Jeanne d’Arc considérée au point de vue franco-champenois, par l’abbé Étienne Georges (Lefèvre-Pontalis)

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Jeanne d’Arc considérée au point de vue franco-champenois, par l’abbé Étienne Georges (Lefèvre-Pontalis)
Bibliothèque de l’École des chartestome 56 (p. 154-168).
Jeanne d’Arc considérée au point de vue franco-champenois, par l’abbé Étienne Georges. Troyes, Léopold Lacroix ; Paris, Émile Lechevalier, 1894. In-8o, V-538 pages.


Dans l’étude qui porte ce titre, M. l’abbé Georges s’est proposé de grouper et de présenter les arguments et les considérations qui peuvent rattacher la libératrice de la France au pays champenois, avec l’histoire duquel de nombreux travaux l’ont depuis longtemps rendu familier.

L’ouvrage est divisé en quatorze chapitres, dont les deux premiers (État de la Champagne au temps de la famille de Jeanne d’Arc, p. 1-48, et La Champagne considérée comme la patrie provinciale des ancêtres de Jeanne d’Arc, p. 49-72) sont consacrés à des considérations générales sur l’histoire de Champagne, et dont le dernier (Récapitulation des principaux arguments relatifs à la patrie provinciale de Jeanne d’Arc, p. 502-535) contient plus spécialement l’exposé actuel de la question, toujours passionnément discutée, de la nationalité exacte assignée au lieu natal de la Pucelle. Le rôle joué par la Champagne, à tous les âges, dans la construction et dans la défense de la patrie française, est certes un des plus actifs et des plus nobles : n’est-il cependant pas quelque peu disproportionné d’en exposer toutes les phases depuis l’origine de la guerre de Cent ans ? Aussi peut-on se contenter de mentionner seulement cette première section du volume. Quant au dernier chapitre, l’occasion s’offrira de le discuter en détail.

Pour en venir à la fraction plus rigoureusement personnelle de cette longue étude, il convient tout d’abord de relever les renseignements fournis par les chapitres III et IV sur l’origine de la famille paternelle et maternelle de Jeanne d’Arc. C’est ainsi que de nombreux détails sont réunis sur Ceffonds, le village champenois voisin de la célèbre abbaye de Montierender, localité qui, d’après la tradition, confirmée par des témoignages fixés dès les premières années du XVIIe siècle, passe généralement pour le lieu natal de Jacques d’Arc. Même groupement en ce qui concerne le bourg de Vouthon, situé peut-être en pays barrois, mais en tout cas dans les cantons mouvants de la couronne de France, petit centre agricole qui semble le berceau originel d’Isabelle Romée. Les relations de cette branche barroise de la famille de Jeanne d’Arc avec la contrée champenoise, notamment avec le district Perthois, où viennent s’implanter plusieurs de ses rameaux, sont également l’objet d’un complet exposé. L’auteur est au courant des dernières recherches de l’érudition sur ces points et, en les éclairant mutuellement l’un par l’autre, résume judicieusement les résultats acquis.

« L’influence du milieu champenois… et la réaction de ce milieu contre la Lorraine, restée féodale et devenue anglo-bourguignonne, » tel est (p. 122) le thème du chapitre suivant. Termes qui représentent, comme croit devoir le rappeler M. l’abbé Georges en citant (p. 524) un passage d’une lettre particulière en date de février 1888, l’expression même de la pensée de M. Siméon Luce sur la question. On trouvera dans ce chapitre, et dans celui qui lui fait suite, un résumé de cette histoire régionale de la Champagne orientale, entre 1420 et 1429, que l’auteur des Recherches critiques sur les origines de la mission de la Pucelle avait créée de toutes pièces et pour ainsi dire sortie du néant.

Il serait superflu d’insister sur l’importance des événements dont la Champagne fut le théâtre, dans la triomphale campagne de 1429, après la levée du siège d’Orléans, et sur la situation privilégiée occupée de tout temps dans l’histoire de France par la métropole rémoise, où se symbolise, en cette année mémorable, le couronnement de la carrière de la Pucelle. L’auteur consacre ses deux chapitres VIII et IX (p. 240-326) au récit de ces faits, exactement présentés, quoique sans contribution nouvelle, difficile d’ailleurs à imaginer sur des événements depuis longtemps suivis de si près.

Par contre, n’est-on pas en droit de trouver une exagération singulière dans le développement de la théorie que soutient ailleurs M. l’abbé Georges (chap. VII, p. 192-239) ? L’esprit des croisades, dont Jeanne d’Arc aurait été l’expression idéale, serait l’esprit champenois lui-même ! Était-il bien nécessaire de consacrer encore de longues pages, ingénieuses certainement, mais ne côtoyant même pas la question, à « la Champagne, considérée comme berceau de la langue d’oïl, langue spirituellement parlée par Jeanne d’Arc » (chap. X, p. 326-376) ? Chrestien de Troyes, Villehardouin et le comte Thibaud peuvent avoir possédé, chacun à leur heure, leur charme expressif, sans autoriser pour cela d’aussi lointains et inattendus rapprochements. De même, est-on bien en droit d’assurer que le « caractère franco-champenois » soit celui que personnifie Jeanne d’Arc pendant le cours de son procès (chap. XI, p. 377-422) ? Il me semble qu’un autre Champenois, et non des moindres, jouait aussi dans ce procès quelque rôle, et ne suffirait-il pas, pour infirmer l’excès d’une telle thèse, d’opposer à l’héroïque victime le souvenir de son haïssable juge, le Rémois Pierre Cauchon ? À part l’origine familiale de Jouvenel des Ursins, qui préside la première instance de réhabilitation ouverte en 1455, et celle de Jacques Gelu, auteur d’un des mémoires adressés à cette occasion à Charles VII, on ne voit pas bien non plus que le rôle joué par la Champagne dans le procès de réhabilitation, et auquel est cependant réservé tout le chapitre XIII (p. 462-561), ait été si considérable et si prépondérant. Rien n’est certes plus louable, plus fécond en œuvres comme en caractères, que le patriotisme local : il convient cependant de le maintenir dans les limites auxquelles il a droit, et qu’il ne lui convient pas d’outrepasser.

