Léon Tolstoï, vie et œuvre/Partie 8/Chapitre 5

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Traduction par Jean-Wladimir Bienstock.
Mercvre de France (tome 3p. 231-243).


CHAPITRE V


LA RÉCONCILIATION DE TOURGUENIEV ET DE TOLSTOÏ



Avant de passer à l’étude d’une nouvelle période de la vie de Tolstoï, période marquée par l’humilité, la douceur, la tolérance, vertus qui, auparavant, lui firent souvent défaut, nous citerons un événement important pour Tolstoï, au point de vue moral : sa réconciliation avec Tourgueniev.

Les relations froides, presque hostiles, qui, malgré un échange de lettres réconciliantes existaient entre lui et Tourgueniev, depuis longtemps le peinaient. La réconciliation sincère avec Tourgueniev était l’un des premiers actes de son âme, qui désirait ardemment la rénovation.

Au printemps 1878, Tolstoï écrivit à Tourgueniev, alors à Paris, lui demandant d’oublier tout ce qu’il pouvait y avoir d’hostile dans leurs relations et de ne se rappeler que les bons rapports qui existaient entre eux au début de sa carrière, alors qu’il l’aimait sincèrement. « Pardonnez-moi, si je suis coupable envers vous », lui écrivait-il.

Tourgueniev lui répondit par une lettre cordiale :

« Cher Léon Nicolaievitch. C’est aujourd’hui seulement que j’ai reçu votre lettre, que vous avez adressée poste restante. Elle m’a beaucoup réjoui et touché. Avec le plus grand plaisir je suis prêt à renouer notre ancienne amitié et je serre fortement la main que vous me tendez.

« Vous avez raison en ne me supposant pas de sentiments hostiles à votre égard. S’il y en a eu autrefois, depuis longtemps ils sont disparus ; et il ne m’est resté de vous que le souvenir de l’homme auquel j’étais fortement attaché et de l’écrivain dont j’ai eu la chance de saluer avant les autres les premiers pas, et dont chaque œuvre nouvelle provoqua en moi l’intérêt le plus vif. Je suis très heureux que cesse le malentendu né entre nous. J’espère aller cet été dans la province d’Orel ; en ce cas, sans doute, nous nous verrons. En attendant, je vous souhaite tout le bien, et encore une fois, je vous serre cordialement la main[1]. »

Le bruit de cette réconciliation se répandit parmi les amis de Tolstoï. Fet le premier lui écrivit à ce propos, et comme lui-même était en froid avec Tourgueniev, il se hâta de suivre l’exemple de son ami. Voici comment il raconte ce fait, dans ses Souvenirs :

« En juin, à ma grande joie, N. N. Strakov est venu passer quelque temps chez nous. Il avait vu les Tolstoï avant leur départ à Samara. Naturellement la conversation tomba tout de suite sur cette famille chère à nous deux. À mon grand étonnement, il m’apprit que Tolstoï s’était réconcilié avec Tourgueniev. Quoi ? Comment ? demandai-je. Tout simplement parce qu’en son état religieux actuel il trouve que l’homme humble ne doit pas conserver d’ennemis. Et c’est dans ce sens qu’il a écrit à Tourgueniev. Cet événement, non seulement me surprit, mais me força à rentrer en moi-même. Entre Tolstoï et Tourgueniev, pensai-je, il y avait au moins une cause de rupture, mais entre moi et Tourgueniev, il n’y en eut point. Ses sorties impertinentes me paraissaient toujours plus drôles que blessantes, bien que je ne pusse les envisager comme feu Ketcher qui, en pareil cas, éclatait d’un rire sonore et disait : Imbécile ! C’est ridicule que des hommes qui, en réalité s’estiment, se séparent, simplement parce que l’un est occidental, sans aucun fonds, tandis que l’autre est lui aussi occidental, mais sur le sol russe. Et j’écrivis toutes ces considérations à Tourgueniev[2]. »

En août, Tourgueniev écrivit à Tolstoï, de Moscou :

