Journal de l’île aux perroquets/001

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Ceci est mon journal particulier tenu au phare de l’ile aux Perroquets le temps que j’en suis le gardien,


Placide Vigneau
de la
Pointe aux Esquimeaux,
1892


L’ile aux Perroquets a 320 pas de long de pelouse ⁁c-à-d sans compter la digue de gravier. La largeur sur les deux tiers de la longueur varie de 55 à 75 pas, le dernier tiers extrémité est, se termine en pointe et à pente douce. La hauteur du côté Nord, est de 35 et 40 pieds, et du côté Sud, 25 et 30 pieds. P. V.

Noms populaire des îles qui avoisinent lile aux Perroquets,

1er Île de la Maison, c’est la plus près de lile, au sud. Les habitants de Longue Pointe la nomment ainsi parce qu’ils y ont trouvé les ruines de plusieurs cabanes qui avaient été bâties par ⁁quelques uns des premiers colons de la Pointe aux Esquimeaux qui y ont fait la pêche en 1858-59.

2e Île du Wreck ou du naufrage, c’est la suivante au S. E.. C’est sur les récifs de cette ile que se sont perdus le « Clyde » en 1859 et le « North Briton » en 1861.

3e La Caille Noir. C’est le grand rocher plat qui se trouve au Nord de lile du Naufrage.

4e Lile nue, c’est celle qui se trouve en face des maisons de Longue Pointe. (Sur la carte Mingan Island)

1892

I


Le Phare de lile aux Perroquets fut bâti en 1888 à ⁁la demande des navigateurs de la côte du Nord, de tous les navigateurs canadiens qui fréquentent nos parages et aussi de la compagnie Fraser et Holyday propriétaires du vapeur « Otter » faisant le service de la malle le long de la côte jusqu’à la Pointe aux Esquimeaux.

Je dois dire que ce n’est pas à notre première demande qu’on l’a bâti, car il y avait près de vingt ans que l’on envoyait requête sur requête pour l’obtenir.

À l’époque qu’il fut bâti plusieurs habitants de la côte appliquèrent pour en avoir la garde. Mais le comte de Puyjalon français établi en Canada depuis quelques années et gendre de l’honorable Gédéon Ouimet surintendant de l’instruction publique, en obtint la garde (probablement par l’influence de son beau-père). En 1891 il résigna ⁁d’autres disent qu’il perdit sa place dans le mois d’octobre en faveur d’un arpenteur de la Malbaie nommé E. E. Forgues, beau frère du missionnaire Nadeau, résidant à Magpie.

Il résigna sans en donner connaissances à personne, quoi qu’il sût que beaucoup de gens de la côte eussent appliqué pour cette place, la première connaissance que nous en eûmes, mon Forgues était installé sur lile.

Le 6 mai 1892 par une grande brise de N. N. O. il entreprit de traverser à Longue Pointe dans un petit canot pour aller chercher des cheminées qui avaient été envoyé par l’Otter, et il se noya avec son domestré.

Je n’appris la nouvelle que deux jours après, alors j’envoyai immédiatement un télégrame à Mr Gregory pour l’obtention de la place. Comme je me trouvais sur les lieux je reçus ordre le lendemain de me rendre au plutot sur lile prendre charge du phare.

J’agis en consequence et le 10 mai ⁁mardi à midi je débarquai sur lile avec ma famille et une partie de mes effets. J’y trouvai Mr Nadeau qui me reçut assez mal. Quant à la pauvre vœuve elle acouchat d’une petite ⁁fille partie de la page complètement découpéeetc

« L’Alert » est venu ravitailler la lumière le 17 janvier, Capt. La Rochelle inspecteur. La veuve Forgues ne quitta lile que le 12 juin après qu’elle fut bien rétablie.

Dans le courant de l’été j’ai travaillé à peinturer et nettoyer les batisses. Comme je n’avais ni papier ni cahier à ma disposition, aussi beaucoup d’ouvrage à faire je n’ai pas tenu journal, j’ai consigné seulement quelques remarques sur le gibier et le bois de maré que je ramenais sur lile et aux alentours partie de la page complètement découpéeetc

28 mai tempête du S. E. La mer est monté très haute

17 juillet Coup-de vent O La mer très grosse, il est atterri 1/2 corde de bois sur lile

Dans le courant de l’été je n’ai vu passé qu’un seul navire qui montait. Dans le cours de Septembre Suzanne est allé à Québec, elle a été 15 jours absente

La 1ere neige est tombé le 1er Novembre, il avait gelé avant ça