On rentre dans une discussion plus sûre avec la partie consacrée aux événements accomplis dans la région champenoise de 1430 à 1453, depuis la capture de Jeanne d’Arc jusqu’à l’expulsion définitive des Anglais (chap. XII, p. 422-461). Bien que cet exposé n’ait plus de rapport avec la carrière même de la Pucelle, il achève l’histoire de l’invasion en Champagne, de 1420 à 1429, résumée, comme on l’a vu, dans une des parties antérieures de l’ouvrage. On y rencontrera un utile groupement de faits, tous déjà connus sans doute, mais habituellement dispersés dans de multiples études, et dont on ne trouverait pas ailleurs une aussi complète réunion.

La fin de l’ouvrage (chap. XIV, p. 502-535) représente une annexe spéciale, exclusivement réservée à la discussion de l’exacte nationalité provinciale de Jeanne d’Arc, champenoise, barroise ou même absolument lorraine. En 1882, M. l’abbé Georges avait déjà consacré à cette question une étude qui tient sa place dans la liste déjà longue des publications réservées à ce problème historique[1]. Il y ajoute cette fois les contributions nouvelles apportées depuis, dans un sens ou dans l’autre de cette polémique toujours ouverte et qui ne laisse pressentir aucune clôture prochaine.

L’énigme est en effet des plus complexes. On nous pardonnera, à l’occasion du compte-rendu de cet ouvrage, d’élargir le cadre de cette simple analyse et de reprendre la discussion, en nous bornant strictement à l’examen des arguments déjà émis, sans chercher, à aucun prix, à en ajouter d’autres au débat, mais en essayant d’en résumer brièvement les divers et multiples aspects.

En ce point de l’Argonne et de la vallée de la Meuse, pays d’origine et d’attache de la libératrice de la France, le régime féodal avait accumulé les complications de territoire les plus bizarres et les plus hétéroclites[2]. Duché de Lorraine, Barrois, comté de Champagne enchevêtraient leurs frontières administratives et naturelles dans la plus inextricable confusion. À la rive droite de la Meuse finissait la Lorraine proprement dite ; le comté de Champagne et, par lui, le royaume de France atteignaient la rive gauche ; quelques lieues plus bas, le comté de Barrois, haussé depuis 1355 au titre de duché, occupait les deux bords, et, entre les deux grands états voisins, multipliait ses pénétrations et ses enclaves. Depuis divers actes passés en 1302[3] et en 1308[4], dans le détail desquels il serait oiseux d’entrer, la partie du Barrois située sur la rive gauche de la Meuse, et notamment la châtellenie de Gondrecourt, relevait du royaume de France, l’autre portion continuant à dépendre du duché de Lorraine. Les deux fractions, possédées par le même souverain, portaient le nom, la première de Barrois Mouvant ou Royal, la seconde de Barrois non Mouvant ou Ducal.

Il n’a jamais été question de placer Domremy dans le Barrois Ducal. La thèse que les partisans de l’origine absolument lorraine de la libératrice de la France se hasardent à avancer se réduit à deux arguments.

Domremy tout entier faisait partie de l’ancien duché de Lorraine-Mosellane, se contente de soutenir, avec une inattaquable modération, M. Léon Germain, et les habitants de la région géographique barroise, tout comme ceux de Metz ou de Nancy, ont droit par tradition acceptée, par expression générale, au nom et à la qualité de Lorrains[5]. Cette opinion serait-elle reconnue comme exacte, — discussion qui outrepasserait singulièrement les limites déjà trop agrandies de cette analyse, — il n’en resterait pas moins avéré que ce débat n’offre qu’un intérêt d’ordre purement rétrospectif ou sentimental.

La seconde théorie manifeste plus d’exigences : elle veut qu’on puisse qualifier Jeanne d’Arc de Lorraine, au sens politique du mot. M. Chapellier, bibliothécaire de la ville d’Épinal, s’en est fait le plus actif et le plus énergique partisan[6]. Les raisons qu’il allègue se ramènent pourtant, et seulement, à celle-ci, à savoir que, pendant une partie du cours de la vie de la Pucelle, le duché de Bar, comprenant le Barrois Mouvant, et le duché de Lorraine furent unis tous deux sous le même souverain, René d’Anjou, — le roi René[7], — mis en possession du duché de Bar en 1420 par son grand-oncle, le dernier duc, dont il était institué héritier dès 1419, marié en 1420 à Isabelle, héritière du duché de Lorraine, puis duc de Lorraine lui-même à partir du 25 janvier 1431. Mais il ne faut pas oublier d’observer que, pour que cette opinion puisse être seulement soutenue, il serait nécessaire de prouver que le lieu natal de Jeanne d’Arc se trouvait lui-même en Barrois Mouvant, condition préalable dont on va peut-être démontrer toutes les difficultés. Il faut remarquer en outre que, cette preuve serait-elle faite, l’union personnelle des duchés de Bar et de Lorraine, depuis l’avènement de René d’Anjou, laissait, comme par le passé, le Barrois Ducal à l’état de fief lorrain et n’empêchait nullement le Barrois Mouvant de demeurer fief de la couronne de France. En tout cas, et de toutes façons, Jeanne d’Arc ne peut donc être née ni avoir jamais vécu sujette de la cour de Nancy. C’est une affirmation à laquelle il faut désormais renoncer. Comme originaire, non de Lorraine, mais des Marches de Lorraine, la vierge de Domremy n’a droit qu’à la vague et traditionnelle désignation consacrée par les vers immortels de Villon, sans lesquels, sans doute, on ne songerait pas à relever cette touchante mais inacceptable théorie.

