L’Épaulette/23

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Fasquelle (p. 443-453).
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XXIII


J’ai passé les dernières semaines de 1896 et les premiers jours de 1897, à Sandkerque, de la façon la plus misérable. Je m’élance des profondeurs du découragement à d’excessifs désirs d’action, à de frénétiques besoins de manifestations violentes ; et le dégoût que j’éprouve pour moi-même, pour tout ce qui m’entoure, m’arrache brusquement l’énergie nécessaire à l’effort. J’ai renvoyé la Môme-Chichi à Paris, et le contact de mes semblables, leur vue, me sont devenus insupportables. J’erre, pendant des heures et des heures, au bord de la mer, dans les dunes, ruminant sans cesse le même désespoir, mâchant la même exaspération. Je suis condamné à une vie pour laquelle je ne suis point fait, à laquelle j’ai été destiné dès mon enfance, jeté dès que je devins un homme, et que je n’ai pas le courage d’abandonner.

À la mort de mon père, j’avais pris la résolution de quitter l’armée ; résolution bien faible, sans doute, puisque le premier prétexte m’a permis d’y renoncer. Et j’ai voulu essayer d’imiter mon père, de jouer, comme lui, un rôle dans une comédie ; et j’ai vu que j’étais aussi incapable de jouer un rôle que d’être purement et simplement moi-même… Incapable d’être moi-même ? Après tout, je ne sais pas ; il faudrait oser essayer. Et l’audace ne me serait pas difficile, car j’ai du pain assuré, au moins pour plusieurs années ; il me reste 150.000 francs environ ; et si je donne ma démission… Mais, immédiatement, une idée s’empare de moi : j’ai des ennemis, des gens qui m’en veulent — cette lettre anonyme, envoyée à Isabelle, en est encore une preuve — et si je pars, ces gens-là diront que j’ai eu peur d’eux, que j’ai fui, que je n’ai pas même eu le courage d’engager la lutte contre leur puissance. Ils vont probablement m’attaquer encore, traîtreusement, un de ces jours. Qu’ils viennent !…

Mes pressentiments ne me trompent guère. Vers la fin de janvier, juste au moment où mes nerfs commencent à se calmer un peu, je reçois l’ordre de me rendre à Paris, où le général de Lahaye-Marmenteau désire me demander quelques explications. — À propos de quoi ?



À propos de certains papiers que mon père, en sa qualité de commandant de Corps d’armée, avait en dépôt ; on ne retrouve point ces papiers. Ne pourrais-je mettre l’État-Major sur leurs traces ? (Je flaire là, immédiatement, un prétexte d’entrevue.) Je réplique sèchement que j’ai toujours ignoré l’existence même de ces papiers. Le général, piqué, me fait observer que mon affirmation ne suffit pas. Je réponds, plus sèchement encore, que cette affirmation doit suffire. Le général, qui paraît plus surpris qu’irrité, me regarde un instant dans le blanc des yeux ; et il se décide à dire, lentement :

— La disparition de ces documents peut avoir pour vous, indirectement, des résultats très sérieux. Si la mémoire de votre père est ternie, vous comprenez… Votre père a souvent été fort imprudent. Il a vécu, par exemple, durant plusieurs années, avec une personne des plus suspectes, une Allemande, cette baronne de Haulka…

— Il est certain, dis-je en interrompant le général, que mon père n’a pas toujours été très scrupuleux au sujet des femmes. Il lui est même arrivé d’emprunter celle du voisin. Mais, mon général, pourquoi n’avez-vous jamais attiré son attention sur ce point pendant sa vie, vous qui étiez mieux placé que tout autre pour le faire ?

— Que voulez-vous dire ? demande le général d’une voix rauque, en crispant les poings.

— Rien d’autre que ce que je dis.

