L’Encyclopédie/1re édition/APOLLINAIRES ou APOLLINARISTES

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 530-531).
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APOLLINAIRES ou APOLLINARISTES, s. m. pl. (Théol.) Les Apollinaires sont d’anciens hérétiques qui ont prétendu que Jesus-Christ n’avoit point pris un corps de chair tel que le nôtre, ni une ame raisonnable telle que la nôtre.

Apollinaire de Laodicée, chef de cette secte, donnoit à Jesus-Christ une espece de corps, dont il soûtenoit que le Verbe avoit été revêtu de toute éternité : il mettoit aussi de la différence entre l’ame de Jesus-Christ & ce que les Grecs appellent νοῦς, esprit, entendement ; en conséquence de cette distinction, il disoit que le Christ avoit pris une ame, mais sans l’entendement ; défaut, ajoûtoit-il, suppléé par la présence du Verbe. Il y en avoit même entre ses sectateurs, qui avançoient positivement que le Christ n’avoit point pris d’ame humaine.

Selon l’évêque Pearson, écrivain Anglois, « la différence entre l’hérésie des Apollinaires, & celle des Ariens, est, que les Apollinaires soûtenoient que Dieu se revêtit en même tems de la nature de la chair & de l’ame de l’homme, au lieu que les Ariens ne lui attribuoient que la nature de la chair. Il y a deux choses à remarquer dans l’hérésie des Apollinaires. 1°. Un sentiment philosophique qui consiste à distinguer trois parties dans l’homme, l’ame, l’entendement, & le corps : 2°. un sentiment théologique, par lequel il paroît qu’ils composoient la nature humaine de Jesus-Christ, d’un corps & d’une ame, tels que nous les avons, à l’exception que l’ame humaine prise par Jesus-Christ, étoit séparée de notre entendement ». Nous remarquerons que l’évêque Pearson semble s’écarter ici de l’opinion commune des auteurs qui ont travaillé sur l’histoire ecclésiastique, en supposant qu’Apollinaire accordoit à Jesus-Christ un vrai corps tel que le nôtre. Voyez Niceph. hist. eccles. liv. II. ch. xij. Vincent de Lerins.

Apollinaire prétendoit encore que les ames étoient engendrées par d’autres ames, comme il en est des corps. Théodoret l’accuse d’avoir confondu les personnes en Dieu, & d’être tombé dans l’erreur des Sabelliens. S. Basile lui reproche d’un autre côté d’abandonner le sens littéral de l’Ecriture, & de rendre les Livres saints entierement allégoriques.

L’herésie d’Apollinaire consistoit, comme on voit, dans des distinctions très-subtiles ; c’étoit une question compliquée de Métaphysique, de Grammaire & de Théologie, à laquelle il n’étoit guere possible que le commun des fideles entendît quelque chose ; cependant l’Histoire ecclésiastique nous apprend qu’elle fit des progrès considérables en orient. La plûpart des Eglises de cette partie du monde en furent infectées. Elle fut anathématisée dans un concile tenu à Alexandrie sous S. Athanase, en 362, & dans ceux d’Antioche en 378, & de Rome en 382.

Cette hérésie eut plusieurs branches, dont la principale fut celle des Democrites. Voyez Democrites (G)

Apollinaires (Jeux), ludi apollinares (Hist. anc. & Myth.) jeux qui se célébroient tous les ans à Rome en l’honneur d’Apollon, le 5° jour de Juillet dans le grand cirque, & sous la direction du Préteur. Une tradition fabuleuse dit qu’à la premiere célébration de ces jeux, le peuple, étonné d’une invasion soudaine des ennemis, fut contraint de courir aux armes ; mais qu’une nuée de fleches & de dards tombant sur les aggresseurs, ils furent dispersés, & que les Romains reprirent leurs jeux, après avoir remporté la victoire. (G)