L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Plaisir de baiser

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 76-78).

PLAISIR DE BAISER

Je ne dis pas que l’on n’ait du plaisir à manger,
Qu’il n’y en ait pas à boire, à dormir,

Que ce ne soit pas un plaisir de digérer,
Que ce ne soit pas un plaisir de chier ;

Qu’il n’y ait pas de plaisir à voyager,
Qu’il n’y ait pas de plaisir à s’habiller,
Qu’il n’y ait pas de plaisir à entendre un musicien,
Qu’il n’y ait pas de plaisir à se faire bulgariser ;

Tous ces plaisirs-là sont beaux et bons,
Je ne dis pas non, et il y a encore celui
De se gratter les couilles, quand elles vous démangent ;

Mais le plaisir qui de tous est le plus grand,
Qui est supérieur à toutes ces voluptés,
C’est quand l’Oiseau se trouve dans la Moniche.

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Madrigal

Au moment où
À l’orifice
Femelle
L’homme s’apprête
À présenter
Son engin,
Se sent offrir,
Par toute son âme,
La créature
Qui va recevoir
Cet objet si dur,
Avec un plaisir extatique
Une suavissime
Inondation.

Mais quand la machine
Avance et pénètre,
Et s’insinuant
Par tous les recoins,
Visite le circuit
De cette interne
Et molle caverne,
De toutes les glandes
S’échappe un jet tiède,
Certain suintement
Qui se mêlant à l’autre
Lâché par le mâle,
Fait certaine colle
D’une dulcissime
Composition.