L’Encyclopédie/1re édition/BALUSTRADE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 49-50).
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BALUSTRADE, s. f. en Architecture : on entend par ce nom la continuité d’une ou plusiéurs travées de balustres, séparés par des piédestaux construits de marbre, de pierre, de fer ou de bois, tenus de la hauteur des appuis. Voyez Appui.

Les balustrades de pierre ou de marbre servent à deux usages dans le bâtiment : l’un pour servir d’appui aux terrasses qui séparent l’inégalité de hauteur de terrein, dans un parc, dans des cours, ou dans des jardins ; l’autre pour tenir lieu de balcon ou d’appui évuidé à chaque étage d’un édifice, ou pour lui servir de couronnement lorsque les combles ne sont pas apparens, comme au palais Bourbon à Paris, au château de Versailles, & ailleurs ; cette décoration ne devant pas avoir lieu lorsque la nécessité ou l’usage exige des combles, malgré l’exemple qu’on en voit au palais du Luxembourg.

La hauteur des premieres balustrades n’a d’autre sujétion que celle d’être proportionnée à celle du coude ou hauteur d’appui : celle des secondes doit avoir en général le quart plus un 6e de l’ordre qui les soûtient ; c’est-à-dire, la hauteur de l’entablement, plus une 6e partie. Elles sont composées ordinairement de trois parties principales ; savoir, d’un socle ou retraite, d’un dez & d’une tablette ; ces trois parties comprises ensemble doivent se diviser en neuf, dont on donnera quatre à la retraite ou socle, quatre au dez, & une à la tablette : mais comme cette hauteur de balustrade tenue extérieurement du quart plus un sixieme de l’ordre, seroit souvent trop haute pour servir d’appui du côté des appartemens ou terrasses supérieurs d’un bâtiment, alors le sol des étages intérieurs peut être élevé jusqu’à la hauteur de la retraite, à 2 ou 3 pouces près.

L’on fait souvent des balustrades qui tiennent lieu d’attique ou d’amortissement aux étages supérieurs d’un édifice, & dans lesquels on n’introduit point de balustres, ne devant les employer que lorsqu’il y a des vuides dans le bâtiment ; tels que sont les croisées, les portes, les entre-colonnes : or il est quelquefois des bâtimens qui n’ont point d’ouvertures remarquables ; alors il faut soustraire les balustres dans ces balustrades, pour leur donner un caractere de solidité qui réponde au reste de l’ordonnance : mais quand on en fait usage, il faut éviter d’en mettre plus de onze dans une même travée, ou moins de cinq, malgré l’exemple du château de Clagny, où l’on n’en voit dans quelques endroits que deux, & quelquefois une ; ce qui marque un trop petit espace vuide sur une grande face de bâtiment d’une ordonnance légere ; & celui du château d’eau du Palais-royal à Paris, d’un caractere rustique, où l’on voit au contraire des travées qui en ont jusqu’à 14 ; ce qui est un défaut de convenance, qui me fait avancer pour précepte que les balustrades doivent être plus ou moins ornées, selon le caractere du bâtiment qui les reçoit ou qu’elles accompagnent ; c’est-à-dire, que leurs profils doivent se ressentir du genre rustique, solide, moyen, délicat, & composé, ainsi que les balustres. Voyez Balustre ; & ses profils suivant les cinq ordres, dans nos Planches d’Architecture. (P)