L’Écho foutromane/01

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Aux dépens des fouteurs démagogues (Gay et Doucé) (p. 11-30).
Les Épreuves de l’abbé Dru

L’Écho foutromane, 1880, Bandeau de début de chapitre
L’Écho foutromane, 1880, Bandeau de début de chapitre

LES
ÉPREUVES DE L’ABBÉ DRU

ET SON REFUS DE PRÊTER SERMENT,
EN FAVEUR DE MADAME CONILLAC.


Madame Conillac qui, depuis quelque temps, goûtoit la doctrine de l’abbé Dru, quoiqu’elle eût la conception très prompte, n’avoit pas encore savouré ses tendres instructions, au point de désirer enfin de réduire en pratique la plus charmante des théories sur la nature du plaisir, c’est-à-dire le besoin de décharger, et la plus belle en même temps que la plus utile des sciences, la physique expérimentale, ou, ce qui est la même chose, l’art d’enconner. En vain ce pauvre calotin s’épuisoit à en raisonner avec elle, et à se branler, quand il étoit seul ; sa rhétorique et son membre reproducteur, quelque excellens qu’ils fussent, étaient éludés ou écartés par la plus cruelle, la plus étroite à l’en croire, et la plus exigeante des femmes. Eh ! que n’exigeoit-elle pas ? Petits soupers, concerts, cadeaux magnifiques ; l’abbé alloit au-devant de ses désirs, et n’en étoit pas plus satisfait ; mais il touchoit au moment de recueillir le fruit de sa persévérance.

Ils en étoient à peu près à ce point du roman, qui, comme on le voit, n’étoit pas très avancé, lorsque madame Conillac, résolue enfin de mettre un terme aux souffrances de l’abbé martyr, avoit fixé le moment où elle devoit faire le généreux sacrifice de ses charmes les plus secrets. Elle appelle Conine sa fidèle suivante, et lui ordonne de préparer son bain, et de le composer des parfums les plus exquis qu’elle pourra imaginer Conine lui représente qu’il est déjà tard, et qu’elle a peut-être oublié que monsieur l’abbé est au moment de paroître, puisqu’elle l’attend ce matin.

— Eh bien ! chère Conine, c’est pour mieux le recevoir que je te demande un bain ; peux-tu te méprendre plus longtemps sur mes motifs ? Sais-tu que mon con ardent n’en peut plus ; que m’étant obstinée à en défendre l’entrée à son vit, je crains une obstruction, une indigestion de foutre ; et que, pour prévenir les accidens, je veux lui abandonner aujourd’hui le champ de la fouterie où il brûle de se signaler ? Oui, chère Conine, cette ouverture vermeille que tu as quelquefois admirée au bas de mon ventre, et qu’un poil frisé environne ; ce con, enfin, que tu te plais le plus souvent à caresser de tes mains enfantines, et qui a bravé avec tant de courage le vit brûlant de ce pauvre abbé, ne se sent plus la force de soutenir un choc aussi dur et aussi barbare.

Il va s’ouvrir ce con brigué par la calotte ; il va s’ouvrir pour le plus charmant, le plus aimable des abbés ; mais afin que la volupté la plus pure et la plus douce me travaille dans tous les sens, au cas qu’un reste de pudeur voulût encore combattre contre le plus joli des vits ecclésiastiques, ce que pourtant je ne crois pas, je te demande un bain aromatisé, et tel que les pores de mon corps, en humant la tendre vapeur, elle pénètre dans tous mes sens, et dispose mon âme au sacrifice que la constance de l’abbé et l’amour me commandent désormais avec tant d’empire.

— Eh bien ! madame, puisque vous daignez m’honorer de votre entière confiance, je vous dois à mon tour un aveu qui pourra vous faire juger combien vous êtes aimée de monsieur l’abbé, en même temps qu’il vous fera connoître l’excès de vos cruautés.

