L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/L’auteur ne sait s’il doit laisser le ciel pour le cul

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 259-260).

L’AUTEUR NE SAIT S’IL DOIT LAISSER LE CIEL
POUR LE CUL

Dicéarque, Asclépiade, Épicure,
Diogène, Galien, Socrate, Horace,

Lucien, Lucrèce et le Pape Boniface,
Ont mis le souverain bien dans un cul dur.

On ne pourrait me faire connaître, je vous le jure,
Un plaisir dont je ne sois déjà rassasié,
Et si ne me vient à mon secours Saint Ignace,
Je reste par Dieu ! sevré de tout bonheur.

Je dis que je voudrais me faire Jésuite,
Et à mon indolent oiseau à moitié mort
Donner ainsi de nouveaux sens, une nouvelle vie.

Mais un scrupule me passe par la tête ;
Je ne sais s’il est d’une bête, en fait et en dit,
D’abandonner le Ciel pour le pertuis prohibé.