L'année liturgique (Guéranger, tome1)/Chapitre4

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Prosper Guéranger - L'année liturgique
Julien, Lanier, Cosnardet cie, éditeurs (1p. 27-43).


CHAPITRE IV


Prières du matin et du soir
au temps de l’avent


Au temps de l’Avent, le chrétien, dès son réveil, s’unira à la sainte Église qui, dans l’Office des Matines, vient de faire entendre ces paroles solennelles par la bouche des serviteurs et servantes de Dieu, dont les chants ont interrompu le silence de la nuit par la divine Psalmodie.

Le Roi qui doit venir, le Seigneur ; venez, adorons-le !
Regem venturum Dominum, venite, adoremus !

Il adorera profondément ce souverain Roi dont la venue est proche, et il accomplira sous cette impression les premiers actes intérieurs et extérieurs de religion qui doivent ouvrir sa journée. Le moment étant venu de faire la Prière du Matin, il pourra puiser en cette manière, dans les prières de l’Église elle-même, la forme de ses sentiments.

D’abord, la louange et l’adoration à la très-sainte Trinité :

℣. Bénissons Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit :
℣. Benedicamus Patrem et Filium, cum Sancto Spiritu :


℟. Louons le et exaltons-le dans tous les siècles.
℟. Laudemus et super exaltemus eum in sæcula.


℣. Gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit
℣. Gloria Patri et Filio et Spiritui Sancto ;

℟. Comme il était au commencement, et maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen.
℟. Sicut erat in principio, et nunc et semper, et in sæcula sæculorum. Amen.

Puis, la louange à Jésus-Christ, notre Sauveur :


℣. Nous vous adorons, ô Christ ! et nous vous bénissons,
℣. Adoramus te, Christe, et venedicimus tibi,
℟. Parce que, par votre Croix, vous avez racheté le monde.
℟. Quia per Crucem tuam redemisti mundum.

Ensuite l’invocation au Saint-Esprit :


Venez, Esprit Saint, remplissez les cœurs de vos fidèles et allumez en eux le feu de votre amour.
Veni, Sancte Spiritus, reple tuorum corda fidelium et tui amoris in eis ignem accende.

Après ces actes fondamentaux, on récitera l’Oraison Dominicale, demandant à Dieu, Père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qu’il veuille bien glorifier son saint Nom sur la terre en y envoyant son Fils, qui établira le Royaume de Dieu ; et qu’il daigne nous donner ce Sauveur qui est notre Pain et qui nous obtiendra le pardon de nos offenses par sa médiation si longtemps attendue ; enfin nous délivrer du péché, qui est le souverain mal.


l’oraison dominicale.

Notre père qui êtes aux cieux, que votre Nom soit sanctifié : que votre Règne arrive ; que votre Volonté soit faite sur la terre comme au ciel ; donnez-nous aujourd’hui notre Pain quotidien ; pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés : et ne nous laissez pas succomber à la tentation ; mais délivrez-nous du mal. Ainsi soit-il !
Pater noster, qui es cælis, sanctificetur nomen tuum : adveniat regnum tuum : fiat voluntas tua sicut in cælo, et in terra. Panem nostrum quotidianum da nobis hodie : et dimitte nobis debita nostra, sicut et nos dimittimus nostris : et ne nos inducas in tentationem : Sed libera nos a malo. Amen.


On adressera ensuite la Salutation de l’Ange à Marie qui, dans ces saints jours, est véritablement pleine de grâce, possédant dans ses chastes entrailles celui qui est l’auteur de toute grâce. Le Seigneur, fruit de son sein, est avec elle ; et déjà on peut lui donner le titre sublime et incommunicable de Mère de Dieu.


LA SALUTATION ANGÉLIQUE.

Je vous salue, Marie, pleine de grâce ; le Seigneur est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes, et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Ave Maria gratia plena : Dominus tecum : benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui, Jesus.
Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour nous pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Ainsi soit-il.
Sancta Maria, Mater Dei, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis nostræ. Amen.