— Alors, reprend-il en mâchant les mots avec rage, je vous rappellerai que vous oubliez nos situations réciproques, et que cela peut vous coûter cher. Si je voulais… La mort mystérieuse de Mme Plantain, à Sandkerque, si nous nous donnions la peine de chercher…

— Mon général, il faut vous donner cette peine, et tout de suite ; je vous en prie. Et découvrir en même temps, si c’est possible, l’ignoble personnage qui avait envoyé une lettre anonyme à cette malheureuse femme…

— Malheureuse femme ! s’écrie le général en frappant du poing la table devant laquelle il est assis. Cela vous va bien ! Cela vous va bien, de la plaindre ! En vérité ! À peine échappée aux griffes du père, elle tombe dans celles du fils. Parbleu ! Elle était riche !

— Dans ma famille, dis-je en ricanant, on a toujours aimé l’argent. Famille militaire, mon général. Cependant, on ne s’est jamais caché derrière des hommes de paille pour pratiquer l’usure.

Lahaye-Marmenteau a un haut-le-corps ; pourtant, il affecte de ne pas comprendre ; il siffle :

— Votre conduite vis-à-vis de Mme Plantain a été atroce. Vous n’avez pas de cœur.

— Si ; en vous écoutant, je l’ai sur les lèvres.

Le général, à l’instant, est sur ses pieds ; la bouche écumante, le bras tendu vers moi.

— Vous qui faites passer vos hommes au Conseil de guerre, s’écrie-t-il, vous allez… Vous osez m’insulter… moi !… Dans mon cabinet de chef…

— Un cabinet ? Un cabinet ? répété-je à demi-voix — car l’idée ne vient tout à coup que je pourrais être entendu par quelque invisible témoin aposté derrière une porte — ; un cabinet ? Je ne savais pas ; je croyais que c’était une agence matrimoniale.

— Cela vaudrait mieux pour vous, grince le général en regagnant son fauteuil et en avançant les mains vers un timbre ; les agences matrimoniales ne possèdent point, sur le compte du général Maubart, héros de Nourhas, des documents semblables à ceux qui sont ici, dans un tiroir de mon bureau. Leur publication s’impose, vous comprenez. L’iniquité des pères…

Le général appuie le doigt sur le timbre et, comme un officier d’ordonnance paraît, me congédie de la main. Mais je veux avoir le dernier mot.

— Mon général, dis-je en faisant un pas vers Lahaye-Marmenteau, je me souviendrai toujours de ce que vous venez de me faire comprendre : qu’il ne faut jamais redouter les gens assez couards pour s’attaquer aux morts et dont le métier consiste à prêter leur incompétence à leur pays, comme on dit, à la petite semaine.



Ce serait une erreur de croire que les menaces du général de Lahaye-Marmenteau m’ont laissé froid. Elles m’inquiètent, au contraire, énormément. D’autant plus que ces menaces ne s’adressent pas directement à moi, mais à la mémoire d’un homme dont, malgré les liens de parenté les plus étroits, je ne connais qu’imparfaitement la vie. Je sais bien que l’existence de mon père n’a point été sans reproche ; mais quel crime a-t-il pu commettre dont l’énormité, une fois divulguée, marquerait d’un signe d’infamie la pierre de son tombeau ?… Une idée me vient, tout d’un coup, quelques instants après ma sortie du ministère. Il y a quelqu’un, à Paris, qui est certainement au courant des moindres détails de la vie de mon père ; c’est la baronne de Haulka. Je ne connais pas la baronne, que j’ai simplement aperçue deux ou trois fois ; mais je n’ai jamais entendu mon père, assez sarcastique et assez rancunier, parler d’elle d’une façon défavorable. Il n’hésitait même jamais à reconnaître qu’elle ne lui avait donné que d’excellents conseils. Et pourquoi, si je lui expose la situation difficile dans laquelle je me trouve, refuserait-elle de me donner les renseignements qu’il me faut ?

Je prends un fiacre et me fais conduire chez la baronne, dont je me rappelle heureusement l’adresse. Elle est chez elle, et me reçoit immédiatement.