Si Jeanne d’Arc n’est pas Lorraine, au sens propre et exact du mot, continuent cependant les représentants de l’école d’érudition dont les opinions viennent d’être citées, elle n’est pas davantage Française. Elle est tout au moins née Barroise, le lieu de sa naissance faisant partie du territoire compris dans les limites du Barrois Mouvant. En tout cas elle n’est pas née sur terre de France.

C’est ici que la question se précise et exige un scrupuleux examen.

Les recherches de Vallet de Viriville[8], les résultats condensés par M. Wallon[9], l’enquête plus récente de Siméon Luce[10], ont établi qu’à ce moment du XVe siècle, le groupe d’habitations connu sous le nom global de Domremy se trouvait scindé en deux sections inégales. L’une, la plus considérable, dépendait alors, par la châtellenie de Gondrecourt, du Barrois mouvant. L’autre, la moindre, avec tout ou partie du village de Greux, limitrophe et tout voisin, relevait, par le bailliage de Chaumont-en-Bassigny, du territoire directement français. Le cours d’un ruisseau, affluent de la Meuse, aurait servi de limite et strié ainsi le village entre Champagne et Barrois. En tout cas, c’est dans cette seconde section de Domremy, la section strictement française, que se trouvait située l’habitation de Jacques d’Arc et d’Isabelle Romée, père et mère de Jeanne, habitation où la libératrice de la France vint au monde, comme on le croit, le 6 janvier 1412.

Entre autres arguments, — qui feraient double emploi avec ceux qu’on se verra obligé d’énumérer tout à l’heure, à l’occasion d’un second aspect de la question, — il existe un certain nombre de témoignages, contre lesquels rien ne peut prévaloir, et qui mettent cette thèse au-dessus de toute discussion. Le texte officiel de l’interrogatoire auquel Jeanne d’Arc fut soumise à Rouen (no 4 des 70 articles de l’interrogatoire définitif, séance du mercredi 28 mars 1431[11]) ; — le texte officiel des lettres d’anoblissement de la famille d’Arc, en date de décembre 1429[12] ; — le texte officiel de la décharge d’impôts accordée aux habitants de Domremy et de Greux, en date du 31 juillet 1429[13], contiennent tous trois l’indéniable et administrative mention que le lieu natal de la Pucelle dépendait du bailliage français de Chaumont-en-Bassigny, et, ajoute l’un d’eux[14], d’une des prévôtés de ce bailliage, de la prévôté d’Andelot. Témoignages prépondérants, que l’ouvrage de M. l’abbé Georges aurait gagné à distinguer plus nettement des autres, en insistant sur ce fait, dont il paraît négliger la mention, à savoir que ces trois documents signalent expressément, et non pas seulement par déduction, le rattachement légal de Domremy, ou tout au moins d’une de ses sections, au bailliage français de Chaumont.

Est-il vraiment besoin, devant de tels arguments, d’énumérer les raisons que les partisans lorrains de l’origine barroise ont cru pouvoir tirer d’un déplacement, encore contestable, paraît-il, du ruisseau-frontière auquel il vient d’être fait allusion ?

Le tracé actuel de ce ruisseau, dit des Trois-Fontaines, qui coupe en effet, aujourd’hui encore, le village de Domremy en deux parties inégales[15], pourrait, reconnaissent les érudits lorrains, servir de preuve aux partisans du rattachement d’une section du village au territoire français, section dans laquelle, à l’heure qu’il est, et à n’en juger que d’après la configuration présente du sol, se trouverait distribuée l’habitation natale de Jeanne d’Arc. Mais, se hâtent-ils d’ajouter, le sillon actuel du cours d’eau n’est tel que depuis le courant du XVIIIe siècle, époque où il est avéré que des travaux de route eurent à détourner la pente naturelle et ancienne des eaux, qui laissait Domremy tout entier d’un même côté, c’est-à-dire le côté barrois. Si donc, continuent-ils, on prend pour base la limite tracée par le cours même du ruisseau des Trois-Fontaines, avant sa déformation récente, il faut admettre que le territoire intégral de Domremy se trouvait en terre de Bar.

On vient cependant de voir combien cette modification de direction, détail complémentaire de la question, importe peu en elle-même, puisque d’autres éléments d’information plus sûrs, tirés de raisons administratives, et non plus topographiques, permettent de négliger son apport dans la discussion. De 1851 à 1857, une polémique assez serrée s’était engagée, sur ce point comme sur les autres, entre M. Henri Lepage, archiviste de la Meurthe, et M. Athanase Renard, ancien député de la Haute-Marne, maire de Bourbonne, partisans, le premier de l’origine barroise et lorraine, le second de l’origine champenoise et française[16], polémique au cours de laquelle un autre érudit, M. Pernot, de Vassy, dégageait la formule : Jeanne d’Arc Champenoise et non pas Lorraine[17]. Dès cette époque, M. Renard signalait toute l’importance des constatations administratives ressortant des textes officiels contemporains et les opposait aux déductions topographiques de son érudit contradicteur. Argument déjà ancien, mais auquel sa date n’ôte rien de sa valeur. L’auteur du présent ouvrage, qui fait seulement allusion à cette polémique, aurait pu utilement le rappeler.

Plus spécieuse serait la thèse qui tend à démontrer qu’à aucune époque, — question topographique à part, — aucune partie de Domremy n’aurait fait partie du territoire français. Déjà soutenue, subsidiairement à la précédente, par M. Henri Lepage, avec une entière et remarquable connaissance des documents locaux relatifs à la question, cette théorie a été reprise par M. J.-Ch. Chapellier, bibliothécaire de la bibliothèque d’Épinal, dans ses deux notices sur la véritable nationalité de Jeanne d’Arc, éditées en 1870[18] et en 1886[19], et, plus récemment encore, dans la publication intitulée : Deux Actes inédits du XVe siècle sur Domremy[20], toutes résumées dans sa récente Étude sur Domremy, pays de Jeanne d’Arc[21].

