L’Œuvre d’une nuit de mai/10

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X


Près de la massive cathédrale de Chester, s’élève ou plutôt se dérobe une humble maisonnette de briques. On y arrive par une sorte de couloir dallé ouvrant sur l’enceinte des murs qui limitent l’Enclos (Close). Dans cet enclos sont distribués avec leurs jardinets, le long d’une avenue de tilleuls, les presbytères canoniques. La maisonnette appartient comme eux au chapitre, et servit longtemps de résidence à un de ses fonctionnaires subalternes, le verger ou porte-masse de la cathédrale. Il s’y trouvait à l’étroit ; on l’a mieux logé, le petit cottage est resté disponible, et les amis de miss Monro le lui ont fait donner en location aux meilleures conditions possibles. Comptez ceci parmi les avantages, attachés à la position que s’est faite la fille du défunt precentor, en venant s’établir comme daily governess parmi les ecclésiastiques jadis en rapport avec son père. Presque tous les chanoines étant mariés, et plusieurs d’entre eux ayant des enfants à élever, ils ont en quelque sorte monopolisé les leçons quotidiennes de miss Monro, reçue chez eux à titre d’amie, et qui se trouve heureuse de n’avoir pas à subir trop fréquemment le patronage orgueilleux des riches négociants de la ville.

C’est là que, par une belle soirée d’octobre, Ellenor s’est laissé conduire, indifférente et passive entre les mains de ses deux amis, — M. Ness et la vieille gouvernante, qui, fort timorés, fort indécis eux-mêmes, n’en sont pas moins devenus, à leur corps défendant, les protecteurs, les conseillers et les guides de la jeune orpheline. Pendant les quelques semaines qui ont suivi sa sortie de Ford-Bank et précédé son installation dans le close de Chester, elle n’a presque pas donné signe de volonté, gardant pour elle ses tristes pensées, et ne prenant guère intérêt apparent qu’au sort de Dixon, compris, grâce à elle, dans la domesticité de M. Osbaldistone, le locataire nouvellement installé. Ils ont souvent conféré ensemble des clauses rigoureuses introduites par M. Johnson dans le contrat de bail : grâce à elles, il demeure très absolument interdit au « preneur » d’apporter le moindre changement à l’état des constructions ou plantations qui lui sont livrées, et dont il se charge pour les administrer, gérer et entretenir en bon père de famille. Par une autre convention (non écrite celle-ci), Dixon est chargé de veiller à ce que ces engagements si stricts soient fidèlement observés, et se trouve par là même préposé à la garde du terrible dépôt que recèlent les gazons ombragés du bosquet.

Maintenant Ellenor a pris possession d’une chambrette, la plus élégante pièce du nouveau domicile qu’elle partage avec son ex-gouvernante. C’est celle qui est au-dessus de leur petit salon. Ce salon lui-même n’est point encombré de meubles, et il pourrait bien vous paraître bizarre de n’y retrouver aucun de ceux qui garnissaient les appartements de Ford-Bank : mais Ellenor a tenu à ce que tout ce qui ne restait pas aux mains du locataire fût impitoyablement mis en vente. Résolution et obstination bizarres qui ont surpris, et presque scandalisé les habitants de Hamley. Quant à miss Monro, bien que légèrement choquée de cette espèce d’impiété, de ce renoncement complet à des souvenirs sacrés, elle n’en soutient pas moins avec tout le zèle de l’amitié que miss Wilkins a eu raison de ne pas vouloir emporter, dans l’humble résidence où le sort contraire la réduit à se réfugier, des tables, des fauteuils artistement sculptés dont la magnificence incongrue y formerait une disparate choquante. Mais, en ceci comme en beaucoup d’autres choses, l’honnête institutrice méconnaît les secrets mobiles qui ont fait agir Ellenor. Celle-ci n’a obéi qu’au sentiment de sa propre conservation. Hantée par d’obstinés souvenirs qui usent sa vie et parmi lesquels sa raison est parfois menacée d’un complet naufrage, un instinct sauveur la poussait à éloigner d’elle tout ce qui pouvait leur servir d’occasion, et, pour ainsi dire d’aliment. Elle y a cédé, comprenant bien que pour continuer de vivre, pour échapper aux obsessions de la folie, il fallait avant tout se faire une existence affranchie de tout passé, libre de toute évocation fantastique. À cette époque, sa douleur n’avait rien que de passif. Une défensive inerte, engourdie usait tout ce qu’elle avait de forces. Elle ne pleurait point, elle parlait à peine, et les dernières larmes qu’elle eut versées en quittant Ford-Bank avaient été l’expression d’une sorte de soulagement plutôt que celle d’un regret attendri.

