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L’Encyclopédie/1re édition/BASILIQUE

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BASILIQUE, s. f. (Hist. anc. & mod.) mot tiré du Grec βασιλεὺς, roi ; c’est-à-dire, maison royale. C’étoit à Rome un bâtiment public & magnifique, où l’on rendoit la justice à couvert ; ce qui le distinguoit du forum, place publique, où les magistrats tenoient leurs séances en plein air. Il y avoit dans ces basiliques de vastes salles voûtées, & des galeries élevées sur de riches colonnes : des deux côtés étoient des boutiques de marchands, & au milieu une grande place pour la commodité des gens d’affaires. Les tribuns & les centumvirs y rendoient la-justice ; & les jurisconsultes ou légistes gagés par la république, y répondoient aux consultations. C’est ce qu’a voulu dire Cicéron dans une épitre à Atticus, basilicam habeo, non villam, frequentiâ formianorum ; parce qu’on venoit le consulter de toutes parts à sa maison de campagne, comme s’il eût été dans une basilique. Les principales basiliques de Rome étoient Julia, Porcia Sisimini Sempronii, Caii, Lucii, ainsi nommées de leurs fondateurs, & la banque, basilica argentariorum. On en construisit d’autres moindres pour les marchands, & où les écoliers alloient faire leurs déclamations. Le nom de basilique a passé aux édifices dédiés au culte du vrai Dieu, & aux chapelles bâties sur les tombeaux des martyrs : ce nom paroît surtout leur avoir été affecté en Grece. Ainsi l’on nommoit à Constantinople la basilique des saints Apôtres, l’église où les empereurs avoient fait transporter les reliques de quelques Apôtres. Il étoit défendu d’y enterrer les morts, & les empereurs même n’avoient leur sépulture que sous les portiques extérieurs, ou le parvis de la basilique.

Le nom de Basilique signifiant maison royale, il est visible que c’est à cause de la souveraine majesté de Dieu, qui est le roi des rois, que les anciens auteurs ecclésiastiques ont donné ce nom à l’Eglise, c’est-à-dire au lieu où s’assemblent les Fideles pour célébrer l’office divin.

Ce mot est souvent employé dans ce sens par saint Ambroise, S. Augustin, S. Jérôme, Sidoine, Apollinaire, & d’autres écrivains du iv. & du v. siecle.

M. Perrault dit, que les basiliques différoient des temples en ce que les colonnes des temples étoient en-dehors, & celles des basiliques en-dedans. Voyez Temple.

Selon Bellarmin, tom. II. de ses controverses, voici la différence que les Chrétiens mettoient entre les basiliques & les temples. On appelloit basiliques les édifices dédiés au culte de Dieu & en l’honneur des saints, spécialement des martyrs. Le nom de temples étoit propre aux édifices bâtis pour y célébrer les mysteres divins, comme nous l’apprennent S. Basile, S. Grégoire de Nazianze, &c. Quelques anciens, comme Minutius Felix, dans son ouvrage intitulé Octavius, ont soûtenu que le Christianisme n’avoit point de temples, que cela n’étoit propre qu’au Judaïsme & au Paganisme : mais ils parlent des temples destinés à offrir des sacrifices sanglans, & à immoler des animaux. Il est certain que les lieux destinés à conserver & honorer les reliques des martyrs étoient proprement appellés basiliques, & non pas temples. Les Grecs font quelquefois mention des temples des martyrs ; mais ils parlent des lieux qui étoient consacrés à Dieu & dédiés au culte des martyrs. Comme consacrés à Dieu, ils étoient appellés temples ; car c’est à lui seul qu’on peut ériger des autels & offrir des sacrifices : mais comme destinés à la vénération des saints, ils avoient seulement le nom de basiliques. (G)

Basiliques, adj. pris subst. (Jurisprud.) recueil des lois Romaines, traduites en Grec par ordre des empereurs Basile & Léon, & maintenu en vigueur dans l’empire d’Orient jusqu’à sa dissolution. Voyez Droit civil.

Les basiliques comprennent les institutes, le digeste, le code & les novelles, avec quelques édits de Justinien & d’autres empereurs. Le recueil étoit de soixante livres, & s’appelloit par cette raison ἑξήκοντα, soixante. On croit que c’est principalement l’ouvrage de l’empereur Léon le philosophe, & qu’il l’intitula du nom de son pere, Basile le Macédonien, qui l’entreprit le premier. Des soixante livres il n’en reste aujourd’hui que quarante-un. Fabrolus a tiré en quelque façon le supplément des dix-neuf autres du Synopsis basilicon, &c.

Basilique, adj. pris subst. (Hist. anc.) dans l’empire Grec, dénomination qui se donnoit aux mandataires du prince, ou à ceux qui étoient chargés de porter ses ordres & ses commandemens. Voyez Mandement. (G)

Basilique, adj. pris subst. en Anatomie, nom d’une veine qui naît du rameau axillaire, qui court dans toute la longueur du bras. Voyez les Pl. d’Anat. & leur explication dans l’article Anatomie.

La basilique est une des veines que l’on a coûtume d’ouvrir en saignant au bras. Voyez Phlébotomie. (L)

Basilique ou basilica, est, en Astronomie, le nom d’une étoile fixe de la premiere grandeur dans la constellation du Lion : elle s’appelle aussi Regulus & cor Leonis, ou cœur du Lion. V. Lion. (O)