L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/L’auteur voudrait rester dans la moniche jusqu’à la fin du monde

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 84).

L’AUTEUR VOUDRAIT RESTER DANS LA MONICHE JUSQU’À
LA FIN DU MONDE

Neuf mois au plus l’homme reste
En prison dans le ventre de la femme,
Avant de s’élancer hors de la moniche,
Et de venir respirer en ce monde.

Après mille tourments, il lui faut aller
En une lugubre sépulture
Et pour couronnement à sa misère,
Y rester éternellement.

Je voudrais que tout se passât au rebours,
Que lorsqu’on est mort, dans le tombeau
On n’eût à rester que neuf mois,

Et en revanche, par un décret de la Nature,
Qu’on séjournât dans une moniche de femme
Tant que ce monde aurait à durer.