L’Encyclopédie/1re édition/CAPONNIERE

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 636-637).
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CAPONNIERE, s. f. en terme de Fortification, est une espece de double chemin couvert, large de douze à quinze piés, construit au fond du fossé sec, vis-à-vis le milieu de la courtine. Elle occupe toute la largeur du fossé en cet endroit ; c’est-à-dire, qu’elle aboutit à l’angle rentrant de la contrescarpe. Elle est palissadée de part & d’autre ; & son parapet, qui est seulement élevé de trois piés au dessus du niveau du fossé, va se perdre en pente douce ou en glacis, dans le fossé, à dix ou douze toises de son côté intérieur. Son terre-plein est creusé de trois piés dans le fossé : ainsi toute la hauteur de son parapet est de six piés. Elle a des banquettes comme le chemin couvert.

Pour construire la caponniere, il faut tirer les lignes de défense EH, GF, (Pl. I. de l’Art milit. fig. 11.) pour avoir l’angle flanquant CBD ; de son sommet B, tirer au sommet A de l’angle rentrant de la contrescarpe, la ligne BA ; mener de part & d’autre des paralleles à cette ligne, à la distance de six ou sept piés, terminées d’un côté par la contrescarpe, & de l’autre par les lignes de défense, & l’on aura la caponniere tracée.

On construit souvent des caponnieres dans le fossé sec, quoiqu’il n’y ait point de tenailles : mais alors on substitue à la tenaille ordinaire une espece de tenaille simple OBP, qui consiste en une élévation de terre de 8 ou 9 piés le long des parties OB, BP des lignes de défense. Elle va se perdre en glacis dans le fossé à la distance de 10 ou 12 toises. On donne une ou deux banquettes à cette espece de tenaille, qui a le même usage que la tenaille ordinaire. Voyez Tenaille.

Le principal usage de la caponniere qu’on vient de décrire, est de défendre directement le passage du fossé des faces des bastions, & de donner un passage sûr au soldat pour aller de la place dans les ouvrages extérieurs. Afin qu’il ne soit point découvert en sortant de la caponniere, on coupe ordinairement la contrescarpe dans son angle rentrant, par une ligne IK, (Pl. I. de l’Art milit. fig. 11.) parallele à la courtine. On pratique aussi quelquefois pour le même sujet, un petit enfoncement LMNK dans cet endroit auquel on donne différentes figures.

On couvroit autrefois le dessus de la caponniere par de forts madriers, qui sont des planches très-épaisses, & on mettoit beaucoup de terre sur ces madriers. On pratiquoit de petites ouvertures dans le parapet de cet ouvrage, par lesquelles le soldat tiroit sur l’ennemi ; mais la fumée de la poudre qui en rendoit le séjour très-incommode, a fait supprimer ces especes de routes ou couvertures. On se contente seulement aujourd’hui, dans un tems de siége, de couvrir le dessus de la caponniere de claies ou de blindes, pour garentir ceux qui défendent la caponniere des pierres que l’ennemi jette dans le fossé pour la faire abandonner.

Outre la caponniere du fossé, il faut observer qu’on donne quelquefois le même nom aux communications du chemin couvert avec les ouvrages qui sont au pié du glacis, parce que ces communications sont de même des especes de doubles chemins couverts. Voyez Communication. Elémens de Fortific. par M. Le Blond. (Q)