Je ne puis mieux vous dépeindre l’amour de monsieur l’abbé que par la quantité de présens dont il m’a gratifiée, et du foutre qu’il a répandu, depuis qu’il a le bonheur de vous être agréable, et cela dans le but, comme je ne vous l’ai pas laissé ignorer, de tâcher d’adoucir en sa faveur « votre âme tigresse ou sa chère lionne. » Ce sont là les expressions les plus familières par lesquelles il vous désigne. Mais il y a un trait de sa façon, que j’avois résolu d’ensevelir, et que même j’ai bien de la peine à vous confesser entièrement. Le voici : Toutes les fois qu’il s’est présenté pour me prier de l’admettre auprès vous, et que vous avez jugé à propos de le voir ; à l’instant même, et cela, depuis le commencement de votre connoissance, il est tout à coup entré dans des transports, dans des convulsions, dans des frénésies si étranges, que, s’en prenant tout de suite à son vit, il l’a saisi d’une main, et à grands coups de poignets, il l’a tant secoué, qu’il l’a incontinent forcé à pleurer. Je ne sais si, de mon côté, je dois vous avouer que, par pitié, le voyant dans cet état, non seulement je lui ai demandé la permission de remplacer son poignet, quand je le voyois fatigué, et qu’il brûloit d’en venir à une seconde ou troisième décharge, selon que son accès étoit plus ou moins long, mais je lui ai encore permis de me passer la main sous la jupe, et de me sensualiser tant soit peu ; car vous imaginez bien qu’en se mettant ainsi le feu au sang, il n’attiédissoit pas le mien. Mais par respect pour vous, madame, je n’ai pas souffert qu’il me mît autre chose que le doigt, et d’ailleurs, par les mêmes raisons, je pense qu’il ne l’eût pas voulu.

Ah ! madame, si j’eusse pu vous rendre témoin de quelques-unes de ces scènes, si vous eussiez pu voir de combien de soupirs et d’hélas il accompagnoit les tendres secousses qu’il se donnoit en votre considération ! Comme il vous nommoit avec des expressions amoureuses ! il eût fallu l’entendre ; mais je vais préparer votre bain tel que vous l’avez demandé.

Madame Conillac avoit goûté, avec une sorte de plaisir, le commencement de ce récit qui flattoit son amour-propre ; elle en écoutoit avec impatience la suite, qui sembloit lui donner une rivale, et alloit même en témoigner son ressentiment ; mais enfin elle n’a vu qu’un excès d’amour pour elle, jusqu’aux soins complaisans de Conine, à qui elle a provisoirement défendu de souffrir dorénavant, et cela pour cause, que monsieur l’abbé se précautionnât ainsi contre des rigueurs qu’elle étoit résolue d’abjurer dans ses bras, et elle lui a réitéré d’aller hâter son bain.

Il ne fallut pas beaucoup de temps pour en venir à bout, la saison ne permettoit pas d’employer une chaleur artificielle. Conine disposa le salon du bain par toutes sortes de parfums qu’elle prit sur la toilette de sa maîtresse, et entra dans sa chambre pour l’y conduire ; elle la trouva encore couchée, comme si elle eût été en train de se branler. Conine la découvre, jette au loin et couverture et draps, et sans dire un mot, et dans la plus grande immobilité, se complaît à repaître un instant ses regards de ses charmes les plus cachés. Tout à coup elle se sent émue, et portant ses lèvres sur les lèvres du con de sa maîtresse, elle se délecte à la chatouiller délicieusement.

Enfin elle la prend nue en chemise, toujours la bouche collée à sa partie génitrice, et la transporte de son lit dans le salon du bain ; là, elle lui enlève sa chemise, et sans autre gaze pour cacher ce qu’on appelle la pudeur, que le cristal de l’eau, elle la fait pénétrer doucement dans son bain, jusqu’à la superficie de ces deux boutons de rose qui font admirer la beauté de son sein. À peine son corps d’albâtre humoit-il la douceur d’un bain parfumé, qu’on frappe, et bientôt Conine annonce monsieur l’abbé Dru.

Un frisson de plaisir, à cette nouvelle, passe dans tous les membres de la voluptueuse baigneuse ; une rougeur légère lui monte au front ; elle dit à Conine d’introduire l’abbé dans le salon de compagnie, et sans lui donner rien à entendre, de ne pas souffrir qu’il se branle, parce qu’elle n’y trouveroit pas son compte. Conine va trouver l’abbé ; il avoit déjà déchargé une fois, et s’escrimoit de son mieux pour arriver à une seconde éjaculation ; il conjure le poignet de la complaisante Conine devenir à son aide, mais pour cette fois il va le trouver rétif ; Conine le gronde bien fort d’avoir été si prompt à se branler : tandis qu’elle se hâte de le lui défendre, il insiste.

