L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/La moniche enlève toute préoccupation

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 185).

LA MONICHE ENLÈVE TOUTE PRÉOCCUPATION

Tel dit que ce monde n’est qu’une combinaison
Accidentelle, et que l’âme meurt ;
Tel croit encore vraiment à tous les Dieux,
Tel a deux principes, l’un mauvais, l’autre bon ;

Tel a dévotion pour le Messie non encore né,
Tel estime Calvin, tel honore Luther,
Tel adore le Soleil, tel les plantes, les éléments,
Tel veut Mahomet, et tel l’incarnation ;

Tel admet le système de Pythagore,
Tel, suivant ce troisième, se fait un animal ;
Tel n’admet pas les causes secondes.

Mais le Baffo, qui ne s’arrête pas à ces foutaises,
Pour sortir d’embarras à l’instant nie le tout,
Et glorieux, triomphant, s’en va dans la moniche.