L’Église chrétienne (Renan)/XXIII. Martyre de Polycarpe.

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Calmann Lévy (p. 452-466).


CHAPITRE XXIII.


MARTYRE DE POLYCARPE.


Polycarpe revint à Smyrne, selon nous, dans l’automne de 154[1] Une mort digne de lui l’y attendait[2]. Polycarpe avait toujours professé la doctrine que l’on ne doit pas rechercher le martyre ; mais bien des gens qui n’avaient pas sa vertu n’étaient pas aussi prudents que lui ; le voisinage des sombres enthousiastes de la Phrygie était dangereux. Un Phrygien, nommé Quintus, montaniste par anticipation, vint à Smyrne et entraîna quelques exaltés, qui allèrent avec lui se dénoncer eux-mêmes et provoquer les supplices. Les gens sages les blâmaient, et disaient avec raison que l’Évangile ne commandait rien de pareil. Outre ces fanatiques, plusieurs Smyrniotes chrétiens furent emprisonnés ; parmi eux se trouvaient quelques Philadelphiens, soit que le hasard les eût conduits à Smyrne, soit que l’autorité, après les avoir arrêtés à Philadelphie, les eût fait transférer à Smyrne, ville plus considérable où se donnaient les grands jeux. Les détenus étaient au nombre de douze[3]. Selon l’usage hideux des Romains, ce fut dans le stade, à défaut d’amphithéâtre, que leur supplice eut lieu.

Les tortures endurées par ces malheureux offrirent un épouvantable caractère d’atrocité. Quelques-uns furent tellement déchirés par les fouets, que leurs veines, leurs artères, tout le dedans de leur corps était à nu. On pleurait autour d’eux, mais on ne put leur arracher ni un murmure ni une plainte. L’idée se répandit dès lors que les martyrs du Christ, pendant la torture, étaient ravis hors du corps et que Christ lui-même les assistait, causait avec eux. Le feu leur faisait l’effet d’une fraîcheur délicieuse. Exposés aux bêtes, traînés sur un sable composé de coquillages pointus, ils paraissaient insensibles.

Un seul faiblit, et ce fut justement celui qui avait compromis les autres. Le Phrygien fut puni de sa jactance. À la vue des bêtes, il se mit à trembler. Les gens du proconsul l’entourèrent, l’engagèrent à céder ; il consentit à prêter le serment et à sacrifier. Les fidèles virent là un signe du ciel et la condamnation de ceux qui allaient d’eux-mêmes chercher la mort. Une telle conduite, empreinte d’orgueil, fut considérée comme une sorte de défi à Dieu. Il fut admis que le courage du martyre vient d’en haut, et que Dieu, pour montrer qu’il est la source de toute force, se plaît parfois à montrer les plus grands exemples d’héroïsme en ceux qui, avant l’épreuve, ont été défiants d’eux-mêmes, presque timides.

On admira surtout un jeune homme nommé Germanicus. Il donnait à ses compagnons d’agonie l’exemple d’un courage surhumain. Sa lutte contre les bêtes fut admirable. Le proconsul Titus Statius Quadratus[4], homme philosophe et modéré, ami d’Ælius Aristide, l’exhortait à la pitié envers son jeune âge. Lui se mit à exciter les bêtes, à les appeler, à les taquiner pour qu’elles le tirassent plus vite d’un monde pervers. Cet héroïsme, loin de toucher la foule, l’irrita. « À mort les athées ! Qu’on cherche Polycarpe ! » cria-t-on de toutes parts.

Polycarpe, bien que blâmant l’acte de folie de Quintus, n’avait pas d’abord voulu fuir. Cédant à de vives instances, il consentit cependant à se retirer dans une petite maison de campagne, située non loin de la ville, où il passa plusieurs jours. On vint pour l’y arrêter. Il quitta précipitamment la maison, et se réfugia dans une autre ; mais un jeune esclave, mis à la torture, le trahit. Une escouade de gendarmes à cheval vint pour le prendre. C’était un vendredi soir, le 22 février[5], à l’heure du dîner. Le vieillard était à table, dans la chambre haute de la villa ; il eût pu encore s’échapper ; mais il dit : « Que la volonté de Dieu se fasse ! » Il descendit tranquillement, causa avec les gendarmes, leur fit servir à manger et demanda seulement une heure pour prier librement. Il fit alors une de ces longues prières qui lui étaient habituelles, et où il embrassait l’Église catholique tout entière[6]. La nuit se passa de la sorte. Le lendemain matin, samedi 23 février, on le mit sur un âne et l’on partit.

