Aller au contenu

Journal (Eugène Delacroix)/5 juin 1855

La bibliothèque libre.
Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 29).

5 juin. — Je prends le matin une tasse de thé, contrairement à mes habitudes. Une promenade dans le jardin me conduit à une sortie dans la campagne : je vais par les champs jusqu’à Soisy ; je me fonds devant cette nature paisible.

Malheureusement, ma débauche du matin porte malheur au reste de la journée. J’essaye, sans succès, de travailler à la Clorinde[1] ; je ne sors d’une espèce d’assoupissement, que je ne puis vaincre, que pour dîner, et tout de suite après, confiné dans ma mauvaise humeur et dans les petites allées de mon jardin, je fais en long et en large une promenade de près de deux heures, sans fruit, pour dissiper cette noire humeur qui m’a accompagné jusqu’au lit et fait quereller ma pauvre Jenny.

  1. Delacroix fait allusion au tableau connu sous le nom de Olinde et Sophronie sur le bûcher, qui a figuré récemment à l’Exposition des Cent chefs-d’œuvre de 1892, et dont il a écrit lui-même la description suivante : « Clorinde arrivant au secours des Sarrasins, assiégés dans Jérusalem, délivre de la mort deux jeunes amants condamnés au bûcher par le tyran Aladin. » (Jérusalem délivrée.) Voir Catalogue Robaut, no 1290.