Journal (Eugène Delacroix)/9 décembre 1856

La bibliothèque libre.
Texte établi par Paul Flat, René PiotPlon (tome 3p. 184-185).

9 décembre. — Mauvaise disposition et pourtant quelque bon travail sur le Saint Jean-Baptiste[1] que je destine à Robert, de Sèvres.

Je fais une longue promenade de quatre à six heures : Paris me paraît charmant. De la place Louis XV je traverse les Tuileries pour rentrer par la rue de la Paix ; ce beau jardin est tout à fait abandonné : que de souvenirs il me rappelle de ma jeunesse !

Le soir, chez Thiers, il n’y avait que Roger[2]. Je vois le portrait de Delaroche, faible ouvrage, sans caractère et sans exécution. On peut dire des choses fermes, raisonnables, intéressantes même, et l’on n’a pas fait cependant de la littérature ;… en peinture de même. Ce portrait flamand, en pied, d’un homme en noir, qu’il me montre, est admirable et plaira toujours, et cela par l’exécution.

  1. Voir Catalogue Robaut, nos 858 et 904. L’œuvre est ainsi décrite : La scène s’encadre dans l’architecture sévère d’une prison, percée au fond d’un soupirail cintré, garni de barreaux, où apparaissent des têtes de curieux. »
  2. Sans doute le comte Roger du Nord (1802-1881), ancien député sous la monarchie de Juillet, et grand ami de M. Thiers.