Avant d’arriver à la ville, l’irénaque Hérode et son père Nicète se présentèrent en voiture. Ils n’étaient pas sans relations avec les chrétiens. Alcé, sœur de Nicète, paraît avoir été affiliée à l’Église[7]. Ils prirent, dit-on, le vieillard au milieu d’eux dans la voiture, et essayèrent de le gagner. « Quel mal donc y a-t-il, pour sauver sa vie, à dire Kyrios Kæsar, à faire un sacrifice et le reste ? » Polycarpe fut inflexible. Il paraît que les deux magistrats s’emportèrent alors, lui dirent des paroles dures et le chassèrent si rudement de la voiture, qu’il s’écorcha la jambe.

On se dirigea vers le stade situé à mi-côte du mont Pagus[8]. Le peuple y était déjà rassemblé ; c’était un vacarme infernal. Au moment où le vieillard fut introduit, le bruit redoubla ; les chrétiens seuls entendirent une voix du ciel qui disait : « Sois fort, sois viril, Polycarpe ! » On mena l’évêque au proconsul[9], qui employa les phrases ordinaires en pareille circonstance : « Au nom du respect que tu dois à ton âge, etc., jure par la fortune de César, crie comme tout le monde : « Plus d’athées ! » Polycarpe alors, promenant un regard sévère sur la foule qui couvrait les gradins, et la montrant de la main : « Oui, certes, dit-il, plus d’athées ! » et il leva les yeux au ciel avec un profond soupir. « Insulte le Christ, lui dit Statius Quadratus. — Il y a quatre-vingt-six ans que je le sers, et il ne m’a jamais fait aucun mal, dit Polycarpe. Je suis chrétien… Si tu veux savoir ce que c’est qu’un chrétien, ajouta-t-il, accorde-moi un délai d’un jour, et prête-moi ton attention. — Persuade donc cela au peuple, répondit Quadratus. — Avec toi, il vaut la peine de discuter, répondit Polycarpe. Nous avons pour précepte de rendre aux puissances et aux autorités établies par Dieu les honneurs qui leur sont dus, pourvu que ces marques de respect n’aient rien de blessant pour notre foi. Quant à ces gens-là, je ne daignerai jamais descendre à faire mon apologie devant eux. »

Le proconsul le menaça en vain des bêtes, du feu. Il fallut annoncer au peuple que Polycarpe confessait obstinément sa foi. Juifs et païens poussèrent des cris de mort : « Le voilà, le docteur de l’Asie[10], le père des chrétiens ! » disaient les premiers. « Le voilà, le destructeur de nos dieux, celui qui enseigne à ne pas sacrifier, à ne pas adorer ! » disaient les seconds. En même temps, ils demandaient à Philippe de Tralles[11], asiarque et grand prêtre d’Asie[12], de lancer un lion sur Polycarpe. Philippe leur fit observer que les jeux de bêtes étaient finis. « Au feu donc ! » cria-t-on de toutes parts. Et le peuple se répandit dans les boutiques et les bains pour y chercher du bois et des fagots. Les juifs, nombreux à Smyrne et toujours fort animés contre les chrétiens[13], montraient à cette besogne, selon leur habitude, un zèle tout particulier.

