L’Encyclopédie/1re édition/BOUILLON

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BOUILLON, s. m. (Médecine) décoction de la chair des animaux faite sur un feu modéré, pour en tirer le suc qu’elle contient ; on fait entrer dans la composition des bouillons, non-seulement le bœuf, le veau, & le mouton, mais aussi différentes especes d’oiseaux, telles que les poules, chapons & autres. On en fait aussi avec le poisson.

Le bouillon sert à l’homme, comme aliment ordinaire & comme remede.

Quand on employe les bouillons comme remedes, on y joint ordinairement des plantes, dont la vertu est appropriée à l’état de la personne qui en fait usage ; & alors on les nomme bouillons médicamenteux : il y en a d’altérans, de pectoraux, d’apéritifs, &c. & on leur donne ces différens noms, selon la vertu des différens médicamens qui entrent dans leur composition. Les bouillons les plus propres à nourrir sont ceux qui sont composés de bœuf & de volaille. Voyez Bœuf. Au défaut de ceux-ci, on donne ceux de veau & de mouton.

Les malades & les convalescens se trouvent très bien de bouillons de poisson ; les fibres de l’estomac étant très-affoiblis par une longue maladie, il est souvent peu propre à digérer le suc des animaux, & s’accommode mieux de celui de carpe, de tanche, de grenouille, &c. qui d’ailleurs porte une fraicheur dans le sang qu’on ne doit point attendre de celui des animaux terrestres ni des volatils. (N)

Bouillon blanc, ou Mollaine, (Hist. nat. bot.) verbascum, genre de plante à fleur monopétale, rayonnée & découpée. Le pistil sort du calice & est attaché comme un clou au milieu de la fleur, qui devient dans la suite un fruit ou une coque ovoïde & pointue, partagée en deux loges par une cloison mitoyenne, & remplie pour l’ordinaire de plusieurs semences anguleuses attachées à un placenta. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Verbascum 1. Matth. Ray, Hist. Verbascum vulgare, flore luteo magno, folio maximo. J. B. Verbascum mas latifolium luteum. C. B. Pit. Tournefort. Verbascum tapsus barbatus offic. Cette plante est au nombre des herbes émollientes ; elle relâche & convient avec celles de sa classe, comme la mauve, dans les lavemens, les cataplasmes, & les fomentations lorsqu’il est question de relâcher & de détendre.

Les fleurs & les feuilles sont estimées pectorales, bonnes contre la toux, le crachement de sang, & autres affections de la poitrine.

Elles sont aussi fort salutaires contre les tranchées, & les douleurs de colique, qui viennent d’humeur acre.

On fait avec le bouillon blanc des préparations pour la toux, & les hémorrhoïdes douloureuses. (N)

Bouillon, (Maréchalerie) on appelle ainsi une excroissance charnue, qui vient sur la fourchette du cheval ou à côté, qui est grosse comme une cerise & fait boiter le pié. Les chevaux de manege qui ne se mouillent jamais les piés, sont plus sujets que les autres aux bouillons de chair qui les font boiter tout bas. Pour désigner ces bouillons, on dit : la chair soufle sur la fourchette.

On donne aussi ce nom à une excroissance ronde & charnue, qui croît dans une plaie. (V)

Bouillons d’Eau, (en Architecture) se dit de tous les jets d’eau qui s’élevent de peu de hauteur en maniere de source vive. Ils servent pour garnir les cascades, goulotes, rigoles, gargouilles, qui font partie de la décoration des jardins. (P)

Bouillon, (terme de Brodeur) c’est une espece de cannetille d’or ou d’argent très-brillante, qui se coupe par petits morceaux, qui s’enfile comme des perles, & se pose dans le milieu des fleurs en broderie, où elle s’attache avec du fil d’or, d’argent ou de soie. Le bouillon entre aussi dans les crêpines. Voyez Pl. prem. fig. 5. du Boutonnier. Le bouillon à l’usage de ces derniers ouvriers est un fil d’or roulé sur un autre, le plus pressé qu’il se peut, retiré de dessus celui qui lui servoit de patron ; on le coupe de différentes longueurs pour en faire des épis, des roues, & autres enjolivemens propres aux Boutonniers. Voyez ces mots à leurs articles.

Bouillon, (boîte à) en terme de Boutonnier, c’est une boîte de fer-blanc doublée d’une autre boîte de même matiere, mais moins profonde, criblée de trous comme une passoire. On coupe le bouillon dans cette premiere boîte ; & le remuant à la maniere d’un tamis, le déchet que les ciseaux ont fait en coupant le bouillon, tombe & se conserve dans la seconde boîte. Voyez Bouillon.

BOUILLON, (Géog.) ville forte avec château à trois lieues de Sedan, sur la riviere de Semoy, capitale du duché de même nom, situé entre le duché de Luxembourg & l’évêché de Liége. Long. 22. 55. lat. 49. 49.