L’Éternité par les astres/V

La bibliothèque libre.
Germer-Baillière (p. 17-27).


V

OBSERVATIONS SUR LA COSMOGONIE DE LAPLACE. – LES COMÈTES.


Laplace a puisé son hypothèse dans Herschell qui l’avait tirée de son télescope. Tout entier aux mathématiques, l’illustre géomètre s’occupe beaucoup du mouvement des astres et fort peu de leur nature. Il ne touche à la question physique qu’avec nonchalance, par de simples affirmations, et se hâte de retourner aux calculs de la gravitation, son objectif permanent. Il est visible que sa théorie est aux prises avec deux difficultés capitales : l’origine ainsi que la haute température des nébuleuses, et les comètes. Ajournons pour un instant les nébuleuses et voyons les comètes. Ne pouvant à aucun titre les loger dans son système, l’auteur, pour s’en défaire, les envoie promener d’étoile en étoile. Suivons-les, afin de nous en débarrasser nous-mêmes.

Tout le monde aujourd’hui en est arrivé à un profond mépris des comètes, ces misérables jouets des planètes supérieures qui les bousculent, les tiraillent en cent façons, les gonflent aux feux solaires, et finissent par les jeter dehors en lambeaux. Déchéance complète ! Quel humble respect jadis, quand on saluait en elles des messagères de mort ! Que de huées et de sifflets depuis qu’on les sait inoffensives ! On reconnaît bien là les hommes.

Toutefois, l’impertinence n’est pas sans une légère nuance d’inquiétude. Les oracles ne se privent pas de contradictions. Ainsi Arago, après avoir proclamé vingt fois la nullité absolue des comètes, après avoir assuré que le vide le plus parfait d’une machine pneumatique est encore beaucoup plus dense que la substance cométaire, n’en déclare pas moins, dans un chapitre de ses œuvres, que « la transformation de la terre en satellite de comète est un événement qui ne sort pas du cercle des probabilités. »

Laplace, savant si grave, si sérieux, professe également le pour et le contre sur cette question. Il dit quelque part : « La rencontre d’une comète ne peut produire sur la terre aucun effet sensible. Il est très-probable que les comètes l’ont plusieurs fois enveloppée sans avoir été aperçues… » Et ailleurs : « Il est facile de se représenter les effets de ce choc (d’une comète) sur la terre : l’axe et le mouvement de rotation changés ; les mers abandonnant leurs anciennes positions pour se précipiter vers le nouvel équateur ; une grande partie des hommes et des animaux noyés dans ce déluge universel, ou détruits par la violente secousse imprimée au globe, des espèces entières anéanties…, » etc.

Des oui et non si catégoriques sont singuliers sous la plume de mathématiciens. L’attraction, ce dogme fondamental de l’astronomie, est parfois tout aussi maltraitée. Nous l’allons voir en disant un mot de la lumière zodiacale.

Ce phénomène a déjà reçu bien des explications différentes. On l’a d’abord attribué à l’atmosphère du soleil, opinion combattue par Laplace. Suivant lui, « l’atmosphère solaire n’arrive pas à mi-chemin de l’orbe de Mercure. Les lueurs zodiacales proviennent des molécules trop volatiles pour s’être unies aux planètes, à l’époque de la grande formation primitive, et qui circulent aujourd’hui autour de l’astre central. Leur extrême ténuité n’oppose point de résistance à la marche des corps célestes, et nous donne cette clarté perméable aux étoiles. »

Une telle hypothèse est peu vraisemblable. Des molécules planétaires, volatilisées par une haute température, ne conservent pas éternellement leur chaleur, ni par conséquent la forme gazeuse, dans les déserts glacés de l’étendue. De plus, quoi qu’en dise Laplace, cette matière, si ténue qu’on la suppose, serait un obstacle sérieux aux mouvements des corps célestes, et amènerait avec le temps de graves désordres.