Pendant qu’on préparait le bûcher, Polycarpe ôta sa ceinture, se dépouilla de tous ses vêtements, essaya aussi de se déchausser. Il ne le fit pas sans quelque embarras ; car, en temps ordinaire, les fidèles qui l’entouraient avaient coutume de s’empresser pour lui éviter cette peine, tant ils étaient jaloux du privilège de le toucher. On le plaça au milieu de l’appareil qui servait à fixer le patient et on allait l’y clouer[14] : « Laissez-moi ainsi, dit-il ; celui qui me donne la force de supporter le feu m’accordera aussi la force de rester immobile sur le bûcher, sans qu’il soit besoin pour cela de vos clous. » On ne le cloua pas, on le lia seulement. Ainsi, les mains attachées derrière le dos, il semblait une victime, et les chrétiens qui l’apercevaient de loin voyaient en lui un bélier choisi dans tout le troupeau pour être offert à Dieu en holocauste. Pendant ce temps, il priait et remerciait Dieu de l’avoir admis au nombre de ses martyrs.

Les flammes cependant commencèrent à s’élever[15]. L’exaltation des fidèles témoins de ce spectacle était à son comble. Comme ils étaient loin du bûcher, ils purent se faire les plus singulières illusions. Le feu leur sembla s’arrondir en voûte au-dessus du corps du martyr et présenter l’aspect d’une voile de navire gonflée par le vent. Le vieillard, placé au centre de cette chapelle ardente, leur apparaissait non comme une chair qui brûle, mais comme un pain qui cuit, ou comme une masse d’or et d’argent dans la fournaise. Ils s’imaginèrent sentir une odeur délicieuse comme celle de l’encens ou des plus précieux parfums (peut-être les sarments et bois légers du bûcher y furent-ils pour quelque chose)[16]. Ils assurèrent même plus tard que Polycarpe n’avait pas été brûlé, que le confector fut obligé de lui donner un coup de poignard[17], qu’il coula de la blessure tant de sang que le feu en fut éteint[18].

Les chrétiens attachaient naturellement le plus grand prix à posséder le corps du martyr. Mais l’autorité hésitait à le leur donner, craignant de voir ce supplicié devenir l’objet d’un nouveau culte. « Ils seraient capables, disaient-ils en riant, d’abandonner pour lui le crucifié. » Les juifs montaient la garde auprès du bûcher pour épier ce qu’on allait faire. Le centurion de service se montra favorable aux chrétiens et les laissa prendre ces os, « plus précieux que les pierres précieuses et que l’or le plus pur ». Ils étaient calcinés ; pour concilier ce fait avec le récit merveilleux, on prétendit que c’était le centurion qui avait brûlé le corps. On mit les cendres dans un lieu consacré, où l’on vint chaque année célébrer l’anniversaire du martyre et s’exciter à marcher sur les traces du saint vieillard.

Le courage de Polycarpe frappa beaucoup les païens eux-mêmes. L’autorité, ne voulant pas que de pareilles scènes se renouvelassent, arrêta les supplices[19]. Le nom de Polycarpe resta célèbre à Smyrne, tandis qu’on oublia vite les onze ou douze Smyrniotes ou Philadelphiens qui avaient souffert avant lui. Les Églises d’Asie et de Galatie, à la nouvelle de la mort de ce grand pasteur, demandèrent aux Smyrniotes des détails sur ce qui s’était passé. Ceux de Philomélium, en Phrygie Parorée[20] montrèrent surtout un touchant empressement. L’Église de Smyrne fit rédiger par un de ses anciens le récit du martyre, sous la forme d’une épître circulaire, qui fut adressée aux différentes Églises. Les fidèles de Philomélium, point déjà fort éloigné, étaient priés de transmettre la lettre aux frères d’au delà.

