L’École des biches/Personnages

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J. P. Blanche (p. i-xv).

PERSONNAGES


HENRI DE SARSALLE (le comte).

MARTIN DUVERNET, rentier.

ADRIEN LEBEL, artiste peintre.

CAROLINE DESCHAMPS.

MARIE AUBER, cousine de la précédente.

LOUISA, amie de Marie.

ANTONIA, soubrette de Caroline.



LE COMTE HENRI DE SARSALLE


Quarante-cinq ans. Fils unique d’une maison opulente du Midi, bonne et ancienne noblesse d’épée. Le comte, très-jeune encore, ayant perdu son père, a été élevé, par les soins de sa mère, dans les principes sévères de sa caste ; mais le choix de Paris pour sa résidence habituelle depuis la mort de sa mère, sa grande fortune, son frottement obligé avec la jeunesse de l’époque, ont bien altéré le puritanisme de ses premières années ; il est devenu un philosophe sans le savoir, presqu’un libre-penseur, et néanmoins sans que cela ait rien changé à son caractère.

Ses manières sont restées parfaites. Une libéralité sans ostentation, une bienveillance et une indulgence qui ne se sont jamais démenties le font rechercher et aimer de tous. Il est de ces natures exceptionnelles qui, tout en sacrifiant un peu aux faiblesses humaines, ont conservé intact le sens moral d’un galant homme.

Il paraît plus jeune que son âge. Des yeux pleins de vivacité et des dents superbes aident à l’illusion ; et puis il y a une telle distinction dans toute sa personne qu’à première vue on devine le vrai gentilhomme.



ADRIEN LEBEL


Vingt-cinq ans. Fils unique de riches bourgeois, éducation sérieuse, artiste peintre par vocation, du talent sans orgueil, franche nature que la fréquentation des ateliers n’a pu gâter. Beau et solide garçon, vrai payeur d’arrérages ; malgré cela rempli d’élégance et de goût, et ne négligeant rien dans le choix et dans la coupe de ses vêtements.



MARTIN DUVERNET


Trente-huit ans. Épicurien, homme intelligent et de loisirs. Artiste amateur, ayant un peu touché à tout ; il s’est principalement occupé de théâtre, est lié avec beaucoup d’auteurs et de directeurs. Aimant à faire l’éducation des jeunes filles qui se destinent au théâtre, les conseillant et même les aidant de sa bourse. Bon, obligeant et généreux, ne croyant pas, par expérience, à leur fidélité du corps, mais faisant grand cas de leur constance dans les affections du cœur. Son physique prévient en sa faveur. Son regard franc et doux vous attire, et dès le premier abord inspire la confiance. Du reste, bien fait, d’une santé parfaite, et, par-dessus tous ces avantages, jouissant d’une fortune qui lui permet de contenter ses goûts.



CAROLINE DESCHAMPS


Vingt-deux ans. Ancienne élève du Conservatoire, ayant fait un peu de théâtre. Fille du peuple, elle a des goûts aristocratiques. Elle aime le luxe et les jouissances qu’il procure, et n’est nullement embarrassée dans sa nouvelle position ; elle a su oublier ses habitudes d’enfance et, avec beaucoup de tact, apprendre ce qu’elle ignorait. C’est une intelligence d’élite.

Ses sens ont d’ardentes convoitises ; mais sa grande raison sait les maintenir dans les limites de ses intérêts et de sa santé.

Une taille fine ; des yeux et des dents superbes ; les cheveux d’une abondance rare, quoique d’une finesse extrême ; des mains et une gorge dignes de la statuaire antique, des pieds d’enfant, et joint à toutes ces perfections l’air engageant, spirituel, et le meilleur cœur du monde.



MARIE AUBER


Cousine de la précédente. Seize ans. Ravissante blonde, au visage limpide et doux, l’air d’une parfaite innocence, ce qui n’empêche pas, dans de certains moments, que le diable n’y perd rien. Un corps plein de charmes, des formes gracieuses et délicates, une peau transparente aux blancheurs de camellias, en un mot, Psyché sous les habits d’une grisette.

À toutes ces qualités physiques, joignez un caractère charmant, toujours de bonne humeur, de l’esprit accompagné d’un grain de malice.

Peu d’éducation, manquant d’expérience, mais grande et bonne volonté pour tout apprendre ; sensuelle comme sa cousine, et amoureuse comme on l’est à seize ans.

Bien conseillée, cette jeune fille fera son chemin.



MADEMOISELLE LOUISA


Dix-sept ans. Petite personne fort éveillée, intelligente, sans préjugés, et prête à tout faire, soit pour son plaisir, soit pour sa fortune. Du tempérament, ce qui la rend très-curieuse et désireuse de tous les plaisirs de l’amour. Brune avec la peau blanche, des yeux ardents, un sourire enchanteur, la plus jolie taille et les jambes de la Diane chasseresse. Joignez à cela un son de voix qui vous ravit, dont elle sait très-bien se servir, et vous aurez l’ensemble le plus sympathique que l’on puisse désirer. Telle est mademoiselle Louisa.



ANTONIA


Vingt ans. Moitié confidente, moitié soubrette, fruit appétissant de jeunesse et de santé ; mine piquante, éveillée ; des yeux disant tout ce que des yeux peuvent dire ; des lèvres légèrement rebondies et une tournure provoquante. Ses superbes formes sont encore mises en valeur par la coquetterie de l’ajustement.

Cette riche nature, perfectionnée au milieu des élégances de sa maîtresse, est un véritable instrument de plaisir.

Et avec cela elle est dans ses relations d’une probité, d’une discrétion et d’une sûreté à toute épreuve.

Pourquoi reste-t-elle soubrette ? c’est ce que vous saurez plus tard.