Ils feront pitié, c’est-à-dire, par le misérable état où ils seront réduits, ils se feront horreur à eux-mêmes.
  360. Le verset suivant explique celui-ci.
  361. Voy. ce que dit le Sage au Livre de la Sagesse, v, 3 et suiv.
  362. Litt. À qui appartient le monde et pour lesquels le monde est, et quand ils en seront absolument victorieux.
  363. Voy. le vers. 1 du chap. vin ci-dessus.
  364. C’est-à-dire, dès le commencement du monde, et selon la nature ; mais depuis le péché de l’homme, tout cet ordre a été renversé. Voy. le vers. suivant.
  365. Ce verset est très-obscur, et l’on peut lui donner cet autre sens : Tous les hommes étaient alors présents à mes yeux, et depuis je les ai créés successivement sur cette terre parée pour leurs besoins, où les moissons ne trompaient jamais leur attente et où tout était réglé par un enchaînement de causes incompréhensibles ; mais leurs mœurs se sont corrompues.
  366. Litt. : Née en vain.
  367. Litt. : Mon grain et ma plante.
  368. Litt. : Parce que je l’ai cultivé avec beaucoup de travail.
  369. On ne sait point ce que signifie ce mot hébreu ; mais peut-être lisait-on autrefois arga ou haruga, qui signifie parterre de fleurs ou champ de fleurs, et sans doute que ce mot a été corrompu par les copistes.
  370. Ce verset est obscur, peut-être par l’omission de quelques mots, c’est ce qui oblige les interprètes de lui donner divers sens. Quelques-uns lui donnent celui-ci : Le fruit de la loi n’a point paru et n’a rien produit ; car il ne le pouvait, parce qu’il n’y en avait point. D’autres : La loi a été sans fruit, ce qui ne devait pas être, puisqu’elle venait de nous. Les versets 36 et 37 ci-après semblent donner à ce verset un troisième sens, qui est celui-ci : Le fruit que la loi devait produire n’a point paru, mais la loi n’en a point souffert, car elle ne le pouvait puisqu’elle venait de vous.
  371. Litt. : Sont péris.
  372. Litt. De cendres. Tout ceci est une parabole que l’auteur dans la suite applique à la Synagogue. Voy. le chap. x ci-après, verset 44 et suiv.
  373. Ce fils est le peuple Juif. Voy le vers . 45 du chap. suiv. L’auteur rapporte que cette intervalle de trente années est le temps pendant lequel les Juifs demeurèrent à Jérusalem, sans temple, jusqu’à celui que leur båtit Salomon . Voy. les notes sur ce lieu .
  374. La dédicace du temple de Salomon, et sous cette image la gloire du peuple Juif. Voy. vers, 46 et 47 du chap. suiv.
  375. C’est la captivité du peuple Juif en Babylone et la ruine de la ville de Jérusalem et de son temple. Voy. le vers. 48 du chap. suiv.
  376. L’auteur parle ici au nom de tout le genre humain par comparaison au peuple juif qui n'était pour ainsi dire qu'un seul homme.
  377. De tant d’hommes. Voy. le verset suivant.
  378. Autr. Abandonné à leur perte.
  379. Autr. : Comme l’expérience le justifie.
  380. Ces paroles sont d‘Esdras, qui répond à la Synagogue.
  381. C’est-à-dire : De même que le laboureur fatigue et travaille longtemps pour cultiver la terre, dans l’espérance qu’il a d’en recueillir la moisson, ainsi il exhorte cette femme à supporter les maux présents, dans l’attente de la récompense.
  382. Autre. Si vous reconnaissez la justice des vues et des desseins de Dieu.
  383. C’est la description des maux que les Israélites souffrirent sous Nabuchodonosor. L’auteur a supposé, III, 1, qu’il écrivait ceci la trentième année de leur captivité en Babylone.
  384. Litt. : Notre psalterion est humilié, c’est-à-dire ne se fait plus entendre.
  385. Autre enlevée.
  386. Présage de son établissement et de sa gloire future. — Voy. le verset 50 ci-après.
  387. Voy. la deuxième note sur le vers. 1 du chap. iv, ci-dessus.
  388. En vain, c’est-à-dire sans consolation et sans espérance.
  389. Dans le temple de cette ville, car David en avait fait dans le tabernacle de peaux, qu’il avait fait élever dans la ville ou cité qui portait son nom ; mais on n’en fit véritablement dans le temple que quarante-deux ans après. L’auteur parle surtout de ces sacrifices et de ce temple, parce qu’ils faisaient l’objet de la religion des Juifs, et la gloire de la ville de Jérusalem, mais sous ces deux choses, il comprend tout le peuple et toute cette nation. Voy. le vers. 47 ci-après.