L’exemplaire des Philoméliens, copié par un certain Évareste, et porté par un nommé Marcion, servit de base ensuite à l’édition originale. Comme il arrive souvent dans la publication des lettres circulaires[21], les finales des différents exemplaires furent placées par l’éditeur à la suite les unes des autres[22]. Ce beau morceau constitue le plus ancien exemple connu des Actes de martyre. Il fut le modèle qu’on imita et qui fournit la marche et les parties essentielles de ces sortes de compositions. Seulement les imitations n’eurent pas le naturel et la simplicité de l’original. Il semble que l’auteur des fausses lettres ignatiennes avait lu l’épître des Smyrniotes[23]. Il y a entre ces écrits des liens étroits, une grande similitude d’esprit. Polycarpe était après Ignace la grande préoccupation de l’auteur des fausses lettres[24], et c’est dans l’épître vraie ou supposée de Polycarpe qu’il cherche son point d’appui. L’idée que le martyre est la faveur suprême qu’on doit désirer et demander au ciel[25] trouva dans l’encyclique smyrniote sa première et parfaite expression. Mais l’enthousiasme du martyre y est contenu dans les bornes de la modération. L’auteur de ce remarquable écrit ne perd aucune occasion de montrer que le vrai martyre, le martyre conforme à l’Évangile, est celui qu’on ne va pas chercher, qu’on attend. La provocation lui paraît si condamnable, qu’il éprouve une certaine satisfaction à montrer le Phrygien fanatique cédant aux obsessions du proconsul et devenant apostat[26].

Légère, étourdie, curieuse de bizarreries, l’Asie tourna ces tragédies en historiettes et eut la caricature du martyre. Vers ce temps, vivait un certain Peregrinus[27], philosophe cynique, de Parium sur l’Hellespont, qui s’appelait lui-même Protée, et dont on vantait la facilité à prendre tous les visages, à courir toutes les aventures. Parmi ces aventures, on mit celle d’évêque et de martyr[28]. Après avoir débuté dans la vie par les crimes les plus affreux, par le parricide, il se fait chrétien, devient prêtre, scribe, prophète, thiasarque, chef de synagogue. Il interprète les livres sacrés, en compose lui-même ; il passe pour un oracle, pour une suprême autorité en fait de règles ecclésiastiques. On l’arrête pour ce délit[29], on l’enchaîne. C’est le commencement de son apothéose. À partir de cette heure, il est adoré, on remue ciel et terre pour le faire échapper[30] ; on en est aux petits soins avec lui. Le matin, à la porte de la prison, les veuves, les orphelins attendent pour le voir. Les notables obtiennent, à prix d’argent, de passer la nuit dans sa compagnie. C’est un va-et-vient de tables, de festins sacrés ; on célèbre près de lui les mystères, on ne l’appelle que « cet excellent Peregrinus », on le qualifie de nouveau Socrate.

Tout cela se passe en Syrie. Ces esclandres publics sont la joie des chrétiens ; ils n’épargnent rien, en pareil cas, pour rendre la manifestation éclatante. Voilà que, de toutes les villes d’Asie, arrivent des envoyés chargés de se mettre au service du confesseur et de le consoler. L’argent afflue autour de lui. Or il se trouve que le gouverneur de Syrie est un philosophe ; il pénètre le secret de la folie de notre homme, voit qu’il n’a qu’une idée, c’est de mourir pour rendre son nom célèbre, et le renvoie sans châtiment. Partout, dans ses voyages, Peregrinus nage dans l’abondance ; les chrétiens l’entourent et lui font une escorte d’honneur.

« Ces imbéciles, ajoute Lucien[31], sont persuadés qu’ils sont absolument immortels, qu’ils vivront éternellement ; ce qui fait qu’ils méprisent la mort et que beaucoup d’entre eux s’y offrent d’eux-mêmes. Leur premier législateur leur a persuadé qu’ils sont tous frères les uns des autres, du moment que, reniant les dieux helléniques, ils adorent le crucifié, leur sophiste, et vivent selon ses lois. Ils n’ont donc que du dédain pour les biens terrestres, et ils les tiennent pour appartenant en commun à tous. Inutile de dire qu’ils n’ont pas une raison sérieuse de croire tout cela. Si donc quelque imposteur, quelque homme rusé, capable de tirer parti de la situation, vient à eux, tout de suite, le voilà riche, et il rit au nez de ces nigauds. »

Peregrinus, à bout de ressources, cherche, par une mort théâtrale aux jeux olympiques[32], à satisfaire l’insatiable besoin qu’il a de faire parler de lui. Le suicide pompeux et voulu était, on le sait, le grand reproche que les philosophes sages adressaient aux chrétiens[33].