Mais elle, s’emparant de son vit, le lui ôte des mains et des yeux, en lui disant qu’il commet un attentat de lèse-nature qu’elle ne sauroit plus souffrir devant elle. Il en rejette la faute sur sa maîtresse, et lui en fait porter la peine. Conine l’engage à persévérer, en lui disant que peut-être madame Conillac est à la veille de lui livrer son con ; qu’alors il se verra au désespoir de s’être mis dans le cas de ne pas bander quand il le faudra, et d’être forcé de la rater : ce qu’une femme ne pardonne jamais.

L’abbé goûtoit ses raisons ; mais fort de son tempérament, et surtout de son amour lorsqu’il se sentoit encore le vit bandant, il traitoit de frivolité les craintes que Conine lui faisoit paroître. Celle-ci lui répliquoit que ces craintes étoient cependant fondées d’une certaine manière, attendu qu’il perdroit de son embonpoint, et que l’agilité de son poignet se manifestoit jusque sur sa figure, par une pâleur et une maigreur évidentes.

— Ah ! dit l’abbé, j’ignore jusqu’à quel point ce que vous dites là est véritable ; toutefois il n’y auroit rien de bien étonnant, par le feu qui me consume ; mais du moins daignez m’apprendre par pitié si votre charmante maîtresse s’en est aperçu, si elle en connoît la cause.

— Elle doit la soupçonner, dit-elle, mais elle ne peut la savoir que par vous ou par moi, et assurément… je vais me hâter de la rendre en état de paroître devant vous.

— Ah ! Conine, reprend l’abbé en la troussant, si tu parvenois enfin à faire mon bonheur, que ne te devrois-je pas ; mais dis-moi, satisfais ma curiosité : a-t-elle le con aussi joli que toi ? son cul est-il aussi ferme, aussi blanc que le tien ? Ah ! laisse-moi, laisse-moi le contempler tout à mon aise.

— Y pensez-vous ? et ne songez-vous pas que si, malheureusement, elle vous soupçonnoit libertin avec moi, c’en seroit assez pour qu’elle vous fît défendre de jamais l’approcher.

Adieu, réfléchissez sur ce que je vous ai dit, elle va venir dans l’instant, ou ce qui me paroît plus vraisemblable, elle va vous faire appeler au sortir de son bain, pour assister à sa toilette. Je tâcherai du moins de vous y faire participer.

— Eh ! Conine, Conine, charmante Conine, que tu es délicieuse.

Il voulut encore l’embrasser, la patiner ; elle s’échappa, et laissa monsieur l’abbé dans une agitation et un désordre incroyables.

Dès qu’elle fut de retour auprès de sa maîtresse, elle lui fit part de l’impatience de l’abbé, de sa passion insurmontable, et surtout du foutre qu’il ne pouvoit plus retenir dans sa couille. Elle lui raconta qu’il s’étoit déjà branlé, à son intention, dans le seul intervalle qu’elle avoit mis à l’annoncer et que l’ayant trouvé les armes hautes, procédant à une seconde décharge, et ayant eu toutes les peines du monde à l’en détourner, elle avoit manqué d’essuyer son feu.

Madame Conillac, à ce rapport très fidèle, comme on l’a vu, rioit de toutes ses forces, et regrettoit intérieurement de n’avoir pas subi cette première escarmouche ; elle se fait vite retirer du bain ; on lui donne du linge frais, elle prend un déshabillé du matin, une coiffure à la paresseuse ; et le tout artistement rangé en deux minutes, elle fait dire à monsieur l’abbé qu’elle a la migraine, et qu’elle ne sortira pas de sa chambre ; qu’elle est prête à l’y recevoir sans tirer à conséquence. Conine court s’acquitter, l’abbé tressaille, et entre dans le cabinet de toilette où madame Conillac l’attendoit.

Dès qu’elle l’eut aperçu :

— Eh ! bonjour, l’abbé, comme vous êtes galant de m’avoir tenu parole ; j’ai besoin de vous ce matin plus que jamais. Je me suis trouvée, à mon réveil, assaillie d’une cruelle migraine, et j’espère que votre présence va faire l’effet du meilleur médecin ; qu’en pensez-vous ?

