L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Qui a soif boit n’importe où

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 99-100).

QUI A SOIF BOIT N’IMPORTE OÙ

J’apprends qu’il y en a qui s’étonnent
Que les hommes aillent chez les putains,

Disant que le plus souvent elles ne sont pas saines,
Et qu’elles le font avec tous ceux qui leur arrivent.

C’est très bien ; mais qui souffre de la soif
Ne va attendre l’eau des fontaines ;
Il boit même dans un fossé plein de grenouilles,
Et cet eau en ce moment lui est la plus agréable.

La putain à l’instant même vous satisfait ;
Il n’y a pas d’or, par Dieu ! pour bien la payer,
Quand on a envie de le mettre.

Que sert-il d’attendre et de rester en proie,
Comme tant de coïons à ce tourment,
Puisque même la femme saine pisse et chie ?