De sa chambre, qui donnait sur le jardinet du cottage et, par delà les murs de clôture, sur l’ensemble de l’enclos presbytéral, elle contemplait assidûment la vaste cathédrale normande, sa tour basse qui semble s’affaisser sous son propre poids, sa nef majestueuse, et son chœur amplement garni de tombes historiques. Le calme de la ville, étrangère à toute espèce de tumulte, laissait arriver jusqu’à elle, à des heures marquées, les chants, les hymnes qui filtrent perpétuellement au dehors, à travers les croisées en ogive et les viraux de couleur. Bientôt ce spectacle imposant et monotone, ces émanations religieuses l’enveloppèrent sans qu’elle en eût conscience. Elle devint assidue aux services du matin et du soir. Son âme fatiguée reposait dans les longues méditations et dans le calme de la prière. Sans rien faire pour gagner l’amitié de qui que ce fût, — et bien qu’elle se dérobât plutôt aux prévenances dont les patrons de miss Monro ne demandaient qu’à l’entourer, — elle devint peu à peu, pour les personnes instruites de ses malheurs, un objet d’affectueuse pitié, de discret attachement. La douceur de ses regards, l’humble bénignité de ses manières, son assiduité constante à l’église, l’assistance qu’elle prêtait aux écoles de charité, ses visites aux pauvres malades la recommandaient à la bienveillance de ses pieux voisins. Quand le bon vieux doyen, penché au balcon de sa grande bibliothèque voûtée, la voyait s’apprêter à sortir de chez elle et sur le point de traverser l’Enclos, il descendait le plus souvent à sa rencontre, et venait lui offrir son bras en gentleman aussi courtois qu’il était chrétien charitable. Il les invita même plus d’une fois, elle, et miss Monro, à venir passer quelques semaines dans sa belle résidence rurale, et ne pouvant vaincre les refus obstinés d’Ellenor, il lui envoyait les plus fraîches primeurs, les plus beaux fruits de ses jardins. Parmi les chanoines, beaucoup se montraient tout aussi obligeants, et surtout lorsqu’ils apprenaient l’arrivée de M. Ness (qui venait de temps en temps voir nos deux recluses, pour se consoler de ce qu’elles n’acceptaient jamais l’hospitalité de son parsonage) les envois de gibier, de prunes, de vins, de légumes se succédaient à peu près sans interruption.

Le cottage habité par Ellenor ne s’ouvrait pour aucun autre visiteur que M. Ness. Dixon, cependant, y faisait de temps en temps une apparition de quelques heures, quand il pouvait obtenir un congé assez long pour un voyage de soixante à soixante-dix milles. Ellenor se plaisait à lui témoigner, en défrayant son voyage, la satisfaction qu’il lui causait en venant ainsi la visiter. Elle le lui prouvait encore en passant avec lui, quand il était là, une bonne partie de sa journée. Elle le choyait, le promenait, lui montrait les curiosités de la ville. Au total, cependant, ils se parlaient à peine. Miss Monro, en revanche ne manquait pas ces occasions de commérage. À force de questions elle obtenait toute sorte de détails sur les nouveaux habitants de Ford-Bank et sur ses anciennes relations d’Hamley. Il va sans dire qu’elle s’informa si M. Corbet avait reparu à l’horizon : « Pas que je sache, répliqua Dixon. J’ignore si M. Ness serait disposé à le recevoir. Ils s’écrivent pourtant, et j’ai ouï dire par le vieux jardinier de la cure que M. Corbet est maintenant au nombre des grands conseillers, de ces gens qui courent les assises et qui mettent une perruque pour y parler.