— Il est bien flatteur et bien agréable à l’un des plus zélés admirateurs de vos charmes, de s’en inscrire chez vous l’adorateur et le conservateur.

— Ah ! quelle fadeur, l’abbé ! ne vous déshabituerez-vous pas de ce langage d’élégie ? Vous savez comme il me donne mal au cœur.

— Eh ! madame, c’est aussi ce cœur d’airain que j’ose attaquer et que je trouve toujours si inexpugnable.

Si au moins vous daigniez prescrire des bornes à vos cruautés, et qu’après un temps limité, il fût permis à celui qui n’a de vit que pour vous, de le diriger vers ce bijou sans prix, vers ce con délectable, dont vous le privez inhumainement, et qui fait toute son ambition, comme il est mon unique idole, ce seroit une charité bien entendue, dont votre pitié auroit à se glorifier.

— L’abbé, vous augmentez ma migraine.

— Madame, songez que vous m’avez institué votre médecin et que je dois user des ressources de mon art. Un mal à la tête, ainsi que la plupart des autres maux qui nous affligent, provient d’obstruction dans le sang, et comme c’est par des linitifs, par des dégagemens internes qu’on parvient à rétablir l’équilibre dans les humeurs, il ne me sera pas si difficile de procéder avec quelque efficacité à votre guérison.

Permettez-moi d’abord d’exposer à la salubrité de l’air cette partie aimable, ce foyer des plus doux plaisirs que cachent des habits jaloux et importuns.

— Quoi, l’abbé, y pensez-vous ? est-ce pour me guérir la tête ou plutôt votre cœur, que vous égarez vos mains sous mes jupes et que vous les retroussez jusqu’au nombril ? Eh, que prétendez-vous ? où portez-vous votre doigt ? Oh ça, l’abbé, vous me prenez le con, et je ne vous l’ai pas encore permis, que je sache… Mais il ne m’écoute pas. Quoi ! vous sortez votre vit bandant, et vous pensez vous mettre en posture de m’enfiler ! oh non ! je n’y saurois consentir.

L’abbé alloit toujours son train. Madame Conillac se défendoit de son mieux. Il étoit fort près du but, lorsqu’elle lui dit sérieusement de s’en tenir là ; que pour le moment elle ne vouloit pas aller plus loin sur cet article. L’abbé s’arrête, fort mal édifié.

L’Écho foutromane, 1880, Figure 1
L’Écho foutromane, 1880, Figure 1

— Quoi ! dit-il, ce n’est donc pas assez de toutes les épreuves où vous m’avez mis ! car il faut parler, que pouvez-vous encore exiger de moi ? quels sont les sacrifices où vous ne m’ayez pas porté ? en existe-t-il encore que je puisse faire ? Je ne mets plus mon vit dans le con de madame Combeaut ; je n’encule plus l’abbesse de Fermont, non plus que madame la supérieure de Serredru ; je ne gamahuche plus madame Vaginna ; j’ai cessé de patiner et d’enfiler un grand nombre de plébéiennes que j’avois au service de ma couille… que voulez-vous de plus ?

— Vous ne dites pas tout, l’abbé, et vous me cachez trois rivales.

— Ah ! madame, nommez-les, et à l’instant… mais cela ne se peut.

— Écoutez-moi, et connoissez un récit qui, à la vérité, n’est qu’un rêve ; mais trop souvent un rêve spécieux est une réalité cruelle.

