L’Émigré/Lettre 091
LETTRE XCI.
à
La Cesse de Loewenstein.
J’ai à vous parler aussi d’une Émigrée,
ma chère Victorine, dont le triste état
vous touchera sensiblement ; c’est de
la vicomtesse de Vassy qui est en
route, je crois, pour revenir de Carlsbath ;
lisez cette lettre du chevalier de
Versac, avec qui vous pouvez vous
rappeler d’avoir dansé chez le prévôt
du chapitre de Mayence ; elle vous
instruira de détails que je n’ai pas la
force de vous faire. L’avis qu’on me
donne et que je vous transmets, peut
être fort intéressant, et vous ferez bien d’en faire part au Marquis et à
la Duchesse ; mais peut-être ils connaissaient
le vicomte de Vassy, c’est
un motif, ma chère Victorine, d’user
de ménagemens en leur apprenant
cette nouvelle. Adieu, je ne veux
pas m’étendre sur le triste sujet de
cette lettre, elle ne fera que trop
d’impression sur vous, sans que j’y
joigne mes sombres idées. Malheureuse
Vicomtesse ! quelle horrible
nouvelle ! et combien peu il lui
reste d’espoir. Adieu, adieu, ma
tendre amie.