Il peut être parfaitement exact que, dès 1246, on constate que les seigneurs de Bourlemont, suzerains du lieu, possédaient des terres à Domremy et à Greux, ainsi que le fait voir un acte cité pour la première fois, à ce qu’il semble, par M. Lepage[22]. — Il n’en est pas moins vrai qu’en 1334, les mêmes seigneurs de Bourlemont, tout en retenant encore certains droits à Greux et à Domremy, ainsi que le fait voir un acte de 1320[23], cité par M. Siméon Luce, faisaient hommage au comte de Bar, non pas de la totalité, mais bien seulement d’une fraction de Domremy, limitée, sinon par tout le cours du ruisseau déjà cité, au moins par un repère situé sur ce cours d’eau, repère qu’on retrouvera, identique et pareil, cent vingt-cinq ans plus tard[24]. Il n’en est pas moins vrai qu’en 1398, l’aveu et dénombrement rendu par Jean de Bourlemont au duc de Bar excepte Greux de sa seigneurie, en y conservant néanmoins toujours certains droits, et que si l’acte énumère un certain nombre de biens lui appartenant à Domremy, il ne s’ensuit nullement pour cela qu’il possédât la totalité du village[25]. Il n’en est pas moins vrai (en négligeant les textes contemporains du procès dont il a été parlé[26]) qu’en 1460, une décision de l’élection de Langres délimitait minutieusement la section de Domremy directement comprise dans le royaume de France, ainsi que celle appartenant à la châtellenie de Gondrecourt et au duché de Bar, et que cette délimitation officielle se basait sur le même repère que la répartition résultant de l’aveu de 1334, repère traditionnel qui paraît être demeuré identique et intact[27]. Il n’en est pas moins vrai qu’en 1481, et depuis, sans interruption, à ce qu’il semble, jusqu’en 1571, le nom de Domremy et celui de Greux figurent sur les registres de l’élection française de Langres[28]. Ces faits établis, il peut être parfaitement exact qu’en 1730, voire même en 1603, des procès privés constatent plus ou moins le rattachement de Domremy tout entier à la Lorraine[29], qu’en 1611 et en 1586, l’enregistrement des actes passés à Domremy s’opère à Gondrecourt, qu’en 1580 Domremy soit représenté aux États de Lorraine[30]. Tous ces derniers arguments seraient en effet de date postérieure au concordat de 1571, conclu entre le duc de Lorraine et le roi de France, acte sur lequel M. Vallet de Viriville, dans plusieurs de ses études, a particulièrement insisté, en exagérant peut-être quelque peu son importance en ce qui concerne cette question délicate[31]. Encore trouve-t-on Domremy et Greux figurant sur les registres de l’élection de Langres ou de Chaumont[32], après ce concordat, en 1572, 1576 et 1584[33], et, à cette dernière date encore, classés tous deux dans la prévôté d’Andelot, l’une des prévôtés du bailliage français de Chaumont-en-Bassigny[34]. Donc, quoi qu’il en soit, pour la période antérieure et postérieure au XVe siècle, il n’en est pas moins établi qu’au temps de la naissance et de la vie de Jeanne d’Arc, Domremy, ou tout au moins une des sections du village, était regardé comme partie intégrante du domaine et comme terre de France.

Tel était l’état de la question quand récemment un document fut produit, auquel les partisans de la cause lorraine se sont peut-être trop hâtés d’attacher l’importance décisive qu’ils semblent lui réserver. Je veux parler de la main-levée, en date du 12 septembre 1468, publiée par M. Chapellier dans sa dernière étude : Deux Actes inédits du XVe siècle sur Domremy[35]. De cette pièce, tirée des archives départementales de la Meurthe, il résulte qu’à cette date précitée de 1468, les autorités du bailliage français de Chaumont se voyaient obligées de lever une saisie indûment pratiquée, sous prétexte de défaut d’hommage, sur les fiefs de Jean IV, comte de Salm, sis à Domremy et à Greux[36]. M. Chapellier croit pouvoir en déduire que les deux villages tout entiers « étaient, comme toute la châtellenie de Gondrecourt, du Barrois Mouvant. » Conclusion parfaitement exagérée, l’acte en question prouvant tout simplement une fois de plus, — ce que personne ne songe à contester, — que la partie de la seigneurie de Domremy et de Greux, reconnue de tout temps, et encore en 1460, dans la décision de l’élection de Langres, comme relevant du Barrois, était classée comme en dépendant encore en 1468. C’est ce qu’une lettre privée de M. Siméon Luce, en date du 9 mars 1890, citée par M. l’abbé Georges (p. 524-525), met très nettement en lumière. C’est ce que vient confirmer un autre élément de discussion assez décisif, à ce qu’il semble, et qu’on pourrait s’étonner de ne voir invoqué nulle part, à savoir la remarque suivante. La section de Domremy signalée dans la décision de 1460 comme relevant seule du Barrois et celle indiquée dans la main-levée de 1468 comme dépendant également du duché de Bar sont exactement identiques. Dans l’un et l’autre acte, cette section est définie comme appartenant au comte de Salm, Jean IV, héritier direct des Bourlemont, anciens possesseurs, comme on l’a vu, de cette fraction du village[37]. Tous les arguments tirés de la décision de 1460, pour ne parler que de cette pièce, où la scission des territoires est si curieusement spécifiée, ne perdent donc rien de leur valeur et subsistent dans toute leur force. Comme corollaires à ce document, M. Chapellier, au cours de la même étude, citait particulièrement deux autres textes, l’un de 1500, où le village de Greux est dit « ou duchié de Bar, » l’autre de 1616, d’où il ressort que « la maison de Jeanne la Pucelle » est bien située sur le territoire de Domremy et non sur celui de Greux[38]. La première de ces deux assertions ne semble pas du tout constituer un argument sans réplique, ces sortes de dénominations territoriales étant souvent, par essence, aussi vagues que contradictoires, et Greux pouvant parfaitement, alors comme à d’autres époques, constituer un village mi-partie. Puis, si l’on veut bien se rapporter au texte même, et non pas seulement au fragment cité de la pièce, on voit que cet acte représente une requête adressée au roi de France à l’effet d’obtenir confirmation de l’exemption d’impôts concédée en 1429. Considérations qui rendent assez illusoire le passage invoqué par l’érudit lorrain. Quant à la seconde affirmation, à savoir que la maison de Jeanne d’Arc était située sur Domremy même, elle n’a jamais été révoquée en doute par qui que ce soit d’autorisé. Elle vient simplement confirmer ce que Jeanne d’Arc disait d’elle-même à un juge de France, à savoir « qu’elle était née à Domremy, village qui ne fait qu’un avec Greux » (interrogatoire préalable, séance du mercredi 21 février 1431)[39]. Ce dernier document produit par M. Chapellier, tout comme le précédent, et celui qu’ils accompagnent, doit donc être regardé comme absolument insuffisant à fournir un argument quelconque en faveur de la thèse en soutien de laquelle ils sont spécialement avancés. Tous trois sont intéressants sans doute, mais sans portée départageante, et aucune des raisons énumérées en appui de l’origine purement française de la Puceile ne peut s’en trouver atteinte ou atténuée[40].