La baronne est une femme de taille moyenne, plutôt mince, pâle et brune ; elle a quarante-cinq ans au moins, mais on lui en donnerait à peine quarante ; le front est d’une idéaliste, mais le menton indique la décision rapide et la force de caractère. Les yeux sont très beaux, d’un grand silence imperturbable ; c’est comme de la lumière qui dort. Les lèvres sont fines, et il y a, à leurs commissures, un petit pli désespéré ; les mouvements sont pleins de grâce, mais discrets, presque timides. La baronne s’exprime en français avec une facilité et une élégance rares. Elle m’assure aimablement de toute sa sympathie, et me met si bien à mon aise, et d’une façon tellement naturelle, et si délicatement, que je n’éprouve aucune difficulté à lui exposer l’objet de ma visite.

La baronne, quand j’ai fini, reste un moment silencieuse.

— Ce que vous m’apprenez, dit-elle enfin, me surprend plus que je ne saurais dire. Le général Maubart, je le sais, n’était pas en fort bons termes avec le général de Lahaye-Marmenteau ; pourtant, ils n’étaient point animés, l’un contre l’autre, d’une de ces haines qui poussent les hommes aux pires extrémités. Et, comme j’ai toujours entendu dire par votre père lui-même que, pendant votre séjour à l’État-Major, vous n’aviez eu qu’à vous louer du général de Lahaye-Marmenteau…

Je me vois obligé de détromper la baronne, de la mettre au courant des faits qui ont motivé le changement d’attitude du général à mon égard. Je lui apprends quelles tentatives on fit pour me marier à Mlle Pilastre, et aussi quels liens attachent réellement cette jeune personne au général ; j’explique comment ce dernier a conçu pour moi une haine profonde.

— La haine est mauvaise conseillère, dit la baronne en secouant la tête ; elle aveugle. Et voilà pourquoi le général de Lahaye-Marmenteau, exaspéré de voir qu’il ne peut marier Mlle Pilastre, juste au moment où ce mariage l’aiderait à réparer le désordre de ses affaires, se laisse aller à tenir des propos qu’il ne pèse point et qu’il regrettera bientôt. Les menaces qu’il vous a faites sont insensées, ne valent pas la peine d’être discutées ; elles émanent d’un homme dont l’esprit n’est pas calme, est obsédé par de gros soucis. De cette situation mentale du général de Lahaye-Marmenteau j’ai eu moi-même des preuves. La complète confiance que j’ai en vous, monsieur, m’autorise à vous l’apprendre ; le général est arrivé à se convaincre que je suis une personne dangereuse — tranchons le mot : une espionne — et il cherche à me faire expulser. Naturellement, je ne crains rien ; ma conscience est tranquille et mes sympathies françaises sont bien connues. Je ne cite le fait que pour vous montrer jusqu’à quel degré d’exagération l’insuccès, la hantise de circonstances défavorables, peuvent entraîner un homme.

— Il faut ajouter, dis-je, qu’en raison de la crainte qu’on a de voir ressusciter une malheureuse affaire, une épidémie de soupçon s’est abattue sur l’État-Major. Il y a de nombreuses fuites, comme nous disons : on ne sait à qui les attribuer, et l’on soupçonne et l’on surveille tout le monde.

Et je cite des exemples, quelques-uns amusants. Ainsi, le cas du capitaine de Bellevigne, qui a des relations épistolaires avec une dame mariée, et qui n’ose pas permettre à cette dame de correspondre directement avec lui : il craint que ces lettres ne soient interceptées chez son concierge, et l’amoureux secret découvert. La dame lui écrit poste restante, au bureau de la rue du Bac ; et le capitaine va chercher les lettres tous les deux jours.

La baronne écoute sans manifester d’autre intérêt qu’un intérêt de politesse.

— Il est certain, dit-elle, que tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ; mais pourtant, avec beaucoup de patience, on arrive à vivre. Une chose nécessaire, aussi, c’est être sûr de soi-même, ne point se laisser effrayer. Et c’est le conseil que j’ose vous donner, monsieur. Soyez convaincu que votre père, qui avait ses fautes, car il était homme, n’a jamais commis aucun acte dont vous puissiez avoir à rougir.

