L’Encyclopédie/1re édition/BALUSTRE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 50).
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BALUSTRE, s. f. termes d’Architecture, du Latin balostrum, fait du Grec βαλόσιον, fleur du grenadier sauvage à laquelle sa tige ressemble assez, est ordinairement une petite colonne composée de trois parties principales ; savoir, le chapiteau, la tige, & le pié d’ouche. On a soin que les balustres, aussi bien que les balustrades, se ressentent du caractere de l’édifice ; c’est pour cela qu’on représente dans nos Planches à peu près les cinq manieres de les mettre en usage. Les toscanes se font volontiers quarrées par leur plan, pour plus de rusticité ; quelquefois même les doriques : mais les autres se font toûjours rondes, à l’exception des plinthes, des piés d’ouches & des chapiteaux ; malgré l’exemple de ceux du château de Sceaux, où le tout est cylindrique ; ce qu’il faut éviter. Les membres principaux des balustres peuvent être ornés de moulures au choix de l’architecte : le genre simple, élégant & orné qui est répandu dans l’ordonnance du bâtiment, doit néanmoins lui servir de regles.

Pour trouver la proportion des principales parties des balustres en général, il faut diviser toute leur hauteur en 5 ; une sera pour celle du pié d’ouche D ; les 4 parties restantes seront divisées de nouveau en 5, dont une sera pour la hauteur du chapiteau E : ensuite on divisera la distance depuis E jusqu’en F encore en 5, dont 3 seront pour la hauteur du cou F, & les deux autres pour la pance ou renflement G.

Le balustre toscan étant le plus massif, on doit donner à la largeur de sa pance les de toute sa hauteur, pendant que le corinthien, qui est le plus sevelte, n’en aura que le tiers ; la largeur des autres se trouvera entre ses deux extrèmes. Ces largeurs ainsi trouvées pour la grosseur de la pance, on les divisera chacune en 9, dont 4 formeront celle du cou, qui servira aussi pour la largeur la plus étroite du pié d’ouche, ainsi que l’exprime la ligne ponctuée N : la largeur du plinthe du pié d’ouche sera égale à celle de la pance, & celle du tailloir aura ou moins, selon le caractere du balustre ; & leur écartement d’une pance à l’autre sera tenu de la largeur d’un cou.

Il faut éviter les demi-balustres dans l’ordonnance des balustrades, ainsi que celles qui ne peuvent être que feintes : cette mutilation ou affectation est contraire au bon goût ; je leur préfere les acroteres H, qui en font l’office avec plus de vraissemblance. V. Acroteres.

Ces balustres, ainsi que les balustrades, se font de différentes matieres ; ce qui les fait nommer balustres de pierre, de marbre, de bois, de fer, de bronze, &c. Celles qu’on employe à la décoration extérieure des bâtimens, different en général très-peu des exemples que l’on a donnés dans les Planches : mais celles des dedans varient à l’infini suivant les endroits où elles sont placées, la richesse de leur matiere, & le génie de l’architecte qui en donne les desseins.

Les balustres dans les rampes d’un escalier font un assez mauvais effet, à cause de l’obliquité qu’occasionnent ces rampes, aux moulures des piés d’ouches & aux chapiteaux des balustres ; ce qui fait que quelques architectes aiment mieux faire régner ces moulures horisontales, malgré l’inclinaison des socles & des tablettes, comme on l’a pratiqué au Palais-royal : d’autres, qui regardent l’un & l’autre comme vicieux, admettent l’usage des rampes de fer, ce genre de rampe n’exigeant pas tant de sévérité. Il est cependant vrai que cette derniere espece n’a pas à beaucoup près tant de dignité, & qu’elle ne paroît tolérable que dans les escaliers des maisons des particuliers ; ceux des maisons des grands étant ordinairement susceptibles de peinture, de sculpture, & d’architecture, semblent exiger des rampes qui s’assortissent à leur magnificence. (P)

Balustre, en Serrurerie, est encore un ornement qui se pratique sous l’anneau d’une clé au haut de la tige, & qui est appellé balustre, parce qu’il en a la forme. Les clés de chef-d’œuvre ont ordinairement leur tige en balustre.

Balustre, en terme d’Orfévre, est une partie de la monture d’un chandelier qu’on voit ordinairement au milieu de cette monture. Elle est plus grosse en haut qu’en bas, & se termine à ses deux extrémités par un nœud d’une grosseur proportionnée à l’extrémité où il doit être. Voyez Nœud.