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L’Âme qui vibre/À M. François Coppée

La bibliothèque libre.
E. Sansot et Cie (p. 5-7).

À M. FRANÇOIS COPPÉE


Vous avez bien voulu, Maître, vous intéresser à mon volume. À ce titre, je vous dois quelques explications.

Sans faire amende honorable à l’Art Poétique, je puis dire que les rares vers libres qui hérissent ce recueil ne sont plus ma manière. J’eusse pu les biffer, mais Dieu ! Qu’il m’eût fallu de courage pour cela ! Et que d’ingratitude !

Du temps que j’étais tout à fait jeune, j’ai trouvé de grandes délices à ces rythmes cassés et trébuchants ; et, ce n’est pas un motif, parce que l’on fait un mariage de raison, d’oublier ses précédentes et capricieuses amours.

La petite place que j’accorde ici à ces poèmes pointus et revêches doit être considérée comme l’adieu que j’adresse à la formule décadente.

Pour puiser le meilleur suc, l’abeille goûte à toutes les corolles. J’ai fait de même ; et, c’est après une longue école buissonnière que, sagement, je viens m’asseoir au banc des anciens.

Mon livre se fût, sans doute, fort bien passé de ces fleurs sauvages, mais que l’on me nomme un jardin, si bien tenu qu’il soit, qui n’ait son herbe folle ?

Albert LONDRES.
17 Novembre 1907.


Mon cher Poète,

Certes j’accepte votre dédicace et je vous en remercie cordialement. Et j’aurais voulu écrire ces quelques lignes de préface promises, et promises de grand cœur, mais mon état de santé, mauvais depuis plusieurs mois, m’oblige même à dicter ce mot. Ceci dit pour que vous me pardonniez de manquer à ma promesse.

Je vous serre la main en toute sympathie.

François COPPÉE,
De l’Académie Française.