L’Âme errante (Vallory)

La bibliothèque libre.
E. Dentu, éditeur (p. 145-196).

L’ÂME ERRANTE.




CHANT I.


Une enfant agonisait, secouée par les dernières convulsions ; une mère sanglotait, la tête enfouie dans les oreillers du lit de la pauvre petite ; puis un cri se fit entendre, puis rien… Une âme se perdait dans le grand que sais-je qui trouble tout le monde, grands et petits, croyants et athées… Cette âme, elle quittait à regret ce doux petit corps amaigri, naguère blanc, rose, parfumé, dorloté, et qui avait sept ans, sept ans ! l’âge où le cœur sent déjà et se souvient, mais où la tête ne prévoit pas encore, où le flot de la vie déborde dans une caresse, le baiser d’une mère, baiser qui a toutes les tendresses de la passion, sans en avoir les inquiétudes, l’ivresse sans l’étourdissement ; et ce bouton de vie baigné de soleil, de rosée, contient en germe, il est vrai, les courtes joies et les longues douleurs, l’œuf du ver qui doit le mordre et le flétrir ; mais alors ses couleurs sont vives, son enveloppe satinée, et le parfum s’exhale du calice demi-clos…

Qu’elle avait froid, la pauvre âme replongée dans le vide ! quels sifflements étranges se faisaient entendre autour d’elle ! Quels tourbillonnements confus d’âmes qui allaient, venaient, s’agitaient, altérées de la vie, de cette vie hérissée de soucis, de douleurs, mais où luit aussi un splendide rayon d’amour ! et c’est dans ce rayon qu’elles veulent se perdre, s’abîmer.

L’heure fuyait ; le mignon corps de l’enfant se défigurait ; ses bras souples se raidissaient bleuis ; ses lèvres pures, qui n’avaient encore été effleurées que par des lèvres de mère, s’étiraient sous l’effrayant rictus de la mort… et le linceul couvrait ces tristes vestiges, et la main fébrile d’une femme écartait brusquement ce voile funèbre, pour recueillir dans son cœur, pour emporter dans son regard une dernière empreinte de son enfant. Hélas ! ce n’était plus elle, la chère petite vie, s’alimentant de sa vie et lui renvoyant la flamme qu’elle en recevait ; ce n’était plus qu’une misérable esquisse de son enfant, qu’elle seule reconnaissait encore. Et tout le sang de son cœur s’échappait Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/164 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/165 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/166 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/167 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/168 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/169 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/170 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/171 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/172 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/173 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/174 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/175 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/176 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/177 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/178 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/179 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/180 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/181 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/182 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/183 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/184 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/185 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/186 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/187 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/188 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/189 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/190 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/191 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/192 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/193 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/194 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/195 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/196 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/197 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/198 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/199 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/200 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/201 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/202 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/203 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/204 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/205 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/206 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/207 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/208 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/209 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/210 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/211 Page:Vallory - Un amour vrai.pdf/212 revenue vers moi. L’homme lui sourit et la baisa, et la mère rendit à son enfant, imprégnés d’amour maternel, les baisers qu’elle recevait.


FIN.