Le seul point sur lequel la récente découverte d’un document vainement recherché jusqu’alors ait pu modifier les conclusions proposées depuis les recherches de M. Siméon Luce[41], est le suivant. À l’heure qu’il est, on ne saurait plus à quelle époque précise le lieu natal de Jeanne d’Arc, c’est-à-dire la section nord de Domremy et tout ou partie du village de Greux, serait devenue partie intégrante du domaine royal français. On aurait pu croire que ce territoire avait été compris dans l’échange de la seigneurie de Vaucouleurs, faite par Jean de Joinville, seigneur dudit lieu, à Philippe VI de Valois, en 1335, acquisition déclarée indissolublement unie à la cour par une ordonnance de 1365[42]. Un curieux texte, tout dernièrement signalé aux archives municipales de Vaucouleurs même, — intercalé dans une série de pièces de procédure en date de 1620 et de 1702, — par M. Chévelle, maire de Vaucouleurs, fait voir que cette assertion ne serait plus exacte[43]. Ce document n’est autre que le procès-verbal même de prise de possession du territoire ainsi cédé par Jean de Joinville au roi de France, procès-verbal dressé en 1341, peu après la cession, pièce dont M. Siméon Luce regrettait profondément et loyalement de n’avoir pu retrouver trace[44]. Or, ce procès-verbal[45], qui contient l’énumération des villages composant ladite seigneurie, ne porte pas trace de Domremy ni de Greux[46].

On ignorerait donc, — jusqu’à découverte d’un texte ou d’un fait plus explicatif, — quand et par suite de quelles circonstances une partie du territoire de Domremy, ainsi que Greux, aurait pu passer au domaine français[47].

N’est-il pas beaucoup plus simple, plus logique, plus satisfaisant d’admettre une autre thèse, dont la vérité saute aux yeux cependant, à savoir que la section nord de Domremy et le village de Greux, en tout ou en partie, se rattachent tout naturellement aux mêmes circonscriptions que celles dont ces territoires dépendaient au temps de Jeanne d’Arc, c’est-à-dire, dans le bailliage de Chaumont, à la prévôté d’Andelot ? Ces terroirs ne figurent pas dans la prévôté de Vaucouleurs en 1335, parce qu’ils ne lui ont jamais appartenu, dépendants qu’ils étaient en réalité d’un autre ressort. Par conséquent, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’on ne les voie pas réunis au royaume en 1335 ou 1341, puisqu a cette date ils l’étaient depuis longtemps, ayant suivi le sort des cantons rattachés à la Champagne, et incorporés au sol français avec cette province, à la fin du XIIIe siècle. Ils n’ont pas eu à entrer dans le domaine, parce qu’ils en faisaient déjà partie, et n’en avaient pas été distraits[48].

Voilà, semble-t-il, l’erreur où M. l’abbé Georges, à la suite, il est vrai, de l’auteur de Jeanne d’Arc à Domremy[49], s’est laissé entraîner, en suivant une piste fausse et sans considérer suffisamment la valeur intrinsèque des actes contemporains du procès.

Le fait que, sans distinction inutile de période, des sections au moins de Domremy et de Greux comptaient comme terre de France, subsiste donc avec toutes les mêmes preuves que précédemment. Les actes contemporains et officiels, déjà cités, un peu oubliés peut-être par tous, au fort de cette mêlée de textes secondaires, mais auxquels on serait parfaitement en droit de limiter exclusivement la discussion, n’en perdent pour cela rien de leur force et n’en pèsent pas moins dans le débat de tout leur poids décisif[50].

Cette dernière partie de l’ouvrage de M. l’abbé Georges contient en somme, sur cette question irritante, un exposé confus et inégal, mais alimenté d’arguments meilleurs que l’auteur ne le croit peut-être lui-même. M. l’abbé Georges est au courant du dossier du débat, il n’en tire pas tout le parti possible, et, en fait de dissertations sur la matière non visées dans ce chapitre, on ne voit guère que les études simultanées de M. l’abbé Nalot[51] et de M. Léon Mougenot[52]. On ne peut encore que signaler ici le mémoire que M. l’abbé Misset vient de consacrer au même sujet, et dont la nette, incisive et lucide polémique provoque à l’heure qu’il est un retentissement justifié[53].

Mais pourquoi l’auteur n’a-t-il pas cru devoir assurer à ce chapitre, presque le plus important du volume, une composition mieux ordonnée et une critique plus ferme ? Ce parti est profondément regrettable. L’absence absolue de toute référence, de toute indication de source, de toute note même, ôte à cette discussion, cependant érudite, comme aussi à tout l’ouvrage, une très grande part de l’importance et de la valeur propre qu’elle mériterait certainement sous une autre méthode. Ce n’est pas sans peine, en effet, que les arguments mis en œuvre au cours de ce chapitre, — exacts et vrais sans doute, mais confusément produits, — ont pu être ainsi dégagés et classés, augmentés peut-être, dans l’ordre où ils viennent d’être présentés. Il n’en subsiste pas moins, pour parler de l’ensemble de cette patiente étude, que, malgré d’insoutenables généralisations et d’évidents défauts de proportion, l’œuvre témoigne d’un réel effort et d’une connaissance indéniable de tous les points du sujet traité.


