Joyeux propos de Gros-Jean/Le torticolis

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Les cahiers populaires (p. 91-92).


LE TORTICOLIS


Tit-Jean, un jour, à confesse,
S’accusait d’avoir commis
Le péché de torticolis.
Le confesseur, d’abord surpris
De ce mot, à l’enfant s’adresse,
Et doucement le presse
Pour une explication,
Une définition.
L’enfant, de nature simplesse,
Dit toujours sur un même ton :
— J’sais pas, j’étais pas bon garçon
À c’qui paraît, à la maison,
Et mouman fatiguée,
À la fin s’est écriée :
— « C’est un péché, ça, qu’a m’dit
Qu’tu fais… l’péché d’torticolis !

* * *

Le confesseur qui se doute
De quelque simplicité,

Dit enfin à Tit-Jean : — Écoute !
Tu vas devant moi répéter
Ton péché. L’enfant s’exécute
Et fait… une double culbute !

* * *


Une vieille femme attendait
Son tour, lorsqu’elle constate,
L’esprit stupéfait,
Le geste d’acrobate.
Elle s’y méprend,
Croit que c’est une pénitence,
Qu’il lui peut en échoir autant.
Elle s’alarme d’avance
Et s’éloigne vivement.
Le confesseur l’appelle :
— C’est votre tour maintenant !
— Non, mon Père, répond-elle :
J’n’en veux pas d’mon tour,
En cas d’pénitence pareille :
Vous savez… J’suis trop vieille,
Et pis, j’suis pas habillée pour !