L’Encyclopédie/1re édition/ALMAGESTE
ALMAGESTE, s. m. (Astron.) est le nom d’un ouvrage fameux composé par Ptolomée. C’est une collection d’un grand nombre d’observations & de problèmes des Anciens, concernant la Géométrie & l’Astronomie. Dans le Grec, qui est la langue dans laquelle il a été composé originairement, il est intitulé σύνταξις μεγίστη, comme qui diroit, très-ample collection : or de ce mot μεγίστη, avec la particule al, il a été appellé almageste par les Arabes, qui le traduisirent en leur langue vers l’an 800, par ordre du Calife Almamoun. Le nom Arabe est Almagherti.
Ptolomée vivoit sous Marc Aurele ; son ouvrage & ceux de plusieurs Auteurs qui l’ont précedé ou qui l’ont suivi, nous font connoître que l’Astronomie étoit parvenue au point où elle étoit de son tems, par les seules observations des Grecs, sans qu’il paroisse qu’ils ayent eu connoissance de ce que les Chaldéens ou Babyloniens avoient découvert sur la même matiere. Il est vrai qu’il cite quelques observations d’éclipses, qui avoient été apparemment tirées de celles que Callisthene envoya de Babylone à Aristote. Mais on ne trouve pas que les systèmes de ces anciens Astronomes eussent été connus par les Grecs.
Cet ouvrage avoit été publié sous l’empire d’Antonin ; & soit qu’il nous ait d’abord été apporté par les Sarrasins d’Espagne, le nombre des Astronomes s’étant multiplié d’abord sous la protection des Califes de Bagdad, soit qu’on en eût enlevé diverses copies du tems des Croisades, lorsqu’on fit la conquête de la Palestine sur les Sarrasins, il est certain qu’il a d’abord été traduit d’Arabe en Latin par ordre de l’Empereur Frideric II. vers l’an 1230 de l’Ere chrétienne.
Cette traduction étoit informe, & celles qu’on a faites depuis ne sont pas non plus trop exactes : on est souvent obligé d’avoir recours au texte original. Ismael Bouillaud en a cependant rétabli divers passages, dont il a fait usage dans son Astronomie Philolaïque, s’étant servi pour cet effet du manuscrit Grec que l’on conserve à la Bibliotheque du Roi.
L’Almageste a été long-tems regardé comme une des plus importantes collections qui eussent été faites de toute l’Astronomie ancienne ; parce qu’il ne restoit gueres que ce livre d’Astronomie qui eût échappé à la fureur des Barbares. Préface des Inst. Astron. de M. le Monnier.
Le P. Riccioli, Jésuite Italien, a aussi fait un traité d’Astronomie, qu’il a intitulé, à l’imitation de Ptolomée, Nouvel Almageste ; c’est une collection d’observations astronomiques anciennes & modernes. V. Astronomie & Astronomique.