Je quitte la baronne, enchanté ; enchanté d’elle, et de moi aussi. J’ai eu une fameuse idée, d’aller la voir ! Je pensais bien que Lahaye-Marmenteau parlait pour me faire peur ; à présent, j’en suis sûr. Il cherchera sans doute encore à m’effrayer, mais il perdra son temps. Maintenant que je sais que je n’ai rien de bien sérieux à redouter, je puis attendre l’attaque de pied ferme. J’ébauche peu à peu un système de défense, que je me propose de compléter à Sandkerque, où je me décide à retourner ce soir même. Mais, en descendant un escalier, je glisse, je me tords le pied, et il me devient impossible de faire un pas.



Le médecin-major que j’ai fait appeler a déclaré que je souffre d’une foulure, que je ne serai pas rétabli avant douze on quinze jours, et que je dois rester au lit environ une semaine. Et voilà le sixième jour que je gis sur ma couche solitaire ; étudiant, pour toute distraction, le style audacieux des journalistes français ; ne recevant pas d’autres visites que celles du major, qui vient de m’annoncer, heureusement, que je pourrai me lever demain. J’avais écrit au capitaine de Bellevigne dès le premier jour, pour le prier de me venir voir ; en dépit d’une seconde et d’une troisième lettres, il n’est point venu. Mais, ce soir, juste comme je cherche à trouver les raisons qui ont pu l’amener à rester invisible et silencieux, le domestique l’introduit.

Inutile de dire combien je suis heureux de voir Bellevigne. Quant à lui, je ne le trouve guère démonstratif ; il semble préoccupé, horriblement ennuyé. Je n’ose pas lui demander les raisons de sa mélancolie ; mais, au moment où je vais lui faire le récit de mon entrevue avec Lahaye-Marmenteau, il m’apprend qu’il vient d’être la victime de l’aventure la plus déplorable que l’on puisse imaginer.

— Il faut, dit-il, que je vous raconte en détail ce qui m’est arrivé. C’est tellement monstrueux que vous le croirez à peine. Cela suffirait, si mes sentiments religieux n’étaient pas aussi profonds, à me faire douter de tout et à me pousser aux théories subversives que vous aimiez à exposer….. Vous savez que j’allais chercher tous les deux jours, au bureau de poste de la rue du Bac, des lettres de Mme d’Artoulle. Hier matin, comme je réclamais les missives adressées à mes initiales, le buraliste me remit un assez grand nombre de lettres ; ce à quoi je ne pris pas garde. Comme je les mettais dans ma poche, un individu qui faisait semblant d’écrire à un pupitre — et que je reconnus dès qu’il se retourna pour le commandant Karpathanzi, s’approcha de moi ; il me pria, par ordre, de le suivre. Très étonné, plus qu’étonné, je le suivis. Un fiacre, en quelques minutes, nous conduisit au ministère ; le commandant me mena immédiatement au cabinet du général de Lahaye-Marmenteau avec lequel il me laissa seul. Le général me pria de lui montrer les lettres qu’on m’avait remises au bureau de poste. Je les sortis de ma poche ; il y en avait cinq, deux que j’ai reconnu à la suscription avoir été envoyées par Mme d’Artoulle, et trois qui portaient des timbres allemands. Le général m’ordonna d’ouvrir les lettres devant lui ; ce que je fis. Il jeta à peine un coup d’œil sur les billets de Mme d’Artoulle, et me les rendit. Quant aux lettres expédiées d’Allemagne, il me demanda des explications à leur sujet. Je déclarai ne pouvoir en donner aucune ; j’affirmai, de plus, ne connaître l’allemand que très imparfaitement. Le général, qui ne sait pas un mot de cette langue, fit appeler l’archiviste Irmaudin. Ce dernier parut aussitôt et traduisit les lettres ; dans l’une, on me remerciait des renseignements que j’avais envoyés au sujet des nouveaux freins hydrauliques ; dans les deux autres, on me priait de compléter mes indications sur les défenses de Verdun, et on me demandait le croquis des projets pour le fort d’arrêt de Hirson. L’archiviste se retira. Je restai seul avec le général. J’étais écrasé, anéanti. Je n’ai pas besoin de vous dire, mon cher ami, combien innocent je suis de la monstrueuse accusation qui pesait sur moi. Cependant, toutes les apparences me condamnaient ; je le sentais, j’étais accablé par d’irréfutables évidences ; je me voyais pris dans un piège dont je ne m’expliquais pas, dont je ne m’explique pas, même maintenant, le mécanisme.

