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L'année liturgique (Guéranger, tome1)/Chapitre5

La bibliothèque libre.
Prosper Guéranger - L'année liturgique
Julien, Lanier, Cosnardet cie, éditeurs (1p. 44-78).


CHAPITRE V


De l’assistance à la sainte messe
au temps de l’avent


Dans toutes les saisons de l’Année Chrétienne, mais surtout au saint temps de l’Avent, il n’est point d’œuvre plus agréable à Dieu » plus méritoire et plus propre à nourrir la véritable piété, que l’assistance au saint Sacrifice de la Messe. Les fidèles doivent donc faire tous leurs efforts pour se procurer ce précieux avantage, aux jours même où la sainte Église ne leur en fait pas une obligation.

En assistant au divin Sacrifice dont l’oblation a été l’objet de l’attente du genre humain durant quarante siècles, ils devront éprouver une vive reconnaissance, s’ils réfléchissent que Dieu les a placés en ce monde depuis ce grand et miséricordieux événement, et n’a pas marqué leur place parmi ces générations qui se sont éteintes avant même d’en avoir pu saluer l’aurore. Ils ne s’en joindront pas moins avec instance à la sainte Église, pour demander, au nom de toute la création, la venue du Rédempteur, acquittant ainsi avec plénitude la grande dette imposée à tous les hommes, tant à ceux qui ont vécu avant l’accomplissement du mystère de l’Incarnation, qu’à ceux qui ont le bonheur de le voir accompli.

Ils sentiront aussi que le grand Sacrifice qui perpétue sur la terre, jusqu’à la consommation des siècles, l’oblation réelle, quoique non sanglante, du Corps et du Sang de Jésus-Christ, a pour but spécial de préparer, et même d’opérer dans les cœurs des fidèles l’Avénement mystérieux du Dieu qui n’est venu délivrer nos âmes que pour en prendre possession.

Enfin, ils aimeront à profiter de la présence et de la conversation du Fils de Dieu, dans ce mystère caché où il sauve le monde, afin qu’au jour où il viendra le juger, dans sa majesté terrible, il les reconnaisse comme ses amis et les sauve encore, à cette heure où il n’y aura plus de miséricorde, mais seulement la justice.

Nous allons essayer de réduire à la pratique ces sentiments dans l’explication des Mystères de la sainte Messe, nous efforçant d’initier les fidèles à ces divins secrets, non par une stérile et téméraire traduction des formules sacrées, mais au moyen d’Actes destinés à mettre les assistants en rapport suffisant avec les actions et les sentiments de l’Église et du Prêtre.

La première chose qui doit occuper les fidèles lors qu’ils assistent à la sainte Messe dans l’Avent, est de savoir si cette Messe va être célébrée suivant le rite de l’Avent, ou si elle est en l’honneur de la Sainte Vierge, ou de quelque Saint, ou enfin pour les défunts. Pour cela, il leur suffira de considérer la couleur des ornements du Prêtre. Ils seront violets, si la Messe est de l’Avent ; d’une autre couleur, comme blanche ou rouge, si elle est de la Sainte Vierge ou d’un Saint ; enfin noire, si elle est pour les défunts. Si le Prêtre est revêtu de violet, les fidèles s’efforceront d’entrer dans l’esprit de pénitence que l’Église veut exprimer par cette couleur. Ils le feront également dans le cas où le Prêtre serait revêtu d’une autre couleur ; car quelle que soit la solennité qu’on célèbre en Avent, le célébrant est toujours obligé de faire mémoire de l’Avent en trois endroits, et en usant des mêmes paroles de supplication et de componction qu’il aurait à prononcer dans une Messe propre de l’Avent. Il n’y a d’exception que pour les Messes des défunts.

Le Dimanche, si la Messe à laquelle on assiste est Paroissiale, deux rites solennels, l’Aspersion de l’Eau bénite, et en beaucoup d’Églises, la Procession, devront d’abord intéresser la piété.

Pendant l’Aspersion, on demandera la pureté de cœur nécessaire, pour prendre part au double Avénement de Jésus-Christ, et en recevant sur soi-même cette eau sainte, dont l’aspersion nous prépare à assister dignement au grand Sacrifice dans lequel est épanchée, non plus une eau figurative, mais le Sang même de l’Agneau, on pensera au Baptême d’eau par lequel saint Jean-Baptiste préparait les Juifs à cet autre Baptême qui devait être l’effet de la puissance et de la miséricorde du Médiateur.

La Procession qui précède la Messe nous rappellera l’obligation où nous sommes de nous tenir debout, ayant des flambeaux allumés dans nos mains, et prêts à marcher au-devant de Celui qui doit venir[1]. L’Église est sans cesse en marche vers son Époux, et nos Âmes doivent aussi courir au-devant de leur souverain bien, jusqu’à ce qu’elles l’aient rencontré.

