L’Abîme (Rollinat)/Chanson d’ermite

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L’Abîme. PoésiesG. Charpentier et Cie, éditeurs. (p. 271-272).


CHANSON D’ERMITE


Ainsi va le destin de l’homme :
Rongeur de son végètement,
Il s’y tortille obscurément,
Non moins que le ver dans la pomme.

Philosophe ou bête de somme,
Il additionne ardemment
Du vouloir et du sentiment
Dont les ténèbres sont la somme.


Sa révolte ou rien, c’est tout comme.
Au fond, a-t-il bien même, en somme,
À travers son tâtonnement,
La liberté de son tourment ?

Et moitié veille, moitié somme,
Traîne son aboutissement
Entre la voûte qui lui ment
Et la terre qui le consomme.
Ainsi va le destin de l’homme.