« Très cher Léon Nicolaiévitch. Je suis arrivé ici hier. Je partirai dimanche soir et passerai lundi à Toula où j’ai à faire. Je désirerais beaucoup vous voir, et en outre j’ai des commissions pour vous. Alors que décidez-vous ? Viendrez-vous à Toula, où irai-je à Iasnaïa-Poliana, d’où je partirai pour plus loin ? Je ne connais pas d’hôtel à Toula. J’arriverai dans la nuit du dimanche à lundi et prendrai une chambre quelconque. Mais vous pouvez envoyer un mot ou un télégramme à la gare ou à une de nos connaissances communes, le maréchal de la noblesse, Samarine ; et je donnerai des ordres en conséquence[3]. »

Tolstoï venait de rentrer de Samara avec toute sa famille. Quelques jours plus tard, il recevait le télégramme que Tourgueniev serait à Iasnaïa le 8 août. Tolstoï partit pour l’attendre à Toula, accompagné de son beau-frère, S. A. Bers. Pour les détails de cette rencontre, nous trouvons des renseignements dans les souvenirs de Bers, dans les notes de la comtesse Sophie Andreievna et dans quelques autres sources.

« Tourgueniev est très blanc, écrit la comtesse Tolstoï. Il est très modeste. Il nous a tous étonnés par son éloquence et son talent à exposer les sujets les plus simples comme les plus élevés. Il nous a décrit la statue du Christ, d’Antokolosky, comme si nous l’avions vue. Ensuite, avec le même art, il nous a parlé de son chien favori Jack. En Tourgueniev, on remarque maintenant la faiblesse : une faiblesse naïve de caractère. On voit aussi en lui la douceur et la bonté. Toute sa querelle avec Léon Nicolaiévitch m’a été expliquée par cette faiblesse. Par exemple, il avoue naïvement qu’il a très peur du choléra. Ensuite, comme nous étions treize à table, nous avons plaisanté : qui la mort choisira-t-elle et qui en a peur. Tourgueniev en riant leva la main et dit : « Que celui qui craint la mort lève la main. » Personne ne la leva, seul Léon Nicolaiévitch, par politesse, leva la main et dit : « Eh bien, moi aussi, je ne veux pas mourir[4]. »

S. A. Bers, dans ses Souvenirs, ajoute :

« Pendant le dîner, Ivan Serguéievitch causa beaucoup, imitant non seulement les hommes, mais les choses mêmes, avec un art extraordinaire. Par exemple, il représenta du geste la poule au pot, en mettant ses mains l’une sur l’autre. Puis il figura le chien de chasse, en arrêt…[5] »

« Tourgueniev a passé chez nous deux jours, écrit la comtesse. Il ne fut point question du passé. On causa de choses abstraites, et, à mon avis, Léon Nicolaiévitch se tenait avec une certaine déférence, très aimablement, du reste sans dépasser les limites. Tourgueniev, en partant, m’a dit : « Au revoir, j’ai eu grand plaisir chez vous ». Il a tenu son « au revoir ». Il est revenu chez nous au commencement de septembre. »

Une des hôtes de Iasnaïa-Poliana, Mme E. M…, a écrit ce qui suit sur cette visite de Tourgueniev :

« En 1878, j’ai vu pour la dernière fois Tourgueniev. C’était à Iasnaïa-Poliana, chez le comte L. N. Tolstoï. Depuis seize ans ils ne se voyaient plus. Par une raison morale quelconque, Tolstoï a fait les premiers pas, et Tourgueniev a répondu à son avance. Ils se sont rencontrés à Toula et sont allés ensemble à Iasnaïa-Poliana. La plupart du temps ils causaient philosophie et religion dans le cabinet de travail de Léon Nicolaiévitch. Il eût été intéressant de noter les discussions de ces deux écrivains remarquables, mais le mystère de leurs entretiens n’a pas franchi la porte du cabinet. Quand ils passaient au salon, la conversation devenait générale et prenait une autre tournure. Tourgueniev parlait avec plaisir de la villa qu’il venait d’acheter à Bougival. Il disait entre autres : « Nous avons fait construire une délicieuse orangerie qui a coûté 10.000 francs ; nous avons arrangé cela et cela. « Nous » c’était la famille Viardot et lui-même. — « Le soir, nous jouons souvent au whist, et vous ? » demanda-t-il à Léon Nicolaiévitch — « Nous ne jouons jamais aux cartes, répondit le comte. Notre vie est tout autre ici, et vous devez trouver tout bien étrange quand vous venez en Russie. » — « Les premiers jours, en effet, tout me frappe et me paraît étrange, répondit Ivan Sergueievitch, mais cette impression s’efface bientôt, et je m’habitue à tout. Tout cela est ma vie ; ici j’ai grandi, passé mon enfance et une partie de ma jeunesse. »

