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L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo/Sur la moniche

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Traduction par Guillaume Apollinaire d’après la traduction d’Alcide Bonneau de Raccolta universale delle opere di Giorgio Baffo, éd. 1789.
L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, Texte établi par Guillaume ApollinaireBibliothèque des curieux, collection Les Maîtres de l’amour (p. 23-25).

SUR LA MONICHE

La Femme possède un objet si bon,
Que tous le voudraient, tous le désirent ;
D’une foule de noms il s’appelle,
Mais le plus beau de tous est la Moniche.

Oh ! comme ce nom-là sonne bien dans la bouche !
Rien qu’à la nommer le cœur s’enflamme.
C’est elle qui fait que la Femme est tant aimée,
Et que de l’Homme elle se rend maîtresse.

Elle a raison, si elle la tient bien serrée
Et comme une relique bien couverte,
Parce que c’est une chose bénie.

Ceux qui veulent la voir découverte
Ou qui désirent en toucher la fente,
Il leur faut lui faire leur offrande.

MÊME SUJET

Madrigal

Les Femmes ont un trésor
Qui est bien meilleur que l’or :
Que mille et mille en jouissent,
Il ne diminue pas d’un besant ;
On ne peut rien en rogner,
Il reste intact en capital.

Pour celles qui n’en font largesse
Il ne peut y avoir d’excuse :
À l’user il devient plus grand,
Il se conserve mieux ;
Mais, à le tenir sous clef,
Bien plus tôt il s’amoindrit.

MÊME SUJET

Madrigal

L’été, lorsqu’elle sue,
Il faut la manger crue ;
L’hiver, quand les réchauds

La sèchent et la rissolent,
Il faut la manger cuite ;
Avec tout cela toujours
Elle est d’une saveur égale.
En somme c’est un mets
Qui est bon de toute façon :
Il n’a jamais besoin
De sucre ni de sel.