L’Encyclopédie/1re édition/ALHAGI

La bibliothèque libre.
◄  ALGUETTE
ALHAMA  ►

ALHAGI, s. m. plante à fleur papilionacée, dont le pistil devient dans la suite un fruit ou une silique composée de plusieurs parties jointes, ou, pour ainsi dire, articulées ensemble, & dont chacune renferme une semence faite en forme de rein. Ajoûtez au caractere de ce genre, que ses feuilles sont alternes. Tournefort, Corol. Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

* Alhagi, ou agul, ou almagi Arabibus, planta spinosa mannam resipiens. J. B. Cette plante s’éleve à la hauteur d’une coudée & plus : elle est fort branchue ; elle est hérissée de tous côtés d’une multitude prodigieuse d’épines extrêmement pointues, foibles, & pliantes. Sur ces épines naissent différentes fleurs purpurines ; ces fleurs en tombant font place à de petites gousses longues, rouges, ressemblantes à celles du genêt piquant, & pleines de semences qui ont la même couleur que la gousse.

Les habitans d’Alep recueillent sur cette plante une espece de manne, dont les grains sont un peu plus gros que ceux de la coriandre.

Elle croît en buisson, & des branches assez rassemblées partent d’un même tronc dans un fort bel ordre, & lui donnent une forme ronde. Les feuilles sont à l’origine des épines ; elles sont de couleur cendrée, oblongues, & polygonales : sa racine est longue & de couleur de pourpre.

Les Arabes appellent tereniabin ou trangebin, la manne de l’alhagi : on trouve cette plante en Perse, aux environs d’Alep & de Kaika, en Mésopotamie. Ses feuilles sont dessicatives & chaudes : ses fleurs purgent ; on en fait bouillir une poignée dans de l’eau.

Ses feuilles & ses branches, dit M. Tournefort, se couvrent dans les grandes chaleurs de l’été d’une liqueur grasse & onctueuse, & qui a à-peuprès la consistance de miel. La fraîcheur de la nuit la condense & la réduit en forme de grains : ce sont ces grains auxquels on donne le nom de manne d’alhagi, & que les naturels du pays appellent trangebin, ou tereniabin : on la recueille principalement aux environs de Tauris, ville de Perse, où on la réduit en pains assez gros, & d’une couleur jaune foncée. Les grains les plus gros qui sont chargés de poussiere & de parcelles de feuilles desséchées, sont les moins estimés ; on leur préfere les plus petits, qui cependant pour la bonté sont au-dessous de notre manne de Calabre.

On en fait fondre trois onces dans une infusion de feuilles de séné, que l’on donne aux malades qu’on veut purger.