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L’Encyclopédie/1re édition/APOLOGIE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 1p. 532).
APOLOGUE  ►

APOLOGIE, s. f. (Littérat.) apologia, mot originairement grec, ἀπολογία, discours ou écrit pour la défense ou la justification d’un accusé : toute apologie suppose une accusation bien ou mal fondée ; & le but de l’apologie est de montrer que l’accusation est fausse ou mal-à-propos intentée

Les persécutions que l’Eglise eut à essuyer depuis sa naissance, & pendant les trois premiers siecles, obligerent souvent les Chrétiens de présenter aux Empereurs, au Sénat & aux Magistrats payens, des apologies pour la religion chrétienne, pour répondre aux fausses imputations par lesquelles on s’efforçoit de les noircir, comme ennemis des dieux, des puissances, & perturbateurs du repos public.

Les principales de ces apologies sont celles de Quadrat & d’Aristide ; les deux apologies de S. Justin martyr ; celle d’Athenagore ; l’apologétique de Tertullien ; & le dialogue de Minutius Felix, intitulé Octavius.

Quadrat, qui étoit évêque d’Athenes, composa son apologie pour les Chrétiens vers l’an de Jesus-Christ 124, & la présenta dans le même tems à l’empereur Adrien, qui parcouroit alors les provinces de l’Empire, & entr’autres la Grece. Eusebe nous en a conservé quelques fragmens : mais il ne nous reste rien de celle qu’Aristide Athénien & philosophe chrétien, écrivit peu après celle de Quadrat.

Des deux apologies qu’écrivit S. Justin martys, la premiere est de l’an de Jesus-Christ 150, & porte ce titre : « A l’empereur Titus-Elius-Adrien-Antonin, pieux, auguste, César ; & à son fils vérissime philosophe ; & à Lucius philosophe, fils de César, selon la nature, & de l’Empereur par adoption, amateur de la science ; & au sacré Sénat, & à tout le peuple Romain. Pour les personnes de toutes conditions, qui sont haïes & maltraitées injustement, Justin fils de Priscus Bacchius, natif de Flavia, ou de Naples en Palestine, l’un de ces persécutés, présente cette requête ». Après un préambule convenable, ce saint docteur montre l’injustice qu’il y a de condamner les Chrétiens sur le seul nom, & détruit le reproche d’athéisme qu’on leur faisoit, par l’exposition de quelques points de leur doctrine, de leur morale, & de leur culte extérieur. Il répond ensuite aux accusations contre leurs mœurs, & les retorque avec force contre celles des payens. Enfin il la termine par la copie d’une lettre d’Adrien, où cet empereur défendoit qu’on persécutât les Chrétiens.

Ce Pere composa sa seconde apologie 16 ans après, & elle n’a pour but que de détruire les calomnies infamantes dont on chargeoit les Chrétiens. Elle est adressée au Sénat de Rome, & n’eut pas plus d’effet que la premiere.

On croit que l’apologie d’Athenagore est aussi de l’an 166, & qu’il l’adressa aux deux empereurs Marc Aurele & Lucius Verus. Il y suit à peu près la même méthode que S. Justin, & repousse fortement trois accusations, l’athéisme, les repas de chair humaine, & les incestes.

Quant à l’apologie de Tertullien, nous en avons parlé au mot Apologétique.

L’Octavius de Minutius Felix, orateur Romain, qui vivoit dans le troisieme siecle, est un dialogue sur la vérité de la religion chrétienne, par occasion l’auteur répond aux calomnies des Juifs & des payens. Le caractere de tous ces ouvrages est une noble & solide simplicité, jointe à beaucoup de véhémence, surtout dans Athenagore & dans Tertullien. (G)