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Kama Soutra (trad. Lamairesse)/Titre II/Chapitre 2

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Kama Soutra, règles de l’amour de Vatsyayana.
Traduction par Pierre-Eugène Lamairesse.
(p. 32-34).
CHAPITRE II
Différentes sortes d’unions sexuelles.


Il y a sept sortes d’unions :

L’UNION SPONTANÉE. — Deux personnes s’aiment et s’unissent par sympathie et par goût mutuel. Cette union a lieu entre deux amants de même naissance.

Les jeux d’amour avec une femme de bonne naissance, dit Barthriari, sont remplis de charme, D’abord, l’amante dit ; non, non ! et semble dédaigner les caresses ; puis les désirs naissent, sans que la pudeur disparaisse ; ensuite, la résistance se relâche et la fermeté est abandonnée ; enfin, elle ressent vivement le secret plaisir des ardeurs amoureuses ; laissant alors de côté toute retenue, elle goûte un bonheur inexprimable qui lui fait crisper les membres.

L’UNION DE L’AMOUR ARDENT. — L’homme et la femme s’aiment depuis quelque temps, et ont eu beaucoup de peine à se réunir ; ou bien, l’un d’eux revient de voyage, ou bien, deux amants se réconcilient après s’être querellés.

Dans ces cas, les deux amants brûlent de s’unir et se donnent mutuellement une complète satisfaction.

L’UNION POUR L’AMOUR À VENIR — Entre deux personnes dont l’amour n’est encore qu’en germe.

L’UNION DE L’AMOUR ARTIFICIEL. — L’homme n’opère la connexion qu’en s’excitant par les moyens accessoires qu’indique le Kama Soutra, les baisers, les embrassements, ou bien l’homme et la femme s’unissent sans amour, le cœur de chacun d’eux étant ailleurs. Dans ce cas, il faut qu’ils emploient tous les moyens d’excitation enseignés par le Kama Shastra (Appendice, n° 1).

L’UNION DE L’AMOUR TRANSMIS — L’un des deux acteurs, pendant toute la durée de la connexion, s’imagine qu’il est dans les bras d’une autre personne qu’il aime réellement (Appendice, n°2).

L’UNION DITE DES EUNUQUES. — La femme est une porteuse d’eau[1] ou une domestique de caste inférieure à celle de l’homme ; la conjonction dure seulement le temps nécessaire pour éteindre le désir de l’homme. Dans ce cas, il n’y a point d’actes accessoires ou préliminaires.

L’UNION TROMPEUSE. — Entre une courtisane et un paysan, ou entre un homme de bonne éducation et une paysanne ; elle se borne à un acte brutal, à moins que la femme ne soit très belle.




APPENDICE AU CHAPITRE II


N° 1. — L’Union artificielle est blâmée par les poètes.

Bhartrihari (stance 29 l’Amour) dit : En ce monde, l’amour a pour effet d’unir deux cœurs en une même pensée.

Quand les sentiments des amants ne sont pas confondus, c’est comme l’union de deux cadavres.

Le mariage sans l’amour est un corps sans âme, dit Tirouvallouvao (le divin Pariah).

N° 2. — Le Père Gury, Théologie morale (908). L’usage du mariage est gravement illicite s’il a lieu dans un esprit d’adultère, de telle sorte qu’en approchant de son épouse, on se figure que c’est une autre femme.

Cet avis est évidemment celui de tous les théologiens.

G. Sand, dans Mademoiselle de la Quintinie, décrit une union de ce genre.

  1. La porteuse d’eau est ordinairement attachée à une maison et y fait le service de propreté.