Légendes canadiennes (Rouleau)/Tome I/01

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Granger frères & Maison Alfred Mame & fils (1p. 7-9).

INTRODUCTION

À L’ÉDITION DE 1901




Il y a vingt ans, je disais, en publiant mon humble ouvrage intitulé : Souvenirs de voyage d’un soldat de Pie IX :

« Ce livre n’est pas une œuvre de littérature, et je n’ai pas la prétention de me placer au rang de ces hommes privilégiés qui sont appelés à illustrer leurs pays par leurs écrits. »

Aujourd’hui, en présentant mes Légendes canadiennes à mes compatriotes, je fais la même déclaration qu’en 1881. La carrière de journaliste, que je parcours depuis vingt-neuf ans, ne m’a pas laissé un seul moment de loisir pour monter sur Pégase et escalader le Parnasse.

Du reste, je suis arrivé à cette phase de la vie où l’homme ne se laisse plus égarer par le mirage des vaines illusions ou l’encens de la gloriole.

Je médite mon sujet après qu’il a été ébauché par l’imagination et la pensée, je prends la plume, je suis l’inspiration pas à pas, et j’arrive à la fin de mon travail avec la conviction que j’ai accompli consciencieusement la tâche que je m’étais imposée.

Utile dulci, joindre l’utile à l’agréable, voilà le but que je me suis proposé en écrivant ces légendes que j’ai entendu raconter bien souvent.

Le Soleil du 29 juillet dernier publiait, à l’adresse de l’auteur des Légendes canadiennes, une lettre par trop élogieuse, dont je reproduis le passage suivant ;

« L’auteur de ces récits a rappelé, en un style alerte et pur, plusieurs de ces légendes que les bonnes populations de la région de Québec se transmettent de génération en génération. Hâtons-nous de recueillir les délicieuses histoires du peuple avant qu’il les ait oubliées, » a dit Charles Nodier ; c’est ce conseil que votre collaborateur, un écrivain de mérite, vient de mettre en pratique. Nous espérons qu’il conduira son œuvre jusqu’au bout.

« En terminant, permettez-moi d’exprimer un vœu : Les Légendes canadiennes que publie actuellement Le Soleil devraient être mises en brochure et distribuées à profusion parmi nos familles. »

Je remercie cordialement l’auteur de cette bonne lettre de ses compliments élogieux, et je me rends volontiers à son vœu.

C.-E. Rouleau.