  1. Cf. l’Antechrist, p. 567.
  2. Lettre de l’Église de Smyrne au Philoméliens, etc., conservée dans Eusèbe, IV, 15, et dans les manuscrits. Édit. Zahn, Leipz., 1876. Comp. Irénée, III, iii, 4 ; Polycarpe, dans Eus., H. E., V, xxiv, 4. Il y est peut-être fait allusion dans Ign., ad Rom., 5, et dans les Actes de Thecla, 22, 27 et suiv. ; cf. Mart. Polyc., 16. Sur la date de l’événement, voir la démonstration de M. Waddington, dans les Mém. de l’Acad. des inscr., t. XXVI, 2e part., p. 232 et suiv. ; Fastes des prov. asiat., 1re partie, p. 219-221 (nonobstant K. Wieseler, Christenverfolg., 1878). Il se pourrait qu’au lieu de l’an 155, il faille prendre l’année 156. Voir Lipsius, Zeitschrift für wiss. Theol., 1874, p. 195), et Gebhardt, Zeitschrift für die histor. Theol., 1875, p. 337-395. M. Keim, pour échapper aux conclusions de M. Waddington, est obligé de repousser, contre toute vraisemblance, la donnée fondamentale que le martyre en question eut lieu sous le proconsulat de Titus Statius Quadratus (Geschichte Jesu, 1875, p. 381 et suiv. ; Aus dem Urchrist., 1878, p. 90 et suiv.) Cf. Zeitschrift für Kirchengeschichte, I, 1er fascic., p. 121-122. Pearson (Op. post., p. 277) cite une chronique grecque manuscrite qui place les martyres de Polycarpe et de saint Justin sous Antonin.
  3. Martyr. Polyc., 4, 19. Cf. Eus., H, E., IV, xv, 45 ; Chron. d’Alex., an 163. Δωδέκατος est sûrement la bonne leçon. Les onze autres martyrs n’étaient pas de Philadelphie, comme on a pu le croire. La phrase veut dire que les martyrs de Smyrne, en y comprenant les Philadelphiens qui se trouvaient parmi eux, étaient au nombre de onze. Polycarpe fut le douzième et prit en quelque sorte la place de Quintus.
  4. Waddington, Fastes, p. 219-221 ; Aristide, édit. Dindorf, I, 521 ; Philostrate, Vie des soph., II, 6 ; Wadd. Mém., p. 233 et suiv. Comp. Lucien, De morte Peregr., 14.
  5. Sur cette date, comparez les actes de saint Pione, dans Ruinart, p. 151 et suiv., et le Ménée des Grecs. Voir Zahn, p. 144-145, 163-165.
  6. Ἁπάσης τῆς κατὰ τὴν οἰκουμένην καθολικῆς ἐκκλησίας. Cf. § 19 et la suscription.
  7. Mart. Polyc., 17. Cf. pseudo-Ignace, ad Pel., 8 ; ad Smyrn., 13.
  8. Ce stade est encore assez bien conservé.
  9. Selon la lettre des Smyrniotes, cet interrogatoire aurait eu lieu dans le stade même, ce qui parait peu admissible. Mais le tribunal du proconsul pouvait être voisin du stade. Le proconsul ne paraît pas avoir assisté au supplice. Comparez les Actes de saint Pione, déjà cités.
  10. Ἀσίας διδάσκαλος. D’autres lisent ἀσεϐείας
  11. Cf. Strabon, XIV, i, 42.
  12. Sur ces deux titres, voir Saint Paul, p. 352-353, 429.
  13. Comparez les Actes de saint Pione, §§ 3, 4. Cf. Justin, Apol. I, 31, 36 ; Dial., 16, 95, 110, 133,
  14. Comp. le martyre de saint Pione, § 21.
  15. L’indication de l’heure (§ 21) donne lieu à beaucoup de doutes.
  16. La même circonstance se retrouve dans les martyres de Lyon, Eus., H. E., V, i, 35. Comparez Lucien, Peregrinus., 3.
