L’Encyclopédie/1re édition/AUGE

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AUGE, s. f. en Architecture, c’est une pierre quarrée ou arrondie par les angles, de grandeur arbitraire, mais de hauteur d’appui, fouillée en-dedans, ou taillée de maniere qu’on laisse une épaisseur de six pouces au plus dans son pourtour aussi bien que dans le fond, pour retenir l’eau. Ces auges se mettent ordinairement dans les cuisines près du lavoir, & dans les basses-cours des écuries près d’un puits. Voy. Auge en Manége.

Auge de Maçon, espece de boîte non couverte, construite de chêne, de forme quarré-longue, dont le fond plus étroit que l’ouverture forme des talus inclinés en-dedans, & donne la facilité à l’ouvrier de ramasser le plâtre qui est gaché dedans, pour l’employer à la main & à la truelle. (P)

Auge des Couvreurs, est à peu près comme celle des maçons, à l’exception qu’elle est beaucoup plus petite.

Auge, en Hydraulique & Jardinage. On appelle ainsi la rigole de pierre ou de plomb sur laquelle coule l’eau d’un aquéduc ou d’une source, pour se rendre dans un regard de prise ou dans un réservoir. (K)

Auge à goudron, c’est en Marine le vaisseau de bois dans lequel on met le goudron, pour y passer les cordages. (Z)

Auge, en Manége, signifie deux choses : 1°. un canal de bois destiné à mettre l’avoine du cheval : 2°. une grosse pierre creuse destinée à le faire boire ; on y verse l’eau des puits quelque tems avant de la lui laisser boire, afin d’en ôter la crudité. (V)

Auge, dans presque toutes les boutiques ou atteliers d’ouvriers en métaux, est une cavité en pierre placée devant la forge, & pleine d’eau, dont le forgeron se sert pour arroser son feu, & éteindre ou rafraîchir ses tenailles quand elles sont trop chaudes ; de même que le fer quand il faut le retourner, ou qu’il est trop chaud du côté de la main.

Auge à rompre, chez les Cartonniers, est une grande caisse de bois, à peu près quarrée, & de la même grandeur que la cuve à fabriquer. On met dans cette caisse les rognures de papier qu’on destine à faire du carton, avec de l’eau ; & quand elles y ont pourri pendant quelques jours, on les rompt avec une pelle de bois, quelquefois garnie de fer, avant que de les faire passer dans le moulin.

Auge, dans les Sucreries, se dit de petits canots de bois tout d’une piece, dans lesquels on laisse refroidir le sucre avant que de le mettre en barique.

D’où l’on voit qu’auge en général est un vaisseau de bois ou de pierre, ou fixe ou amovible, & transportable, de matiere & de figure différentes, selon les artistes ; mais partout destiné à contenir un liquide ou un fluide.

Auge, dans les Verreries, ce sont de gros hêtres creusés que l’on tient pleins d’eau, & qui servent à rafraîchir les ferremens qu’on a employés pour remplir ou vuider les pots : c’est aussi au-dessus de cette eau qu’on commence à travailler les matieres vitrifiées propres à faire des plats. Voyez Verrerie en plats ou à vitre.

Auges, s. m. autrement Apsides, en Astronomie, sont deux points dans l’orbite d’une planete, dont l’un est plus éloigné, & l’autre est plus proche du foyer de cette orbite qu’aucun des autres points. Ces points sont placés à l’extrémité du grand axe de l’orbite ; l’un s’appelle aphélie, & l’autre périhélie ; & dans la lune, l’un s’appelle apogée, l’autre périgée. V. Apside, Aphélie, Apogée, &c. (O)

* Auges, s. m. pl. (Physiolog.) on distingue trois sortes de canaux dans lesquels nos fluides sont contenus : le liquide a dans les uns un mouvement continuel ; tels sont les arteres, les veines, & autres vaisseaux coniques & cylindres : dans les autres, l’humeur séjourne, comme dans la vessie, dans la vésicule du fiel, dans les follicules adipeux ; & on les appelle réservoirs : dans les troisiemes, l’humeur coule, mais d’un mouvement interrompu, & ils sont tantôt vuides, & tantôt pleins ; tels sont les ventricules & les oreillettes du cœur ; & c’est ce qu’on appelle auges.

* Auge, (Géog.) petit pays de France en Normandie, comprenant les villes de Honfleur & de Pont-l’Evêque.