— Vous voulez sans doute dire qu’il est avocat ? demanda miss Monro quelque peu perplexe.

— Peut-être bien… cependant il m’a semblé qu’on m’a parlé de mieux que cela. »

Ellenor en savait plus long qu’eux sur ce chapitre. La lecture du Times était une de ses distractions favorites, à l’heure du loisir ; et lorsque miss Monro ne l’épiait pas de trop près, elle ne manquait jamais de chercher, à la page des comptes rendus judiciaires, un nom qu’elle n’y rencontrait guère sans que son cœur battît plus vite. Dans les premiers temps ce nom ne revenait qu’à de longs intervalles. Il était placé en seconde ligne. M. Smythe avait pris la parole pour le demandeur, « avec l’assistance de M. Corbet ; » mais, à mesure que les mois succédaient aux mois, les années aux années, l’humble acolyte se haussait graduellement jusqu’aux premiers rôles, et il ne se passait guère de séance un peu notable où ses savantes plaidoiries ne fussent analysées avec soin, si même elles n’étaient reproduites en entier par les sténographes du journal-géant. Il était évident que M. Corbet avait pris place parmi les notabilités du barreau, et que sa renommée, tôt ou tard, pouvait lui ouvrir, avec l’accès des fonctions publiques, la grande arène parlementaire, but final de ses énergiques efforts. Ce jour vint plus tôt qu’on ne devait l’attendre. Ellenor (avec quelle émotion !) trouva dans le Times la promotion du jeune barrister aux fonctions de Queen’s counsel[1].

Il faut bien le dire, malgré le silence qu’elle gardait là-dessus, et bien que le nom de Ralph n’eût guère franchi ses lèvres (si ce n’est peut-être dans quelque entretien avec Dixon), elle n’avait jamais pu se convaincre absolument que leur désunion fût irrévocable et définitive. Il lui semblait impossible que des nœuds si bien cimentés eussent été à jamais brisés, si brusquement et sans plus d’explications. Elle avait enfin trouvé si difficile de rompre avec l’habitude invétérée de tout rapporter, mentalement, à cet être chéri, que malgré le travail du temps, elle en était encore à s’imaginer qu’un incident inattendu, quelque rencontre heureuse, quelque hasard favorable la rapprocherait de lui. Alors finiraient les angoisses de son cœur, et rendus à la vérité de leur situation, aux entraînements de leur mutuelle tendresse, ils n’envisageraient plus que comme l’illusion pénible d’un mauvais rêve, ces longues années perdues pour leur amour, dont les ennuis de la séparation avaient fait autant de siècles.