Sachant qu’il aimait les échecs, la comtesse Tolstoï lui proposa une partie avec son fils aîné, qui avait alors quinze ans, en disant : « Toute sa vie il se rappellera avoir joué avec Tourgueniev. » Tourgueniev accepta et se mit à jouer, tout en continuant à causer avec nous. — « À Paris, j’ai joué souvent et suis considéré comme un bon joueur, dit-il. On m’a surnommé le chevalier du fou. C’était mon coup favori. Et connaissez-nous le nouveau mot, chez les Français ? Vieux jeu. Quoi qu’on dise, le Français répond : « Vieux jeu. » « Eh ! Eh ! il faut être sérieux avec vous, s’adressa-t-il à son jeune partenaire. Vous avez failli me faire perdre. » Il donna quelque attention à la partie et la gagna, mais non sans peine, car le jeune Tolstoï jouait très bien aux échecs.

— « Pourquoi ne fumez-vous pas ? lui demanda Tolstoï. Autrefois vous fumiez. » — « Oui, répondit Tourgueniev, mais à Paris il y a deux jolies demoiselles qui m’ont déclaré que si je sentais le tabac elles ne me permettraient pas de les embrasser ; et j’ai cessé de fumer. »

« Tourgueniev avait le don de la parole. Il parlait volontiers et avec aisance. Il aimait plutôt raconter que causer. Il nous raconta comment, en 1852, il avait été mis aux arrêts, au poste de Spassk, à Pétersbourg, pour son article sur la mort de Gogol.

« Le comte Tolstoï racontait aussi, et ses récits me plaisaient davantage. Ils étaient nets et souvent humoristiques, toujours originaux. Il y avait en eux beaucoup de simplicité, d’imprévu et de cordialité.

« À onze heures, Ivan Sergueievitch se leva : « Il est temps d’aller à la gare », dit-il.

« Nous tous nous levâmes. La gare était à deux verstes. Tolstoï accompagna Tourgueniev. Comme j’avais besoin d’aller à Toula, je partis avec eux, Tourgueniev et Tolstoï allaient en avant, moi et ma fille dans une autre voiture, derrière eux. Sur la grande route nous avons dit adieu à nos compagnons…[6]. »

L’une des commissions que Tourgueniev avait annoncées à Tolstoï, c’était la demande de A. N. Pipine, qui publiait alors la Bibliothèque russe, d’obtenir de Tolstoï une courte biographie et des pages choisies de ses œuvres.

Cette mission ayant pleinement réussi, Tourgueniev écrivit à Pipine :

« Très cher Alexandre Nicolaiévitch, je suis allé chez le comte Tolstoï, dans sa propriété de Iasnaïa-Poliana, près Toula, et lui ai parlé de la Bibliothèque russe. Il consent à donner ses œuvres, et en laisse le choix à la rédaction du Viestnik Evrop.

« Il vous enverra une courte notice biographique. Il accepte les conditions ordinaires, celles de Saltikov, etc.

