L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Sur l’élection de l’ambassadeur Giustiniani

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 129-130).

SUR L’ÉLECTION DE L’AMBASSADEUR GIUSTINIANI

Ce n’est pas pour voir le peuple Romain,
Ce n’est pas pour voir le Pape et les Cardinaux,
Ce n’est pas pour voir ses Maîtres de Cérémonie.
Ce n’est pas pour voir Saint-Pierre-du-Vatican ;

Ce n’est pas pour voir le grand Môle d’Adrien,
Ce n’est pas pour voir les Arcs de triomphe,
Ce n’est pas pour voir les Églises, les Hôpitaux,
Ni le Colisée de Vespasien ;

Ce n’est pas pour voir les Tours de Dioclétien,
Ce n’est pas pour voir la Tribune principale,
Ce n’est pas pour voir les Obélisques, les Fontaines ;

Ce n’est pas pour voir les Statues, une à une :
C’est pour voir le cul des Romaines,
Que J’envie la chance de Giustiniani.

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Ohé ! il me semble voir Giustiniani,
Avoir avec les glands de là-bas,
Et les chapeaux, de tels désagréments,
Qu’ils assommeraient tout fidèle Chrétien,

Passer au milieu du Peuple Romain,
Qui adore plus que les Saints les Ambassadeurs,
Et ces Romaines, qui n’ont pas de gants,
Par ambition le lui prendre dans la main.

Il me semble ensuite l’entendre leur dire
Qu’elles peuvent faire avec lui des escapades,
Et que sûrement il ne pourrait les engrosser,

Par la raison que tant de grands compliments
Qu’il a reçus et qu’il a dû faire
Lui ont tari tous le suc de ses couillons.