Journal (Eugène Delacroix)/10 juillet 1850

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 2p. 9).

Mercredi 10 juillet. — Quitté Bruxelles. Pays charmant entre Liège et Verviers. Passé à Aix-la-Chapelle, sans pouvoir y entrer. Qu’il y a de temps que j’y suis venu avec ma bonne mère, ma bonne sœur et mon pauvre Charles !… Nous étions enfants tous les deux… J’ai aperçu assez longtemps le Louisberg où nous allions enlever des cerfs-volants avec Leroux, le cuisinier de ma mère. Où sont-ils tous ?

Un peu avant, nous avions pris les voitures prussiennes, beaucoup plus étroites et incommodes que celles des Belges. Route insipide jusqu’à Cologne.

Arrivés par une pluie continue. Logé à l’hôtel de Hollande, sur le Rhin, d’où on a une très belle vue,… à ce que j’ai conjecturé, à cause du brouillard et du mauvais temps. Sensation triste de ces uniformes étrangers et de ce jargon.

Le vin du Rhin, à dîner, m’a fait trouver la situation tolérable ; malheureusement, j’avais le plus mauvais lit possible, quoique le logis fût un des plus considérés.