En attendant la réalisation de ces chimériques espérances, les grands incidents de la vie d’Ellenor étaient ceux qui troublaient la routinière harmonie du milieu paisible où elle s’était placée. L’enclos et ses habitants représentaient à ses yeux le monde connu. En dehors de ce cercle, et abstraction faite de M. Corbet, il n’était guère d’événements dont le contre-coup arrivât jusqu’à cette recluse volontaire. Mais elle ressentit vivement la mort du bon doyen, sur laquelle bien des gens, depuis dix années et plus, basaient leurs calculs ambitieux, et plus d’une fois elle sentit ses yeux se remplir de larmes, en regardant ces fenêtres closes où elle cherchait en vain le sourire bienveillant de ce digne homme. Le successeur ne tarda pas à être désigné. C’était un ecclésiastique appartenant à un comté lointain, et l’Enclos tout entier se mit en mesure de se procurer quelques renseignements sur les attenances, la fortune, les mœurs du nouveau dignitaire. Fort heureusement pour la curiosité dont il était l’objet, ce personnage tenait de près ou de loin à une famille inscrite au Livre de la Pairie. On apprit donc, en recourant à ce merveilleux almanach de la noblesse, qu’il avait quarante-deux ans, qu’il était marié depuis longtemps et père d’une nombreuse famille, — huit filles et un fils, disait le Peerage. On put penser dès lors que le Doyenné allait changer d’aspect, et on ne se trompait pas. Cette habitation si calme, si austère, où un vieillard sans compagne ni descendants achevait naguère sa solitaire existence, s’emplit de bruit, de mouvement, de tumultueuse allégresse. Les charpentiers, les menuisiers y besognèrent à toute heure pendant la saison d’été. Trois fenêtres de la façade reçurent des grilles, ce qui annonçait une nursery. Puis arrivèrent des wagons chargés de meubles ; puis, après l’emménagement, des visiteurs sans nombre, dont beaucoup en équipages. Ni miss Monro, ni même Ellenor ne se jugèrent d’assez grands personnages pour grossir le flot de ces porteurs de bienvenue ; mais du fond de leur retraite, elles n’en étaient pas moins au courant de tout ce qui se passait chez leurs nouveaux voisins. Ainsi elles savaient que l’aînée des miss Beauchamp, âgée de dix-sept ans, était fort jolie, à cela près d’une épaule un peu trop haute, — qu’elle aimait passionnément la danse ; — qu’elle causait très-volontiers en tête-à-tête ; mais qu’en présence de sa mère, elle n’ouvrait pas la bouche : — que la sœur puînée était une savante, capable d’en remontrer à sa governess,… et ainsi de suite jusqu’au dernier baby, encore dans les bras de sa nourrice. Miss Monro, de plus, aurait pu dénombrer la domesticité de leurs nouveaux voisins, dire quelle tâche avait chacun, et faire sonner la cloche à l’heure des repas. Peu après, au banc réservé pour la famille du doyen, dans le chœur de la cathédrale, apparut une jeune personne très-belle et de physionomie très-fière. C’était, disait-on, une nièce, — la fille orpheline du général Beauchamp, frère du doyen, — venue à Chester pour y passer le temps voulu avant la consécration solennelle de son prochain mariage, que son oncle devait bénir. Mais comme les visiteurs au Doyenné n’étaient point admis chez la belle fiancée, et comme les Beauchamp n’avaient formé de relations tant soit peu intimes avec aucune de leurs nouvelles connaissances, personne n’en savait plus long à ce sujet.

Des fenêtres de leur petit salon et se dissimulant de temps à autre derrière leurs rideaux de mousseline, Ellenor et miss Monro se donnaient le passe-temps de voir se hâter les préparatifs du mariage, fixé au lendemain. Paniers de fruits, paniers de fleurs, caisses de toute grandeur et de toute forme, les modistes avec leurs cartons, les commis de magasin chargés d’étoffes, traversaient et retraversaient l’Enclos étonné d’un tel remue-ménage. Dans l’après-midi le calme se rétablit ; il y eut moins d’allées et de venues, et on put conjecturer que la belle fiancée, avec l’assistance de ses nombreuses cousines, procédait à l’emballage de son opulent trousseau, tandis que les domestiques vaquaient aux préparatifs du festin de noces. Ainsi du moins l’avait décidé miss Monro, qui suivait d’un œil attentif les moindres péripéties de ce drame, si particulièrement intéressant pour une vieille fille. Tout à coup, avec une exclamation vibrante, elle appela Ellenor qui venait de se remettre à son ouvrage : « Venez, venez, lui disait-elle ; regardez, sous l’allée des Tilleuls, ces deux gentlemen… L’un d’eux bien certainement est le fiancé ; si vous voulez le voir, dépêchez-vous ! »

