L’Âme des saisons/Aurore
De grand matin les tourterelles
Roucoulent dans les bois d’aunelles…
Lorsque le crépuscule en fraîche pâmoison
D’une barre d’argent souligne l’horizon ;
Lorsque la Terre est grise et blonde de rosée
Et semble défaillir d’un émoi d’épousée ;
Lorsque l’odeur sauvage et fauve des forêts
Se mêle au virginal arôme des muguets ;
Lorsqu’au profond azur les étoiles divines
Expirent dans la paix des lueurs opalines ;
Lorsque la brise a des caresses de satin
Et les oiseaux des voix de rosée et de thym ;
Lorsqu’on perçoit au loin des rumeurs étouffées
Et que dans les vallons flotte un peuple de fées ;
Lorsqu’on devine en l’air, parfumé comme un miel,
L’amoureuse union de la Terre et du Ciel ;
Eperdument les tourterelles
Roucoulent dans les bois d’aunelles…
Et soudain, orbe d’or aux cent millions d’yeux,
Le soleil éclatant s’enflamme dans les cieux !