Il faut ensuite réciter le Symbole de la Foi, en prononçant avec une attention particulière ces paroles : Qui a été conçu du Saint-Esprit, adorant le Sauveur encore caché au sein de Marie.


LE SYMBOLE DES APÔTRES.

Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre. Et en Jésus-Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli ; est descendu aux enfers, le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux et est assis à la droite de Dieu, le Père tout-puissant : d’où il viendra juger les vivants et les morts.
Credo in Deum, Patrem omnipotentem, creatorem cœli et terræ. Et in Jesum Christum Filium ejus unicum, Dominum nostrum : qui conceptus est de Spiritu Sancto, natus ex Maria Virgine, passus sub Pontio Pilato, crucifixus, mortuus, et sepultus : descendit ad inferos, tertia die resurrexit a mortuis : ascendit ad cœlos, sedet ad dexteram Dei Patris omnipotentis : inde venturus est judicare Tivos et mortuos.

Je crois au Saint-Esprit, la sainte Église catholique, la communion des Saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle. Amen.
Credo in Spiritum Sanctum, sanctam Ecclesiam Catholicam , Sanctorum communionem , remissionem peccatorum, carnis resurrectionem, vitam æternam. Amen.

Après la Profession de Foi, on s’efforcera d’entrer dans des sentiments de pénitence au souvenir des péchés qu’on a commis, et on s’excitera à la reconnaissance envers le divin Agneau qui vient nous sauver, et à la terreur de son dernier Avènement, en disant avec l’Église, dans l’Office des Laudes :


hymne.

La voix du Précurseur retentit avec éclat : elle dévoile l’obscurité des figures. Que les songes s’évanouissent ; le Christ va se lever à l’horizon.
En Clara vox redarguit,
Obscura quæque personans ;
Procul fugentur somnia,
Ab alto Jesus promicat.
Que l’âme engourdie se réveille enfin : un nouvel astre va briller, qui fera disparaître tous les crimes.
Mens jam resurgat torpida,
Non amplius jacens humi :
Sidus refulget jam novum,
Ut tollat omne noxium.
L’Agneau va descendre du ciel et remettre gratuitement la dette ; joignons nos cris et nos larmes pour obtenir le pardon.
En Agnus ad nos mittitur
Laxare gratis debitum :
Omnes simul cum lacrymis,
Precemur indulgentiam.
Afin qu’au jour où, pour la seconde fois, il apparaîtra et remplira l’univers d’épouvante, il n’ait point à nous punir de nos crimes ; mais plutôt à nous protéger de sa miséricorde.
Ut cum secundo fulserit,
Metuque mundum cinxerit ;
Non pro reatu puniat,
Sed nos pius tune protegat.
Louange, honneur, puissance et gloire à Dieu le Père et à son Fils, ainsi qu’au saint Consolateur, dans les siècles des siècles.
Virtus, honor, laus, gloria
Deo Patri cum Filio, Sancto simul Paraclito,
In sæculorum secula.

Amen.
Amen.

Puis on confessera humblement ses péchés, en se servant pour cela de la formule générale usitée dans l’Église.


La confession des péchés.