Germain Lefèvre-Pontalis.


  1. Jeanne est-elle Champenoise ou Lorraine ? Mémoire récapitulatif. Troyes, Dufour-Bouquot, 1882, in-8o, 32 p. (Extrait de l’Annuaire du département de l’Aube, année 1882, 2e partie, p. 1-32).
  2. Une intéressante carte politique de la région, vers cette époque, figure dans l’étude de M. le colonel de Boureulle, qui adopte et résume la thèse de M. Siméon Luce. (Le Pays de Jeanne d’Arc. Saint-Dié, 1890, in-8o, 28 p., avec plan. — Extrait du Bulletin de la Société philomathique vosgienne, 15e année, 1889-1890, p. 227-252.)
  3. Traité de Bruges, en date de l’octave de la Trinité, 1301, et non conclu en 1302, ainsi qu’on le répète généralement. C’est ce qu’a établi M. Chapellier, Étude sur la véritable nationalité de Jeanne d’Arc (première étude), dont l’indication bibliographique exacte est donnée ci-après.
  4. Acte d’avril 1308, publié par M. Siméon Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, Preuves, III, p. 4.
  5. Le savant érudit lorrain ne paraît avoir encore exprimé cette opinion dans aucune étude spéciale, mais occasionnellement seulement, à propos du compte-rendu de deux ouvrages consacrés à cette question, par M. le colonel de Boureulle (le Pays de Jeanne d’Arc), et par M. Chapellier (Étude sur Domremy, pays de Jeanne d’Arc). Cette double analyse est contenue dans les Annales de l’Est, t. V, avril 1891, p. 299-304.
  6. Cette opinion est soutenue dans l’étude de M. Chapellier qui a pour titre : Sous René d’Anjou, Domremy, Greux et Bazoilles étaient du Barrois Mouvant, parue dans le Journal de la Société d’archéologie lorraine, 38e année, février 1889, p. 35-42, et réunie à une autre étude, sous ce titre : Deux actes inédits du XVe siècle sur Domremy, Nancy, 1889, in-8o, 10 p. (Voir ci-dessous, p. 162, n. 3.)
  7. Sur ces faits, Siméon Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, Intr., p. LXV-LXX.
  8. Vallet de Viriville, Nouvelles recherches sur la famille et sur le nom de Jeanne Darc. Paris, Dumoulin, 1854, in-8o, 50 p., et dans Investigateur de mai, juin, juillet 1854, 3e série, t. IV, année 1854, p. 133-192.
  9. Wallon, Jeanne d’Arc, t. I, app. IX.
  10. Siméon Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, Intr., chap. I et II.
  11. Quicherat, Procès de Jeanne d’Arc, t. I, p. 208-209 : « … Nutrita in juventute… in villa de Dompremi super fluvium Mosæ, diocesis Tullensis, in balliviatu de Chaumont-en-Bassigny, et præpositura d’Andelo. »
  12. Ibid., t. V, p. 150-153 : « … de Dompremeyo, de ballivia Calvimontis seu ejus ressortis. »
  13. Ibid., t. V, p. 137-139 : « … des ville et villaige de Greux et Domremy, oudit bailliaige de Chaumont-en-Bassigny. »
  14. Ci-dessus, n. 3.
  15. Rappelons à ce sujet que tous les plans de Domremy, édités dans les diverses études consacrées à cette discussion, sont tirés, — sauf ceux donnés par M. Chapellier dans son Étude sur Domremy, pays de Jeanne d’Arc, et dans sa seconde Étude sur la véritable nationalité de Jeanne d’Arc, sauf aussi celui inséré par M. Lepage dans sa troisième Dissertation sur la question : Jeanne d’Arc est-elle Lorraine ? — de l’excellent plan dressé en 1820 par Prosper Jollois, le sagace érudit dont les persévérants efforts ont conservé au culte national la maison même de Jeanne d’Arc. (Histoire abrégée de la vie et des exploits de Jeanne d’Arc. Paris, P. Didot, l’aîné, 1821, in-fol., 202 p., pl. I, p. 190.) Ce plan a l’extrême mérite de n’avoir été dressé pour les besoins d’aucune cause, et c’est toujours à lui qu’il faut se rapporter pour tout ce qui n’est pas, dans la discussion, levé d’arpentage ou détail cadastral.
  16. En voici les phases successives, indiquées d’après une série d’opuscules et de recueils relativement difficiles à grouper. — Guerrier de Dumast, Philosophie de l’histoire de Lorraine. Nancy, 1850, in-8o, 36 p. (Extrait du Congrès scientifique de France, XVIIe session. Nancy, 1850, t. II, p. 275-304). — A. Renard, Souvenirs du Bassigny champenois. Jeanne d’Arc et Domremi (1851). Paris, Claye, 1857, in-8o, 24 p. (Extrait des Mémoires de la Société historique et archéologique de Langres (1851), t. I, 1847-1860, p. 103-177.) Réponse au précédent. — H. Lepage, Jeanne Darc est-elle Lorraine ? (première dissertation). Nancy, 1852, in-8o, 56 p., avec plan. (Extrait des Mémoires de l’Académie de Stanislas, année 1852, p. 139-190.) Réponse au précédent. (Voir à ce sujet : Rapport fait à l’Académie des inscriptions et belles-lettres au nom de la Commission des antiquités de la France, par Berger de Xivrey, dans Mém. de l’Acad. des inscr., t. XX, p. 244, séance publ. du 25 novembre 1853 ; lettre particulière de Quicherat à M. Lepage, en date du 3 novembre 1852, publiée dans la seconde Dissertation de M. Lepage, p. 53, n. 1 ; analyse de