L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Le Vendredi-Saint

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 147).

LE VENDREDI SAINT

Un grand jour le Vendredi saint !
Tout respire la tristesse et l’horreur ;
Sur les visages des hommes se lit la douleur,
On n’entend partout qu’un chant triste et plaintif.

Les horloges ne sonnent plus les heures ;
Un silence règne, qui répand la terreur,
Et dans chaque église, un prédicateur
Fait couler en larmes tout le monde.

Le soir il n’y a plus de conversations ;
Les femmes vont voilées sur la Piazza,
Et les hommes vont tous à la procession.

C’est véritablement une horreur qui assomme,
Mais ce qui me touche, c’est que, par dévotion,
La plus grande putain ne se laisse enfiler.