Je confesse à Dieu tout-puissant, à la bienheureuse Marie toujours Vierge, à saint Michel Archange, à saint Jean-Baptiste, aux Apôtres saint Pierre et saint Paul, et à tous les Saints, que j’ai beaucoup péché. en pensées, en paroles et en œuvres : par ma faute, par ma faute, par ma très-grande faute. C’est pourquoi je supplie la bienheureuse Marie toujours Vierge, saint Michel Archange, saint Jean-Baptiste, les Apôtres saint Pierre et saint Paul, et tous les Saints, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.
Confiteor Deo omnipotenti, beatæ Mariæ semper Virgini, beato Michaeli Archangelo, beato Joanni Baptistæ, sanctis Apostolis Petro et Paulo, et omnibus Sanctis, quia peccavi nimis cogitatione, verbo, et opere : mea cuipa, mea culpa, mea maxima culpa. Ideo precor beatam Mariam semper Virginem, beatum Michaelem Archangelum, beatum Joannem Baptistam, sanctos Apostolos Petrum et Paulum, et omnes Sanctos, orare pro me ad Dominum Deum nostrum.
Que le Dieu tout-puissant ait pitié de nous ; qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle. Ainsi soit-il !
Misereatur nostri omnipotens Deus, et dimissis peccatis nostris , perducat nos ad vitam ætermam. Amen.
Que le Seigneur tout-puissant et miséricordieux nous accorde l’indulgence, l’absolution et la rémission de nos péchés. Ainsi soit-il !
Indulgentiam, absolutionem, et remissionem peccatorum nostrorum tribuat nobis omnipotens et misericors Dominus. Amen.

Ici, on pourra faire la Méditation, si l’on est dans l’usage de ce saint exercice. Elle doit principalement porter, durant l’Avent, sur la destruction des obstacles qui s’opposent en nous à l’entrée et au règne de Jésus-Christ. L’amour des sens, la cupidité, l’orgueil, cette triple concupiscence que saint Jean nous dénonce dans sa première Épître, doivent être vaincus en nous, pour que la préparation de notre cœur soit suffisante. Et comme le principe de toute Oraison, ou Méditation, est dans la considération de Notre-Seigneur, il faut, durant l’Avent, le contempler dans le sein de Marie où il est caché, nous donnant, dans cet état d’abaissement, les leçons les plus énergiques de dévouement à la gloire de son Père, d’obéissance aux décrets divins et d’humilité, et aussi le plus éclatant témoignage de son amour pour nous. Il sera facile de déduire de cette considération, les motifs et les affections qui nous porteront à briser nos liens. Que si elle ne produisait point assez d’impression, il serait nécessaire de se représenter Jésus-Christ comme Juge, dans tout l’éclat terrible de sa majesté, et dans toute la rigueur de ses inévitables vengeances.

La méditation étant achevée, et même dans le cas où l’on eût été empêché de la faire, on demandera à Dieu par les prières suivantes la grâce d’éviter toute sorte de péchés, durant la journée qui commence, disant, toujours avec l’Église :

℣. Seigneur, exaucez ma prière,
℣. Domine, exaudi orationem meam.
℟. Et que mon cri parvienne jusqu’à vous.
℟. Et clamor meus ad te veniat.

ORAISON.

Seigneur Dieu tout-puissant, qui nous avez fait parvenir au commencement de ce jour, sauvez-nous aujourd’hui par votre puissance ; afin que, durant le cours de cette journée, nous ne nous laissions aller à aucun péché ; mais que nos paroles, nos pensées et nos œuvres, tendent toujours à l’accomplissement de votre justice. Par notre Seigneur Jésus-Christ, votre Fils, qui étant Dieu, vit et règne avec vous, en l’unité du Saint-Esprit , dans tous les siècles des siècles. Amen.
Domine, Deus omnipotens, qui ad principium hujus diei nos pervenire fecisti, tua nos hodie salva virtute, ut in hac die ad nullum declinemus peccatum, sed semper ad tuam Justitiam faciendam nostra procedant eloquia, dirigantur cogitationes et opera. Per Dominum nostrum Jesum Christum Filium tuum, qui tecum vivit et regnat in unitate Spiritus sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. Amen.