Vallet de Viriville, dans Atheneum français du 10 juin 1854.) — A. Renard, Jeanne d’Arc était-elle Française ? Réponse au mémoire de M. Henri Lepage intitulé : « Jeanne Darc est-elle Lorraine ? » Langres, L’Huillier, 1852, in-8o, 34 p. (Voir à ce sujet : Lettre de M. Lepage, en date du 16 octobre 1852, dans l’Union de la Haute-Marne du 22 octobre 1852 ; lettre particulière de Quicherat à M. Renard, en date du 9 janvier 1853, publiée dans la seconde Réponse de M. Renard, p. 30, n. 2 ; analyse de Vallet de Viriville, dans Atheneum français du 10 juin 1854.) — H. Lepage, Jeanne Darc est-elle Lorraine ? (seconde dissertation). Nancy, 1855, in-8o, 90 p. (Extrait des Mém. de l’Acad. de Stanislas, année 1854, p. 273-362.) Réponse au précédent. — A. Renard, Jeanne d’Arc était-elle Française ? Deuxième réponse à M. Henri Lepage. Paris, Claye, 1855, in-8o 32 p. — H. Lepage, Un dernier mot sur cette question : Jeanne d’Arc (sic) est-elle Lorraine ? (troisième dissertation). Nancy, 1856, in-8o, 16 p. (Extrait du Journal de la Société d’archéologie lorraine, 5e année, juin 1856, p. 82-95.) — A. Renard, Jeanne d’Arc était-elle Française ? Troisième et dernière réponse à M. Henri Lepage. Paris, Claye, 1857, in-8o, 29 p.
  17. Jeanne d’Arc Champenoise et non pas Lorraine. Orléans, 1852, in-8o, 19 p. (Extrait du Congrès scientifique de France, XVIIIe session. Orléans, 1851, t. II, p. 249-265.) — Vers la même époque paraissait l’étude de M. Mourin : Jeanne d’Arc est-elle Champenoise ou Lorraine ? Reims, 1853, in-8o, 11 p. (Extrait des Travaux de l’Académie de Reims, t. XVIII (1852-1853), p. 52-62.)
  18. Étude sur la véritable nationalité de Jeanne d’Arc (première étude). Épinal, 1870, in-8o, 15 p. (Extrait des Annales de la Société d’émulation du département des Vosges, t. XIII, 1869, p. 227-238.)
  19. Étude sur la véritable nationalité de Jeanne d’Arc (seconde étude). Nancy, 1886, in-8o, 15 p., avec plan. (Extrait du Journal de la Soc. d’arch. lorraine, 34e année, décembre 1885, p. 263-273.)
  20. Deux actes inédits du XVe siècle sur Domremy. Nancy, 1889, in-8o, 16 p. (Extraits du Journal de la Soc. d’arch. lorraine, 38e année, janvier-février 1889, p. 6-10 et 35-42, sous ces titres : Un nouveau document sur le père de Jeanne d’Arc, et : Sous René d’Anjou, Domremy, Greux et Bazoilles étaient du Barrois Mouvant.)
  21. Étude historique et géographique sur Domremy, pays de Jeanne d’Arc. Saint-Dié, 1890, p. 325-373, avec plans. (Extrait du Bulletin de la Société philomathique vosgienne, 15e année, 1889-1890, p. 325-373.)
  22. Actes de 1246 et 1248, cités et publiés par M. Chapellier en 1868, dans les Documents rares ou inédits de l’histoire des Vosges, t. I, année 1868, p. 1-3 ; réédités dans sa seconde Étude, dans son Étude sur Domremy, dans Siméon Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, Supplément aux Preuves, I, p. 281.
  23. Acte de 1320, cité par M. Siméon Luce, loc. cit., Intr., p. XXXIV, n. 2.
  24. Acte de 1334, cité par M. Henri Lepage, dans sa première et sa seconde Dissertation, en 1852 et 1855, publié par M. Chapellier en 1868, dans les Doc. rares ou inédits de l’hist. des Vosges, t. I, année 1868, p. 3-4, et analysé en 1869 dans sa première Étude ; réédité dans son Étude sur Domremy, dans Siméon Luce, loc. cit., Suppl. aux Preuves, II, p. 281-282.
  25. Acte de février 1398 (1397, anc. st.), cité, publié et réédité par les mêmes, à la suite du précédent. Cf. Testament de Jean de Bourlemont, en date d’octobre 1399, cité et publié par M. Siméon Luce, loc. cit., Preuves, XIII, p. 16-21.
  26. Interrogatoire, anoblissement et exemption, cités ci-dessus, p. 159, n. 3, 4, 5.
  27. Acte de 1460 et 1461, cité et publié par M. Lepage en 1852, dans sa première Dissertation ; réédité dans Chapellier, Étude sur Domremy, dans Siméon Luce, loc. cit., Suppl. aux Preuves, XXXIX, p. 349-354.
  28. Actes de 1481 à 1572, cités et publiés par M. Lepage lui-même dans sa seconde Dissertation.
  29. Acte de 1603, cité et publié par M. Lepage, en 1852, dans sa première Dissertation. — Acte de 1730, cité et publié par M. Chapellier, en 1889, dans Sous René d’Anjou, Domremy (voir ci-dessus, p. 162, n. 3). Tous deux analysés et discutés dans la récente Étude sur Domremy, du même auteur.
  30. Actes de 1586 et 1611, cités et publiés par M. Lepage, en 1855, dans sa seconde Dissertation. — Acte de 1580, cité par M. Lepage en 1852, dans sa première Dissertation.
  31. Principalement dans une Analyse de la première Dissertation de M. Lepage et de la première Réponse de M. Renard, en 1852, dans Atheneum français du 10 juin 1854 (année 1854, p. 528). Cf. Privilège de Domremy-la-Pucelle, dans Bulletin de la Société d’Histoire de France, juin 1854 (année 1854, p. 103-112).
