L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Parallèle entre la vérole et la prison

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 110).

PARALLÈLE ENTRE LA VÉROLE ET LA PRISON

Compère, vous voilà dedans et moi aussi ;
Vous êtes en prison, et moi à l’Hôpital,
Vous pour le jeu, moi pour mon instrument ;
Si vous êtes en peine, moi je suis en tourment.

Ce sont des plaisirs ne durant qu’un moment
Qui sont cause à tous deux de notre malheur :
Vous perdez vos rentes, et moi mon capital,
Et si vous vous plaignez, moi je me lamente.

Il est à nos deux cas une seule différence :
Pour avoir trop tiré je suis flambé,
Vous, pour ne tirer point, vous êtes en peine.

Quel état est le pire du vôtre ou du mien ?
Moi, je suis un cadavre avant que d’être mort,
Vous avant de mourir vous êtes enseveli.