On implorera ensuite le secours divin pour bien faire toutes les actions de la journée, disant trois fois :

℣. Ô Dieu, venez à mon aide !
℣. Deus, in adjutorium meum intende.
℟. Seigneur, hâtez-vous de me secourir.
℟. Domine, ad adjuvandum me festina.
℣. Ô Dieu, venez à mon aide !
℣. Deus, in adjutorium meum intende.
℟. Seigneur, hâtez-vous de me secourir.
℟. Domine, ad adjuvandum me festina.
℣. Ô Dieu, venez à mon aide !
℣. Deus, in adjutorium meum intende.
℟. Seigneur, hâtez-vous de me secourir.
℟. Domine, ad adjuvandum me festina.
prions.
oremus.
Daignez, Seigneur Dieu, Roi du ciel et de la terre, diriger, sanctifier, conduire et gouverner, en ce jour, nos cœurs et nos corps , nos sens, nos discours et nos actes, suivant votre loi et les œuvres de vos préceptes ; afin que, ici-bas et dans l’éternité, nous méritions, par votre secours, ô Sauveur du monde, d’être sauvés et affranchis. Vous oui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Amen.
Dirigere et sanctificare, regere et gubernare dignare, Domine Deus, Rex cœli et terræ, hodie corda

et corpora nostra, sensus, sermones et actus nostros in lèse tua, et in operibus mandatorum tuorum : ut

hic et in æternum, te auxiliante, salvi et liberi esse mereamur, Salvalor mundi. Qui vivis et regnas in sæcula sæculorum.
℟. Amen.

Puis, s’unissant à l’Église qui implore la venue de Jésus-Christ aux heures de l’Office divin, et dans l'action du saint sacrifice, on dira en union avec elle :

℣. .Venez nous délivrer, Seigneur, Dieu des vertus.
℣. .Veni ad liberandum nos, Domine Deus virtutum.
℟. Montrez votre visage, et nous serons sauvés.
℟. Ostende faciem tuam et salvi erimus.
℣. Manifestez-nous Seigneur, votre miséricorde.
℣. Ostende nobis, Domine, misericordiam tuam.
℟. Et donnez-nous le Sauveur que vous lui destinez.
℟. Et salutare tuum da nobis.
℣. Sur toi, Jérusalem, le Seigneur se lèvera.
℣. Super te, Jérusalem, orietur Dominus.
℟. Et sa gloire apparaîtra en toi.
℟. Et gloria ejus in te videbitur.

ORAISONS.

(Pendant la première Semaine.)

Faites paraître, Seigneur, votre puissance et venez, afin que nous méritions d’être arrachés par votre secours aux imminents périls où nos péchés nous engagent, et d’en être sauvés par votre vertu libératrice ; vous qui vivez et régnez avec Dieu le Père en l’unité du Saint-Esprrit, dans tous les siècles des siècles. Amen.
Excita, quæsumus, Domine, potentiam tuam et veni ; ut ab imminentibus peccatorum nostrorum periculis, te mereamur protegente eripi, te liberante, salavari. Qui vivis et regnas cum Deo Patre, in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. Amen.

(Pendant la deuxième Semaine.)

Seigneur, réveillez nos cœurs, afin qu’ils préparent la voie de votre Fils unique, et que nous méritions de vous servir avec des âmes purifiées, au moyen de l’Avènement de celui qui vit et règne avec vous dans tous les siècles des siècles. Amen.
Excita, Domine, corda nostra ad præparandas Unigeniti tui vias : ut per ejus adventum purificatis tibi mentibus servire mereamur. Qui tecum vivit et regnat in sæcula sæculorum. Amen.

(Pendant la troisième Semaine.)

Prêtez, Seigneur, votre oreille à nos prières, et éclairez les ténèbres de notre âme par la grâce de votre visite ; vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Amen.
Aurem tuam, quæsumus, Domine, precibus nostris accommoda : et mentis nostræ tenebras gratia tuæ visitationis illustra. Qui vivis et regnas, etc.


(Pendant la quatrième Semaine.)

Manifestez, Seigneur, votre pouvoir et venez ; secourez-nous de votre puissante vertu, afin que, par le secours de votre grâce, votre indulgence miséricordieuse daigne accélérer le remède dont nos péchés nous rendent indignes ; vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Amen.
Excita, quæsumus, Domine, potentiam tuam et veni, et magna nobis virtute succurre : ut, per auxilium gratiæ tuæ, quod nostra peccata præpediunt, indulgentia tuæ propitiationis accelerelt. Qui vivis et regnas, etc.