  390. C’est un nombre complet pour un nombre rompu ; car il se trouve trente-trois années d’intervalle entre le temps que David amena l’arche à Jérusalem, et celui auquel Salomon commença à jeter les fondements du temple, et ce ne fut que neuf ans après que l’on y fit les premiers sacrifices, l’an du monde 3001.
  391. La ville pour le temple ; en effet, le champ d’Areuna, où il n’y avait du temps de David aucun bâtiment, fut acheté par ce prince dans le dessein d’y bâtir te temple, et il fut construit peu de temps après par Salomon, son fils. (II Reg. xxiv, 24 ; I Paral. XXI, XXII.)
  392. Cet aigle, selon quelques-uns, représente l’empire romain : cette vision est expliquée au chap. suiv., XII, etc., et l’auteur dit que c’est la même que vit Daniel, mais représentée sous d’autres emblèmes.
  393. Ces ailes représentent les divers empereurs qui se succédèrent les uns aux autres dans l’empire romain.
  394. Quelques-uns prétendent qu’on a voulu signifier ici le triumvirat sous Auguste, sous Marc-Antoine et Lépide, qui dura douze ans ; mais l’auteur de ce livre assure lui-même, v. 25 du chapitre suivant, qu’elles figurent trois empires.
  395. Le vers. 18 du chapitre suivant, où l’on explique ce que signifie cette voix.
  396. Litt. : Ses ailes contraires ; ce sont huit rois. Voy. le vers. 20 du chapitre suivant.
  397. Litt. En principautés.
  398. Litt. : Une des dix têtes qui dormaient et qui était au milieu d’elles.
  399. Voy. le vers. 26 du chap. suiv.
  400. Ce lion, figure d’une tempête. Voy. les versets 31 et 32 du chapitre suivant.
  401. Litt. : En disant il dit ; hébraïsme, pour
  402. Et la quatrième survenant, elle a vaincu tous les autres règnes des animaux précédents.
  403. Litt. Elle a exercé, etc.
  404. Voy. le vers. 37 du chapitre précédent.
  405. Autr. : Je me disais en moi-même.
  406. Autr. : C’est moi-même qui me suis jeté.
  407. Voy. Daniel, chap, xi.
  408. Quelques-uns croient que ceci se doit entendre de l’empire romain,
  409. Les douze Césars ou empereurs qui se succédèrent les uns aux autres.
  410. On entend ceci d’Auguste, qui de tous les empereurs romains régna le plus longtemps.
  411. De l’aigle, c’est-à-dire de l’empire romain, selon quelques-uns.
  412. Quelques interprètes ont cru que l’auteur de ce livre s’était imaginé qu’après la mort de Tite et de Domitien l’empire romain serait détruit, et que c’est d’eux qu’il s’agit ici.
  413. Voy. le chap. vii ci-dessus, vers. 26 et suiv.
  414. Litt. : En disant ils me dirent, hébraïsme pour signifier : certainement ils me dirent.
  415. Voy. le vers. 25 ci-après. L’auteur explique ce que figurait cet homme, et il dit qu’il figure le Fils de Dieu lorsqu’il viendra juger l’univers.
  416. Litt. De milliers, c’est-à-dire d’anges.
  417. Autr. : Il n’avait pas sitôt fait sortir quelques sons de sa bouche, que ceux qui l’avaient entendu se sentaient embrasés. Ceci s’entend de la parole du Fils de Dieu lorsqu’il jugera l’univers. Voy. les vers. 10 et 33 ci-après.
  418. Litt. : Comme la terre repose lorsque le feu y a passé, c’est-à-dire devient stérile et en friche lorsqu’elle a été brûlée par le feu.
  419. Cette montagne figure le ciel, où le Fils de Dieu s’est retiré après sa résurrection, et où il doit paraître dans son second avènement pour juger l’univers. L’auteur, ci-après vers. 35, l’appelle, dans un sens figuré, la montagne de Sion.
  420. Qui dans tous les temps l’ont combattu par leur infidélité et leur désobéissance à sa loi, et surtout les réprouvés, qui souhaiteront alors ne pas paraître devant lui, ni ressentir les effets de sa souveraine puissance.
  421. Ce qui prouve qu’il ne tire sa force et sa toute-puissance que de lui-même et de son propre fonds. Voy. les versets 26 et 27.
  422. Ceci paraît être copié sur ce qui est dit Apoc. x1, 5. Cet auteur n’attribue tous ces effets qu’à la seule parole de Dieu. Voy. ci-après, verset 33.
