L’Émigré/Lettre 007

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P. F. Fauche et compagnie (Tome Ip. 43-45).
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LETTRE VII.

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La Cesse de Loewenstein
à
Melle Émilie de Wergentheim.


Lorsque j’ai écrit hier une si longue lettre à mon Émilie, je ne croyais pas l’embrasser sitôt ; mais le soir, il a pris tout d’un coup à mon oncle un accès de tendresse pour vous : je parlais de votre santé ; il m’en demanda, avec beaucoup d’intérêt, des détails, parut craindre pour votre personne, et après un éloge fait avec brusquerie et sincérité : mais pourquoi, ma nièce, ne pas aller la voir ? — Quand vous êtes ici !… — Oh ! cela est bon quand je fais un petit voyage de deux jours ; mais il ne faut pas se gêner lorsque je reste ici quelque temps, et ce brave homme qui est malade m’intéresse, je ne puis le quitter ; il ne faut pas tarder plus long-temps à aller voir votre aimable Émilie ; nous avons tremblé pour elle pendant le siège, et si je ne vous en ai pas parlé souvent, c’est que je craignais de faire connaître mes inquiétudes ; ne tardez pas davantage ; demain, ma nièce, c’est moi qui vous en prie ; dites-lui combien nous l’aimons tous, et combien nous aurons de plaisir à la revoir : À de si douces paroles, j’ai embrassé mon oncle bien tendrement ; je l’ai assuré que je reviendrais après-demain au soir pour faire le thé, et que j’aurais soin de rassembler toutes les nouvelles. Le frere de Jenny qui part à l’instant pour Mayence vous rendra cette lettre. Adieu, ma chère Émilie, le plaisir m’empêchera de dormir cette nuit, il est bien juste qu’il domine à son tour ; le chagrin et la crainte n’ont régné que trop long-temps.

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