On pourra ajouter l’Oraison spéciale que l’Église consacre à l’honneur de Marie Mère de Dieu, au temps de l’Avent.


ORAISON.

Dieu, qui avez voulu que votre Verbe prît chair, à la parole de l’Ange, dans le sein de la bienheureuse Vierge Marie, accordez à nos prières que nous, qui la croyons véritablement Mère de Dieu, nous soyons aidés de ses intercessions auprès de vous ; Par le même Jésus-Christ Notre-Seigneur. Amen.
Deus, qui de beatæ Mariæ Virginis utero, Verbum tuum, Angelo nuntiante, carnem suscipere voluisti tuis præsta supplicibus tuis, ut qui vere eam Genitricem Dei credimus, ejus apud te intercessionibus adjuvemur. Per eumdem Christum Dominum nostrum. Amen.
Dans le cours de la journée, il sera convenable de s’occuper des lectures et prières qui sont assignées dans le cours de ce volume, pour chacun des jours de l’Avent, tant au Propre du Temps qu’au Propre des Saints. Le soir étant arrivé, on pourra faire la Prière en la manière suivante.

PRIÈRE DU SOIR.

Après le signe de la Croix, adorons la Majesté divine qui a daigné nous conserver pendant cette journée, et multiplier sur nous, à chaque heure, ses grâces et sa protection. On pourra réciter ensuite cette Hymne que l’Église chante à l’Office du soir, au temps de l’Avent.


Hymne.

Fécond auteur des cieux, lumière éternelle des croyants. Rédempteur de tous les hommes, ô Jésus ! écoutez nos supplications.
Creator alme siderum,
Æterna lux credentium,
Jesu, Redemptor omnium,
Intende votis supplicum.
Le monde allait périr par les pièges du démon ; dans l’élan de votre amour, vous vous êtes fait le remède de ses maux.
Qui dæmonis ne fraudibus
Periret orbis, impetu
Amoris actus, languidi
Mundi medela factus es.
Pour expier le crime universel de notre race, victime destinée à la croix, vous sortez de l’auguste sein de la Vierge.
Commune qui mundi nefas
Ut expiares, ad crucem,
E Virginis sacrario
Intacta prodis victima.
Au bruit de votre gloire et de votre puissance, à votre nom seul, tout tremble, cieux et enfer ; tout fléchit le genou.
Cujus potestas gloriæ
Nomenque quum primum sonat,
Et cœlites et inferi
Tremente curvantur genu.
Juge souverain du grand jour, nous vous en supplions, daignez nous défendre de nos ennemis par les armes de la grâce céleste.
Te deprecamur, ultimæ,
Magnum diei judicem, Armis supernæ gratiæ
Defende nos ab hostibus.
Louange, honneur, puissance et gloire à Dieu le Père et à son Fils, ainsi qu’au saint Consolateur, dans les siècles des siècles. Amen.
Virtu, honor, laus, gloria,
Dec Patri cum Fllio,
Sancto simul Paraclito,
In sæculorum sæcula.
Amen.

Après cette hymne on récitera l’Oraison Dominicale, la Salutation Angélique et le Symbole des Apôtres, en la manière qui a été marquée ci-dessus pour la Prière du Matin.

On fera ensuite l’Examen de conscience, en repassant dans son esprit toutes les fautes de la journée, reconnaissant combien le péché nous rend indignes de la visite miséricordieuse du Sauveur, et prenant la ferme résolution de l’éviter à l’avenir, d’en faire pénitence et d’en fuir les occasions.

L’Examen étant terminé, on récitera le Confiteor avec une componction sincère, et on ajoutera un acte explicite de Contrition, pour lequel on pourra se servir de cette formule que nous empruntons à la Doctrine Chrétienne ou Catéchisme du Vénérable Cardinal Bellarmin :


Acte de contrition.