Enfin, le moment du Sacrifice est arrivé. Le Prêtre est au pied de l’autel, Dieu est attentif, les Anges adorent, toute l’Église est unie au Prêtre qui lui-même n’a qu’un même sacerdoce, une même action avec Jésus-Christ, le souverain Prêtre. Faisons avec lui le signe de la Croix.

L’ORDINAIRE DE LA MESSE.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Âin^ soit-il.

Je m’unis, ô mon Dieu, à votre sainte Eglise qui vient chercher la consolation en Jésus-Christ votre Fils, l’autel véritable.

Comme elle, je vous supplie de me défendre contre la malice des ennemis de mon salut.

C’est en vous que j’ai mis mon espérance, et cependant je me sens triste et inquiet au milieu des embûches qui me sont tendues.

Ënvovez donc bientôt celui qui est la lumière et la vérité : c’est lui qui nous ouvrira l’accès à votre sainte montagne, à votre céleste tabernacle.

H est le Médiateur, l’autel vivant ; je m’approcherai de lui, et je serai dans la joie.

Quand il sera venu> je dian^ terai avec allégresse. mon Âme, ne t’attriste plus, ne sois f)lus troublée.

Espère en son Avènement ;

In nomine Patris et Filit et Spiritus Sancti. Amen. X. Introibo ad altare Dei^ ^. Ad Deum qui Isetificat juventutem meam.

Judica me , Deus, et discerne causam meam de gente non sancta : ab homine iniquo et doloso erue me.

Quia tu es, Deus, fortitudo mea : quare me repulisti ?

et quare tristis incedcL 

dum afiligit me inimicusi

Emitte lucem tuam et veritatem tuam : ipsa me deduxerunt et adduxerunt in montem sanctum tuum , et in tabernacula tua.

Et introibo ad altare Dei : ad Deum qui lœtiâcat joventutem meam.

Confitebor tibi in cithara Deus, Deus meus : quare tristis es anima mea ? et quare conturbas me ?

Spera in Deo^ quoniam

dby Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/82 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/83 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/84 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/85 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/86 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/87 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/88 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/89 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/90 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/91 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/92 Page:Prosper Guéranger - L'année liturgique - 1858 - Tome 1.djvu/93 bonté le Sacrifice qui va lui être offert, et détaille les intentions de ce Sacrifice. Offrons avec lui.

Trinité sainte, agréez ce sacrifice déjà commencé qui va renouveler la mémoire de la Passion, de la Résurrection et de l’Ascension de Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Souffrez que votre Église y joigne l’intention d’honorer la glorieuse Vierge qui bientôt nous donnera le divin fruit de ses entrailles, les saints Apôtres Pierre et Paul, les Martyrs dont les ossements attendent la résurrection sous cet autel, les Saints dont aujourd’hui nous honorons la mémoire. Augmentez la gloire dont ils jouissent, et qu’ils daignent eux-mêmes intercéder pour notre salut.
Suscipe, sancta Trinitas,

hanc oblationem, quam tibi offerimus ob memoriam Passionis , Resurrectionis, et Ascensionis Jesu Christi Domini nostri : et in honore beata Maria semper Virginis, et beati Joannis Baptistae, et sanctorum Aposlolorum Petri et Pauli, et istorum, et omnium Sanctorum : ut illis proficiat ad honorem, nobis autem ad salutem : et ilii pro nobis intercedere dignentur in cœlis, quorum memoriam agimus in terris. Per eum dem

Christum Dominum nostrum. Amen.


Le Prêtre se retourne une dernière fois vers le peuple. Il sent le besoin de raviver encore l’ardeur des fidèles. La pensée de son indignité ne l’abandonne point. Il cherche à s’appuyer sur les prières de ses frères, avant d’entrer dans la nuée avec le Seigneur. Il dit donc :

Priez, mes frères, afin que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit acceptable auprès de Dieu le Père tout-puissant.
Orate, fratres : ut meum ac vestrum sacrificium acceptabile fiat apud Deum Patrem omnipotentem.

Cela dit, il se retourne ; et les fidèles ne verront plus sa face, jusqu’à ce que le Seigneur lui-même soit descendu. Rassurez-le, en lui répondant par ce souhait :

Que le Seigneur reçoive ce sacrifice de vos mains, pour la louange et gloire de son nom,
Suscipiat Dominus sacrificium de manibus tuis, ad laudem et gloriam nominis

Le Prêtre récite les Oraisons secrètes, dans lesquelles il offre les vœux de toute l’Église pour l’acceptation du Sacrifice, et bientôt il s’apprête à remplir un des grands devoirs de la Religion, l’Action de Grâces. Jusqu’ici, il a adoré, il a demandé miséricorde ; il lui reste encore à rendre grâces pour les bienfaits octroyés par la munificence du Père, et dont le principal est le Messie. Dans l’attente du bienfait de la nouvelle visite du Fils de Dieu, le Prêtre, au nom de l’Église, va ouvrir la bouche et épancher la reconnaissance du monde entier. Pour exciter l’enthousiasme des fidèles qui priaient en silence avec lui, il termine son Oraison à haute voix :


Dans tous les siècles des siècles.
Per omnia sæcula sæculorum.