  17. § 16 (contredisant § 5). La leçon περιστερά est sûrement une faute. Comparez cependant Lucien, Peregr., 39, 40.
  18. Déjà l’imagination se refusait à laisser consumer entièrement le corps des martyrs, par suite des craintes matérialistes qu’on avait pour la résurrection des corps totalement détruits. V. Le Biant, mémoire sur les supplices destructeurs du corps, dans la Revue archéol., sept. 1874 (cf. Mém. de l’Acad. des inscr., XXVIII, 2e part., p. 77, 91-95). Comp. les Actes de saint Pione (saint Pione meurt dans les flammes ; mais son corps est trouvé intact) et de saint Fructueux (Ruinart, p. 150, 221). Lettre des Églises de Lyon et de Vienne, dans Eusèbe, H. E., V, i, 62, 63 ; Celse, dans Orig., VIII, 53. Comparez surtout Ign., ad Rom., 5 ; Actes de Thecla, 22, 27 et suiv.
  19. Mart. Polyc., 1.
  20. Aujourd’hui Akschéher, à plus de cent lieues de Smyrne, non loin d’Antioche de Pisidie. Cette ville faisait administrativement partie de la Galatie.
  21. Comp. Saint Paul, introd., p. lxiii et suiv.
  22. Voir §§ 19, 20, 22 (1). Il y a là trois clausules. Le § 21 est une note chronologique, très-ancienne, quoique Eusèbe ne l’eût pas dans son exemplaire. Quant à § 22 (2 et 3), plus complet dans le manuscrit de Moscou que dans les autres textes (Zahn, p. 166-168), c’est une addition d’un certain Pionius, qui, vers la fin du ive siècle, fit une vie de Polycarpe. Halloix et Bollandus (26 janv.) l’ont donnée en latin. M. Gebhardt l’a trouvée en grec dans le manuscrit 1452 de la Bibliothèque nationale. Voir Zeitschr. für Kirch, II (1878), p. 454-457. Cf. Macarius Magnes, p. 109.
  23. Comp. l’Alcé de Mart., 17, à l’Alcé d’Ign. ad Smyrn., 13, et d’Ign. ad Polyc., 8.
  24. Ign. ad Polyc. et ad Smyrn.
  25. Voir §§ 17, 18, 19.
  26. Voir §§ 1, 4, 5, 6, 7, 19. C’est par erreur qu’Eusèbe (H. E., V, xv, 46-48) a rattaché au même temps les supplices de saint Pione, du marcionite Métrodore et de quelques martyrs de Pergame. Tous ces supplices appartiennent au règne de Dèce. L’origine de son erreur vient certainement de ce que, dans son exemplaire, les actes de ces martyres faisaient suite à ceux du martyre de Polycarpe. Le Papias de Pergame de la Chronique d’Alexandrie (à l’an 163) est probablement Papylus de Pergame.
  27. Aulu-Gelle, VIII, 3 ; XII, 11 ; Athénagore, Leg., 26 ; Tatien, Adv. Gr., 25 ; Tertullien, Ad mart., 4 ; Philostrate, Soph., II, i, 33 ; Eusèbe, Chron., an 5 de Marc-Aurèle ; Ammien Marcellin, XXIX, i, 39.
  28. Lucien, De morte Peregr., § 9 et suiv. Cf. le même, Adv. indoct., 14. Nul doute que cette farce sacrilège prêtée à Peregrinus ne soit une fiction de Lucien.
  29. Ἐπὶ τούτῳ, § 12. On peut supposer que, dans ce qui précède, il y a une lacune, où pouvait se trouver le récit d’un méfait plus caractérisé. Bernays, Lucian, p. 107-109.
  30. Comparez Ignace d’Antioche (les Évangiles, p. 489 et suiv.). Lucien paraît avoir vu la collection des lettres ignatiennes.
  31. § 13. Cf. saint Justin, Dial., 46.
  32. Ici Lucien rentrait dans l’histoire.
  33. Voir ci-dessus, p. 311-312.