Mon Dieu, je suis grandement affligé de vous avoir offensé ; et je me repens de tout mon cœur de mes péchés : je les hais et les déteste au-dessus de tout autre mal, parce que, en péchant, non-seulement j’ai perdu le Paradis et mérité l’Enfer, mais bien plus encore parce que je vous ai offensé, Bonté infinie, digne d’être aimée par-dessus toutes choses ; je fais un ferme propos de ne jamais plus vous offenser à l’avenir, moyennant votre divine grâce, et de fuir l’occasion du péché.

On pourra ajouter les Actes de Foi, d’Espérance et de Charité, à la récitation desquels Benoit XIV a attaché sept ans et sept quarantaines d’indulgence pour chaque fois.


Acte de foi.

Mon Dieu, je crois fermement tout ce que la sainte Église Catholique - Apostolique - Romaine m’ordonne de croire, parce que vous le lui avez révélé, vous qui êtes la vérité même.


Acte d’espérance.

Mon Dieu, connaissant que vous êtes tout- puissant, infiniment bon et miséricordieux, j’espère que, par les mérites de la Passion et de la Mort de Jésus-Christ, notre Sauveur, vous me donnerez la vie éternelle que vous avez promise à quiconque fera les œuvres d’un bon Chrétien, comme je propose de faire avec votre secours.


Acte de charité.

Mon Dieu, connaissant que vous êtes le souverain Bien, je vous aime de tout mon cœur et par-dessus toutes choses ; je suis disposé à tout perdre plutôt que de vous offenser ; et aussi, pour votre amour, j’aime et veux aimer mon prochain comme moi-même.

On s’adressera ensuite à la très-sainte Vierge, récitant, en l’honneur de son ineffable Maternité, l’Antienne suivante :


Antenne à la sainte vierge

Mère féconde du Rédempteur, vous qui êtes la Porte du ciel et l’Étoile de la mer, secourez ce peuple qui tombe, mais qui désire se relever. Au grand étonnement de la nature, vous avez donné naissance à votre divin auteur. Vierge dans la conception, Vierge après l’enfantement, vous à qui Gabriel adresse le Salut, daignez prendre pitié des pauvres pécheurs.
Alma Redemptoris mater, quæ pervia cœli
Porta manes, et Stella maris, succurre cadenti,
Surgere qui curat populo : tu quæ genuisti,
Natura mirante, tuum sanctum Genitorem,
Virgo prius ac posterius, Gabrielis ab ore.
Sumens illud Ave, peccatorum miserere.


℣. L’Ange du Seigneur annonça à Marie,
℣. Angelus Domini nuntiavit Mariæ.
℟. Et elle conçut du Saint-Esprit.
℟. Et concepit de Spiritu Sancto.

PRIONS
OREMUS.
Répandez, s’il vous plaît, Seigneur, votre grâce dans nos âmes, afin que nous qui avons connu, par la voix de l’Ange, l’incarnation de Jésus-Christ, votre Fils, nous arrivions par sa Passion et sa Croix à la gloire de sa Résurrection. Par le même Jésus-Christ , notre Seigneur. Amen.
Gratiam tuam, quæsumus, Domine, mentibus nostris infunde, ut qui, Angelo nuntiante, Christi Filii lui Incarnationem cognovimus, per Passionem ejus et Crucem ad Resurrectionis gloriam perducamur. Per eumdem Christum Dominum nostrum.
℟. Amen.

Il sera convenable d’ajouter ici les Litanies de la Sainte Vierge, que l’on trouvera à la fin de ce volume, et à la récitation desquelles les Souverains Pontifes ont accordé trois cents jours d’Indulgence pour chaque fois.