  423. C’est ce qui est exprimé dans saint Matthieu, c. xxv, 41, par ce peu de paroles Retirez-vous de moi, maudits, et allez au feu éternel. C’est dans ce sens que l’auteur a cru sans doute qu’il pouvait comparer cette parole au feu. Voy. vers. 58 ci-après, et c’est ce qui l’a obligé de lui donner le surnom de loi.
  424. Ce sont ceux que Jésus-Christ appelle (Matth. xxv, 34) les bénis de son Père. L’auteur les représente sous la figure des dix tribus captives emmenées par Salmanasar. Voy. le verset 40 ci-après.
  425. Ces différents états marquent les différents mérites des saints.
  426. Litt.: Qui seront abandonnés ou délaissés.
  427. Litt. Qui n’auront pas été abandonnés ou délaissés. Le sens de ce verset paraît très-obscur, et il ne peut s’entendre qu’en supposant que l’auteur compare ici le sort des impies, qui, par leur mort, se trouveront exposés à des malheurs sans ressource, avec celui des hommes vivants encore sur la terre, mais accablés de maux, de malheurs et de tentations horribles qui les exposeront aux mêmes dangers que les premiers. Voy. le verset 23 ci-après.
  428. Litt. : Qui n’étaient pas délaissés ou abandonnés.
  429. C’est à-dire aussi haut que les nuées. Autr. Dans le ciel pour découvrir, etc.
  430. C’est-à-dire qu’il sera plus avantageux de n’être point exposé aux extrêmes malheurs qui arriveront dans ces derniers temps, parce que ceux qui y seront exposés ne pourront s’en délivrer que par une grande foi au Seigneur, et par la pratique des œuvres les plus héroïques. Ce verset est très obscur, surtout si on le compare aux versets 16 et 17 précédents, où l’auteur regarde ceux qui sont morts comme plus malheureux que ceux qui restent sur la terre. — Voy. la note 2 sur le verset ci-dessus, et le verset 24 ci-après.
  431. Après que les maux qu’il a prédits seront passés.
  432. Et qui auront souffert tous les maux dont l’auteur vient de les menacer. On peut donner aussi à ce verset le même sens que l’on a donné au verset 26 ci-dessus.
  433. Voy. le verset 3 ci-dessus.
  434. C’est le Verbe de Dieu qui s’est incarné, et qui étant remonté dans les cieux par sa résurrection, reviendra dans son second avènement juger tous les hommes.
  435. Par sa toute-puissance égale à celle de son père.
  436. Ce sont les mêmes signes que Jésus-Christ a dit qui devaient précéder son second avènement. (Matth. xxiv, 7.)
  437. Voy. ci-dessus, v, 1.
  438. Litt. : Mon fils sera reconnu, lequel, etc.
  439. Voy. ci-dessus,.v, 1.
  440. Litt. : Que vous avez vu comme un homme, c’est-à-dire revêtu de l’humanité,  sous laquelle nature il cachait alors sa nature divine.
  441. Voy. le vers. 5 ci-dessus. Autr. : Qui s’envolait sur la montagne, c’est-à-dire dans les cieux par sa résurrection. Voy. le vers. 6 ci-dessus. Dans la version, on s’est conformé à ce que dit le même auteur au vers. 51 ci-après.
  442. C’est la montagne que l’auteur dit, au vers. 6 ci-dessus, qu’il s’était taillée de ses mains, et au verset suivant, dont on ne voyait sur la terre aucune trace d’où elle eût été tirée.
  443. Jésus-Christ, le Verbe incarné, le Fils de Dieu.
  444. Litt, Ce seront des tourments semblables aux flammes.
  445. Autr. : Par la parole.
  446. Litt.: Que j’ai comparée aux flammes. Voy. le vers. 10 ci-dessus.
  447. Roi de ces dix tribus d’Israël, l’an du monde 3283.
  448. C’est-à-dire de quelques-uns d’entre eux qui s’échappèrent des mains de ceux qui les voulaient conduire à Babylone.
  449. Qui aimèrent mieux aller librement habiter des pays plus éloignés que de vivre comme des esclaves chez les Chaldéens.
  450. Qu’aucun de leurs frères n’avaient habitée ou fréquentée avant eux, et même dans des lieux absolument déserts et inhabités.
  451. Ce miracle et les autres circonstances de l’histoire de la retraite de ces Israélites ne se trouvent rapportés en aucun endroit de l’Écriture ; peut-être, l’auteur n’a-t-il voulu décrire sous ces figures que le soin qu’eut la Providence de les protéger, sous laquelle il figure aussi la protection qu’elle doit donner à ses saints jusqu’à la consommation des siècles. — Voy. le v. 46 et suiv., qui ne peuvent avoir que ce dernier sens.
