Journal (Eugène Delacroix)/28 février 1847

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Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 1p. 275-276).

28 février. — Tracé au blanc le Foscari et couvert la toile avec grisaille, noir de pêche et blanc ; ce serait une assez bonne préparation pour éviter les tons roses et roux. La grande copie de Saint Benoît[1], que j’ai faite ainsi, a une fraîcheur difficile à obtenir par un autre moyen ; ma composition me paraît offrir des difficultés de perspective, que je n’attendais pas.

En somme, journée mal employée, quoique je n’aie pas été interrompu.

Gaultron est venu un seul moment pour l’affaire de Bordeaux[2].

Dîné chez M. Thiers ; j’éprouve pour lui la même amitié et le même ennui dans son salon.

À dix heures avec d’Aragon chez Mme Sand ; il nous parle d’un ouvrage très intéressant, traduit par un M. Cazalis : La douloureuse Passion de N. S., par la Sœur Catherine Emmerich, extatique allemande. Lire cela. Ce sont des détails très singuliers sur la Passion, qui sont révélés à cette fille.

  1. D’après Rubens. (Voir Catalogne Robaut, no 736.)
  2. Sans doute l’achèvement des travaux du tombeau de son frère, le général Delacroix.