On invoquera ensuite les-Saints Anges, dont la protection nous est si nécessaire à toute heure, et surtout au milieu des ténèbres de la nuit, en disant avec l’Église :

Saints Anges, nos gardiens, défendez-nous dans le combat, afin que nous ne périssions pas au jour du jugement redoutable.
Sancti Angeli custodes nostri, defendite nos in prælio, ut non pereamus in tremendo judicio.
℣. Dieu a commandé à ses Anges,
℣. Angelis suis Deus mandavit de te,
℟. De vous garder dans toutes vos voies ;
℟. Ut custodiant te in omnibus viis tuis.

oraison.

Dieu qui, par une providence ineffable, daignez commettre vos saints Anges à notre garde, accordez à vos humbles serviteurs d’être sans-cesse défendus par leur protection et de jouir éternellement de leur société. Par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.
Deus, qui ineffabili providentia sanctos Angeles tuos ad nostram custodiam mittere dignaris : largire supplicibus tuis, et eorum semper protectione defendi, et æterna societate gaudere. Per Christum Dominum nostrum. Amen.


Puis ou implorera, toujours avec l’Église, le suffrage des Saints par la prière suivante :


ANTIENNE. Voici que le Seigneur va venir et tous ses Saints avec lui : et en ce jour, il y aura une grande lumière. Alléluia.
ANTIPH. Ecce Domininus veniet omnes Sancti ejus cum eo : et erit in die ilia lux magna. Alleluia

î^. Ecce apparebit Domi- j^. Le Seigneur apparaîtra sur nussupcrnubemcandidam, une nuée éclatante de blancheur,

j^. Et cum eo Sanctorum i^. Et des milliers de Sainto millia. seront avec lui.


Oraison.

Gonscientias nostrasquae- Purifiez nos consciences, sumusy Domine , visitando Seigneur, en les visitant par vopuriûca : ut veniens Jésus tregrâce, afin que Jésus-Christ, Christus Filius tuus Domi- votre Fils, notre Seigneur, nus noster, cum omnibus venant avec tous ses Saints, Sanctissuis,paratamsibiin trouve en nous une demeure nobis inveniat mansionem. préparée pour le recevoir ; lui Qui tecum vivit^ etc. qui vit et règne avec vous dans les siècles des siècles. Amen.

On pourra faire ici une mention spéciale des Saints auxquels on aurait une dévotion particulière, corame des saints Patrons et autres, et aussi de ceux dont l’Église fait rOfiBce, ou la Mémoire ce jour-là. Après quoi on s’occupera des besoins de l’Église Souffrante, demandant à Dieu pour les âmes du Purgatoire un lieu de rafraîchissement, de lumière et de paix, et récitant à cet effet les prières accoutumées»


Psaume CXXIX.

De profundis clamavi ad Du fond de l’abime, j’ai crié </noinclude>

vers vous, Seigneur : Seigneur, écoutez ma voix.
te, Domine : Domine, exaudi vocem meam.

</noinclude>

Que vos oreilles soient attentives aux accents de ma supplication.
Fiant aures tuæ intendentes : in vocem deprecationis meæe.
Si vous recherchez les iniquités, Seigneur : Seigneur, qui pourra subsister ?
Si iniquitates observaveris, Domine : Domine, quis sustinebit ?
Mais, parce que la miséricorde est avec vous, et à cause de votre loi, je vous ai attendu, Seigneur.
Quia apud te propitiatio est : et propter legem tuam sustinui te, Domine.
Mon âme a attendu avec confiance la parole du Seigneur ; mon âme a espéré en lui.
Sustinuit anima mea in verbo ejus : speravit anima mea in Domino.
Du point du jour à l’arrivée de la nuit, Israël doit espérer dans le Seigneur.
Acustodia matutina usque ad noctem : speret Israël in Domino.
Car, dans le Seigneur est la miséricorde, et en lui une abondante rédemption.
Quia apud Dominum misericordia : et copiosa apud eum redemptio.
Et lui-même rachètera Israël de toutes ses iniquités.
Et ipse redimet Israël ; ex omnibus iniquitatibos ejus.
Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel ; et que la lumière qui ne s’éteint pas luise sur eux.
Requiem æternam dona eis, Domine : et lux perpetua luceat eis.