Réunissez -vous à lui, et répondez : Amen. Puis il dit :

Les cœurs en haut !
Sursum corda !

Répondez avec vérité :

Nous les avons vers le Seigneur notre Dieu.
Habemus ad Dominum

Puis il ajoute :

Rendons grâces au Seigneur notre Dieu.
Gratias agamus Domino Deo nostro

Protestez du fond de votre âme :

C'est une chose digne et juste.
Dignum est justum est.
Alors, le Prêtre :
Oui, c’est une chose digne et juste, équitable et salutaire, de vous rendre grâces en tout temps et en tous lieux, Seigneur saint, Père tout-puissant. Dieu éternel, par Jésus-Christ, Notre-Seigneur. Par qui les Anges louent votre Majesté, les Dominations l’adorent, les Puissances la vénèrent en tremblant, les Cieux et les Vertus des cieux, et les heureux Séraphins la célèbrent avec transport. Daignez permettre à nos voix de s’unir à leurs voix, afin que nous puissions dire dans une humble confession : Saint ! Saint ! Saint !
Vere dignum et justum est, æquum et salutare, nos tibi semper et ubique gratias agere : Domine sancte, Pater omnipotens, æterne Deus ; per Christum Dominum nostrum. Per quem majestatem tuam laudant Angeli, adorant Dominationes, tremunt Potestates.Cœli , cœlorumque Virtutes, ac beata Seraphim, socia exultatione concelebrant. Cum quibus et nostras voces, ut admitti jubeas deprecamur, supplici confessione dicentes :

Unissez-vous au Prêtre, qui lui-même s’unit aux Esprits bienheureux, pour rendre grâces du Don inestimable, et dites :

Saint, Saint, Saint est le Seigneur, le Dieu des armées !
Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deus sabaoth !
Les cieux et la terre sont remplis de sa gloire.
Pleni sunt cœli et terra gloria tua.
Hosanna au plus haut des cieux !
Hosanna in excelsis !
Béni soit le Sauveur que nous attendions, et qui va venir au nom du Seigneur qui l’envoie.
Benedictus qui venit in nomine Domini.
Hosanna soit à lui au plus haut des cieux !
Hosanna in excelsis !

Le Canon s’ouvre après ces paroles, prière mystérieuse au milieu de laquelle le ciel s’abaisse et Dieu descend. On n’entendra plus retentir la voix du Prêtre ; le silence se fait même à l’autel. Ce fut aussi, dit la Sagesse, au milieu du silence, et au sein des ombres d’une nuit mystérieuse, que le Verbe tout-puissant s’élança de sa royale demeure. Attendons dans le même silence et suivons d’un œil respectueux les mouvements du Prêtre.

LE CANON DE LA MESSE.

Dans ce colloque mystérieux avec le grand Dieu du ciel et de la terre, la première prière du sacrificateur est pour l’Église catholique, sa Mère et la nôtre.

Ô Dieu qui vous manifestez au milieu de nous par le moyen des mystères dont vous avez fait dépositaire notre Mère la sainte Église, nous vous supplions, au nom de ce divin Sacrifice, de détruire tous les obstacles qui s’opposent à son pèlerinage en ce monde ; donnez-lui la paix et l’unité ; conduisez vous-même notre Saint-Père le Pape, votre Vicaire sur la terre ; dirigez notre Évêque qui est pour nous le lien sacré de l’unité ; sauvez le prince qui nous gouverne, afin que nous menions une vie tranquille ; conservez tous les orthodoxes enfants de l’Église Catholique - Apostolique -Romaine.
Te igitur, clelebtissime Pater, per Jesum Christum Filium tuum Dominum nostrum supplices rogamus ac petimus, uti accepta habeas, et benedicas hæc dona, hæc munera, hæc sancta sacrificia illibata , in primis quæ tibi offerimus pro Ecclesia tua sancta Catholica : quam pacificare, custodire, adunare, et regere digneris toto orbe terrarum, una cum famulo tuo Papa nostro N. et Antistite nostro N., et omnibus orthodoxis, atque catholicæ et apostolicæ fidei cultoribus.

Priez maintenant, avec le Prêtre, pour les personnes qui vous intéressent davantage :

Permettez-moi, ô mon Dieu ! de vous demander en particulier de répandre vos bénédictions sur vos serviteurs et vos servantes, pour lesquels vous savez que j’ai une obligation spéciale de prier… Appliquez-
Memento, Domine, famulorum famularumque tuarum N. et N., et omnium circumstantium , quorum tibi fides cognita est, et nota devotio ; pro quibus tibi offerimus, vel qui tibi

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  1. Luc. xii.