  452. Le mot hébreu signifie la terre de leur sortie, de leur exil et de leur bannissement ; ainsi, ce n’est point proprement le nom d’un lieu particulier. Quelques interprètes prétendent qu’il s’est glissé une erreur de copiste, et qu’il faut lire Ararath, c’est-à-dire l’Arménie, qui est située bien au-delà de Babylone.
  453. Sous ce sens figuré, l’auteur veut uniquement marquer que Dieu aplanira à ses saints toutes les voies et toutes les difficultés pour leur retour et pour les conduire au salut. — Voy. le vers. 49 ci-après.
  454. Se consolant sur les promesses et la protection de Dieu.
  455. Litt. : Mais ceux qui demeurent ici sont ceux qui sont restés d’entre ceux de ton peuple.
  456. Les mêmes dont il vient de parler av verset précédent.
  457. Litt. : De la mer.
  458. Litt. En me faisant connaître, je me suis fait connaître ; hébraïsme, pour dire je me suis fait entendre très-réellement.
  459. C’était un sentiment presque généralement répandu, dans les premiers siècles de l’Église, que le jugement dernier et la fin des temps étaient proches, soit par l’incertitude du temps où cela devait arriver, son parce que Jésus-Christ, devant qui tout est présent, l’avait toujours prédit comme fort proche.
  460. Ceci, apparemment, est établi sur l’idée qu’on avait alors que la fin des siècles approchait ; car l’on ne voit pas sur quel autre fondement on supposait alors que le monde ne devait avoir que ce nombre de douze parties ; à la vérité, on a, depuis, divisé les âges du monde, par rapport aux années qui se sont écoulées depuis le commencement du monde jusqu’à Jésus-Christ, et ce temps se trouve partagé en sept âges ; mais il n’est pas possible de donner des parties fixes à celui qui doit durer jusqu’à la fin des siècles, puisqu’on ignore quand elle doit arriver. Sur cette supposition, de douze parties qui doivent composer la durée de ce monde, l’auteur, ayant assuré qu’il écrivait ceci la trentième année de la captivité de Babylone, chap. III, v. 1 ci-dessus, c’est-à-dire, selon nous, l’an du monde 3435, suppose nécessairement que chacune de ces parties n’est que de 343 ans, ou environ, et qu’ainsi, jusqu’à la fin du monde, il ne restait plus qu’environ 514 ans ; mais peut-être cet auteur a-t-il suivi, dans son calcul, les Septante, qui comptent fort différemment de notre Vulgate.
  461. Celle du jugement dernier.
  462. Cela ne se peut pas entendre des livres de la loi, qui étaient entre les mains des prêtres, des lévites et du peuple, mais de l’original ou de ceux qui étaient gardés dans l’arche. Ainsi, l’auteur n’a pas du attribuer l’ignorance du peuple à la perte de cet original, puisque chacun d’eux en avait des copies ; mais à l’état déplorable où ils furent réduits, au renversement de leur culte, à l’interruption du ministère, et à la négligence des prêtres et du peuple, qui furent les suites de la prise de Jérusalem et de l’embrasement du temple ; car il est certain que plusieurs des Juifs emportèrent des exemplaires de l’Écriture, et qu’ils la lisaient dans le lieu de leur exil. Voyez Daniel et Tobie, qui lisaient l’Écriture pendant leur captivité, puisqu’ils la citent. Il est à présumer qu’Ézéchiel, qui fut emmené en captivité avec le roi Joachim, emporta avec lui un exemplaire de l’Écriture ; et que Jérémie, à qui Nabuchodonosor donna toute liberté, s’en était muni. Les Israélites des dix tribus, qui furent emmenés en Babylone 130 ans avant l’embrasement du temple, avaient entre leurs mains les livres saints ; et les colonies que les rois d’Assyrie avaient mises en Samarie, avaient au moins conservé leur Pentateuque Samaritain . — Voy. la note sur le v. 22 ci-après.