  32. Les différents auteurs qui ont traité les détails de cette question se sont-ils suffisamment rendu compte qu’en 1574 une élection avait été établie à Chaumont ?
  33. Actes cités et publiés par M. Lepage, dans sa seconde Dissertation.
  34. Tous ces actes de 1571 à 1603 ont été l’objet d’une discussion approfondie de la part de M. Wallon, Jeanne d’Arc, t. I, Appendice IX.
  35. Sous René d’Anjou, Domremy, Greux et Bazoilles, dans Deux actes inédits (voir ci-dessus, p. 162, n. 3).
  36. « Mainlevée de la saisie des fiefs de Greux et Dompremy, » en date du 12 septembre 1468, Pièce justificative ; Deux actes inédits, p. 12-15. Texte analysé de nouveau dans Étude sur Domremy.
  37. Sur l’identification de ce personnage, Siméon Luce, loc. cit., Suppl. aux Preuves, XXXIX, p. 350, n. 2.
  38. Deux actes inédits, p. 11 et 16. Textes cités de nouveau dans Étude sur Domremy. Le premier de ces actes, celui de 1500, a été, en réalité, produit pour la première fois, discuté et publié par M. Lepage, dès 1855, dans sa seconde Dissertation.
  39. Quicherat, Procès, t. I, p. 46 : « … nata est in villa de Dompremi, qua est eadem cum villa de Grus… »
  40. C’était sur la France que « s’orientait » Domremy et la région avoisinante, selon l’heureuse expression de M. Ludovic Drapeyron, dont M. l’abbé Georges cite plusieurs lettres privées, de 1885 à 1888 (p. 526-529), et qui a consacré à celte question une intéressante étude technique. (Une application de la géographie à l’étude de l’histoire, dans Revue de géographie, t. XV, nov. 1884, p. 321-332, et t. XIX, nov. 1886, p. 321-343.)
  41. Jeanne d’Arc à Domremy, Introd., ch. I.
  42. Ibid., id., p. XX-XXIII, et Preuves, VI, p. 7-9.
  43. C. Chévelle, Estat et compte de l’eschange faict entre le roy Philippe et messire Jean de Joinville, seigneur de Vaucouleurs, 1341. Bar-le-Duc, Contant-Laguerre, 1891, in-8o, 24 p. (Extrait de l’Annuaire du département de la Meuse, année 1891, 3e partie, p. 1 à 22.) Texte analysé dès 1890, dans son Étude sur Domremy, par M. Chapellier, qui en avait reçu communication en 1887.
  44. Jeanne d’Arc à Domremy, Preuves, VI, p. 8, n. 3. — Depuis, M. Siméon Luce a pu analyser cet acte intéressant dans une dernière étude : Jeanne d’Arc, son lieu natal et ses premières années, d’après des découvertes récentes. (La France pendant la guerre de Cent ans, première série, p. 261-291. Extrait du Correspondant du 25 juillet 1889.)
  45. L’acte d’échange, en date du 15 août 1335, a été publié par M. Siméon Luce (Jeanne d’Arc à Domremy, Preuves, VI, p. 7-9). — Le procès-verbal de prisée des biens cédés par Philippe VI (ville de Méry-sur-Seine), paraissant daté du 4 octobre 1337, cité par Siméon Luce (loc. cit., p. 8, n. 3), a été vu en 1886 à Paris, à la librairie Techener, par M. Chapellier (Étude sur Domremy, p. 13-14). — Le procès-verbal de prisée des biens cédés par Jean de Joinville (châtellenie de Vaucouleurs), en exécution de lettres du 10 juin 1341, est le document publié par M. Chévelle.
  46. Voir la teneur de l’acte précité.
  47. Il convient de rappeler ici que le sentiment public de la majeure partie des habitants de Domremy est favorable au rattachement entier du village à la Lorraine au temps de Jeanne d’Arc. C’est ce qu’établit une note de M. l’abbé Durand, curé de Domremy, en date du 19 mai 1850, publiée par M. Lepage dans sa troisième Dissertation, ainsi qu’une seconde plus récente, en date de 1886, due à M. Humblot, instituteur de Domremy, et signée de M. l’abbé Bourgaut, curé de Domremy, note publiée par M. Chapellier dans sa seconde Étude et dans son Étude à Domremy.
  48. C’est ce que, au cours de l’impression de cette analyse, a démontré avec beaucoup de force M. l’abbé Misset dans une toute récente et solide étude dont indication est donnée ci-après (Jeanne d’Arc Champenoise, ch. II, p. 19-20).
  49. Siméon Luce, Jeanne d’Arc à Domremy, Introduction, ch. I, p. XX-XXIII, et Preuves, VI, p. 7-9. Cette hypothèse erronée avait été proposée par M. Pernot, en 1851, dans son étude : Jeanne d’Arc Champenoise et non pas Lorraine, p. 9-10. Elle avait déjà été émise par M. de Montrol dans son Résumé de l’histoire de la Champagne (Paris, 1826, in-18, 452 p.), p. 280-281. Cette filiation peut être curieuse à signaler.
  50. Interrogatoire, anoblissement et exemption, cités ci-dessus, p. 159, n. 3, 4, 5.
  51. Abbé Nalot, chanoine honoraire de Reims, Recherches sur la nationalité de Jeanne d’Arc. Montreuil-sur-Mer, imprimerie Notre-Dame-des-Prés, 1894, in-16, 58 p.
  52. Léon Mougenot, Jeanne d’Arc, le duc de Lorraine et le sire de Baudricourt. Nancy, Berger-Levrault, 1895, in-8o, 153 p.
  53. Abbé E. Misset, Jeanne d’Arc Champenoise. Étude critique sur la véritable nationalité de la Pucelle. Paris, Champion ; Orléans, Herluison, 1895, in-8o, 86 p.