L’émancipation de la femme/17

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Texte établi par Alphonse Constantau bureau de la direction de La Vérité (p. 94-97).

XVII

Le Catholicisme, ou l’Association universelle.


Si je proteste au nom des parias contre la société marâtre qui les repousse, ce n’est pas pour diviser, c’est pour réunir !

En demandant pour l’avenir des lois meilleures, je me soumets aux lois présentes.

Luther, ce grand initiateur de la liberté de conscience, a été un instrument aveugle de la Providence pour produire un grand mouvement dans le monde ; mais il n’a rien fondé et a frappé de mort sa réforme en la séparant de l’Église universelle !

Pour faire une œuvre durable, il fallait attaquer les abus et respecter le dogme ; il fallait rester catholique malgré le pape et ne protester que contre l’excommunication !

Le catholicisme, comme dogme, est la synthèse religieuse la plus avancée ; c’est une conquête de l’esprit humain à laquelle personne ne doit attenter. C’est un symbolisme qu’on peut et qu’on doit expliquer, mais auquel il n’est permis de rien changer.

L’Église a été infaillible dans la construction de ce grand monument hiéroglyphique ; elle en a déterminé tous les signes du consentement de la société dont elle était la mère ; or, maintenant que l’édifice du dogme est achevé et que l’Église n’a plus rien à décider, pourquoi demandez-vous si elle est encore infaillible ?

Pendant un temps, les pontifes de Rome furent des protestants sublimes qui luttaient pour les peuples contre les rois, et qui opposaient seuls une digue aux empiétements effrénés du despotisme des empereurs.

Si maintenant le pape fait défaut à la cause populaire, c’est que le peuple, sans doute éclairé maintenant sur ses droits, n’a plus besoin du pape pour les défendre.

Le pontife de Rome n’est plus qu’une grande ombre du passé et un souvenir vénérable ; c’est le vieil architecte du temple qui n’a plus rien à faire parce que le temple est bâti.

Maintenant, c’est inutilement qu’on veut matérialiser le culte et immobiliser les symboles ; le germe de vie les travaille, et tandis que les prêtres font garder le sépulcre vide, le Christ ressuscité va reconquérir le monde avec l’aide de sa mère.

Car si les pharisiens se sont emparés du temple, ils n’ont pu s’emparer de Dieu.

Peuple, si tu veux être sauvé, sois sincèrement chrétien, et base ton instruction religieuse sur les institutions de l’Église universelle.

Pauvres parias qu’on veut excommunier, sachez que vous êtes la famille du Christ, et attendez patiemment le retour du père de famille, c’est-à-dire la réaction chrétienne philosophique contre le nouveau pharisaïsme des Juifs modernes qui vous ferment l’Église de Dieu !

Le catholicisme ne peut cesser d’être universel, et ceux qui veulent en faire une secte s’excommunient eux-mêmes de la société des enfants de Dieu et usurpent un nom qui ne leur convient plus.

Ne nous laissons pas enlever l’héritage sacré de nos pères.

Défendons notre religion contre ceux qui veulent la faire mentir à elle même.

Soyons libres, mais aimons Dieu, et nous ne ferons jamais le mal.

Sachons que la grande communion catholique n’est pas dans les signes extérieurs du culte, mais dans une charité réelle qui se manifeste par les œuvres.

Faisons le bien : voilà la meilleure prière ; dévouons-nous au bien des autres : voilà le culte le plus pur !