« Quant au portrait, il vous propose de vous mettre d’accord avec le peintre Kramskoï, qui habite Pétersbourg et qui a fait de lui deux magnifiques portraits. Vous pourriez avoir la photographie de l’un d’eux. En un mot Tolstoï a montré la bonne volonté la plus grande. Je lui ai dit que vous lui écririez ce que vous ferez. Quant au grand roman, de son propre aveu, il n’est pas même commencé. Mais en tout cas il ne paraîtra pas à Rousski Viestnik, parce que Tolstoï ne veut plus avoir affaire à cette revue[7]. »

Rentré à Spasskoïe, Tourgueniev écrivit à Tolstoï :

« Très cher Léon Nicolaiévitch. Je suis bien arrivé ici, jeudi dernier, et je ne puis me retenir de vous répéter encore quelle bonne et agréable impression m’a laissée ma dernière visite à Iasnaïa Poliana, et combien je suis heureux que le malentendu qui était entre nous ait disparu sans aucune trace. Je sentais nettement que la vie n’a pas passé sur nous en vain et que vous et moi étions meilleurs qu’il y a seize ans. Et il m’a été agréable de le constater. Inutile de dire qu’au retour je passerai de nouveau chez vous[8]. »

Quelques jours plus tard, Tourgueniev écrit de nouveau à Tolstoï en réponse à sa lettre et lui annonce son retour à Moscou et son intention de lui faire visite.

« Ainsi le 1er septembre, je serai chez vous pour dîner… si toutefois vous n’êtes pas invité quelque part à une chasse pour ce jour-là. (Aujourd’hui j’ai vu de mes propres yeux un poulain blessé la nuit dernière par un loup. Il y en a beaucoup dans nos forêts, seulement personne ne les poursuit.) Il m’est très agréable d’apprendre que tous à Iasnaïa-Poliana m’ont regardé amicalement. Que le lien dont vous parlez existe entre nous, c’est indiscutable, et je m’en réjouis, bien que je ne puisse démêler tous les fils dont il est composé… Le fil artistique seul, c’est peu. Mais le principal c’est qu’il existe. Fet-Chinchine m’a écrit une lettre très charmante, mais pas tout à fait claire, avec des citations de Kant. Je lui ai répondu immédiatement. Ainsi je ne serai pas venu en Russie en vain, bien que le but de mon voyage, comme il fallait s’y attendre, n’ait pas été atteint. À bientôt. Au revoir. Salut à tous les vôtres. Je vous serre cordialement la main[9]. »

Malgré cet échange de lettres amicales, malgré les rapports cordiaux de part et d’autre, malgré le désir sincère de l’un et de l’autre de se rapprocher, malgré tout cela, ce rapprochement n’eut point lieu. Après la seconde visite de Tourgueniev, en septembre de cette année, Tolstoï écrit à Fet :

« À son retour, Tourgueniev a passé chez nous. Il s’est réjoui à la réception de votre lettre. Il est toujours le même et nous savons déjà jusqu’à quel degré nous pouvons nous rapprocher. »

Tourgueniev, moins sensible aux rapports moraux, continue d’écrire à Tolstoi :

« Je me réjouis que vous tous soyez en bonne santé. J’espère que votre malaise moral, dont vous m’avez écrit, est passé aussi. Je connais cela. Parfois il paraît comme une excitation intérieure, avant l’élaboration d’une œuvre. Je suppose qu’une excitation de ce genre s’accomplit aussi en vous. Malgré votre demande de ne pas parler de vos œuvres, je ne puis taire que jamais « même en pensée » il ne m’est arrivé de me moquer de vous. Quelques-unes de vos œuvres me plaisent énormément, d’autres me déplaisent énormément, quelques-unes, comme les Cosaques, m’ont fait un énorme plaisir et provoquent mon admiration. Mais pourquoi me moquerais-je ? Je croyais que depuis longtemps vous aviez rejeté de pareils soupçons. Pourquoi ne sont ils propres qu’aux littérateurs et non aux musiciens, aux peintres ou aux autres artistes ? Probablement parce que, dans l’œuvre littéraire plus qu’en toute autre, rentre la plus grande part de l’âme, qu’il n’est pas toujours commode de montrer. Oui, mais à nos âges, il est temps de s’y habituer. »

Cette lettre refroidit encore davantage les sentiments de Tolstoï à l’égard de Tourgueniev. Dans sa lettre à Fet, du 22 novembre 1878, nous trouvons entre autres :

« … Hier j’ai reçu une lettre de Tourgueniev, et j’ai décidé de me tenir le plus loin possible de lui et du péché. C’est un homme très désagréable. »

Mais Tourgueniev ne remarquait pas cette froideur, et lui-même écrivait à Fet, sur le même ton enthousiaste :

« J’ai été très heureux de me rapprocher de nouveau de Tolstoï, et j’ai passé chez lui trois jours très agréables.