— Et, demandé-je, plein d’une émotion que Bellevigne, heureusement, est trop troublé pour remarquer, et comment vous êtes-vous….. ?

— Comment je me suis tiré de là ? complète Bellevigne en souriant amèrement. Vous pouvez le deviner. Lahaye-Marmenteau me tenait en son pouvoir. Comment me défendre ? Vous comprenez à quelle condition il a promis de détruire les lettres….. Du reste, continue-t-il, j’ai sans doute tort d’accuser le général ; il était visiblement de bonne foi. Une idée m’était venue, il est vrai….. mais est-elle juste ? Il ne faut pas porter de jugements téméraires. Je suis victime d’une horrible machination, mais je ne puis accuser personne. Je dois être, jusqu’au bout, fidèle à mes principes….. Dieu saura trouver les coupables, et les punir. Malgré tout, il m’impose une bien rude épreuve… Ah, j’avais toujours pensé que mes relations condamnables avec Mme d’Artoulle auraient leur châtiment !…..

Bellevigne s’est retiré depuis longtemps que je suis encore sous le coup des révélations qu’il m’a faites. Y a-t-il quelque moyen de ruiner l’odieuse intrigue dont je crois distinguer, à présent, tous les fils et tous les acteurs ? Je n’en vois aucun. Peut-être demain trouverai-je quelque chose.

Mais, dans les journaux du matin que je puis lire debout, enfin, je trouve un écho ainsi conçu : « Hier, grande soirée chez M. Pilastre, le sympathique industriel, commandant de la territoriale, officier de la Légion d’honneur, à l’occasion des fiançailles de Mlle Pilastre avec le capitaine comte de Bellevigne. Remarqué : le général Schnock, la comtesse d’Heumartel, M. et Mme Courbassol, l’académicien Jacques Lemaître, la baronne de Haulka, le général de Lahaye-Marmenteau….. » Ces deux derniers noms, accouplés, me font voir tout à coup une chose que j’avais à peine entrevue jusqu’ici. Je croyais tenir tous les fils de l’intrigue, et pourtant… À présent, je comprends que c’est la baronne, craignant une expulsion, qui a mis à profit une indiscrétion que j’ai commise pour donner enfin à Lahaye-Marmenteau le moyen de marier sa fille ; en raison de quoi, elle est dans les meilleurs termes avec lui, et sûre de pouvoir continuer à habiter Paris. C’est moi qui ai, involontairement, fourni à cette femme la possibilité d’une manœuvre habile. Elle s’est jouée de moi. Elle m’a déçu. Donc, toutes les assurances qu’elles m’a données étaient fausses ; donc, j’ai tout à redouter. Mais quoi ? Qui pourra me dire ce que j’ai à craindre ? Qui pourra m’apprendre, enfin, la vérité sur mon père ?….. Fou que je suis ! Si l’acte qu’on reproche à mon père avait été commis après 1870, je le connaîtrais ; donc, il a été commis — s’il l’a été — auparavant….. Et peut-être….. Cette affaire de Nourhas !….. Lahaye-Marmenteau m’en a parlé, l’autre jour. Nourhas !….. Oui, il y a quelqu’un qui pourra me dire la vérité ; mon oncle Karl. Je prendrai ce soir le train pour Wiesbaden, où je sais qu’il vit.