L’Abécédaire du petit naturaliste/Furet

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Anonyme
Saintin, Libraire-Commissionnaire (p. 16-19).
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FURET.


Ce petit animal, originaire des pays chauds, est délié, souple et grand chasseur de lapins. Son œil est vif, son naturel colère, et cependant facile à apprivoiser, et docile ; il sent mauvais, surtout lorsqu’on l’irrite. On élève en France les petits dans des cages ou tonneaux garnis d’étoupes : du pain, du lait et du son, voilà leur nourriture. L’homme, toujours industrieux pour faire tourner à son profit l’instinct et l’industrie des animaux, tire avantage du naturel carnassier du Furet. On le mène à la chasse ; on le lâche dans les trous des lapins, après l’avoir muselé, afin qu’il ne tue pas les lapins dans le fond du terrier, et qu’il oblige seulement ceux qu’il a harcelés, à en sortir, et à se jeter dans le filet dont on couvre l’entrée. Si le Furet n’était pas muselé, il sucerait le sang du lapin jusqu’à le faire mourir, puis il s’endormirait dans le terrier : en sorte que le Furet et le lapin seraient perdus pour le chasseur, surtout lorsque le terrier a plusieurs issues ; et alors la fouille et la fumée que l’on fait dans le terrier ne sont pas toujours un sûr moyen de ramener le Furet, parce qu’il peut sortir sans qu’on le voie. Cette antipathie contre les lapins est tellement naturelle aux Furets, que cet animal, dans sa plus grande jeunesse, s’éveille à la présence d’un lapin vivant ou mort ; il se jette dessus avec fureur.