℣ Des portes de l’enfer,
℣ A porta inferi,
℟ Arrachez leurs âmes, Seigneur.
℟ Erue, Domine, animas eorum.
℣ Qu’ils reposent en paix.
℣ Requiescant in pace.
℟ Amen.
℟ Amen.
℣ Seigneur, exaucez ma prière,
℣ Domine, exaudi orationem meam,
℟ Et que mon cri parvienne jusqu’à vous.
℟ Et clamor meus ad te veniat.

Oraison.

Dieu, Créateur et Rédempteur de tous les fidèles, accordez aux âmes de vos serviteurs et de vos servantes la rémission de tous leurs péchés, afin que, par la prière de votre Église, elles obtiennent le don qu’elles désirèrent toujours ; vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Amen.
Fidelium Deus omnium, Conditor et Redemptor, animabus famulorum famularumque tuarum, remissionem cunctorum tribue peccatorum : ut indulgentiam, quam semper optaverunt, piis supplicationibus consequantur. Qui vivis et regnas in sæcula sæcolorum. Amen


C’est ici le lieu de prier en particulier pour les âmes des défunts qui nous intéressent spécialement ; après, quoi on demandera à Dieu son secours pour traverser sans danger les périls de la nuit. On dira donc, encore avec l’Église :


ANTIENNE. Sauvez-nous, Seigneur, durant la veille, gardez-nous durant le sommeil, afin que nous puissions veiller avec Jésus-Christ et que nous reposions dans la paix.
ANTIPH. Salva nos Domine, vigilantes, custodi nos dormientes : ut vigilemus cum Christo , et requiescamus in pace.
℣ Daignez, Seigneur, durant cette nuit
℣ Dignare Domine, nocte ista,
℟ Nous garder de tout pèche.
℟ Sine peccato nos custodire.
℣ Ayez pitié de nous, Seigneur,
℣ Miserere nostri, Domine.
℟ Ayez pitié de nous.
℟ Miserere nostri.
℣ Que votre miséricorde soit sur nous. Seigneur,
℣ Fiat misericordia tua. Domine, super nos.
℟ Dans la mesure que nous avons espéré en vous.
℟ Quemadmodum speravimus in te.
℣ Seigneur, exaucez ma prière,
℣ Domine, exaudi orationem meam,
℟ Et que mon cri parvienne jusqu’à vous.
℣ Et clamor meus ad te veniat.

Oraison.

Visitez, s’il vous plaît, Seigneur, cette maison, et éloignez-en toutes les embûches de l’ennemi. Que vos saints Anges y habitent , qu’ils nous y gardent dans la paix ; et que votre bénédiction demeure toujours sur nous. Par Jésus-Christ votre Fils, notre Seigneur, qui, étant Dieu, vit et règne avec vous, en l’unité du Saint-Esprit, dans tous les siècles des siècles. Amen.
Visita, quæsumus. Domine, habitationem istam, et omnes insidias inimici ab ea longe repelle : Angeli tui sancti habitent in ea, qui nos in pace custodiant, et benedictio tua sit super nos semper. Per Dominum nostrum Jesum Christum, Filium tuum, tecum et regnat in unitate Spiritus Sancti Deus, per omnia sæcula sæculorum. Amen.

Enfin, pour terminer la journée dans les sentiments avec lesquels on l’a commencée, on demandera encore une fois l’Avènement du Sauveur :


℣ Cîeux . Envoyez la rosée, et que les nuées répandent le juste comme une pluie :
℣ Rorate, cœli, desuper, et nubes pluant justum :
℟ Que la terre s’ouvre et germe le Sauveur.
℟ Aperiatur lerra et germinet Salavatorem

A quoi l’on ajoutera, suivant la semaine ; l’une des quatre Oraisons de l’Avent (ci-dessus, page 34), et qui se livrera ensuite au sommeil, dans l’attente de celui qui doit venir au milieu de la Nuit.