J’ai cru vous voir, cette nuit, transformé en petit amour : c’étoient vos traits et la proportion dans tous vos membres : deux petites ailes étoient attachées à vos épaules ; une calotte couvrait votre nuque, et un petit vit étoit braqué entre vos deux cuisses. Ce n’est pas tout, les trois Grâces si renommées au pays des fables, étoient assises sur une espèce de lit de repos, au-dessus duquel paroissoit un rideau suspendu par des branches de myrte ; un arc et un carquois pleins de traits aigus étoient à vos pieds, et non loin de là odoroit un rosier, d’où l’on voyoit briller trois roses épanouies. Les trois Grâces folatroient entre elles et avec vous ; tantôt elles vous prenoient sur leurs genoux et vous fouettoient, puis elles manioient alternativement votre petit vit ; tantôt elles se branloient en votre présence, et en vous agaçant, vous excitoient à leur donner des claques sur leurs fesses aussi blanches que celles de Vénus, leur souveraine. Après quelques instans de ce badinage innocent, l’une d’elle s’est étendue à moitié sur le dos, une autre étoit derrière, elle lui servoit de traversin ; elle a pris entre ses mains une guirlande qu’elle venoit de préparer, tandis que la troisième, vous soutenant par les ailes, vous a mis à cheval sur la cuisse droite de celle qui étoit étendue, et dont le con ouvert sembloit attendre votre vit, lequel n’a pas tardé à s’y plonger ; elle vous a attachés tous les deux avec des nœuds de fleurs ; vous avez collé votre bouche contre celle de votre fouteuse, l’une de vos mains étoit sur un blanc téton, qui lui servoit comme d’appui, et de l’autre vous pressiez amoureusement votre belle, et par des mouvemens rétroactifs et précipités, vous remuiez la charnière avec une agilité sans exemple.

L’Écho foutromane, 1880, Figure 2
L’Écho foutromane, 1880, Figure 2

Je dois présumer que vous avez joui, malgré la grande jeunesse que vous paroissiez avoir, puisque l’amour est lui-même une jouissance ; mais j’ignore si vous avez déchargé dans ce con, où à coup sûr vous étiez à l’aise, car je me suis éveillée tout à coup au fort de vos secousses redoublées, et je n’ai plus vu ni con, ni motte, ni cul, ni vit, ni tétons, ni Grâces, ni calotte.

Et vous voulez, monsieur l’abbé, que, d’après ce tableau qui me retrace une triple infidélité, je m’en fie à vos prétendus sacrifices, et que je n’en sois point jalouse !

— Eh bien ! madame, je consens que vous soyez jalouse, et je ne vois rien en cela qui ne soit à mon avantage, puisque, réunissant dans votre seule personne tous les charmes qu’on attribue aux trois Grâces, c’est sur vous-même que portent vos sentimens jaloux.

— Je devois m’attendre à votre courtoisie ; mais je n’en suis point la dupe.

— Et moi, madame, je ne le serai pas non plus d’une résistance que vous ne pouvez plus m’opposer.

En finissant ces paroles, il commençoit à la trousser et à sortir son braquemart, lorsque, sur le point de se rendre, elle lui demande s’il a prêté son serment en qualité de prêtre. Il lui répond que s’il ne le prête, il est foutu, qu’il perd le reste de sa fortune, consistant en une simple cure, isolée de tout bénéfice ; que sa conscience à la vérité lui reprochera continuellement ce serment sacrilège, mais que son existence y est compromise.

— Il n’importe, envoyez votre refus sur-le-champ ou résolvez-vous à ne jamais m’approcher.

Je ne souffrirai pas qu’un suppôt du plébéianisme m’entretienne plus longtemps ; allez vous purifier entièrement par un désaveu des nouveaux principes qu’on cherche à établir, et je vous tends les bras aussitôt après, et mon con est à votre service, sûre qu’il n’y aura plus de mésalliance entre nous.

— Mais, madame, pensez-vous que ce désaveu me réduit à la dernière misère ? et que pour toute consolation il ne me restera que votre con qui, sans doute, est bien fait pour me dédommager ?…

— Eh bien ? crois-tu qu’il n’est pas en état de te rassasier ! Ah ! lorsque tu en auras tâté une fois, ce sera pour toi comme l’ambroisie des immortels. Te ne voudras te nourrir que de son suc divin.

— Vous le voulez donc, madame, il faut en courir les risques ; mais permettez à mes mains de patiner ce joli bijou ; lui seul peut me décider, et sans regret, au refus du serment que vous avez l’inhumanité de m’imposer.

L’Écho foutromane, 1880, Figure 1
L’Écho foutromane, 1880, Figure 1

Ah ! l’aimable ouverture ! qu’elle est rubiconde, et qu’elle paroît petite ; non c’en est fait, je ne balance plus, et je vais à l’instant tracer mon refus au nouveau serment que l’apostasie nous commande ; souffrez, madame, pour satisfaire l’ivresse où je me trouve, que le plus poli, le plus blanc des postérieurs me serve de pupitre.