  463. Cette histoire du recouvrement des Écritures est une fable, établie sur quelque fausse tradition des Juifs, et sur quelques faits approchants, mais mal entendus, du recouvrement de quelques exemplaires des livres de la loi par le grand prêtre Helcias, sous Josias (IV Reg. xxiii), et de la lecture qu’Esdras fit de la loi devant tout le peuple, après leur captivité (II Esdr. viii, 2 et seqq.). L’auteur de ce livre la rapporte sous le nom d’Esdras, ainsi qu’il l’avait appris de ses pères ; et le récit qu’il en fait ici a servi à tromper plusieurs des anciens Pères, qui, prenant l’auteur de ce quatrième livre pour le véritable Esdras, ont cru que les livres de la loi avaient tous été brûlés ou perdus dans la destruction de Jérusalem, sous Nabuchodonosor. Ainsi, saint Irénée (1. u, c. 25), Eusèbe (v Hist., 8), Clément d’Alexandrie (I Strom., 25), Tertullien (1 De habilu mulier,, c. 3), saint Basile (Epist. ad Chilon.), et une intinité d’autres, depuis, ont suivi les sentiments de ces premiers Pères ; mais, saint Jérôme, saint Chrysostome et saint Hilaire soutiennent qu’Esdras ne fit autre chose que rassembler et décrire dans un seul volume tous les différents livres qui composent aujourd’hui ce que l’on appelle le Canon des Écritures reçues par les Juifs ; qu’il les récrivit en d’autres caractères, et corrigea sur les divers exemplaires les fautes que les copistes y avaient faites. Voy. saint Chrysostome, hom. 8 in Epist. ad Hebr., saint Hilaire dans son Prologue sur les Psaumes, Théodoret dans sa préface sur le mème livre.—Voy. la note sur le verset précédent.
  464. A l’imitation de Moïse. (Exod. XXXIV, 28.)
  465. Les tables et les livres originaux de la loi ; ce que les Juifs regardaient comme leur plus précieux trésor.
  466. Au grand jour, où tous les morts ressusciteront.
  467. 1323
  468. Des rouleaux, espèces de morceaux de parchemin ou d’écorces d’arbres, dont on composait des pages que l’on collait les unes aux autres, et que l’on fixait sur un rouleau de bois.
  469. Litt. : En vengeant je vengerai ; hébraïsme pou : dire : Je vengerai fortement ou très-certainement.
  470. Le verset suivant explique ceci des peuples qui viendront du côté de l’Arabie, qui était à l’orient de la Palestine.
  471. Litt. : Carmaniens ; peuples d’une des provinces de l’Asie Mineure, située entre la Perse et les Indes, à l’orient de la Palestine, et voisine de l’Assyrie.
  472. Ces peuples étaient des espèces de sauvages couverts de poils, qui habitaient une terre déserte.
  473. Les peuples de l’Assyrie.
  474. Des armées terribles.
  475. Litt. : Et l’astre ; c’est-à dire, celui dont il est parlé ci-dessus, verset 35.
  476. Litt. : Et même leur étoile, c’est-à-dire, leur chef, celui qui les conduisait. Voy. le verset 39, ci-après.
  477. Le même dont il est parlé au verset 55, ci-dessus verses 33.
  478. Litt. : Et l’astre ; c’est-à dire, celui dont il est parlé ci-dessus, verset 35.
  479. Sous ces expressions figurées, l’auteur décrit quel sera le ravage que feront ces armées terribles et nombreuses.
  480. La capitale de l’Assyrie, dont il est parlé ci-dessus, verset 53.
  481. Litt. Dit le Seigneur.
  482. L’auteur, sous la figure de lions affamés, etc., représente les Carmaniens, peuples sauvages dont il a parlé au verset 30 du chapitre précédent.
  483. Cette expression paraît être empruntée du chap. XXXIV de saint Matthieu, verset 8.
  484. Après qu’on l’a dépouillé de ses fruits.
  485. Il est question ici des époux fiancés, mais non encore mariés.
  486. Qui n’y doit faire aucun établissement solide.
  487. Comme en fuyant.
  488. C’est-à-dire : Sans aucun attachement et dans un parfait dépouillement, d’autant qu’il n’en jouira pas longtemps ; ce qui semble être copié sur ce que dit saint Paul, 1 Cor. vi, 29 et seqq.
  489. Autr. : Hait une femme sage. D’autres versions portent : De même qu’une honnête femme hait celle qui est débauchée ; et ce dernier sens est conforme à ce qui est dit au verset suivant, où l’auteur achève et termine sa comparaison.
  490. Selon quelques exemplaires, d’autres traduisent : Ils feront avaler à ceux qui auront été blessés à mort des viandes sacrifiées aux idoles ; ce qui paraît plus conforme au sens du verset suivant, qui porte, qu’ils se riront de ceux qui auront consenti à leurs désirs ; c’est-à-dire, de manger de ces idolothytes.
  491. Cette comparaison a bien du rapport avec celle du verset 8 du chap. vi de l’Épître de saint Paul aux Hébreux.