« Toute sa famille est très sympathique et sa femme est charmante. Lui-même s’est calmé un peu et a grandi.

« Son nom commence à acquérir une célébrité européenne et nous autres, Russes, nous savons depuis longtemps qu’il n’a pas de rival[10]. »

Cependant, pour éviter le danger d’une nouvelle rupture, Tolstoï cherche toutes les occasions d’exprimer à Tourgueniev sa sympathie.

L’un de ces prétextes fut une diffamation des Moskovskia Viedomosti à l’adresse de Tourgueniev. À cette expression de sympathie, Tourgueniev, qui sentait la tension du lien moral qui les unissait, répondit par une longue lettre de remerciement dans laquelle il tâche de montrer combien de son côté il s’intéresse à Tolstoï et à ses œuvres. Le 22 décembre 1879, il lui écrit :

« Dans une semaine, je pars d’ici, et nous nous verrons sûrement, bien que je ne sache pas encore où. J’ai été très touché de la sympathie pour moi que vous avez exprimée à propos de l’article des Moskovskia Viedomosti, et je suis presque prêt à m’en réjouir puisqu’il vous a poussé à me dire des paroles si bonnes et si amicales. Quand j’ai rompu avec Rousski Viestnik, Katkov m’a fait dire que je ne savais pas ce que c’était de l’avoir pour ennemi. Et voilà qu’il tâche de me le prouver. Soit, mon âme n’est pas en son pouvoir.

« La princesse Paskevitch, qui a traduit votre Guerre et Paix, a enfin envoyé ici 500 exemplaires dont j’ai reçu 10. Je les ai distribués aux critiques influents d’ici, entre autres : Taine, About, etc.. Il faut espérer qu’ils comprendront toute la force et la beauté de votre épopée. La traduction est un peu faible, mais faite avec zèle et amour.

« Ces jours-ci, j’ai relu pour la cinquième ou sixième fois et avec un nouveau plaisir cette grande œuvre. Sa construction est bien différente de ce que les Français aiment et cherchent dans les livres, mais à la fin des fins, la vérité sera victorieuse. J’espère sinon une victoire brillante, du moins une conquête solide, bien que lente.

« Vous ne me dites rien de votre nouveau travail et cependant le bruit court que vous travaillez avec zèle. Je vous vois devant votre table à écrire, dans cette izba isolée que vous m’avez montrée. D’ailleurs, de tout cela j’aurai bientôt des nouvelles de première main. Je suis heureux de votre bonheur de famille et vous prie de transmettre à tous les vôtres mes salutations les plus sincères.

« En effet, la Russie traverse maintenant des jours sombres et pénibles ; et c’est précisément maintenant qu’il est honteux de vivre à l’étranger. Ce sentiment devient en moi de plus en plus fort, et pour la première fois je pars pour la Russie sans penser au retour et sans le désir de revenir bientôt. Je serre fortement votre main et vous remercie de vous être rapproché de moi. Soyez heureux et au revoir. »

Le récit des rapports entre les deux grands écrivains nous a amenés à l’année 1879, l’année des Confessions, qui étaient le résultat de la crise morale de Tolstoï.

  1. Premier recueil des Lettres de Tourgueniev.
  2. A. Fet, Mes Souvenirs, vol. ii, p. 350.
  3. Recueil des Lettres de Tourgueniev, p. 331.
  4. Archives de la comtesse S. A. Tolstoï.
  5. S. A. Bers, Souvenirs sur Tolstoï, p. 22.
  6. Bulletin de la province de Tobolsk, 1893, no 28.
  7. Premier recueil des Lettres de Tourgueniev, p. 322.
  8. Ibid., p. 333.
  9. Premier recueil des lettres de Tourguéniev, 334.
  10. Recueil des Lettres de Tourgueniev, p. 338.