L’Encyclopédie/1re édition/APOLLON

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 531).

* APOLLON, s. m. (Myth.) dieu des payens, singulierement revéré par les Grecs & par les Romains, qui le regardoient comme le chef des muses, l’inventeur des beaux arts, & le protecteur de ceux qui les cultivent. Ciceron distingue quatre Apollons : le premier & le plus ancien fut fils de Vulcain : le second naquit de Corybas, dans l’île de Crete : le troisieme & le plus connu, passe pour fils de Jupiter & de Latone, & pour frere de Diane ; il naquit à Delos, ou vint de Scythie à Delphes : le quatrieme naquit parmi les Arcadiens, dont il fut le législateur, & s’appella Nomios. Sur les plaintes des divinités infernales à qui Esculape fils d’Apollon, ravissoit leur proie, guérissant les malades par ses remedes, & ressuscitant même les morts, Jupiter ayant foudroyé l’habile medecin, on dit qu’Apollon vengea la mort de son fils sur les Cyclopes qui avoient forgé les foudres, & les détruisit à coups de fleches, & que Jupiter courroucé de cette représaille, le chassa du ciel. Apollon, chassé du ciel, s’en alla garder les troupeaux d’Admete, passa du service d’Admete à celui de Laomedon, s’occupa avec Neptune à faire de la brique, & à bâtir les murs de Troie, travail dont les deux dieux ne furent point payés ; & il erra quelque tems sur la terre, cherchant à se consoler de sa disgrace par des aventures galantes avec des mortelles aimables, dont ce dieu du bel esprit n’eut pas toûjours lieu d’être satisfait. Apollon fut dieu de la lumiere au ciel, & dieu de la poësie sur la terre. Tandis qu’il servoit Admete, Mercure, qui n’étoit encore qu’un enfant, le séduisit par le son de sa flûte, & détourna le troupeau qu’Admete lui avoit confié ; Apollon, au sortir de l’enchantement où l’avoient jetté les sons de Mercure, s’appercevant du vol, courut à son arc pour en punir Mercure : mais ne trouvant plus de fleches dans son carquois, il se mit à rire de la finesse du jeune fripon, qui les lui avoit encore enlevées.