Jacques-Paul Migne/Psaume 151

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Psaume 151
Traduction par J. P. Migne.
(1p. 468-469).

PRÉFACE.


« L’auteur de la Synopse ou de l’abrégé de l’Écriture sainte, qui est entre les œuvres de saint Athanase, cite un psaume de David, qu’il dit être hors des cent cinquante qui composent le Psautier, dont néanmoins il fait aussi l’extrait ; et il ajoute que ce saint roi le composa à l’occasion du combat qu’il eut contre Goliath, ce qui prouve que ce psaume était reçu dans quelques églises particulières ; c’est pour cette raison qu’il a été imprimé à la fin des psaumes de quelques éditions grecques, et qu’il se trouve rapporté en arabe et en latin à la fin du livre des Psaumes dans les polyglottes. Il n’a point été reçu par toute l’Église, et en conséquence il a été rejeté entre les ouvrages apocryphes, ou autrement hors du canon des saintes Écritures, quoique, au fond, il ne i contienne rien en soi qui ne soit véritable, et qui ne soit digne du nom de celui qu’on en croit l’auteur. »

Cette préface est tirée de la Bible de Sacy, et reproduite par les éditeurs de la Bible de Vence (tom. XXV, p. 13), qui ont retranché le passage suivant : ce qui prouve que ce psaume était reçu dans quelques églises particulières. C’est pour cette raison qu’il omet le mot toute, qui se trouve dans quelques lignes plus bas, et la fin depuis ces mots : quoique, au fond, etc.

L’auteur de la Synopse vivait, à ce qu’il paraît, après saint Athanase. On ne trouve pas d’auteur qui ait fait mention du psaume CLI avant Vigile de Thapse. Euthymius est un des premiers Grecs qui en aient parlé. On a cru que saint Jean Chrysostome l’avait cité dans son homélie 17 au peuple d’Antioche ; mais il me semble que le saint docteur a plutôt tiré des Rois ce qu’il dit du combat de David contre Goliath.

« Les saints Pères qui ont fait des commentaires sur les psaumes (dit l’auteur de la Préface sur les psaumes, dans la Bible de Vence, art. 11, tom. X, p. 113) n’ont fait aucune mention de celui-là. S’il a jamais été écrit en hébreu, il faut qu’on n’en ait fait aucun cas, puisque Esdras, ou quelque autre qui a fait le recueil des psaumes que nous avons, ne l’a pas jugé digne de tenir place parmi les autres. Mais il y a beaucoup plus d’apparence qu’il n’a jamais existé en hébreu le style est d’un helléniste qui a voulu s’exercer à composer une pièce sur l’histoire de la défaite de Goliath, rapportée au chapitre XVII du er livre des Rois. On trouve à la tête de ce psaume un titre grec, dout voici la traduction : Ce psaume est proprement inscrit (idiypapos) du nom de Davit (ou à David), il est hors du nombre des autres ; ce fut quand il combattit seul à seul contre Goliath. Quelques manuscrits latins ont traduit ιδιόγραφος par celle expression, proprie scriptus, proprement écrit. Comme l’auteur de cette pièce parle au nom de David encore jeune, il y a quelques manuscrits qui portent dans le titre : De puero David, touchant David encore jeune. Ce psaume ne se trouve point dans l’édition des Septante de la Polyglotte de Complute ou d’Alcala ; on le trouve dans la versión syriaque et dans la version arabe ; mais l’autorité de ces versions n’est pas fort considérable[1].



PSAUME CLI.




David, préférablement à tous ses frères, est sacré par Samuel, pour être roi sur tout Juda et sur tout Israël ; et dans un combat particulier, il tue Goliath et remporte la victoire sur les Philistins[2].


1. J’étais petit entre mes frères et le plus jeune dans la maison de mon père[3]; je gardais ses brebis[4].

2. Mes mains ont fait un instrument, et mes doigts ont accordé un psaltérion[5].

3. Et qui invoquera le Seigneur, que le Seigneur lui-même ne l’exauce.

4. Lui-même il a envoyé son ange[6]; il m’a tiré des troupeaux de mon père et m’a oint de l’huile de son onction[7].

5. Mes frères étaient beaux et grands ; et le Seigneur ne s’est point plu en eux[8].

6. Je me suis avancé à la rencontre de l’étranger[9] ; il m’a maudit par ses idoles[10].

7. Mais moi lui ayant arraché son épée je lui ai coupé la tête[11], et j’ai l’opprobre de dessus les enfants d’Israël[12].

  1. Ajoutons qu’on le trouve aussi dans la traduction éthiopienne et dans l’Anglo-Saxonne. Fabricius, en intro luisant ce psaume (Cod. V. Tes !., 4. I, p. 905), a joint la traduction grecque et les paraphrases en vers grecs et latins d’une femme du XVIe siècle douée d’une grande érudition : Olympia Morata.
  2. La traduction de ce psaume a été revue et corrigée sur le grec.
  3. David était le plus jeune des sept fils d’Isai (I Reg. xvi, 11) ; tous étaient de bonne mine et d’une taille avantageuse. (Ibid., 7.) — Isai avait huit fils. (Ibid., 10, 11, et xvi, 12.) — David qui était le plus jeune (1 Reg. xvii, 11), était aussi le plus petit. (Ibid., 14.)
  4. (1 Reg. xvi, 11 ; xvii, 15).
  5. (1 Reg. xvi, 18, 23).
  6. Le mot ange signifie un envoyé, un messager ; quelquefois l’Écriture nomme ainsi un prophète, parce qu’un prophète est envoyé. Cela est dit
  7. I Reg. xvi, 11-13.
  8. I Reg. vi, 10 ; autrement : Dieu les a rejetés (vers. 7) ou ne les a point choisis (vers. 9).
  9. Du philistin Goliath (I Reg. XVII, 4).
  10. Ibid., 43.
  11. Après l’avoir abattu d’un coup de pierre (ibid., 19).
  12. C’est-à-dire : J’ai vengé Israël des insultes des Philistins et du défi que leur avait fait Goliath. (Ibid., 8-10.)