Ellenor se pencha sur l’appui de la fenêtre et reconnut, au moment où sortant de la ténébreuse avenue il mettait le pied sur le pavé inondé de soleil, Ralph Corbet en compagnie d’un autre gentleman. Changé, vieilli, flétri, bien qu’il eût conservé le noble caractère de sa physionomie et le galbe classique de sa tête, le premier s’appuyait au bras d’un jeune homme grand et plus svelte que lui : « C’est celui-ci qui se marie, se dit aussitôt Ellenor, mais son cœur, par un serrement prophétique, démentit à l’instant même l’assurance qu’elle avait voulu se donner. Aucun doute ne lui resta quand elle vit, à la fenêtre gothique du Doyenné, paraître la belle prétendue, dont la rougeur, le sourire eussent suffi pour tout éclaircir, — alors même qu’elle n’eût pas envoyé, du bout de ses doigts roses, ce salut qui ressemblait à un baiser, — alors même que Ralph n’y eût pas répondu avec ardeur, tandis que son compagnon se découvrait cérémonieusement, en homme du monde qui n’a pas encore été présenté.

Miss Monro, prise à court par cette scène imprévue, se laissait aller à une bruyante et bavarde indignation ; Ellenor cependant la regardait d’un œil effaré, sans qu’une seule parole sortît de ses lèvres tremblantes. Puis, ce qui ne lui était jamais arrivé, la pauvre enfant perdit complètement connaissance. Au sortir de son évanouissement, dominée par une fièvre qui ne la quitta pas de vingt-quatre heures, elle n’était pas reconnaissable. Sa douceur, sa docilité avaient fait place un invincible esprit de rébellion. Elle voulut (et les instances, les supplications de miss Monro ne purent la faire renoncer à ce projet insensé), elle voulut assister à la cérémonie qui scellait à jamais sa destinée. Elle y assista effectivement, invisible sous une espèce de capuchon noir qui lui donnait un faux air de religieuse ; et personne ne put deviner que derrière un pilier de la cathédrale, cachant humblement sa douleur muette, s’agenouillait une femme dont l’espoir suprême avait été de se voir conduite à l’autel par ce même fiancé, qui maintenant contemplait avec tendresse la brillante fée aux voiles blancs, à la couronne de fleurs, autour de laquelle planait, comme une auréole, l’admiration de la foule émue.

Il ne faudrait pas croire que l’attention publique fût uniquement concentrée sur miss Beauchamp. La renommée de M. Corbet comme jurisconsulte de premier ordre, le bruit que certains de ses plaidoyers avaient fait, la nouvelle assez répandue qu’il devait, à la prochaine vacance, être investi d’un siége de juge, désignaient aux regards d’un chacun, nonobstant ses cheveux gris, cet homme déjà mûr et dont la gravité singulière contrastait si fort avec l’éclat de sa belle fiancée, la jeunesse et l’entrain des cousines qui lui faisaient escorte. Les perceptions d’Ellenor, en face de ce tableau mouvant, étaient atténuées par une sorte de brouillard qui le lui dérobait à moitié. D’ailleurs elle assistait avec une sorte de recueillement à ces funérailles de sa jeunesse : elle ne savait y voir qu’une épreuve passagère, une ère de transition pénible, laissant en perspective le retour d’un printemps nouveau, la résurrection des espoirs ensevelis. Aussi demeura-t-elle immobile sous l’œil inquiet de miss Monro, qui la surveillait comme si elle eût redouté quelque acte d’aliénation mentale, quelque sortie insensée. Quand tout fut fini, quand les principaux acteurs de la cérémonie se furent transportés dans la sacristie pour y signer les documents nécessaires, quand les gens de la ville se furent éloignés plus ou moins immédiatement, selon les notions d’un chacun sur la révérence à garder vis-à-vis des lieux saints, — pendant que les imposants accords de la Marche nuptiale jaillissaient encore des orgues, et que les cloches résonnaient à grand bruit sous les campaniles vibrants, — Ellenor, posant sa main sur celle de son amie : « Emmenez-moi d’ici ! » lui dit-elle avec une extrême douceur. Et miss Monro la ramena vers leur cottage absolument comme si elle eût conduit une aveugle.



  1. Conseiller ou avocat de la reine : — C’est le premier pas vers les charges de haute magistrature. L’avocat de la reine appartient à ce que nous appelons le ministère public. Il est membre du parquet et se trouve en passe de franchir successivement les plus hauts grades, jusques et y compris celui de lord chancelier. (N. du T.)