Je m’accuse…/Post-Scriptum

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Édition de « La Maison d’Art » (p. 173-177).




Ce matin, 14 octobre, je reçois un exemplaire de « Fécondité » qui vient de paraître. Masse énorme de 750 pages et de 26.000 lignes !!!

J’apprends, alors, que ce bouquin est le premier d’une série nouvelle qui s’intitule incroyablement :


Les Quatre Évangiles


L’Aurore n’avait pas divulgué cette marque. Le Crétin voulait une surprise et, ma foi ! je l’ai eue, pour ma part, en pleine poitrine. Le moyen, en effet, de deviner qu’un écrivain si salaud eût tant d’esprit ?!!!

Tout s’éclaire, maintenant, le choix du nom de Matthieu et les listes généalogiques, probablement aussi quelques autres détails, inintelligibles aussi longtemps qu’on ignore les intentions de cet exégète qui sait à peine lire, dont l’ignorance est infinie et qui comprend le Texte sacré comme une vache italienne peut comprendre l’Oraison Dominicale.

Il serait évidemment sans intérêt de constater, une fois de plus, l’impiété parfaite et, si j’ose dire, la mauvaise foi dans l’impiété, d’un scribe de bas étage dont chaque ligne est saturée, à son insu, des formes chrétiennes qu’on lui inculqua dans sa misérable enfance première, et qui ose « parler de l’exécrable cauchemar du Catholicisme » !

Avant d’exhaler à propos du capitaine « martyr », l’indignation sans éloquence d’un paralytique ; avant de baver, contre tel ou tel soldat, des accusations de mensonge, de banditisme ou de forfaiture ; ne pense-t-on pas que ce justicier de la garde-robe, ce chevalier de l’évacuation se devait auparavant disculper lui-même des calomnies honteuses de son lâche roman sur Lourdes et des basses blagues de son pamphlet contre Rome où il ne pardonnera jamais à aucun humain d’avoir été accueilli comme un merdeux ?

Mais que dis-je ? Depuis quelques lustres, il écrit, sans doute, par ordre, comme d’autres acquittent les criminels ou condamnent les innocents. Les sociétés occultes affiliées à tous les démons, seraient par trop sottes, vraiment, de ne pas utiliser un aussi parfait esclave !

Attendons, maintenant, les trois Évangiles à paraître. Émile s’accorde ainsi à lui-même, généreusement, trois années encore, pour le moins.

Ernest Hello — dont il est, sans doute, incapable de déchiffrer une ligne et dont il ignore jusqu’au nom — a dit plusieurs fois, et de différentes manières, que lorsqu’un homme triomphe en lui-même, croyant avoir dompté le destin, et qu’il assigne la Providence à comparaître devant lui, sa mort est proche. Espérons !

Pour en finir avec les Quatre Évangiles, il n’est pas difficile de prévoir que le protagoniste du premier se nommant Matthieu, celui du second sera Marc, celui du troisième Luc et celui du quatrième Jean. Cette idée rudimentaire est tout à fait dans les moyens d’Émile Zola.

Mais voici ce qui m’embarrasse. Pour saint Luc et pour saint Jean, cela va tout seul. Saint Luc lui fournira l’occasion d’un blasphème immonde qu’on peut deviner, qui réjouira tous les commis-voyageurs et dont sa gloire sera incalculablement augmentée. Saint Jean lui prêtera les ailes de l’Aigle. On saura décidément que « la Parole est en lui, Zola, et que c’est lui qui est la Parole ». C’est très-simple, comme on peut voir.

Pour ce qui est de saint Marc, je ne sais pas. Je ne vois guère que le Lion qui pourrait servir. Encore faut-il savoir ou se rappeler qu’un jour, ce pauvre putois d’Émile s’est dit lui-même un lion (Gil Blas, 25 mars 94).

Au fait quelle occasion de continuer la petite réclame pour le Niger et la colonisation du Soudan, lequel paraît être, en effet, un sacré pays plein de « lions noirs » et de « bœufs à bosse » !

Il est vrai que ce puant peut crever demain. C’est la grâce qu’il faut charitablement souhaiter à des damnés qui ne peuvent plus qu’accroître la rigueur inexprimable de leurs châtiments éternels.