La même objection réfute une idée récente, qui fait honneur de la lumière zodiacale aux débris des comètes naufragées dans les tempêtes du périhélie. Ces restes formeraient un vaste océan qui englobe et dépasse même les orbites de Mercure, Vénus et la Terre. C’est pousser un peu loin le dédain des comètes que de confondre leur nullité avec celle de l’éther, voire même du vide. Non, les planètes ne feraient pas bonne route au travers de ces nébulosités, et la gravitation ne tarderait pas à s’en mal trouver.

Il semble encore moins rationnel de chercher l’origine des lueurs mystérieuses de la région zodiacale dans un anneau de météorites circulant autour du soleil. Les météorites, de leur nature, ne sont pas très-perméables à la clarté des étoiles.

En remontant un peu haut, peut-être trouverait-on le chemin de la vérité. Arago a dit je ne sais où : « La matière cométaire a pu assez fréquemment entrer dans notre atmosphère. Cet événement est sans danger. Nous pouvons, sans nous en apercevoir, traverser la queue d’une comète… » Laplace n’est pas moins explicite : « Il est très-probable, dit-il, que les comètes ont plusieurs fois enveloppé la terre sans être aperçues… »

Tout le monde sera de cet avis. Mais on peut demander aux deux astronomes ce que sont devenues ces comètes. Ont-elles continué leur voyage ? Leur est-il possible de s’arracher aux étreintes de la terre et de passer outre ? L’attraction est donc confisquée ? Quoi ! Cette vague effluve cométaire, qui fatigue la langue à définir son néant, braverait la force qui maîtrise l’univers !

On conçoit que deux globes massifs, lancés à fond de train, se croisent par la tangente et continuent de fuir, après une double secousse. Mais que des inanités errantes viennent se coller contre notre atmosphère, puis s’en détachent paisiblement pour suivre leur route, c’est d’un sans-gêne peu acceptable. Pourquoi ces vapeurs diffuses ne demeurent-elles pas clouées à notre planète par la pesanteur ?

« Justement ! Parce qu’elles ne pèsent pas, dira-t-on. Leur inconsistance même les dérobe. Point de masse, point d’attraction. » Mauvais raisonnement. Si elles se séparent de nous pour rallier leur corps d’armée, c’est que le corps d’armée les attire et nous les enlève. À quel titre ? La terre leur est bien supérieure en puissance. Les comètes, on le sait, ne dérangent personne, et tout le monde les dérange, parce qu’elles sont les humbles esclaves de l’attraction. Comment cesseraient-elles de lui obéir, précisément quand notre globe les saisit au corps et ne devrait plus lâcher prise ? Le soleil est trop loin pour les disputer à qui les tient de si près, et dût-il entraîner la tête de ces cohues, l’arrière-garde, rompue et disloquée, resterait au pouvoir de la terre

Cependant on parle, comme d’une chose toute simple, de comètes qui entourent, puis abandonnent notre globe. Personne n’a fait à cet égard la moindre observation. La marche rapide de ces astres suffit-elle pour les soustraire à l’action terrestre, et poursuivent-ils leur course par l’impulsion acquise ?

Une pareille atteinte à la gravitation est impossible, et nous devons être sur la voie des lueurs zodiacales. Les détachements cométaires, faits prisonniers dans ces rencontres sidérales, et refoulés vers l’équateur par la rotation, vont former ces renflements lenticulaires qui s’illuminent aux rayons du soleil, avant l’aurore, et surtout après le crépuscule du soir. La chaleur du jour les a dilatés et rend leur luminosité plus sensible qu’elle ne l’est le matin, après le refroidissement de la nuit.

Ces masses diaphanes, d’apparence toute cométaire, perméables aux plus petites étoiles, occupent une étendue immense, depuis l’équateur, leur centre et leur point culminant comme altitude et comme éclat, jusque bien au-delà des tropiques, et probablement jusqu’aux deux pôles, où elles s’abaissent, se contractent et s’éteignent.