— Ah, cruel abbé ! faut-il que je condescende à toutes tes volontés, à toutes tes extravagances ! eh bien ! passe ta fantaisie. Je vais étaler mon derrière à tes lubriques regards : ton idée est ingénieuse, et mérite d’être mise au jour ; voilà mon cul, appliques-y dessus ton désaveu ; il n’en sera que plus authentique, et tu te rends par là tout à fait digne de moi.

En effet, madame Conillac se trousse aussitôt et relève sa chemise jusqu’au-dessus des reins ; l’abbé Dru prend une feuille de papier, l’applique sur la fesse droite et y écrit son refus.

— Tu me chatouilles, vilain abbé, s’écrioit, de temps en temps madame Conillac.

Et il continue à se rendre réfractaire par le refus qu’il y trace. Dès qu’il a fini, il baise l’un et l’autre côté de son adorable pupitre, et remet son bulletin à madame Conillac qui, appelant sa fidèle Conine, lui ordonne d’aller le jeter à la poste, ce qui s’exécute sur-le-champ.

Aussi, l’abbé, après avoir satisfait à tous les sacrifices préliminaires que sa belle maîtresse lui avoit prescrits, n’eut rien de plus empressé que de lui demander le complément des plaisirs que la possession sans réserve de tous ses charmes lui faisoit espérer. Elle ne pouvoit plus s’y refuser sous aucun prétexte : il se met donc à la trousser en toute assurance.

Madame Conillac, voyant qu’il n’y avoit plus moyen de lui échapper, et qu’il falloit absolument en passer par là, voulut du moins succomber d’une manière commode pour tous les deux ; elle se laisse trousser jusqu’au-dessus du nombril ; sa gorge découverte entièrement servoit comme de boussole aux yeux de l’heureux abbé qui, passant sa main gauche autour des reins de sa chère lionne enfin apprivoisée, de la droite empoigne son gros vit, et le pointe tout au bord du plus joli des cons.

Elle avoit prodigieusement écarté les cuisses, et néanmoins le membre de l’abbé trouve une certaine résistance à pénétrer en avant du vagin.

— Ah ! s’écrioit-elle, lors de l’introduction, tu me déchires, cruel abbé ! comme tu l’as gros ! faut-il qu’une femme délicate fasse ton bonheur au prix des souffrances que tu lui causes ; mais arrête donc, tu me tues… ah ! non, plutôt je consens à mourir ; hâte-toi vite !… enfonce… pousse… ah ! je n’en puis plus… Je me fonds, je… je décharge…

En achevant ces mots elle alloit tomber en pâmoison, lorsque tout à coup on ouvre la porte ; c’étoit Conine qui venoit rendre compte de sa mission, et dire à monsieur l’abbé que sa lettre avoit été portée à la boîte. Quelle fut sa surprise de les voir tous les deux aux pieds du lit dans l’attitude la moins équivoque de deux amans qui goûtoient la plus haute jouissance où les mortels puissent atteindre ; qu’elle eût voulu partager leur situation et leur bonheur !…

L’Écho foutromane, 1880, Figure 1
L’Écho foutromane, 1880, Figure 1

Hélas, ce bonheur est si naturel à toutes les créatures, que le même instinct avoit dans le même moment réuni la petite Flore de madame Conillac avec le beau Cascaret de monsieur l’abbé. Conine sourit à cette double copulation ; elle y fit de sérieuses réflexions qui la portèrent à en désirer une troisième ; et en commémoration de cette entrevue chatouilleuse, en se retirant, elle coula le doigt majeur au con et lui fit exercer et imiter, quoique imparfaitement, les fonctions de Cascaret et de l’abbé Dru.

Madame Conillac et monsieur l’abbé, après cette première priapée, passèrent successivement à d’autres non moins voluptueuses et non moins séduisantes. L’abbé Dru perdit en effet sa cure par son refus au nouveau serment ; mais madame Conillac lui en tient lieu, et cette union aristocratique dure encore au grand scandale de la nation, et ne cessera, selon toute apparence, que lorsque les vrais patriotes indignés se seront mis, une fois pour toutes, dans la tête de leur foutre malheur ainsi qu’à ceux qui leur ressemblent.