On avait toujours logé jusqu’ici la lumière zodiacale hors de la terre, et il était difficile de lui assigner une place ainsi qu’une nature conciliables à la fois avec sa permanence et ses variations. Mais c’est la terre elle-même qui en porte la cause, enroulée autour de son atmosphère, sans que le poids de la colonne atmosphérique en reçoive un atome d’augmentation. Cette pauvre substance ne pouvait donner une preuve plus décisive de son inanité.

Les comètes, dans leurs visites, renouvellent peut-être plus souvent qu’on ne le pense les contingents prisonniers. Ces contingents, du reste, ne sauraient dépasser une certaine hauteur sans être écumés par la force centrifuge, qui emporte son butin dans l’espace. L’atmosphère terrestre se trouve ainsi doublée d’une enveloppe cométaire, à peu près impondérable, siège et source de la lumière zodiacale. Cette version s’accorde bien avec la diaphanéité des comètes, et de plus, elle tient compte des lois de la pesanteur qui n’autorisent pas l’évasion des détachements capturés par les planètes.

Reprenons l’histoire de ces nihilités chevelues. Si elles évitent Saturne, c’est pour tomber sous la coupe de Jupiter, le policier du système. En faction dans l’ombre, il les flaire, avant même qu’un rayon solaire les rende visibles, et les rabat éperdues vers les gorges périlleuses. Là, saisies par la chaleur et dilatées jusqu’à la monstruosité, elles perdent leur forme, s’allongent, se désagrègent et franchissent à la débandade la passe terrible, abandonnant partout des traînards, et ne parvenant qu’à grand’peine, sous la protection du froid, à regagner leurs solitudes inconnues.

Celles-là seules échappent, qui n’ont pas donné dans les traquenards de la zone planétaire. Ainsi, évitant de funestes défilés, et laissant au loin, dans les plaines zodiacales, les grosses araignées se promener au bord de leurs toiles, la comète de 1811 fond des hauteurs polaires sur l’écliptique, déborde et tourne rapidement le soleil, puis rallie et reforme ses immenses colonnes dispersées par le feu de l’ennemi. Alors seulement, après le succès de la manœuvre, elle déploie aux regards stupéfaits les splendeurs de son armée, et continue majestueusement sa retraite victorieuse dans les profondeurs de l’espace.

Ces triomphes sont rares. Les pauvres comètes viennent, par milliers, se brûler à la chandelle. Comme les papillons, elles accourent légères, du fond de la nuit, précipiter leur volte autour de la flamme qui les attire, et ne se dérobent point sans joncher de leurs épaves les champs de l’écliptique. S’il faut en croire quelques chroniqueurs des cieux, depuis le soleil jusque par delà l’orbe terrestre, s’étend un vaste cimetière de comètes, aux lueurs mystérieuses, apparaissant les soirs et matins des jours purs. On reconnaît les mortes à ces clartés-fantômes, qui se laissent traverser par la lumière vivante des étoiles.

Ne seraient-ce pas plutôt les captives suppliantes, enchaînées depuis des siècles aux barrières de notre atmosphère, et demandant en vain ou la liberté ou l’hospitalité ? De son premier et de son dernier rayon, le soleil intertropical nous montre ces pâles Bohémiennes, qui expient si durement leur visite indiscrète à des gens établis.

Les comètes sont véritablement des êtres fantastiques. Depuis l’installation du système solaire, c’est par millions qu’elles ont passé au périhélie. Notre monde particulier en regorge, et cependant, plus de la moitié échappent à la vue, et même au télescope. Combien de ces nomades ont élu domicile chez nous ?… Trois…, et encore peut-on dire qu’elles vivent sous la tente. Un de ces jours, elles lèveront le pied et s’en iront rejoindre leurs innombrables tribus dans les espaces imaginaires. Il importe peu, en vérité, que ce soit par des ellipses, des paraboles ou des hyperboles.

Après tout, ce sont des créatures inoffensives et gracieuses, qui tiennent souvent la première place dans les plus belles nuits d’étoiles. Si elles viennent se prendre comme des folles dans la souricière, l’astronomie y est prise avec elles et s’en tire encore plus mal. Ce sont de vrais cauchemars scientifiques. Quel contraste avec les corps célestes ! Les deux extrêmes de l’antagonisme, des masses écrasantes et des impondérabilités, l’excès du gigantesque et l’excès du rien.

Et cependant, à propos de ce rien, Laplace parle de condensation, de vaporisation, comme s’il s’agissait du premier gaz venu. Il assure que, par les chaleurs du périhélie, les comètes, à la longue, se dissipent entièrement dans l’espace. Que deviennent-elles après cette volatilisation ? L’auteur ne le dit pas, et probablement ne s’en inquiète guère. Dès qu’il ne s’agit plus de géométrie, il procède sommairement, sans beaucoup de scrupules. Or, si éthérée que puisse et doive être la sublimation des astres chevelus, elle demeure pourtant matière. Quelle sera sa destinée ? Sans doute, de reprendre plus tard, par le froid, sa forme primitive. Soit. C’est de l’essence de comète qui reproduit des diaphanéités ambulatoires. Mais ces diaphanéités, suivant Laplace et d’autres auteurs, sont identiques avec les nébuleuses fixes.

Oh ! par exemple, halte-là ! il faut arrêter les mots au passage pour vérifier leur contenu. Nébuleuse est suspect. C’est un nom trop bien mérité ; car il a trois sens différents. On désigne ainsi 1o une lueur blanchâtre, qui est décomposée par de forts télescopes en innombrables petites étoiles très-serrées ; 2o une clarté pâle, d’aspect semblable, piquetée de un ou plusieurs petits points brillants, et qui ne se laisse pas résoudre en étoiles ; 3o les comètes.

La confrontation minutieuse de ces trois individualités est indispensable. Pour la première, les amas de petites étoiles, point de difficulté. On est d’accord. La contestation porte tout entière sur les deux autres. Suivant Laplace, des nébulosités, répandues à profusion dans l’univers, forment, par un premier degré de condensation, soit des comètes, soit des nébuleuses à points brillants, irréductibles en étoiles, et qui se transforment en systèmes solaires. Il explique et décrit en détail cette transformation.

Quant aux comètes, il se borne à les représenter comme de petites nébuleuses errantes qu’il ne définit pas, et ne cherche nullement à différencier des nébuleuses en voie d’enfantement stellaire, Il insiste, au contraire, sur leur ressemblance intime, qui ne permet de distinguer entre elles que par le déplacement des comètes devenu visible aux rayons du soleil. En un mot, il prend dans le télescope d’Herschell des nébuleuses irréductibles et en fait indifféremment des systèmes planétaires ou des comètes. Ce n’est qu’une question d’orbites et de fixité ou d’irrégularité dans la gravitation. Du reste, même origine : « les nébulosités éparses dans l’univers », partant même constitution.

Comment un si grand physicien a-t-il pu assimiler des lueurs d’emprunt, glaciales et vides, aux immenses gerbes de vapeurs ardentes qui seront un jour des soleils ? Passe, si les comètes étaient de l’hydrogène. On pourrait supposer que de grandes masses de ce gaz, restées en dehors des nébuleuses-étoiles, errent en liberté à travers l’étendue, où elles jouent la petite pièce de la gravitation. Encore serait-ce du gaz froid et obscur, tandis que les berceaux stello-planétaires sont des incandescences, si bien que l’assimilation entre ces deux sortes de nébuleuses resterait encore impossible. Mais ce pis-aller même fait défaut. Comparé aux comètes, l’hydrogène est du granite. Entre la matière nébuleuse des systèmes stellaires et celle des comètes, il ne peut rien y avoir de commun. L’une est force, lumière, poids et chaleur ; l’autre, nullité, glace, vide et ténèbres.

Laplace parle d’une similitude si parfaite entre les deux genres de nébuleuses qu’on a beaucoup de peine à les distinguer. Quoi ! Les nébuleuses volatilisées sont à des distances incommensurables, les comètes sont presque à portée de la main, et d’une vaine ressemblance entre deux corps séparés par de tels abîmes, on conclut à l’identité de composition ! mais la comète est un infiniment petit, et la nébuleuse est presque un univers. Une comparaison quelconque entre de telles données est une aberration.

Répétons encore que, si pendant l’état volatil des nébuleuses, une partie de l’hydrogène se dérobait en même temps à l’attraction et à la combustion, pour s’échapper libre dans l’espace et devenir comète, ces astres rentreraient ainsi dans la constitution générale de l’univers, et pourraient d’ailleurs jouer un rôle redoutable. Impuissants, comme masse, dans une rencontre planétaire, mais embrasés au choc de l’air et au contact de son oxygène, ils feraient périr par le feu tous les corps organisés, plantes et animaux. Seulement, de l’avis unanime, l’hydrogène est à la substance cométaire ce que serait un bloc de marbre pour l’hydrogène lui-même.

Qu’on suppose maintenant des lambeaux de nébulosités stellaires, errant de système en système, à l’instar des comètes. Ces amas volatils, au maximum de température, passeraient autour de nous, non pas brouillard subtil, terne et transi, mais trombe effroyable de lumière et de chaleur, qui aurait bientôt coupé court à nos polémiques sur leur compte. L’incertitude s’éternise au sujet des comètes. Discussions et conjectures ne terminent rien. Quelques points toutefois semblent éclaircis. Ainsi, l’unité de la substance cométaire ne fait pas doute. C’est un corps simple, qui n’a jamais présenté de variante dans ses apparitions, déjà si nombreuses. On retrouve constamment cette même ténuité élastique et dilatable jusqu’au vide, cette translucidité absolue qui ne gêne en rien le passage des moindres lueurs.

Les comètes ne sont ni de l’éther, ni du gaz, ni un liquide, ni un solide, ni rien de semblable à ce qui constitue les corps célestes, mais une substance indéfinissable, ne paraissant avoir aucune des propriétés de la matière connue, et n’existant pas en dehors du rayon solaire qui les tire une minute du néant, pour les y laisser retomber. Entre cette énigme sidérale et les systèmes stellaires qui sont l’univers, radicale séparation. Ce sont deux modes d’existence isolés, deux catégories de la matière totalement distinctes, et sans autre lien qu’une gravitation désordonnée, presque folle. Dans la description du monde, il n’y a nul compte à en tenir. Elles ne sont rien, ne font rien, n’ont qu’un rôle, celui d’énigme.

Avec ses dilatations à outrance du périhélie, et ses contractions glacées de l’aphélie, cet astre follet représente certain géant des mille et une nuits, mis en bouteille par Salomon, et l’occasion offerte, s’épandant peu à peu hors de sa prison en immense nuage, pour prendre figure humaine, puis revaporisé et reprenant le chemin du goulot, pour disparaître au fond de son bocal. Une comète, c’est une once de brouillard, remplissant d’abord un milliard de lieues cubes, puis une carafe.

C’est fini de ces joujoux, ils laissent le débat ouvert sur cette question : « Les nébuleuses sont-elles toutes des amas d’étoiles adultes, ou bien faut-il voir dans quelques-unes d’entre elles des fœtus d’étoiles, soit simples, soit multiples ? » Cette question n’a que deux juges, le télescope et l’analyse spectrale. Demandons-leur une stricte impartialité, qui se garde surtout contre l’influence occulte des grands noms. Il semble, en effet, que la spectrométrie incline un peu à trouver des résultats conformes à la théorie de Laplace.

La complaisance pour les erreurs possibles de l’illustre mathématicien est d’autant moins utile que sa théorie puise dans la connaissance actuelle du système solaire une force capable de tenir tête même au télescope et à l’analyse spectrale, ce qui n’est pas peu dire. Elle est la seule explication rationnelle et raisonnable de la mécanique planétaire, et ne succomberait certainement que sous des arguments irrésistibles…